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lundi 10 août 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (132) : LA BATAILLE D'HATTIN OU LA FIN D'UN MONDE

SALADIN A JERUSALEM

L'entrée de Saladin et les premiers actes du sultan sont décrits par continuateur de Guillaume de Tyr qui une nouvelle fois va manifester son admiration envers sa magnanimité.

Alors "on envoya les clefs des portes à Saladin; quand il les eut, il en fut joyeux et rendit grâces à Dieu. Il envoya des gardes à la tour de David, et fit mettre sa bannière dessus et fermer toutes les portes de la cité, hors une: ce fut la porte de David. Il y mit des chevaliers et hommes d'armes, afin qu'aucun Chrétien n'en sortît, " il ne fallait pas en effet que des chrétiens puissent sortir sans payer la rançon ! "Quand Saladin eut bien fait garnir la tour de David et les portes de la cité, il fit crier qu'ils portassent leur rançon à la tour de David, et la livrassent à ses baillis qu'il y avait mis pour recevoir la rançon, "

Saladin fit "garder la cité de Jérusalem, pour que les Sarrasins ne fissent ni tort ni outrage aux Chrétiens qui étaient dans la cité. Il mit dans chacune des rues deux chevaliers et dix hommes d'armes pour garder la cité, et ils la gardèrent si bien qu'on n'ouït parler d'aucune injure faite aux Chrétiens." : il n'y eut donc ni pillage, ni massacre, ni exaction !

Le patriarche et Balian allèrent à l'Hôpital ; ils firent prendre et porter à la tour de David trente mille besants pour la rançon de sept mille hommes pauvres. Quand les trente mille besants furent payés ... On fit ainsi le nombre de sept mille hommes. On les mit tous hors de la cité de Jérusalem,

Cependant, il restait beaucoup de pauvres dans la ville :" le patriarche et Balian mandèrent les Templiers, les Hospitaliers et les bourgeois, et les prièrent, pour Dieu, qu'ils [pourraient aider] à racheter les pauvres gens qui étaient restés en Jérusalem" ils le firent chichement, pas autant qu'on aurait pu espérer puisqu'ils étaient assurés de sortir de la ville avec tous leurs biens.

Quand tous ceux qui furent rachetés furent hors de la cité de Jérusalem, il y resta encore beaucoup de pauvres gens.

C'est alors que se produisit un événement qui dût paraître incompréhensible aux francs de l'époque : un musulman qui rachète des chrétiens !
" Alors Salphedin vint à Saladin, son frère, et lui dit: «Sire, j'ai aidé à conquérir la terre et la cité, je vous prie donc que vous me donniez mille esclaves de ceux qui sont en la cité.» ..Saladin les lui donna, et manda à ses baillis qu'ils lui délivrassent mille esclaves; et ainsi firent. Quand Salphedin eut les mille pauvres, il les délivra pour Dieu."

Il est probable que cet exemple montra enfin aux chrétiens ce qu'il fallait faire : " Après le patriarche pria Saladin que, pour Dieu, il lui délivrât des pauvres qui ne se pouvaient racheter; il lui en donna sept cents. Le patriarche les délivra. Après Balian demanda à Saladin des pauvres; il lui en donna cinq cents; et Balian les délivra." Il est à remarquer que ni les templiers ni les Hospitaliers qui disposaient pourtant de grandes richesses ne proposèrent de racheter des pauvres.

C'est alors que Saladin accomplit un nouvel acte inouï : il permit à tous les pauvres qui restaient de sortir sans rien payer.
" Alors Saladin dit à ses gens: «Salphedin, mon frère, a fait son aumône, et le patriarche et Balian ont fait la leur, maintenant je veux faire la mienne.» Lors il commanda à ses baillis qu'ils tissent ouvrir la poterne devers Saint-Ladre, et fit crier par la cité que tous les pauvres gens sortissent dehors" ; seuls ceux qui essayèrent de tricher en se faisant passer pour pauvres furent emprisonnés.

Une fois tous les chrétiens qui voulaient quitter la ville soient partis ( il restait cependant onze mille personnes), Saladin fit purifier les lieux saints musulmans (dôme du Rocher et mosquée Al-Aqsa) que les chrétiens avaient transformé en église et palais ; par contre, il ne toucha pas au Saint-Sépulcre et permit que le culte chrétien s'y déroule. Il autorisa même que les malades séjournant à l’Hôpital y restent temporairement  avec un Hospitalier pour les soigner.

A titre de comparaison entre le comportement de Saladin et celui des croisés, je voudrais, une nouvelle fois,  citer des extraits du texte de Guillaume de Tyr concernant ce qui se passa en 1099 quand la première croisade prit Jérusalem :

" On ne pouvait voir cependant sans horreur cette multitude de morts, ces membres épars jonchant la terre de tous côtés, et ces flots de sang inondant la surface du sol. Et ce n'était pas seulement ce spectacle de corps privés de vie et dispersés çà et là en mille pièces qui inspirait un sentiment d'effroi; la vue même des vainqueurs couverts de sang de la tête aux pieds était également un objet d'épouvante...

Les croisés qui n'étaient pas occupés à massacrer au Temple " parcouraient la ville pendant ce temps, cherchant dans toutes les rues détournées, dans tous les passages écartés, les malheureux qui se cachaient pour échapper à la mort, les traînant ensuite en public comme de vils bestiaux, et les immolant à leur fureur. D'autres se formant par petits détachements, entraient dans les maisons, enlevaient le père de famille les femmes, les enfants, et tous les serviteurs, les perçaient de leur glaive, ou les précipitaient de quelque point élevé, en sorte que les malheureux en tombant sur la terre se brisaient en mille morceaux"

Ces derniers extraits quant à la différence de mentalité et de comportement entre les chefs croisés de 1099 et celui de Saladin en 1187 se passe de commentaires !

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