REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

dimanche 29 avril 2018

Impressions de voyage : RIGA (Lettonie) (2)

LES ORIGINES DE LA VILLE (suite)

La ville prit très vite de l’ampleur du fait de sa situation à l’embouchure de la Daugava ; en effet, le fleuve était, avec la Neva, une voie fluviale qui permettait de gagner l’intérieur de la Rus puis la mer Caspienne par la Volga et la mer Noire par le Dniepr.

Riga devint un intermédiaire commercial de premier plan entre la Rus et la Baltique.

 La ville se peupla rapidement de marchands et artisans d’origine germanique.

Afin d’augmenter la prospérité de Riga, Albert prit deux dispositions supplémentaires :
     . Il obtint une bulle papale qui décréta que tous les marchands allemands en route vers la Rus devaient passer obligatoirement par Riga,
     . Il mena des campagnes militaires contre Polotsk afin d’obliger  cette cité à permettre le libre cours de la rivière aux marchands allemands.

Le 13ème siècle fut marqué par deux événements qui orientèrent pour longtemps le destin de la ville :

     . La prospérité aidant, les  habitants se sentirent bientôt assez forts pour entrer en conflit avec l’évêque et obtenir de lui le droit de fonder une « commune », une cité qui possède son autonomie en ne dépendant de personne et en se gouvernant elle-même : la cité obtient en 1221 le droit de rédiger une constitution ; en 1225, l’évêque accepte la création d’un conseil de 12 membres élus qui choisit quatre d’entre eux pour gouverner la cité,  A cette même date, Riga obtient de ne plus rien payer à l'évêque. Riga est devenue une «  ville libre » de toute sujétion

     . En 1282, Riga s’affilie à la Hanse Germanique et devient le débouché naturel du comptoir hanséatique de Novgorod qui rassemble,  dans cette ville, tous les produits venant de l’intérieur de la Rus. La période qui suivra sera celle de la plus grande prospérité de Riga qui prend à cette époque l’aspect d’une ville proprement hanséatique.

A suivre..

NB la Rus comportait un ensemble de principautés  qui dura jusqu'aux invasions mongoles du 13è siecle

vendredi 27 avril 2018

Impressions de voyage : RIGA (Lettonie) (1)

LES ORIGINES DE LA VILLE

La ville de Riga fut officiellement fondée en 1201 par Albert de Buxhoevden, le troisième évêque de Ikskile, dans la double  perspective d’évangéliser les tribus des pays Este et Letton mais aussi de participer à l’expansion du commerce germanique dans la Baltique après la fondation de la Hanse dans la deuxième moitié du 12ème siècle.

Pour expliquer, cette fondation, il convient de revenir aux prémices de l’évangélisation des tribus baltes.

Elle avait commencé quelques années plus tôt vers 1180 et avait déjà comporté trois phases chronologiques :

   . A l’origine, la christianisation avait débuté  de manière pacifique avec la venue de missionnaires et en particulier du moine Meinhard qui réussit à fonder une église à Ikskile et à se faire reconnaître évêque par l’archevêque de Brême. Cette évangélisation fut quasiment un échec.

  . Dans ces conditions il fallut recourir à la force, c’est ce que fit le deuxième évêque, le moine cistercien Berthold : après avoir vainement tenté de convertir les tribus locales, il rentra en Allemagne et recruta des croisés. Il fut tué lors de la bataille qui s’engagea à son  retour, mais les croisés furent vainqueurs, les tribus lettones se convertirent dans un premier temps, mais dès que la croisade quitta le pays, ils retournèrent à leurs croyances antérieures.

   . Devant ce nouvel échec, l’archevêque de Brême nomma son neveu, Albert de Buxhoevden, évêque d’Ikskile, à charge pour celui-ci de conduire une nouvelle croisade afin de vaincre définitivement  les tribus lettones. Il instaura aussi le principe de la croisade perpétuelle afin de disposer à tout moment  d’une force armée suffisante (chaque croisé devait servir pendant deux ans afin de bénéficier des indulgences établies par le pape). Lorsqu’il arriva en pays letton, Albert décida de transférer le siège de son évêché d’Ikskile  sur un site mieux protégé à l’embouchure de la Dvina (Daugava) : la ville de Riga était fondée. Albert fit construire des murailles et posa la première pierre de la cathédrale. C’est à partir de Riga que fut menée la conversion forcée des tribus Estes et Lettones.

NB, les informations ci-dessus peuvent être retrouvées dans la serie d'articles intitulée : ESTONIE ET LETTONIE, LES VICISSITUDES DE L'HISTOIRE

À suivre…

dimanche 22 avril 2018

Le manuel d'EPICTÈTE : un mode de pensée (2)

La deuxième  notion de logique morale abordée par le manuel d’Epictète est appelée CORRÉLATION. Cette notion est complémentaire de la précédente : le dualisme antécédent/conséquent, avec la démarche de l’esprit qui en découle,  concerne essentiellement l’individu seul utilisant les valeurs qui composent la liberté de son âme au moyen de la raison. La corrélation concerne plutôt les relations de l’individu et de son « en soi »  avec le monde extérieur dans toutes ses composantes : son propre corps, les autres hommes pris individuellement et collectivement, la nature et même les objets inanimés.

