REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 9 mars 2017

… SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (4)

Suite de l’article précédent

La troisième caractéristique de cette époque était la présence d’écoles dans toutes les villes et quasiment dans tous les villages.  Dans les montagnes, on trouvait même de petites écoles rurales à mi- pente des versants, desservant de minuscules hameaux. À cette époque, les villages étaient encore des organismes bien vivants, chacun disposait d’une mairie,  d’une école, d’une église desservie par un curé et d’un « bistrot » où se retrouvaient les hommes après le travail et qui servait aussi d’épicerie. L’école était donc un des quatre éléments constitutifs d’un village, elle était la plupart du temps couplée avec la mairie dans un même bâtiment. Dans les classes uniques, le maître devait gérer l’ensemble des cours, ce qui l’obligeait à une organisation rigoureuse de son temps, il faisait cours aux uns tandis que les autres travaillaient en autonomie. Il existait des appartements au-dessus des salles de cours réservés aux instituteurs ;  souvent d’ailleurs, les instituteurs étaient mari et femme.

Les enfants se rendaient à pieds ou à vélo à l’école, il n’y avait évidemment pas de transports scolaires. Ils restaient jusqu’à la fin de leur scolarité dans ces écoles de villages ; l’absence de transports scolaires était seulement dommageable pour les enfants des villages qui quittaient l’école primaire en CM2 pour poursuivre leurs études au collège, ils devaient nécessairement internes.

J’ai eu l’occasion de visiter plus tard ces écoles de village ; l’ambiance y était assez extraordinaire, dans des locaux souvent un peu surannés, on y trouvait à la fois un esprit de famille, une ambiance de travail et une chaleur humaine qu’on ne rencontrait pas ailleurs ;  les élèves étaient en petits groupes, chacun travaillant dans le calme, les petits écoutaient souvent avidement les cours destinés aux plus grands, les plus grands trouvaient dans les cours des petits l’occasion de réviser ce qu’ils avaient oublié ou mal compris.

Dans les villages, l’instituteur était respecté et était considéré comme une notabilité, il était en effet à l'égal du curé et le maire dans l’estime que lui portaient les gens. En outre, l’instituteur était la plupart du temps, le secrétaire de mairie ce qui augmentait encore son prestige et son importance.

A suivre

mardi 7 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (3)

Suite de l’article précédent

Pourtant, nous, enfants du peuple, ne ressentions pas les choses dans cette perspective d’une école à deux vitesses évoquée dans l'article précédent; l’essentiel pour nous était de se retrouver entre copains/copines du même village ou du même quartier, de partager les mêmes préoccupations et ayant les mêmes activités ; on formait une entité à part, unie par la fréquentation de la même école, de la même église ; cette entité se concrétisait plus tard par la participation à la même classe de conscription pour le service militaire.

Il convient certes de ne pas idéaliser la situation, les bagarres dans les cours de récréation existaient et il était de coutume que les plus grands ennuient les petits ou même les rackettent ; de même, il se produisait une hiérarchie à l’intérieur des classes populaires : ainsi, les enfants de commerçants et d’artisans  étaient jalousés par les enfants d’ouvriers dont la famille disposait de ressources moindres ; cependant les  situations de conflits pouvant exister  étaient vite réglées par l'instituteur qui était à la fois considéré et respecté et à qui on obéissait naturellement.

 Pendant une année, j’ai pu constater à quel point les mentalités des enfants du peuple étaient éloignées des préoccupations des enfants de nantis, ceux-ci les regardaient de haut, passaient leur temps à se vanter de leurs vacances, de leur loisirs, de leur argent, de leurs fréquentations, ils vivaient dans un monde superficiel quasi-virtuel, sans rapport avec la vie réelle ; ce monde m'était totalement étranger et je le trouvais détestable ; pour moi, seules les classes populaires disposaient du  bon sens, du courage et de l’opiniâtreté que le contact avec la réalité de la vie quotidienne leur avait permis de forger,  (je suis sans doute de parti-pris).

