REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 9 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (16) le HAUT BARR

DESCRIPTION DU CHÂTEAU (Suite)

Les aménagements postérieurs à l’époque romane datant des 14è et 15è siècles, consistent en un premier renforcement des moyens de défense :
     . Une tour du puits (8)  est construite en avant de la falaise rocheuse. La profondeur du puits est inconnue. Il  devait utilement compléter les citernes existantes.
      . Une deuxième porte (9) est aménagée au milieu de la rampe d’accès au château, cette porte était défendue par une grosse tour ronde (10) et par un rempart qui se raccrochait à la falaise . En avant de la porte, se trouvait un  fossé pourvu d’un pont-levis (11).
      . Une abside gothique est ajoutée à la chapelle romane (12).
      . Des remparts sont érigés au niveau de la basse-cour (13)  et à celui du rocher oriental dans le prolongement du rempart roman (14)

Les 16è et 18è siècles amenèrent de nouveaux aménagements des défenses du château.
   . L’entrée du château est à nouveau modifiée au 16è siècle avec la création d’une troisième porte (15)  de style renaissance ;  elle est incluse dans un rempart en L qui se raccrochait d’une part à la falaise et d’autre part à la grosse tour ronde qui fut réaménagée pour lui donner une forme polygonale.
    . Une tour basse est ajoutée (16) afin de protéger l’intervalle entre le rocher occidental  et le rocher central
   . L’extrémité du rocher oriental est renforcée avec création d’un bastion, le bastion du Schnabel (17).
   .  Les parties nord et est de la basse-cour ont été considérablement renforcés avec :
          . Construction d’une grosse tour nord adossée au rempart (18).
          . Aménagement d’un bastion oriental (19).
          . Construction d’une ligne continue de rempart au niveau de la falaise nord (20) reliant la grosse tour Nord et le bastion oriental
    . Enfin, il est probable que la partie centrale  de la basse-cour devait être occupée par le logis seigneurial (21). A cet endroit, se trouve actuellement une hostellerie  néo-gothique.

L’ASPECT DU CHÂTEAU DU HAUT-BARR sur une gravure de MATTHAUS MERIAN (16è)

Cette gravure permet à la fois de se figurer l’aspect du château et de retrouver les différents éléments mentionnés plus haut :

A le rocher du Markfels.
B le pont d’accès au château entre le rocher occidental et le rocher central.
C le rocher central portant le logis principal et le donjon.
D la chapelle.
E le rocher oriental
F le bastion du Schnabel terminant le rocher oriental
G le bastion construit en contrebas du rocher oriental.
H logis construit sur la basse-cour.
J tour du puits.
K porte d’entrée du 16e siècle.
L  grosse tour protégeant primitivement la deuxième porte.

prochain article : PROMENADE DANS LA RUINE ACTUELLE

jeudi 7 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (15) le HAUT BARR

LA DESCRIPTION DU CHÂTEAU

Le château du HAUT BARR est construit sur une longue crête rocheuse dominant les collines des Vosges gréseuses et la plaine d’Alsace. Cette situation lui a valu le qualificatif d’ « œil de l’Alsace »

Ces  photos montrent deux vues prises du château,  à gauche sur les Vosges gréseuses, et à droite sur la plaine d’Alsace





Comme le montre le plan ci-dessous, la crête rocheuse est surmonté de trois hauts rochers (en brun) que je qualifierai de rocher occidental  (rocher dit du Markfeld), central  et oriental. Les rochers occidental et central sont séparés par un profond fossé et sont reliés par une passerelle appelée « pont du Diable »



Deux vues de la crête rocheuse prise du parking d’accès au château ; sur la photo de droite, on aperçoit le rocher ooocdentall dit du Markfeld et le pont du Diable.





C’est  sur le ROCHER CENTRAL que se trouve la partie la plus ancienne du château. Il en reste les soubassements et le niveau inférieur  d’un logis heptagonal (1) datant du 12è siècle qui devait servir de résidence à l’évêque, . Il jouxtait un donjon (2) actuellement disparu. L’entrée du logis doit correspondre à une porte percée dans le logis et actuellement accessible par un escalier de fer.

LE ROCHER OCCIDENTAL, le Markfels fut acheté à l’abbaye de Marmoutier en 1168, il y fut établi un mur-bouclier (3)  de près de 2 m d'épaisseur dont il ne reste que quelques soubassements, cette fortification protégeait le château central d’une attaque venue de l’est.