Pour illustrer cette notion, je prendrai l’exemple de deux personnes, A et B ; ils se rencontrent dans la rue et A se met à invectiver B suffisamment violemment pour que les passants s’arrêtent ; B est alors placé devant un dilemme :
   . S’il décide de ne pas se laisser faire, il répliquera par d’autres insultes et l’altercation pourra se terminer par une rixe qui, si elle est menée à son terme, risquera d’aboutir à la mort de l’un des individus.
   . S’il juge nécessaire de ne pas réagir et de passer son chemin, il sera certes traité de lâche et de «poule mouillée », mais il conservera sa tranquillité d’esprit.

La quasi-totalité des êtres humains choisiront la première solution tant est grande chez eux le désir de considération face aux autres ; par contre, le philosophe qui suit l’enseignement d’Epictète, optera pour la seconde : Il ne réagira pas et se laissera injurier et même frapper.

Cette absence de réaction est mentionnée explicitement dans le manuel et expliquée dans deux  aphorismes :
   . 20 : «  Souviens-toi qu’on n’est pas outragé par celui qui injurie ou qui frappe mais par le jugement qu’il vous outrage. Quand quelqu’un te met en colère, sache que c’est ton jugement qui te met en colère »
   . 30 : «  …Un autre ne te nuira pas si tu ne le veux pas, mais on t’aura nui si tu juges qu’on te nuit »

Traduit dans un langage de notre époque, ces deux aphorismes peuvent s’exprimer ainsi en se référant au dualisme « ce qui dépend de nous, ce qui ne dépend pas de nous » :
   . Si on est agressé par autrui, on se trouve dans la situation de ce qui ne dépend pas de nous et dont nous sommes esclaves : Nous ne pouvons empêcher que quelqu’un nous déteste au point de nous frapper
   . C’est dans cette perspective, qu’il convient que notre esprit analyse la situation : je décide donc, en usant de ma liberté absolue de jugement, que je ne me sens pas concerné par cette agression et que  je trouverai en moi des valeurs telles que l’indifférence ou le courage qui me permettront de ne pas réagir.

Ainsi, lorsqu’au moyen des ANTÉCÉDENTS et des CONSÉQUENTS, on a déterminé en toute liberté  une manière d’être, il convient de s’y tenir en toutes circonstances en en tirant les conséquences dans ses rapports avec autrui, c’est ce qu’Epictète appelle CORRÉLATION. Pourtant cela ne suffit pas, car il est nécessaire de déterminer si cette démarche est logique et cohérente par la DÉMONSTRATION, troisième étape de la logique du philosophe.

À suivre

mardi 16 janvier 2018

PAYS BALTES (3) une nature apaisée après un douloureux passé

Suite de l’article précédent



Les clairières cultivées sont constituées de vastes parcelles au sol plat ou faiblement ondulé, entrecoupées par de petits bosquets d’arbres sous lesquels se dissimulent les fermes. Une large palette de couleur y est présente,  formant un patchwork en constant renouvellement lorsqu’on parcourt le pays : le vert tendre des prairies s'harmonise délicatement  avec le vert plus sombre des bosquets et des arbres, avec aussi le brun des terres labourées et le jaune ocre des chaumes et des céréales attendant la moisson.

Dans ces paysages, tout respire la sérénité et la paix d’une nature qui paraît réconciliée avec l’homme. On a l’impression que la nature remercie l’homme de l’avoir préservé en lui donnant tout ce qu’il a besoin. En échange, l’homme se fait discret, cachant les fermes dans les bosquets comme s’il voulait les dissimuler afin de ne pas rompre la sérénité du lieu.

Cette description un peu idyllique des paysages baltes réussit actuellement  à masquer un douloureux passé : en effet, pendant de longues périodes, la paysannerie fut placée sous le joug de dominateurs étrangers qui imposèrent leur puissance par la force.

Prochain article : la situation de la paysannerie aux 18ème et 19ème siècle.

dimanche 14 janvier 2018

PAYS BALTES (2) une nature apaisée après un douloureux passé

Suite de l'article précédent

Dans les pays baltes dominent les forêts, elles ferment  systématiquement l’horizon des clairières de cultures, constituant une limite vert-émeraude qui donne à l’espace une dimension humaine sans démesure.

La forêt associe, entre autre, deux aspects très spécifiques représentés sur les photos ci-dessous :


Les paysages de la forêt de conifères sont assez surprenants : les arbres se dressent tout droit, tels des poteaux dénudés, tous égaux en diamètre ; c’est seulement au niveau de leur cime qu’apparaissent quelques branches qui s’entremêlent d’un arbre à l’autre pour former une canopée ;  comme celle-ci a du mal à laisser passer la lumière, les sols ne sont couverts que d’une végétation pratiquement rase. A cela s’ajoute la brume résultant de l’humidité amenée par les dernières pluies. Ces caractéristiques créent une étrange impression, on se croirait dans une forêt mystérieuse d’où pourraient surgir les trolls mais aussi des fées et des lutins sortis de palais enchantés.