La deuxième caractéristique de l’école de cette époque était la séparation des sexes, il y avait des écoles de filles et des écoles de garçons dans les bourgs importants ; dans les villages, on trouvait des classes pour garçons et des classes pour filles. L’origine de cette division datait depuis l’instauration de l’école publique ; hormis le tronc commun des acquis fondamentaux de la lecture, de l’écriture et du calcul, l’enseignement dispensé alors n’était en effet pas le même pour les garçons que pour les filles. Les garçons devaient être préparés à devenir de bons travailleurs et de bons soldats, les filles à devenir de bonnes mères et de bonnes épouses. Certes, cette différenciation des programmes  avait largement disparu à mon époque, mais il en restait cette séparation des sexes qui n’avait plus de réels fondements sinon celui du respect d'une certaine morale.

Cette séparation des sexes qui était de règle dans toute la société d’alors, posait un problème car il y avait une méconnaissance de l’autre sexe ; on le connaissait seulement grâce aux copains ou copines  de ses frères et sœurs ou grâce aux enfants du quartier. A cela s’ajoutaient les préjugés de l’époque, la fille devait jouer à la poupée, être coquette mais pas trop, sensible et sage, presque soumise ; le garçon devait avoir des activités viriles, faire du sport, du vélo, monter aux arbres... ces préjugés créaient des archétypes qui aboutissaient encore plus à méconnaître l’autre sexe en l'idéalisant.

Dans de telles conditions, les rencontres entre garçons et filles se faisaient quasiment subrepticement ; on voyait par exemple, les garçons des classes de fin d’études attendre les filles à la sortie de l’école et découvrir, sans qu’ils en soient guère avertis, les nouveaux sentiments qui s’amorçaient entre eux. Les relations entre garçons et filles se développaient véritablement ensuite, en particulier lors des bals populaires régulièrement organisés un peu partout. Dans cette perspective, il convient d’ajouter que la sexualité était un sujet tabou, les seules qui soient précocement averties étaient les filles : dès leurs premières règles, elles étaient instruites des risques encourus en cas de relations sexuelles avant le mariage. Les enfants découvraient leur puberté soit tout seul, soit avec les copains/copines qui se vantaient souvent d’exploits qu’ils n’avaient généralement pas commis.

À suivre.

dimanche 5 mars 2017

… SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (2)


Suite de l’article précédent

Cette organisation de l’enseignement formait l’essentiel de la scolarité pour ce que l’on appelait « les classes populaires », classes auxquelles je suis fier d’appartenir. Bien peu de jeunes continuaient leurs études après l’école primaire même si la République  avait prévu des passerelles permettant aux enfants du peuple de continuer leurs études, je les décrirai plus loin. Certes, comme actuellement, à l’issue du CM2, il était possible d’entrer en 6ème. Un examen d’entrée en 6ème avait été instauré, puis supprimé en sorte que c’étaient les instituteurs qui, tablant sur les capacités de certains élèves, incitaient leurs parents à orienter vers des études secondaires. Dans la classe de CM2 où j’étais scolarisé, ce fut le cas seulement de deux élèves.

Cet état de fait était dû non au niveau faible des élèves mais beaucoup plus au refus des parents comme des jeunes eux-mêmes de continuer des études. À cette époque, il y avait du travail pour tous, les usines embauchaient dès l’âge de 14 ans des jeunes en tant que manœuvre, les patrons prenaient volontiers des apprentis...  Or dans les familles, il n’y avait généralement qu’un seul salaire, ce qui permettait certes de vivre convenablement mais il ne fallait commettre aucune dépense excessive ; Dans ces conditions, le travail des enfants, tant garçons que filles, permettait de disposer d’un surplus de recettes pour la famille qui n’était pas négligeable. De même, beaucoup de jeunes étaient content de quitter l’école et d’entrer dans le monde du travail. Les parents leur donnaient de l’argent de poche, ce qui permettait de sortir, d’aller au cinéma ou au bal. Tout cela explique que peu de jeunes des classes populaires continuaient leurs études au sortir de l’école primaire.

