REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 8 octobre 2020

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (41)

CHRONOLOGIE DE LA SUITE ET DE LA FIN DE LA BATAILLE D’HASTINGS

ÉPISODE 8 : l’infanterie anglaise ploie sous les attaques incessantes des normands

EPISODE 9 : le roi Harold est tué

Lorsque les fantassins furent suffisamment dispersés, les normands tournèrent le dos,lancèrent la charge et menèrent des actions rapides d’encerclement contre l’infanterie anglaise qui fut dispersée en petits groupes et contrainte à la défensive.

 Le récit de cet épisode de la bataille est narré sur la tapisserie de Bayeux. On retrouve les mêmes représentations que celles figurées lors de la première charge victorieuse des normands :


.Les cavaliers normands (L) chargent lançant leurs javelots puis combattant à l’épée au contact de l’ennemi.

   . Les anglais (M), dispersés en petits groupes, tentent de résister aux assauts répétés des normands, luttant comme ils le peuvent au moyen de javelots de la hache et de l’épée. Ceux qui combattent à l’épée peuvent se protéger au moyen de leurs boucliers, par contre ceux qui manient la hache n’ont d’autre défense que leur cotte de mailles.

   . Les archers, (N) absents de l’épisode précédent, sont dessinés sur la bande inférieure. Il est probable que leur action est précieuse entre deux charges de cavalerie comme le montre le nombre important de flèches plantées dans les boucliers de certains anglais. Un d’entre eux est mort après avoir reçu une flèche dans l’œil (O)

 Devant les charges impétueuses des Normands et de leurs alliés, les anglais faiblissent, c’est à ce moment que Guillaume de Poitiers place la mort du roi et de ses frères.

Il va de soi que cette scène de la mort d’Harold est figurée sur la tapisserie de Bayeux

HIC HAROLD REX INTERFECTUS EST (ici, le roi Harold est mort). Harold (2), entouré d’un tout petit groupe de combattants, vient de recevoir une flèche dans l’œil, il essaie désespérément de la retirer avant de mourir.

 






La bande inférieure montre des scènes assez horribles : les cadavres sont déshabillés afin de récupérer leur cotte de mailles (P), ils restent nus (Q) sur le sol, d’autres rassemblent les épées prises aux morts (R), empilent leurs boucliers, tout cela se passe au milieu de la mêlée, il est probable que ce sont des paysans réquisitionnés pour effectuer cette corvée qui devait être particulièrement dangereuse comme le montre la scène où un de ces paysans est saisi par les cheveux par un anglais qui s’apprête à lui couper la tête (S)

A suivre.

samedi 3 octobre 2020

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (40)

   CHRONOLOGIE DE LA SUITE ET DE LA FIN DE LA BATAILLE D’HASTINGS

ÉPISODE 6 : faire retraite pour mieux attaquer (voir tableau article 35)

Devant l’échec de l’offensive frontale, les normands et leurs alliés  décidèrent d’adapter l’épisode de la retraite éperdue survenue lors de leur première déroute pour en faire un atout et emporter la victoire : faire semblant de fuir pour amener l’armée anglaise à se disperser à leur poursuite en étirant leurs lignes  puis contre attaquer.

 « Quelques mille (anglais)  osèrent, comme auparavant, courir, comme s'ils eussent volé, à la poursuite de ceux qu'ils croyaient en fuite. Tout à coup les Normands, tournant leurs, chevaux, les cernèrent,  les enveloppèrent de toutes parts, et les taillèrent en pièces sans en épargner aucun. S'étant deux fois servis de cette ruse avec le même succès, ils attaquèrent le reste avec une plus grande impétuosité » (Guillaume de Poitiers)

A suivre

 

jeudi 1 octobre 2020

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (39)

  CHRONOLOGIE DE LA SUITE ET DE LA FIN DE LA BATAILLE D’HASTINGS

ÉPISODE 5 les anglais se ressaisissent et réussissent à stopper les attaques frontales des normands

Guillaume de Poitiers raconte que les soldats de Guillaume, encouragés par cet épisode victorieux décidèrent de lancer de nouvelles charges contre le corps principal de l’armée d’Harold, ce fut un nouvel échec :  Les Anglais s’étaient formés en lignes serrées et « combattaient avec courage et de toutes leurs forces, tâchant surtout de ne point ouvrir de passage à ceux qui voulaient fondre sur eux pour les entamer », il y eut certes des brèches temporaires dans les rangs anglais mais celles-ci se refermèrent grâce à l’arrivée des soldats de l’arrière sur la ligne de front.