La réalité de cette forêt est cependant bien différente de ce qu’elle paraît, elle résulte des campagnes de  reboisement rendues nécessaires  après les ravages de la seconde guerre mondiale. Les arbres ont été plantés en même temps, ce qui explique qu’ils aient tous la même apparence : cette forêt révèle aussi l'opiniâtreté des hommes à toujours dominer les catastrophes pour toujours reconstruire.

La forêt de bouleaux est bien différente : elle se développe en deux strates avec un sous-bois abondant et touffu de petits arbres d’où émergent les troncs blancs des bouleaux qui s’ennoient peu dans le feuillage de leurs cimes.

La forêt est entrecoupée de lacs restant encore sauvages malgré le développement  des résidences de loisirs qui s'installent sur ses berges. Les eaux calmes de ces lacs se muent en miroirs dans lesquels la forêt se dédouble,  créant dans l’eau une illusion de forêt symétrique à peine troublée par d’éphémères clapotis.

Entre ces forêts, se déploient de grandes clairières de cultures qui constituent la seconde facette des paysages baltes.

A suivre

vendredi 12 janvier 2018

PAYS BALTES (1) une nature apaisée après un douloureux passé

Lorsqu’on voyage dans un pays, même pendant quelques jours, il suffit souvent de regarder ses paysages pour  découvrir l’âme de ce pays ; selon moi en effet,  traditionnellement, c’est le pays qui façonne les hommes et non l’inverse, c’est seulement depuis la révolution industrielle que l’homme a voulu asservir la nature et, par la même occasion, perdre tout sens de la réalité.

Un géographe expliquerait que le sol des pays baltes a été modelé et ciselé par les avancées et reculs de l’inlandsis venu du pôle : il  couvrait  l’ensemble de la Scandinavie et de l’Europe septentrionale lors des périodes froides puis refluait vers le Nord aux périodes des réchauffements interglaciaires.

Il en résulte un relief alternant trois formes complémentaires :
   . Des collines de roches striées ou moutonnées rabotées et ciselées par les glaciers,
   . Des ondulations longilignes formées par des dépôts morainiques de toute taille
   . Des creux emplis actuellement par les eaux des lacs et des étangs.

C’est sur cette région au relief indécis  et monotone, couverte d’épaisses forêts entrecoupées d’une myriade de lacs que les hommes s’installèrent  aux alentours du 11e siècle. Ils constituaient des petits groupes épars dans les clairières et au bord des plans d’eau.

Cette histoire semble suggérer un paysage sévère, inhospitalier et désolé, c’est tout le contraire qui apparaît en traversant les pays baltes ; on rencontre en effet des paysages d’une harmonieuse beauté où l’homme a su préserver la nature tout en la parant des multiples couleurs de ses cultures.

À suivre...

mercredi 6 décembre 2017

..C’est la Saint Nicolas !

Comme tous les ans, j'interromprai le cours de mes articles pour rendre hommage au grand saint que l’ensemble des mondes catholiques et orthodoxes vénèrent de l’Est de la France jusqu’à la Russie, saint Nicolas.

Pour cet hommage, j’ai choisi de montrer une icône russe qui représente Saint Nicolas entouré de vignettes de quelque-uns de ses miracles...

dimanche 12 novembre 2017

ESTONIE-LETTONIE (15) : l’émergence d’un art national Letton

Suite de l’article précédent

Jusqu’aux dernières décennies du 19e siècle, l’aspiration à une spécificité proprement lettonne s’était plutôt affirmée dans le domaine de la langue et de la littérature. Le tout début du 20e voit émerger une nouvelle dimension à cette spécificité en englobant désormais une architecture appelée du «romantisme national ».

A l’aube du 20e siècle, la Lettonie vivait sous une double domination : économique et social du fait des germanophones, politique de celui des russes.

Dans ces conditions, le pays letton suivit jusqu'alors toutes les modes architecturales importées du reste de l’Europe sans qu’apparaisse une spécificité propre à leur culture.

D’abord, se développa le style revivalisme avec toutes ses variantes, néo-gothique, néo-romano-byzantin, néo-classique...


Au tout début du 20e siècle fut introduit l’art nouveau en Lettonie (via le Jugendstil) ; cet art n’eut, au début, rien de spécifique à la Lettonie, il correspondait à des caractéristiques architecturales et décoratives que l’on retrouve, à quelques nuances près, dans toute l’Europe.

À Riga, sont présents les deux versions de l’art nouveau :
   - vertical (dominé par la verticalité et l’intégration dans cette verticalité des motifs décoratifs typiques de l’art nouveau, végétaux et animaux,, visages mythiques.. )
    - éclectique (un mélange parfois surprenant de tous les styles architecturaux dans lesquels s’insèrent les motifs décoratifs de l’art nouveau).


A une exception près, celle de Konstantin Peksen, les architectes qui introduisirent l’art nouveau en pays letton n'étaient pas autochtones mais Russes  ou allemands,

Comme au niveau de la culture littéraire, l’apparition d’une architecture proprement lettone fut la conséquence de la redécouverte du folklore et des traditions artistiques des campagnes.

A suivre...