L’école primaire était essentiellement fréquentée par les enfants émanant des classes dites populaires ; on ne mélangeait pas en effet les classes sociales même si, comme je l’ai écrit plus haut, des passerelles avaient été établies afin de permettre aux enfants du peuple de continuer leurs études. Les autres enfants, filles et fils de bourgeois et de nantis fréquentaient d’autres types d’écoles qui les menaient directement au baccalauréat. Dans les villes, les écoles confessionnelles étaient nombreuses, elles assuraient l’enseignement depuis l’équivalent du cours préparatoire jusqu’en terminale. La terminologie des classes de ces écoles n’était pas la même que celle des écoles primaires, on commençait en 11e puis en 10e et ainsi de suite jusqu’à la terminale. Il existait aussi de tels cycles dans l’enseignement public.

Le refus des classes sociales aisées d’inscrire leurs enfants à l’école primaire tenait non seulement au fait que l’on ne mélangeait pas les classes sociales mais aussi que l’école primaire avait, chez ces gens-là, une connotation détestable selon eux de laïcité exclusive empreinte de communisme. Pour ma part, comme pour mes condisciples, cela ne nous gênait pas : dans l’école de mon quartier,  la laïcité était plutôt tolérante tout comme l’était d’ailleurs  l’enseignement dispensé par le curé. Le seul moment pendant lequel pouvait s’élever une contestation se produisait lors de la retraite de communion car l’instituteur voyait fondre une grande partie de ses effectifs mais, dans ma paroisse, le curé s’efforçait de gêner le moins possible le déroulement de la scolarité.

En y réfléchissant après-coup, je ne peux que constater à quel point cette école à deux vitesses était un système théoriquement  détestable au niveau de l’égalité des droits : on cantonnait les classes populaires à rester à leur niveau tandis que les nantis pouvaient aspirer dès leur enfance à de hautes fonctions. Dans cette perspective, le  système scolaire perpétuait la division sociale et, selon l’interprétation marxiste, maintenait l’inégalité des classes et, en conséquence l’exploitation du prolétariat par le système capitaliste.  Cette situation était le fait des classes dirigeantes, il y eut cependant de timides évolutions à mon époque du fait de l’évolution de la société avec création de ces passerelles que j’évoquerai en terminant ce chapitre.

A suivre...

vendredi 3 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNÉES 1950-60 : l’école publique (1)

Cet ensemble d’articles sur l’école  fait suite au chapitre concernant  l’encadrement religieux de la société préalablement publié et provient du même auteur.

En ce qui me concerne, je ne pourrai évoquer ici que mes souvenirs de l’école primaire publique car c’est la seule que je connaisse vraiment. Il y avait cependant d’autres systèmes scolaires que j’évoquerai ultérieurement.

À cette époque, l’école primaire publique était le moyen par excellence de l’apprentissage pour les enfants de classes populaires ; elle avait pour but non seulement de leur permettre d’apprendre à lire, à écrire et à compter mais aussi à bien se comporter, à connaître l’histoire et la géographie du pays et à acquérir des notions de base dans les domaines des sciences, de la littérature et de la culture ; elle enseignait aussi des valeurs morales comme le respect des lois,  des règles de la vie en société et donnait aux jeunes le sens du travail et de la citoyenneté.

L’école primaire constituait un tout, elle était divisée en trois cycles une fois passée la classe préparatoire où, comme actuellement, on apprenait à lire, écrire et compter : le cours élémentaire pendant deux ans, le cours moyen pendant aussi deux ans et enfin, le cours de fin d’études de deux ou trois ans selon les cas. On entrait au cours préparatoire à l’âge de 6ans après l’école maternelle et, si on suivait le cursus normal sans anicroches de parcours, on accédait à la dernière classe de fin d’études a 13 ans, ce qui obligeait certains, nés en fin d’année, à refaire une année supplémentaire afin d’atteindre la fin de la  scolarité obligatoire fixée à l’âge de 14 ans.

A quatorze ans, on passait le certificat d’études primaires ; l’obtention de cet examen revêtait une grande importance tant pour le jeune que pour ses parents. Elle était la concrétisation du niveau obtenu et manifestait la réussite scolaire. Ceux qui avaient obtenu ce certificat en étaient particulièrement fiers ; généralement, les parents offraient une montre à leur enfant pour le récompenser mais aussi pour lui permettre d’être à l’heure au travail.