Sur le ROCHER ORIENTAL, est construit un puissant mur-bouclier faisant face au logis central (4)  on peut penser que ce mur se poursuivait pour ceinturer complètement ce rocher et ainsi protéger le château central d’une attaque venue de l’ouest.

Sur le sol de la plateforme de la barre rocheuse servant de basse-cour,  sont conservés trois éléments datables de l’époque romane :
   .5 une entrée d’accès à la basse-cour.
   .6 une chapelle.
   .7 des caves creusées dans la roche gréseuse.


A suivre...

mardi 5 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (14) le HAUT BARR


Le château du HAUT BARR fut, pendant la plus grande partie de son histoire, une possession de l’évêque de Strasbourg. Cette situation, qui peut apparaître étonnante à notre époque, correspondait à une caractéristique générale de la géopolitique du Saint Empire Germanique : le cumul par les ecclésiastiques de haut rang (archevêque, évêques et abbés) de fonctions spirituelles et temporelles.

Cette conjonction s’est effectuée en trois étapes principales dans l’évêché de Strasbourg :

   . L’évêché  de ce qui sera Strasbourg, fut établi au 6è siècle dans l’ancien  castrum romain d’Argentorate par Clovis après sa victoire sur les Alamans. Dès cette époque, l’évêché disposait de biens concédés par les rois et les seigneurs en tant qu’œuvres pieuses.

   . Otton 1er (roi en 936, couronné empereur romain en 962 et fondateur de fait du Saint Empire romain Germanique), afin de lutter contre les tendances autonomistes des quatre duchés qui composaient l’Empire, décida de donner aux évêques des pouvoirs temporels effectifs. Il fut le premier à investir les évêques par « la crosse (pouvoir spirituel) et l’anneau (pouvoir temporel) » ; ainsi Uton, évêque de « Strasbourg » de 950 à 965 reçut le titre de comte ainsi que la délégation des droits régaliens impériaux  comme le droit de frapper monnaie et celui de rendre la haute justice sur ses domaines.
L’évêque était donc devenu un vassal de fait de l’empereur,. Ce système avait beaucoup d’avantages pour le souverain puisqu’il lui permettait de nommer les évêques parmi ses fidèles et donc de compter sur leur obéissance.

   . Cette situation  ne fut évidemment par du goût du Pape, il s’en suivit une longue querelle, dite des investitures, entre les papes et les empereurs. Pendant toute cette période, les évêques de Strasbourg prirent le parti de l’empereur. Finalement fut signé en 1122 le concordat de Worms : l’empereur Henri 5 renonçait à l’investiture par la crosse et par l’anneau et devait accepter que l’élection des évêques se fasse par le chapitre de la cathédrale (ensemble des chanoines aidant l’évêque dans sa tâche quotidienne). Une fois élu, le nouvel évêque devait se rendre auprès de l’empereur qui lui donnait, par le sceptre, l’investiture des fiefs de son comté ainsi que les fonctions régaliennes qui en découlaient.

Cette double vocation des évêques,  spirituelle et temporelle, se complique par le fait que les deux domaines ne coïncidaient pas comme le montre la carte ci-dessous :
   . Dans les zones circonscrites par un pointillé violet représentant les limites du diocèse médiéval  de Strasbourg, l’évêque ne dispose que du pouvoir spirituel
   . Dans les zones colorées en mauve, l’évêque dispose à la fois du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel. C’est évidemment dans cette zone que se trouvait le château du HAUT BARR.

Sur cette carte apparaît une troisième zone,  colorée en jaune, celle  de la ville de Strasbourg. Elle est à la fois le siège épiscopal et une ville impériale libre, deux qualificatifs qui sont, à priori, incompatibles : une ville libre se gouverne elle-même alors que le siège épiscopal est dominé par les officiers de l’évêque.

Cette caractérise s’explique par les longues querelles qui opposèrent  la ville et l’évêque.

