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mardi 7 mars 2017

…SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’école publique (3)

Suite de l’article précédent

Pourtant, nous, enfants du peuple, ne ressentions pas les choses dans cette perspective d’une école à deux vitesses évoquée dans l'article précédent; l’essentiel pour nous était de se retrouver entre copains/copines du même village ou du même quartier, de partager les mêmes préoccupations et ayant les mêmes activités ; on formait une entité à part, unie par la fréquentation de la même école, de la même église ; cette entité se concrétisait plus tard par la participation à la même classe de conscription pour le service militaire.

Il convient certes de ne pas idéaliser la situation, les bagarres dans les cours de récréation existaient et il était de coutume que les plus grands ennuient les petits ou même les rackettent ; de même, il se produisait une hiérarchie à l’intérieur des classes populaires : ainsi, les enfants de commerçants et d’artisans  étaient jalousés par les enfants d’ouvriers dont la famille disposait de ressources moindres ; cependant les  situations de conflits pouvant exister  étaient vite réglées par l'instituteur qui était à la fois considéré et respecté et à qui on obéissait naturellement.

 Pendant une année, j’ai pu constater à quel point les mentalités des enfants du peuple étaient éloignées des préoccupations des enfants de nantis, ceux-ci les regardaient de haut, passaient leur temps à se vanter de leurs vacances, de leur loisirs, de leur argent, de leurs fréquentations, ils vivaient dans un monde superficiel quasi-virtuel, sans rapport avec la vie réelle ; ce monde m'était totalement étranger et je le trouvais détestable ; pour moi, seules les classes populaires disposaient du  bon sens, du courage et de l’opiniâtreté que le contact avec la réalité de la vie quotidienne leur avait permis de forger,  (je suis sans doute de parti-pris).

La deuxième caractéristique de l’école de cette époque était la séparation des sexes, il y avait des écoles de filles et des écoles de garçons dans les bourgs importants ; dans les villages, on trouvait des classes pour garçons et des classes pour filles. L’origine de cette division datait depuis l’instauration de l’école publique ; hormis le tronc commun des acquis fondamentaux de la lecture, de l’écriture et du calcul, l’enseignement dispensé alors n’était en effet pas le même pour les garçons que pour les filles. Les garçons devaient être préparés à devenir de bons travailleurs et de bons soldats, les filles à devenir de bonnes mères et de bonnes épouses. Certes, cette différenciation des programmes  avait largement disparu à mon époque, mais il en restait cette séparation des sexes qui n’avait plus de réels fondements sinon celui du respect d'une certaine morale.

Cette séparation des sexes qui était de règle dans toute la société d’alors, posait un problème car il y avait une méconnaissance de l’autre sexe ; on le connaissait seulement grâce aux copains ou copines  de ses frères et sœurs ou grâce aux enfants du quartier. A cela s’ajoutaient les préjugés de l’époque, la fille devait jouer à la poupée, être coquette mais pas trop, sensible et sage, presque soumise ; le garçon devait avoir des activités viriles, faire du sport, du vélo, monter aux arbres... ces préjugés créaient des archétypes qui aboutissaient encore plus à méconnaître l’autre sexe en l'idéalisant.

Dans de telles conditions, les rencontres entre garçons et filles se faisaient quasiment subrepticement ; on voyait par exemple, les garçons des classes de fin d’études attendre les filles à la sortie de l’école et découvrir, sans qu’ils en soient guère avertis, les nouveaux sentiments qui s’amorçaient entre eux. Les relations entre garçons et filles se développaient véritablement ensuite, en particulier lors des bals populaires régulièrement organisés un peu partout. Dans cette perspective, il convient d’ajouter que la sexualité était un sujet tabou, les seules qui soient précocement averties étaient les filles : dès leurs premières règles, elles étaient instruites des risques encourus en cas de relations sexuelles avant le mariage. Les enfants découvraient leur puberté soit tout seul, soit avec les copains/copines qui se vantaient souvent d’exploits qu’ils n’avaient généralement pas commis.

À suivre.

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