Le certificat d’études était un sésame permettant d’entrer avec honneur dans la vie active ;  certes, ceux qui n’avaient pas obtenu cet examen entraient dans la vie active comme les autres, mais ils avaient un peu honte  d’avouer qu’ils avaient échoué.

mercredi 25 janvier 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’encadrement religieux de la société (12)

Suite de l’article précédent

 Le samedi après-midi, tandis que les parents effectuaient les derniers préparatifs, les communiants allaient se confesser.

Le lendemain était le grand jour. Les communiants avaient rendez-vous à quelques centaines de mètres de l’église afin que se forme la procession qui parcourait la rue. Les filles ouvraient la procession par rangs de deux, classées selon la taille, les garçons suivaient également classés par rangs de taille. Les familles étaient présentes et suivaient les communiants en sorte que la procession devenait alors un véritable cortège. , tous portaient leurs « habits du dimanche », costumes, chemises blanches et cravates pour les hommes, belles robes et chapeaux pour les femmes,

A l’arrivée dans l’église, les communiants gagnaient les prie-Dieu qui leur étaient alloués et dont l’emplacement était déterminé en fonction des notes de l’examen de contrôle, comme je l’ai indiqué précédemment ;  leurs familles étaient placées sur le banc qui leur était adjacent. La messe était, bien entendu, une messe solennelle avec orgue et chorale, le moment fort étant celui de la communion proprement dite : garçons et filles formaient une procession et s’agenouillaient de chaque côté de la table d’autel pour recevoir la communion.

A l’issue de la messe, venait le moment de l’échange des cartes de communion  que l’on mettait dans son missel pour avoir un souvenir de ses amis puis chaque famille rentrait chez soi afin de déguster le bon repas qui les attendait. Au moment de l’apéritif, le communiant recevait de chacun un cadeau, il ne s’agissait pas de jouets mais beaucoup plus d’objets utilitaires ;  parmi ceux-ci, se trouvait la première montre que l’on était très fier de porter car elle était la manifestation tangible que l’on abordait une nouvelle étape dans sa vie.

Le repas comportait une entrée froide, une entrée chaude, de la viande avec son  accompagnement,  de salade et de fromage en enfin se terminait par une pièce montée sur laquelle trônait une petite effigie de communiant. Les adultes prenaient un digestif, tout le monde était joyeux à la fois à cause du bon repas qu’ils venaient de faire, de l’alcool servi à profusion et surtout du plaisir de se retrouver en famille.

Vers 16 heures, avaient lieu les vêpres, on s’y rendait en famille y compris ceux qui étaient un peu ivres et qui réussissaient malgré tout à conserver une certaine dignité. A la sortie des vêpres, on regagnait la maison, les invités buvaient un dernier coup puis chacun regagnait ses pénates, heureux d’avoir passé une si belle journée ; seuls quelques-uns s’attardaient et continuaient à boire et manger jusque tard dans la nuit.

Les jours qui suivaient la communion,  on se rendait chez le photographe qui faisait la photo officielle du  communiant, ces photos sont toutes semblables : le garçon debout  se tient légèrement de côté de façon à présenter au premier plan son brassard ; à ses côtés, se trouve un prie-Dieu sur lequel il pose le missel qu’il tient à la main. Les filles portent leurs belles robes de communiante et se tiennent de manière semblable avec également un prie-Dieu.

La communion solennelle était suivie l'année suivante d'une messe dite de renouvellement qui était la dernière occasion de porter le brassard ou la belle robe de communion et de la confirmation. Il existait beaucoup de racontars à propos de cette dernière cérémonie effectuée devant l'évêque qui, après avoir tracé le signe de la croix avec le Saint Chrême sur le front du confirmant, lui donnait une tape sur la joue. On disait que certains évêques donnaient des claques si violentes que quelques-uns tombaient à terre ! Bien évidemment, toutes ces histoires n'étaient que fariboles !  En ce qui me concerne, j'eus la chance de tomber sur un évêque dont le visage si était empreint de bonté et de douceur que je ressentis à peine la petite tape qu'il me donna sur la joue.