Je me contenterai d’en donner ici quatre dates principales :
     . 1094 : l’évêque Otton de Hohenstaufen octroie à la ville le droit d’élire des conseils chargés d’administrer la ville. En pleine querelle des investitures, il espère ainsi de concilier les bourgeois,
     . 1260 : le nouvel évêque élu par le chapitre, Walther de Hohen Geroldseck veut rétablir son autorité sur la ville, il met Strasbourg au ban de l’église et mobilise son armée. En 1262, les milices municipales réussissent à vaincre l’armée épiscopale à la bataille d'Oberhausbergen. La ville obtient l’indépendance complète de son conseil.
   . En 1358, l’empereur Charles 4 de Luxembourg confère à Strasbourg le titre de ville libre impériale, elle envoie des délégués aux diètes impériales, est exemptée de tout impôt (sauf si elle décide d’effectuer un don gratuit) ; en échange de ces privilèges, elle devra fournir à l’empereur des contingents militaires quand celui-ci le demandera.
   . Enfin, en 1394, l’évêque s’installe à Saverne dont il fait le siège de ses états

C’est à la proximité immédiate de Saverne que se trouve le château du HAUT BARR.

À suivre

dimanche 3 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (13) FLECKENSTEIN

Le niveau sommital est bien  représenté sur le dessin de 1532. On y retrouve d’abord les diverses parties de la forteresse  déjà décrites :
   . 1 le niveau intermédiaire avec la chapelle.
   . 2 La tour du puits.
   . 3 la tour escalier actuelle qui servait aussi à abriter un monte-charge permettant d’approvisionner les logis seigneuriaux.

Au niveau du promontoire, ce dessin révèle que l’ensemble de celui-ci est loti de diverses constructions dont une, plus haute (4), pouvait servir de donjon ou être plutôt une tour de prestige témoignant de la puissance du sire de Fleckenstein.

La photo aérienne montre un ensemble quasiment totalement arasé, cinq ensembles peuvent néanmoins être distingués :
   . 5 une cour Ouest  en contrebas du sol du promontoire, elle correspond au débouché de l’escalier troglodyte, cette cour est bordée de salles également troglodytes  pouvant servir de cave aux logis qui les surmontaient.
   . 6 un ensemble de murs arasés qui ne permettent pas de reconnaître les bâtiments existants.
   . 7 une cour Est, plus profonde que la cour Ouest  pouvant correspondre à une déclivité naturelle réaménagée par l’homme ; le sol de cette cour se trouvait  au niveau supérieur de la tour du puits et donnait accès à celle-ci.
   . 8 le logis Est, le mieux conservé, dont on peut assez facilement reconstituer la structure.
   . 9 une partie en contrebas du logis Est devant comporter, entre autre, des latrines.

Aspect du niveau sommital : au premier plan se trouve la cour Est dont on aperçoit une salle troglodyte ; le toit moderne correspond à la tour escalier actuelle ; la passerelle donne accès au logis Est.

Du logis Est, il subsiste  encore un haut pan de mur ( photo de droite)  ainsi qu’une salle troglodyte qui permettent de comprendre la manière dont ce logis était aménagé. En voici, à gauche,  une coupe schématique  Nord-Sud ; au centre est figurée une reconstitution du logis  présentée sur un panneau du site.


(A) le mur conservé est construit sur le rebord de la falaise. Des corbeaux de pierre permettent de penser que l’édifice avait au moins deux niveaux : une salle au rez-de-chaussée  (B)  et la grande salle où vit le seigneur (C)
     - La salle du rez-de-chaussée  servait de communs, elle comportait une citerne à filtration dont on conserve la plateforme et les bases d’un fourneau ; un escalier en colimaçon permettait l’accès à la grande salle.
      - Il ne reste rien de cette grande salle à l’exception des corbeaux qui tenaient la charpente

(D) entre le mur (A) et la plateforme sur laquelle sont aménagés les communs, se trouve un espace au-dessus duquel ont été construits des arcades permettant de supporter le sol des communs.

(E) ces arcades créent une galerie qui permettait l'accès à la fois à une salle troglodyte (F) aménagée sous les communs, et à l’extrémité de la plateforme Est où étaient, entre autre, situées des latrines

(G) enfin, il devait exister un grenier au-dessus de la grande salle comme l’évoque le dessin de reconstitution.

Prochain article : le CHÂTEAU DU HAUT BARR

lundi 14 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (12) FLECKENSTEIN

Promenade descriptive dans le CHÂTEAU DE FLECKENSTEIN (suite)

La tour du puits (E) est plaquée sur la paroi rocheuse ; comme son nom l’indique, elle sert de conduit permettant de monter l’eau jusqu’au haut-château. Ce puits est creusé si profondément dans la roche  qu’il fait l’objet d’une curieuse légende.

