REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 3 mai 2018

Impressions de voyage : RIGA (Lettonie) (4)

LES PLANS ANCIENS DE RIGA (suite)

Le plus ancien plan de la ville est, à ma connaissance, le plan de Matthias Mérian présentant la ville vers 1650, à l'époque de l’occupation suédoise.

Au niveau de la Dvina, on retrouve ce qui a été décrit dans la gravure de 1581 avec association de  navires maritimes au centre de la rivière et d’embarcations à voile faisant les allées et retours entre la berge et les navires. On retrouve aussi les trois églises principales, Saint Jacques (1), Saint Pierre ( 2)  et la cathédrale (3) auxquelles s’ajoute, sur ce plan, l’église saint Jean (4).

Le Rathaus (5), surmonté d'un beffroi central, se dresse sur un des côtés d’une grande place rectangulaire,

On retrouve également le château (6) établi au Nord de l’enceinte.

Ce plan témoigne surtout de l’évolution survenue au niveau de l’enceinte établie côté campagne : l’ancienne courtine (7) a été doublée par un rempart (8) adapté à l’artillerie avec des bastions comportant les canons, un mur d’escarpe, un mur de contrescarpe et des demi-lunes

On peut penser que le nouveau dispositif défensif était récemment réalisé si on en croit un plan de 1640  présentant le projet.

Un double fossé en eau entoure la ville : l’ancien fossé protégeant l’enceinte primitive (9) a été conservé. En avant de l'escarpe d’artillerie, se trouve un second fossé (10) dont l’eau provient d’une rivière proche canalisée. Ce rempart d’artillerie se termine au niveau du mur d’enceinte jouxtant les quais par deux bastions qui doivent être chargés de défendre le cours du fleuve si un ennemi y accédait. Pour le reste, la partie centrale du  rempart donnant sur le fleuve n’a pas été modifiée.

Le nouveau rempart intègre aussi le château, tout en lui conservant sa spécificité puisqu’un fossé en eau le sépare de la ville. Le château est précédé d’un bastion (11) prolongé par une barbacane.

Sur l’autre rive, se trouve la forteresse de Daugavgriva (12), elle fut construite par Albert de Buxhoevden pour protéger la ville d’éventuelles incursions venant de la Baltique. Cette forteresse a également été modernisée et pourvue de bastions d’angle.

Le plan ci-contre est sans doute contemporain du dessin de Merian, il n’est cependant pas daté.

Il  fait apparaître une seconde ligne de défense en avant du rempart, côté campagne. Cette ligne de défense comporte une succession continue de bastions aux flancs droits précédés d’un fossé.

Le dessin montre que cette seconde ligne est en cours d’aménagement avec une partie comportant le rempart précédé d’un  fossé déjà en eau, une autre partie  montre le fossé en cours de creusement et une dernière partie le présente simplement esquissé sur le terrain.

Ce projet peut procéder de trois objectifs :
     . Prévoir l’extension de la ville avec lotissement des terrains agricoles existants. À cette époque, il ne se trouve à cet endroit que deux constructions : l’hôpital saint Georges au Nord et l’église de Jésus au Sud,
    . Assainir et drainer le secteur probablement marécageux,
   . Créer une avant-ligne de défense de la ville.
Il est probable que ces trois objectifs se conjuguèrent pour expliquer la mise en œuvre de ces travaux.

mardi 1 mai 2018

Impressions de voyage : RIGA (Lettonie) (3)

LES PLANS ANCIENS DE RIGA

Pour découvrir une ville, il est souvent intéressant, en préalable à la visite, d’examiner les anciennes gravures afin de comprendre comment s’est constituée la ville.

En ce qui concerne Riga, les représentations de la cité aux 16e et 17è siècles sont suffisamment nombreuses pour permettre de rendre compte de son organisation spatiale ancienne. .

La première représentation datée de 1581, figure  Riga dans « civitates orbis terrarum » de Frank Hogenberg et G Braun vue de la rivière Daugava.