Il me reste à donner une conclusion à cette série d'articles émanant de mon expérience personnelle et concernant l'encadrement religieux de la société et l'imprégnation de l’église sur l'individu. Cette prégnance  a été ensuite vivement critiquée essentiellement parce qu’elle était censée limiter la liberté en créant des interdits et surtout parce qu’elle aboutissait à des traumatismes empêchant l’épanouissement de l’individu. En ce qui me concerne, je n’ai jamais subi de traumatismes dus à l’éducation religieuse que j’ai reçue ; au contraire, elle  m’a permis de m'intégrer dans la société de mon époque en mettant  en avant des pratiques telles que le respect des autres, des lois et des règles quotidiennes ainsi que le sens de la charité et du don de soi.

lundi 23 janvier 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’encadrement religieux de la société (11)

Suite de l’article précédent

Pendant les semaines qui précédaient la communion, les parents s’activaient pour cette grande fête, il fallait d’abord  lancer les invitations. En général, n'étaient conviés que les parents proches : le parrain, la marraine, les grands parents, les oncles et les tantes ainsi que les cousins. Le repas de communion se faisait en effet chez soi et il n’y avait pas toujours assez de place pour accueillir de nombreuses personnes. Il fallait donc trouver une grande table et des chaises pour tous les invités ; il fallait aussi prévoir  le menu, commander la pièce montée, acheter les produits nécessaires à la confection du repas ; pour ceux qui n'avaient pas de « frigo », il fallait se pourvoir en pains de glace pour  conserver les denrées au froid. Il fallait également trouver quelqu’un pour effectuer les derniers préparatifs du repas pendant que les parents du communiant étaient à la messe.

A cela s’ajoutait une tâche spécifique,  celle d’acheter des petites images pieuses et d’écrire au dos de cette image le nom du communiant et la date de la communion ; lors du grand jour, les communiants s’échangeaient les cartes que l’on insérait ensuite dans le missel ; on achetait aussi de beaux cartons pour écrire les menus. Les plus aisés faisaient imprimer ces cartes ainsi que les menus.

Quelques jours avant la communion, les parrains-marraines apportaient les deux accessoires nécessaires à la cérémonie, le missel et le chapelet ainsi que  le brassard pour les garçons. Les parents des garçons  devaient aussi acheter un habit neuf comportant un costume, une chemise blanche, une cravate et des souliers. Pour les filles, on achetait où on louait une grande robe blanche ornée de dentelles  et un voile. Cette robe qui  ressemblait à une tenue de mariage, mettait en évidence les différences de revenus des parents si bien que, quelques années plus tard, il fut décidé que tous les communiants porteraient  une simple aube blanche.

On allait aussi chez le coiffeur pour présenter le meilleur de soi et c’est les cheveux largement gominés et laqués que l’on abordait le grand jour.

À suivre...

samedi 21 janvier 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’encadrement religieux de la société (10)

Suite de l’article précédent

La communion solennelle, effectuée à l’âge de 12ans représentait à la fois une apothéose et l'avant dernière étape  de l’enseignement dispensé aux enfants par l’église. Les  canons ecclésiaux prévoyaient  en effet une cérémonie supplémentaire, celle de la confirmation, effectuée à 13 ans qui permettait aux adolescents de renouveler les vœux du baptême, manifestant ainsi que, désormais, ils adhéraient de leur pleine volonté et en toute connaissance de cause à l’engagement pris en leurs noms par leurs  parents et parrains/marraines. Cette étape avait cependant beaucoup moins d’importance que la communion solennelle.

La préparation de la communion solennelle était l’occasion pour l’église d’effectuer une remise à niveau et de tenter une synthèse de tout ce qui avait été appris pendant les années de catéchisme ; c’était le but de la retraite de communion qui durait trois jours dont un jeudi ; cela conduisait les parents à demander à l’instituteur de faire vaquer l'école à leurs enfants pendant deux jours, ce qu'il n'acceptait qu'en maugréant. Cette retraite s’effectuait soit dans les locaux de la paroisse, soit dans des lieux particuliers marqués par une grande spiritualité comme les séminaires, soit même hors de son village et en internat, les colonies paroissiales étant privilégiées pour cet objectif. Les garçons et les filles étaient, bien entendu, séparés.