Comme dans tous les châteaux, l’alimentation en eau  était une nécessité absolue, surtout en cas de siège. Le seigneur du lieu fit donc  creuser un puits profond sans trouver l’eau. C’est alors que se présenta un curieux personnage qui se fit fort d’atteindre la nappe phréatique, on le fit descendre au moyen d’un panier et, après quelques jours de travail, le personnage remonta à la surface, annonça avoir trouvé l’eau et invita le seigneur à descendre avec lui pour le constater. Arrivé au fond du trou, le seigneur aperçut, non de l’eau, mais les flammes de l’enfer, le personnage qui avait creusé le puits était le diable. Le seigneur s’en débarrassa avec une prière, il réussit à se faire remonter et un prêtre jeta de l’eau bénite dans le trou, c’est alors que se produisit une intervention divine grâce à laquelle le puits se remplit d’eau.

Deux photos prises de la tour du puits (D)
   . A gauche, le conduit intérieur, il comporte deux strates, la partie basse correspond au creusement du puits dans la roche, au-dessus, se devinent les strates rocheuses de la paroi
   . Pour élever l’eau, on utilisait une roue à écureuil en tant que monte-charge. Il en reste la forme creusée dans le rocher.

Une fois passée la troisième porte, en laissant sur sa droite la tour du puits, on se trouve sur un niveau intermédiaire entre la basse-cour et le haut-château; il est marqué par deux lignes incisant la paroi, dont  la quasi-horizontalité révèle un retaillage effectué par les hommes :
      . Le niveau (F)  doit correspondre à un mur  permettant de servir de  soutènement au remplissage de pierres  qu’il fallut effectuer pour rendre constructible la  terrasse intermédiaire. Ce mur devait aussi être surélevé par rapport à cette terrasse afin de créer un rempart protégeant les bâtiments  qui s’y trouvaient, ce mur se raccroche à la falaise rocheuse à l’Est et à la troisième porte.
      . Le niveau (G) est, selon moi, celui du sol de la terrasse intermédiaire, on peut alors mesurer la quantité de matériaux qu’il a fallu utiliser pour remblayer l’espace entre le mur de soutènement et la paroi afin de la rendre apte à recevoir des constructions.

Une photo plus détaillée de cette partie de la paroi permet de déterminer la fonction de la terrasse intermédiaire :
1 paroi retaillée portant, à mi-hauteur, un alignement de trous creusés dans la roche qui permettaient de tenir les  poutres et la charpente d’un bâtiment construit sur la terrasse.
2 emplacement de la partie supérieure de la rampe correspondant à l’entrée primitive du château.
3 allée  creusée dans la roche, seul élément subsistant du sol ancien de la terrasse.
4 grande salle troglodyte.
5 escalier de montée vers la partie sommitale par une galerie troglodyte.

La gravure de 1532 montre que l'existence d'une terrasse intermédiaire est avérée et que le bâtiment dont les poutres de charpente étaient insérées dans la paroi, correspond à la chapelle







La galerie de montée troglodyte qui conduit à la partie sommitale est bordée de salles également troglodytes qui devaient servir de caves.

Prochain article : la galerie sommitale

vendredi 11 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (11) FLECKENSTEIN

Promenade descriptive dans le CHÂTEAU DE FLECKENSTEIN (suite)

Passée la deuxième porte, on se trouve dans la basse-cour ; constituée lors du taillage de la falaise  naturelle pour augmenter la verticalité  de la paroi portant le haut château, elle est  composée  en grande partie d’un sol de grès rose. Sur celui-ci, se remarquent les rainures occasionnées par les roues des chariots. A gauche, ont été creusés des trous de poteaux devant servir à porter une construction. Un peu plus loin, dans  le renfoncement de la roche, se trouve un bassin que l’on pense être un abreuvoir à chevaux.

Entre le chemin et le rempart s’alignent des bâtiments,  servant de communs.

C’est de la basse-cour que l’on dispose de la plus intéressante vue sur le château et sur le chemin qui conduit le visiteur jusqu’à la partie sommitale où se trouvent les logis seigneuriaux (A). Seule la photo aérienne permet de décrire les diverses parties qui composent ce chemin.


La partie basse de la paroi faisant face à la porte d’entrée comporte une paroi rocheuse retaillée comportant deux ouvertures qui correspondent, selon ce que j’ai pu en lire, à l’entrée primitive troglodyte du haut château (B). Elles éclairent une rampe qui mène à un étage intermédiaire que je décrirai plus loin.