Les marchands des cités portuaires du Saint-Empire, quand ils  arrivaient dans la ville par le fleuve, devaient se trouver en pays de connaissance car le panorama de la cité qu’ils découvraient était, à peu de détails près, semblable à celui des autres cités  germaniques dont l’architecture découlait de leur passé commun hanséatique.

La première chose qu’ils pouvaient constater était l’importance du trafic fluvial ; de nombreux bateaux sont amarrés au milieu du fleuve (1), un grand nombre de petites embarcations (2) effectuent le trafic entre les bateaux de mer et le quai. Le quai (3) est porté par une rangée de pieux fichés le sol soutenant des  planches posées de champ, elles sont entrecoupées de rampes permettant le déchargement des barques.

Derrière ce quai qui devait être encombré par les marchandises, se trouve le rempart de la ville (4) ;  le mur d’enceinte comporte de grosses tours rondes  d’angle crénelées, des tours intermédiaires et des portes établies en avant des voies de déchargement.

Au-delà du rempart se profile la ville. Elle est composée de maisons hautes et étroites sur la rue, se développant en profondeur et formant un lacis serré entre lequel on devine les rues et ruelles.

Les trois églises dessinées (la cathédrale (5), l’église Saint Pierre (6) et l’église Saint Jacques (7) ont un aspect conforme à la plupart des églises hanséatiques. Elles comportent,  à l’ouest, une unique et  haute tour-porche surmontée d’un clocher effilé.

Enfin, dans la ville-même se trouve le Rathaus (8), la maison du conseil, d’où la ville est administrée, cette maison ne possède pas de beffroi comme c’est le cas habituellement  dans les Communes, on en aperçoit la façade latérale et son pignon à redents décoré de volutes également typique des villes hanséatiques.

Au Nord du rempart de la ville se trouve le château (9) ; il possède une longue histoire qui mérite qu’on s’y arrête.

Riga avait réussi à se soustraire à l’autorité de l’évêque mais il existait une autre force qui pouvait empêcher l’épanouissement de l’autonomie communale, l’ordre des chevaliers Porte-Glaives devenu en 1237 l’ordre de Livonie. (Cf : mes articles sur l'Estonie et la Lettonie). Au 13è siècle, le siège de l’ordre se trouvait dans un château au centre de la ville.

Entre la cité de Riga et l’ordre de Livonie, les casus belli furent si nombreux qu’ils débouchèrent sur plusieurs guerres intestines. Lors de celle de 1304, les bourgeois attaquèrent puis démolirent le château des moines-chevaliers, cependant ils furent vaincus par l’ordre et durent lui en reconstruire un autre.

L’ordre préféra s’installer hors de la ville sur son emplacement actuel ; les chevaliers y gagnèrent en moyens défensifs et purent plus efficacement surveiller la cité du haut de leurs remparts. En  1581, l’ordre de Livonie fut sécularisé et le duché de Livonie fut placé sous obédience polonaise ;  le château fut occupé alors par un gouverneur polonais. Plus tard, les envahisseurs successifs, suédois et russes, firent du château la résidence de leurs gouverneurs.

Sur la gravure de Braun et Hogenberg, le château possède une forme carrée comportant des tours d’angle ; il possède également un accès à la Daugava sous la forme d’une tour sur la rivière (10) et d’une passerelle reliant le logis à la tour.

À suivre…

dimanche 29 avril 2018

Impressions de voyage : RIGA (Lettonie) (2)

LES ORIGINES DE LA VILLE (suite)

La ville prit très vite de l’ampleur du fait de sa situation à l’embouchure de la Daugava ; en effet, le fleuve était, avec la Neva, une voie fluviale qui permettait de gagner l’intérieur de la Rus puis la mer Caspienne par la Volga et la mer Noire par le Dniepr.

Riga devint un intermédiaire commercial de premier plan entre la Rus et la Baltique.

 La ville se peupla rapidement de marchands et artisans d’origine germanique.

Afin d’augmenter la prospérité de Riga, Albert prit deux dispositions supplémentaires :
     . Il obtint une bulle papale qui décréta que tous les marchands allemands en route vers la Rus devaient passer obligatoirement par Riga,
     . Il mena des campagnes militaires contre Polotsk afin d’obliger  cette cité à permettre le libre cours de la rivière aux marchands allemands.

