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dimanche 5 mars 2017

… SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (2)


Suite de l’article précédent

Cette organisation de l’enseignement formait l’essentiel de la scolarité pour ce que l’on appelait « les classes populaires », classes auxquelles je suis fier d’appartenir. Bien peu de jeunes continuaient leurs études après l’école primaire même si la République  avait prévu des passerelles permettant aux enfants du peuple de continuer leurs études, je les décrirai plus loin. Certes, comme actuellement, à l’issue du CM2, il était possible d’entrer en 6ème. Un examen d’entrée en 6ème avait été instauré, puis supprimé en sorte que c’étaient les instituteurs qui, tablant sur les capacités de certains élèves, incitaient leurs parents à orienter vers des études secondaires. Dans la classe de CM2 où j’étais scolarisé, ce fut le cas seulement de deux élèves.

Cet état de fait était dû non au niveau faible des élèves mais beaucoup plus au refus des parents comme des jeunes eux-mêmes de continuer des études. À cette époque, il y avait du travail pour tous, les usines embauchaient dès l’âge de 14 ans des jeunes en tant que manœuvre, les patrons prenaient volontiers des apprentis...  Or dans les familles, il n’y avait généralement qu’un seul salaire, ce qui permettait certes de vivre convenablement mais il ne fallait commettre aucune dépense excessive ; Dans ces conditions, le travail des enfants, tant garçons que filles, permettait de disposer d’un surplus de recettes pour la famille qui n’était pas négligeable. De même, beaucoup de jeunes étaient content de quitter l’école et d’entrer dans le monde du travail. Les parents leur donnaient de l’argent de poche, ce qui permettait de sortir, d’aller au cinéma ou au bal. Tout cela explique que peu de jeunes des classes populaires continuaient leurs études au sortir de l’école primaire.

L’école primaire était essentiellement fréquentée par les enfants émanant des classes dites populaires ; on ne mélangeait pas en effet les classes sociales même si, comme je l’ai écrit plus haut, des passerelles avaient été établies afin de permettre aux enfants du peuple de continuer leurs études. Les autres enfants, filles et fils de bourgeois et de nantis fréquentaient d’autres types d’écoles qui les menaient directement au baccalauréat. Dans les villes, les écoles confessionnelles étaient nombreuses, elles assuraient l’enseignement depuis l’équivalent du cours préparatoire jusqu’en terminale. La terminologie des classes de ces écoles n’était pas la même que celle des écoles primaires, on commençait en 11e puis en 10e et ainsi de suite jusqu’à la terminale. Il existait aussi de tels cycles dans l’enseignement public.

Le refus des classes sociales aisées d’inscrire leurs enfants à l’école primaire tenait non seulement au fait que l’on ne mélangeait pas les classes sociales mais aussi que l’école primaire avait, chez ces gens-là, une connotation détestable selon eux de laïcité exclusive empreinte de communisme. Pour ma part, comme pour mes condisciples, cela ne nous gênait pas : dans l’école de mon quartier,  la laïcité était plutôt tolérante tout comme l’était d’ailleurs  l’enseignement dispensé par le curé. Le seul moment pendant lequel pouvait s’élever une contestation se produisait lors de la retraite de communion car l’instituteur voyait fondre une grande partie de ses effectifs mais, dans ma paroisse, le curé s’efforçait de gêner le moins possible le déroulement de la scolarité.

En y réfléchissant après-coup, je ne peux que constater à quel point cette école à deux vitesses était un système théoriquement  détestable au niveau de l’égalité des droits : on cantonnait les classes populaires à rester à leur niveau tandis que les nantis pouvaient aspirer dès leur enfance à de hautes fonctions. Dans cette perspective, le  système scolaire perpétuait la division sociale et, selon l’interprétation marxiste, maintenait l’inégalité des classes et, en conséquence l’exploitation du prolétariat par le système capitaliste.  Cette situation était le fait des classes dirigeantes, il y eut cependant de timides évolutions à mon époque du fait de l’évolution de la société avec création de ces passerelles que j’évoquerai en terminant ce chapitre.

A suivre...

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