Cette rampe n’est plus utilisée, car une autre entrée plus imposante et mieux défendue a été construite dans la partie centrale du flanc de l’éperon (C).  C’est la troisième actuellement visible sur le site

La reconstitution effectuée sur le panneau de présentation du site permet de bien distinguer la succession des  éléments défensifs :
     . Il faut d’abord passer le fossé en eau (1) qui barre l’entrée, on le fait par une passerelle terminée par un pont-levis (2),
     . On  se trouve alors dans une barbacane (3)  comportant une tour demi-circulaire et un mur en demi ovale se raccordant à la paroi rocheuse.
     . Cette barbacane donne sur un second pont-levis (4)  qui permet l’accès à la porterie principale (5). Celle-ci possède une forme demi-ovale qui se raccordait , à gauche du dessin, à une grosse tour (E)  carrée plaquée sur la paroi rocheuse.

La troisième porte est dominée par deux hautes tours construites en pierre de grès et plaquées sur la falaise : ce sont :
     . La tour du puits (E),
     . Une grosse tour carrée qui sert actuellement d’escalier de descente pour les visiteurs ayant achevé leur visite (D)

A suivre 

mercredi 9 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (10) FLECKENSTEIN

Promenade descriptive dans le CHÂTEAU DE FLECKENSTEIN

Le château de FLECKENSTEIN est construit dans un site habituel aux Vosges gréseuses, un éperon rocheux d’orientation Est-Ouest  dominant le moutonnement de ballons forestiers qui compose le paysage de la région.

On accède au château par son côté nord ; comme au château de Falkenstein, la paroi fut retaillée pour en augmenter la verticalité, cela permit de créer une basse-cour. C’est à ce niveau que se trouve la première série de structures défensives du château, comme le montre une  gravure ancienne le représentant  en 1532.


La basse-cour est entourée d’un puissant rempart (1) il débute  à l’Est et s’accroche à la paroi du promontoire. Vers l’ouest, il se rattache à  un piton rocheux isolé (2) qui pouvait porter une tour de guet ; le rempart se poursuit ensuite jusqu’à la face Ouest de l'éperon rocheux. Enfin, en avant de la paroi rocheuse,  fut construite une banquette (3) actuellement arasée qui devait porter un bas rempart.
Le dessin montre aussi deux portes (4 et 5) ainsi qu'un sas (6) séparant les deux portes.

Ces deux photos montrent l’aspect de la forteresse vu de son chemin d’accès : en partant du bas et en élevant son regard, on rencontre successivement :


    . La banquette portant le bas rempart (3).
     . Le haut rempart ceignant la basse-cour (1).
     . Un mur subsistant de la tour qui comportait la deuxième porte d’entrée (4) (voir ci-dessous)
     . Le promontoire strié des strates gréseuses le composant sur lequel sont adossées quatre  tours (indiquées au moyen de la lettre T) que je décrirai ultérieurement.
     . Un mur subsistant, sur la crête, du logis seigneurial. (L).

Le flanc Sud de l’éperon ne devait pas comporter de bas-rempart du fait de la verticalité de la paroi.

Au niveau de la basse-cour,  se trouvent deux portes successives.  La deuxième porte, datée par une inscription de 1428 ou 1429, formait une haute tour  comportant  le porche d’entrée (4) ;  il n’en reste que la partie basse du porche proprement dit.  En avant de la deuxième porte s'élevait la première porte d’entrée de la forteresse (5). Cette porte fut adaptée à l’artillerie au 16e siècle, le dessin montre qu’elle comportait deux tours rondes pourvue de bouches à canon, elle témoigne d’une timide adaptation de la forteresse à l’artillerie.

Si un assaillant réussit à s’emparer de la première porte, il se trouvait dans un étroit sas (6) entre les deux remparts et la deuxième porte, il était alors pris au piège sous la menace des tirs émanant du mâchicoulis qui surmontait le rempart principal.