Le 13ème siècle fut marqué par deux événements qui orientèrent pour longtemps le destin de la ville :

     . La prospérité aidant, les  habitants se sentirent bientôt assez forts pour entrer en conflit avec l’évêque et obtenir de lui le droit de fonder une « commune », une cité qui possède son autonomie en ne dépendant de personne et en se gouvernant elle-même : la cité obtient en 1221 le droit de rédiger une constitution ; en 1225, l’évêque accepte la création d’un conseil de 12 membres élus qui choisit quatre d’entre eux pour gouverner la cité,  A cette même date, Riga obtient de ne plus rien payer à l'évêque. Riga est devenue une «  ville libre » de toute sujétion

     . En 1282, Riga s’affilie à la Hanse Germanique et devient le débouché naturel du comptoir hanséatique de Novgorod qui rassemble,  dans cette ville, tous les produits venant de l’intérieur de la Rus. La période qui suivra sera celle de la plus grande prospérité de Riga qui prend à cette époque l’aspect d’une ville proprement hanséatique.

A suivre..

NB la Rus comportait un ensemble de principautés  qui dura jusqu'aux invasions mongoles du 13è siecle

vendredi 27 avril 2018

Impressions de voyage : RIGA (Lettonie) (1)

LES ORIGINES DE LA VILLE

La ville de Riga fut officiellement fondée en 1201 par Albert de Buxhoevden, le troisième évêque de Ikskile, dans la double  perspective d’évangéliser les tribus des pays Este et Letton mais aussi de participer à l’expansion du commerce germanique dans la Baltique après la fondation de la Hanse dans la deuxième moitié du 12ème siècle.

Pour expliquer, cette fondation, il convient de revenir aux prémices de l’évangélisation des tribus baltes.

Elle avait commencé quelques années plus tôt vers 1180 et avait déjà comporté trois phases chronologiques :

   . A l’origine, la christianisation avait débuté  de manière pacifique avec la venue de missionnaires et en particulier du moine Meinhard qui réussit à fonder une église à Ikskile et à se faire reconnaître évêque par l’archevêque de Brême. Cette évangélisation fut quasiment un échec.

  . Dans ces conditions il fallut recourir à la force, c’est ce que fit le deuxième évêque, le moine cistercien Berthold : après avoir vainement tenté de convertir les tribus locales, il rentra en Allemagne et recruta des croisés. Il fut tué lors de la bataille qui s’engagea à son  retour, mais les croisés furent vainqueurs, les tribus lettones se convertirent dans un premier temps, mais dès que la croisade quitta le pays, ils retournèrent à leurs croyances antérieures.

   . Devant ce nouvel échec, l’archevêque de Brême nomma son neveu, Albert de Buxhoevden, évêque d’Ikskile, à charge pour celui-ci de conduire une nouvelle croisade afin de vaincre définitivement  les tribus lettones. Il instaura aussi le principe de la croisade perpétuelle afin de disposer à tout moment  d’une force armée suffisante (chaque croisé devait servir pendant deux ans afin de bénéficier des indulgences établies par le pape). Lorsqu’il arriva en pays letton, Albert décida de transférer le siège de son évêché d’Ikskile  sur un site mieux protégé à l’embouchure de la Dvina (Daugava) : la ville de Riga était fondée. Albert fit construire des murailles et posa la première pierre de la cathédrale. C’est à partir de Riga que fut menée la conversion forcée des tribus Estes et Lettones.

NB, les informations ci-dessus peuvent être retrouvées dans la serie d'articles intitulée : ESTONIE ET LETTONIE, LES VICISSITUDES DE L'HISTOIRE

À suivre…

dimanche 22 avril 2018

Le manuel d'EPICTÈTE : un mode de pensée (2)

La deuxième  notion de logique morale abordée par le manuel d’Epictète est appelée CORRÉLATION. Cette notion est complémentaire de la précédente : le dualisme antécédent/conséquent, avec la démarche de l’esprit qui en découle,  concerne essentiellement l’individu seul utilisant les valeurs qui composent la liberté de son âme au moyen de la raison. La corrélation concerne plutôt les relations de l’individu et de son « en soi »  avec le monde extérieur dans toutes ses composantes : son propre corps, les autres hommes pris individuellement et collectivement, la nature et même les objets inanimés.