La retraite de communion, outre son aspect religieux, participait à la constitution des classes d’âge ;  les jeunes qui y participaient avaient grandi ensemble, ils étaient ensemble à l’école, au catéchisme et au patronage, ils allaient aussi  ensemble à la  « colo du curé » ... la retraite de communion, donnait aux jeunes l’occasion de se retrouver et de renforcer encore la sensation d’appartenance à un groupe soudé et cohérent. Ce groupe se disjoignait ensuite lorsque la plupart gagnait le monde du travail mais il se formait à nouveau  lors  du conseil de révision, pendant les « trois jours » et lors de toutes les festivités où garçons et filles se retrouvaient en constituant ce qui s’appelait désormais «la classe »

Pendant les trois jours que durait la retraite de communion, les prières, les messes et les séances de catéchisme alternaient avec les jeux permettant quelque détente.

La retraite de communion était suivie d’un examen des connaissances religieuses avec des questions du type « quels sont les sept sacrements, les dix commandements, les sept péchés capitaux.. » cet examen était noté, le classement qui s’en suivait était d’une grande importance car la note obtenue déterminait la place qui serait attribuée à chacun le jour de la communion ; les communiants étaient placés sur chacun des côtés de l’allée centrale, les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Ceux qui avaient réussi l’examen se trouvait en avant, les autres étaient répartis selon leur classement jusqu’au fond de l’église en sorte que tous les paroissiens pouvaient constater le niveau de chacun.

A suivre

jeudi 19 janvier 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’encadrement religieux de la société (9)

Suite de l’article précédent

Le PATRONAGE  faisait aussi partie de l’éducation dispensée par l’église. Il avait lieu les jeudi après-midi et rassemblait de nombreux enfants de la paroisse. À cette époque, les règles présidant à l’encadrement des jeunes n’étaient pas aussi strictes qu’actuellement ;  étaient  moniteurs, ceux qui, selon le curé, possédaient assez de moralité pour le faire, Par délégation du curé, un séminariste du coin faisait office de responsable.

Pendant le patronage, on effectuait de grands jeux dans la forêt si le temps s’y prêtait, on jouait au ballon (en particulier à la balle aux prisonniers) ainsi qu’à des jeux du type du « facteur n’est pas passé ». Lorsqu'il faisait mauvais temps, les moniteurs organisaient des jeux dans les salles paroissiales et des travaux manuels. Les séances du patronage auxquels je participais, se terminaient par la projection de films à la lanterne magique. Ces films fixes et en noir et blanc étaient appréciés de tous. Le patronage était essentiellement ludique, il n’y avait pas de références religieuses proprement dites sinon indirectes : aller au patronage, c’était la garantie que les enfants n’iraient pas traîner partout risquant de faire des bêtises et donc des péchés. Ainsi, le jeudi, jour pendant lequel on n’allait pas à l’école, les enfants étaient bien occupés avec le catéchisme le matin et le patronage l’après-midi.

Il existait aussi d’autres structures d’encadrement des jeunes par l’église hors des séances d’instructions religieuses : le scoutisme pour les garçons, les « guides de France » pour les filles. Toutes ces structures que je n’ai jamais fréquentées, avaient une forte connotation paramilitaire et patriotique, privilégiaient la vie en collectivité, la discipline, et le sens des responsabilités ; elles avaient pour ambition de mettre en avant l’idée contenue dans la dixième satire de Juvenal « Mens sana in corpore sano » ( « un esprit sain dans un corps sain »)

A ces mouvements catholiques, s’ajoutaient des structures émanant des autres confessions ainsi que des organisations laïques. Pour peu que j’en sache, tous ces organismes existent encore aujourd’hui et conservent encore l’esprit qui était le leur vers 1950-60

À suivre..