Cette photo et ce dessin de reconstitution (sur un des intéressants panneaux explicatifs qui suivent le parcours du visiteur) montrent :

   . La deuxième porte (4) dont on aperçoit le porche et le mur de la tour qui le jouxtait. Sur ce mur a été creusée une bouche de tir adaptée aux armes à feu.
   . Le rempart principal (1)
   . Les murs arasés de la première porte (5)
   . Le chemin d’accès entre les deux portes (6)

Prochain article : la basse cour et la troisième porte

lundi 7 janvier 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (9) FLECKENSTEIN

FLECKENSTEIN DANS L’HISTOIRE DU SAINT EMPIRE (suite)

En 1137, l’empereur Lothaire (voir article précédent) mourut ; pour lui succéder, fut élu le frère de Frédéric le Borgne, Conrad, jusqu’alors duc de Franconie. Ainsi, en  un peu plus de 50 ans, les Hohenstaufen  réussirent à se hisser aux plus hauts postes de la Germanie. Conrad prit le titre de roi des Romains, manifestant ainsi son souhait de régner sur l’Italie et d’être couronné empereur.

En 1147, Frédéric le Borgne mourut, il fut remplacé par son fils Frédéric dit Barberousse. L’ascension de celui-ci fut ensuite rapide : à la mort de son oncle, la diète de Francfort  le choisit comme roi des Romains, puis il fut couronné  empereur du Saint Empire Romain Germanique en 1155 par le pape Adrien 4.

Bien qu’il ait abandonné son duché de Souabe à son neveu, Frédéric Barberousse continua à s’intéresser à l’Alsace, il transforma en particulier le château d'Haguenau  où il était né,  en une somptueuse résidence impériale où il fit de fréquents séjours.

Sous la domination des Hohenstaufen, l’Alsace fut prospère. Cependant, à la mort de l’empereur Frédéric 2 en 1250 et surtout de son petit-fils Conradin en 1268, l’empire entra dans une période difficile appelée « le grand interrègne » ;  les souverains furent incapables de rétablir l’ordre et subirent la décomposition du saint Empire selon les trois tendances que l’on retrouve systématiquement en période de troubles :
   . L’aspiration croissante à l’autonomie des titulaires de fief.
   . Le morcellement  et même la disparition des états territoriaux  ; c’est en particulier le cas pour le duché de Souabe après la mort de Conradin.
   . La recomposition politique avec émergence progressive de nouvelles dominations ;  ainsi, la disparition du duché de Souabe permit la montée en puissance du comté de Wurtemberg et du margraviat de Bade.

Les ministériaux de FLECKENSTEIN n’échappèrent pas à ces tendances. Ils restèrent d’abord fidèles aux Hohenstaufen ;  mais, peu à peu, ils en vinrent à considérer  le château et les terres qui en dépendaient comme leur bien propre. C’est, sans  doute, après l’extinction de la dynastie des Hohenstaufen, qu’ils s’estimèrent déliés de tout lien de sujétion féodale. Ils voulurent aussi  agrandir leurs domaines : Ainsi, Gottfried 2,  revendiqua les fiefs qui se trouvaient au nord de ses possessions et faisaient partie de l’évêché de Spire ; il parvint même à faire prisonnier l'évêque et à l'enfermer à Fleckenstein.

C’était sans compter la présence du nouveau roi des Romains élu en 1273, Rodolphe de Habsbourg, un descendant d’Adalbert de Habsbourg, qui avait reçu le landgraviat de Basse-Alsace de l’empereur Lothaire en 1186.
 (voir article précédent)

 Rodolphe était décidé à rétablir l’autorité royale en Germanie comme en Alsace dont il revendiquait la possession en tant que successeur des Hohenstaufen. Il décida d’intervenir, assiégea le château de Fleckenstein et obligea à Gottfried à lui rendre hommage, à délivrer l’évêque  et à lui restituer les terres qu’il avait indûment usurpé.

Selon moi, l’histoire du château est ensuite plus banale : le château passera successivement à différentes branches de la famille originelle, il sera restauré à plusieurs reprises, comme je le montrerai dans les articles qui vont suivre à propos de  la description architecturale du château, puis il sera  partiellement  adapté à l’artillerie au 16 e siècle. Enfin, comme la plupart des châteaux alsaciens, il sera pris par les français en 1674 et ruiné à coups d’explosifs six ans plus tard.

NOTE COMPLÉMENTAIRE
Pendant son règne,  Rodolphe de Habsbourg (1273-1291) réussit à imposer son autorité tant dans le saint Empire qu’en Alsace.
     .  Il augmenta d’abord sa puissance territoriale en s’emparant des possessions de la famille des Babenberg tombé en déshérence (Autriche,  Styrie,  Carniole)
     . Il réussit également à mieux contrôler ses possessions alsaciennes en nommant un Landvogt qui siégea a Haguenau.

Prochains articles : la description du château de Fleckenstein.