Pour illustrer cette notion, je prendrai l’exemple de deux personnes, A et B ; ils se rencontrent dans la rue et A se met à invectiver B suffisamment violemment pour que les passants s’arrêtent ; B est alors placé devant un dilemme :
   . S’il décide de ne pas se laisser faire, il répliquera par d’autres insultes et l’altercation pourra se terminer par une rixe qui, si elle est menée à son terme, risquera d’aboutir à la mort de l’un des individus.
   . S’il juge nécessaire de ne pas réagir et de passer son chemin, il sera certes traité de lâche et de «poule mouillée », mais il conservera sa tranquillité d’esprit.

La quasi-totalité des êtres humains choisiront la première solution tant est grande chez eux le désir de considération face aux autres ; par contre, le philosophe qui suit l’enseignement d’Epictète, optera pour la seconde : Il ne réagira pas et se laissera injurier et même frapper.

Cette absence de réaction est mentionnée explicitement dans le manuel et expliquée dans deux  aphorismes :
   . 20 : «  Souviens-toi qu’on n’est pas outragé par celui qui injurie ou qui frappe mais par le jugement qu’il vous outrage. Quand quelqu’un te met en colère, sache que c’est ton jugement qui te met en colère »
   . 30 : «  …Un autre ne te nuira pas si tu ne le veux pas, mais on t’aura nui si tu juges qu’on te nuit »

Traduit dans un langage de notre époque, ces deux aphorismes peuvent s’exprimer ainsi en se référant au dualisme « ce qui dépend de nous, ce qui ne dépend pas de nous » :
   . Si on est agressé par autrui, on se trouve dans la situation de ce qui ne dépend pas de nous et dont nous sommes esclaves : Nous ne pouvons empêcher que quelqu’un nous déteste au point de nous frapper
   . C’est dans cette perspective, qu’il convient que notre esprit analyse la situation : je décide donc, en usant de ma liberté absolue de jugement, que je ne me sens pas concerné par cette agression et que  je trouverai en moi des valeurs telles que l’indifférence ou le courage qui me permettront de ne pas réagir.

Ainsi, lorsqu’au moyen des ANTÉCÉDENTS et des CONSÉQUENTS, on a déterminé en toute liberté  une manière d’être, il convient de s’y tenir en toutes circonstances en en tirant les conséquences dans ses rapports avec autrui, c’est ce qu’Epictète appelle CORRÉLATION. Pourtant cela ne suffit pas, car il est nécessaire de déterminer si cette démarche est logique et cohérente par la DÉMONSTRATION, troisième étape de la logique du philosophe.

À suivre

mardi 16 janvier 2018

PAYS BALTES (3) une nature apaisée après un douloureux passé

Suite de l’article précédent



Les clairières cultivées sont constituées de vastes parcelles au sol plat ou faiblement ondulé, entrecoupées par de petits bosquets d’arbres sous lesquels se dissimulent les fermes. Une large palette de couleur y est présente,  formant un patchwork en constant renouvellement lorsqu’on parcourt le pays : le vert tendre des prairies s'harmonise délicatement  avec le vert plus sombre des bosquets et des arbres, avec aussi le brun des terres labourées et le jaune ocre des chaumes et des céréales attendant la moisson.

Dans ces paysages, tout respire la sérénité et la paix d’une nature qui paraît réconciliée avec l’homme. On a l’impression que la nature remercie l’homme de l’avoir préservé en lui donnant tout ce qu’il a besoin. En échange, l’homme se fait discret, cachant les fermes dans les bosquets comme s’il voulait les dissimuler afin de ne pas rompre la sérénité du lieu.

Cette description un peu idyllique des paysages baltes réussit actuellement  à masquer un douloureux passé : en effet, pendant de longues périodes, la paysannerie fut placée sous le joug de dominateurs étrangers qui imposèrent leur puissance par la force.

Prochain article : la situation de la paysannerie aux 18ème et 19ème siècle.

dimanche 14 janvier 2018

PAYS BALTES (2) une nature apaisée après un douloureux passé

Suite de l'article précédent

Dans les pays baltes dominent les forêts, elles ferment  systématiquement l’horizon des clairières de cultures, constituant une limite vert-émeraude qui donne à l’espace une dimension humaine sans démesure.

La forêt associe, entre autre, deux aspects très spécifiques représentés sur les photos ci-dessous :


Les paysages de la forêt de conifères sont assez surprenants : les arbres se dressent tout droit, tels des poteaux dénudés, tous égaux en diamètre ; c’est seulement au niveau de leur cime qu’apparaissent quelques branches qui s’entremêlent d’un arbre à l’autre pour former une canopée ;  comme celle-ci a du mal à laisser passer la lumière, les sols ne sont couverts que d’une végétation pratiquement rase. A cela s’ajoute la brume résultant de l’humidité amenée par les dernières pluies. Ces caractéristiques créent une étrange impression, on se croirait dans une forêt mystérieuse d’où pourraient surgir les trolls mais aussi des fées et des lutins sortis de palais enchantés.

La réalité de cette forêt est cependant bien différente de ce qu’elle paraît, elle résulte des campagnes de  reboisement rendues nécessaires  après les ravages de la seconde guerre mondiale. Les arbres ont été plantés en même temps, ce qui explique qu’ils aient tous la même apparence : cette forêt révèle aussi l'opiniâtreté des hommes à toujours dominer les catastrophes pour toujours reconstruire.

La forêt de bouleaux est bien différente : elle se développe en deux strates avec un sous-bois abondant et touffu de petits arbres d’où émergent les troncs blancs des bouleaux qui s’ennoient peu dans le feuillage de leurs cimes.

La forêt est entrecoupée de lacs restant encore sauvages malgré le développement  des résidences de loisirs qui s'installent sur ses berges. Les eaux calmes de ces lacs se muent en miroirs dans lesquels la forêt se dédouble,  créant dans l’eau une illusion de forêt symétrique à peine troublée par d’éphémères clapotis.

Entre ces forêts, se déploient de grandes clairières de cultures qui constituent la seconde facette des paysages baltes.

A suivre

vendredi 12 janvier 2018

PAYS BALTES (1) une nature apaisée après un douloureux passé

Lorsqu’on voyage dans un pays, même pendant quelques jours, il suffit souvent de regarder ses paysages pour  découvrir l’âme de ce pays ; selon moi en effet,  traditionnellement, c’est le pays qui façonne les hommes et non l’inverse, c’est seulement depuis la révolution industrielle que l’homme a voulu asservir la nature et, par la même occasion, perdre tout sens de la réalité.

Un géographe expliquerait que le sol des pays baltes a été modelé et ciselé par les avancées et reculs de l’inlandsis venu du pôle : il  couvrait  l’ensemble de la Scandinavie et de l’Europe septentrionale lors des périodes froides puis refluait vers le Nord aux périodes des réchauffements interglaciaires.

Il en résulte un relief alternant trois formes complémentaires :
   . Des collines de roches striées ou moutonnées rabotées et ciselées par les glaciers,
   . Des ondulations longilignes formées par des dépôts morainiques de toute taille
   . Des creux emplis actuellement par les eaux des lacs et des étangs.

C’est sur cette région au relief indécis  et monotone, couverte d’épaisses forêts entrecoupées d’une myriade de lacs que les hommes s’installèrent  aux alentours du 11e siècle. Ils constituaient des petits groupes épars dans les clairières et au bord des plans d’eau.

Cette histoire semble suggérer un paysage sévère, inhospitalier et désolé, c’est tout le contraire qui apparaît en traversant les pays baltes ; on rencontre en effet des paysages d’une harmonieuse beauté où l’homme a su préserver la nature tout en la parant des multiples couleurs de ses cultures.

À suivre...