 La tapisserie de Bayeux représente un épisode de la bataille qui peut correspondre à cet épisode

On y voit les anglais installés sur une butte (A) et au pied de celle-ci (B). Munis d’armes de jet, ils profitent de leur position haute pour attaquer la cavalerie normande qui les harcèle. Pour cela ils lancent leurs traits à la fois sur les hommes et sur les chevaux. Ces derniers, (C), blessés tombent sur le sol, désarçonnant les cavaliers qui tombent à terre. Le sol est jonché de chevaux morts (D)  et de normands tués (E). Certes, la charge des normands fait aussi quelques victimes parmi les anglais : c’est le cas de deux hommes qui tombent de la hauteur de la butte (F)  et d’un autre soldat touché en plein cœur par la lance d’un normand (G)

 Devant l’inanité de leurs efforts et vues leurs importantes pertes, les normands préfèrent à nouveau se replier. (H)  C’est au cours de cette seconde retraite que la tapisserie de Bayeux mentionne la rumeur de la mort du duc alors que Guillaume de Poitiers la place lors de la première phase de retraite.

A suivre


dimanche 27 septembre 2020

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (38)

  CHRONOLOGIE DE LA SUITE ET DE LA FIN DE LA BATAILLE D’HASTINGS

Épisode 4 (voir tableau article 35) : les normands entament une contre-attaque qui isole l’avant-garde de l’armée anglaise  et la décime.

Cet épisode est mentionné à la fois dans nos deux sources d’inspiration mais à des places différentes :
    . . Guillaume de Poitiers montre que la contre-offensive se produit quand le duc réussit à stopper la retraite de ses troupes.
   . Sur la tapisserie de Bayeux, elle est représentée immédiatement après l’épisode de l’attaque du camp retranché d’Harold, faisant ainsi croire que les anglais ont été vaincus sur la colline et qu’ils ont dû fuir.
 
Selon Guillaume de Poitiers les paroles du duc  ranimèrent le courage de ses troupes, Guillaume se mit alors à la tête de ses troupes et se prépare à  résister menant  une contre-offensive.

 A la tête de ses troupes, le duc lance sa cavalerie à l’assaut de  l’avant-garde de l’armée anglaise. Les normands réussissent à encercler une petite partie des soldats ennemis qui, rappelons-le, sont à pieds :   « Les Normands, enflammés d'ardeur, enveloppèrent plusieurs milliers hommes qui les avaient poursuivis, et les taillèrent en pièces en un moment, en sorte que pas un n'échappa »

 La figuration de cet épisode sur la tapisserie de Bayeux concorde avec le récit du chroniqueur et montre bien la manière dont s’est produite cette partie du combat : par des charges d’encerclement, les normands ont réussi à scinder l’avant-garde anglaise en petits groupes plus vulnérables que lorsque les fantassins forment un front uni.

On aperçoit les soldats anglais divisés en petits groupes (B) encerclés par les cavaliers qui les chargent en lançant leurs javelots (C) où en s’en servant comme une arme d’estoc, au moment des combats rapprochés ils utilisent aussi l’épée (D). Les anglais usent  de haches qu’ils manient à deux mains (E) ainsi que d’épées (F). L’un de ces anglais (G) s’attaque au cheval d’un normand , ce qui est un moyen efficace pour faire tomber son cavalier ; juste derrière lui, un homme tient un bâton dont le fer de la hache s’est détaché, il est évidemment complètement désarmé et sans bouclier pour se protéger.

 Ce premier épisode victorieux s’explique sans peine : autant ils sont dans une position défavorable lors de l’attaque d’une colline fortifiée ; autant en terrain plat, les cavaliers ne pouvaient que prendre l’avantage : étant juchés sur leurs chevaux, les normands dominaient de leur hauteur les fantassins anglais, ils profitaient aussi de la mobilité de leurs chevaux pour charger inlassablement. Les  soldats anglais  en position défavorable, ne pouvaient se défendre qu’avec les armes qu’ils avaient emportées au cours de leur poursuite.

 La bande inférieure du panneau montre les morts qui jonchent le terrain, certains ont la tête coupée (H), un autre a reçu un javelot dans le visage (J) le sol est parsemé de boucliers et d’épées cassées (K)

 Parmi les victimes anglaises  de la charge normande se trouvaient, selon la tapisserie de Bayeux, deux frères du roi : HIC CECIDERUM LEWIN ET GYRD FRATREAS HAROLD REGIS (ici succombèrent Lewin et Gyrd, frères du roi) . Selon Guillaume de Poitiers, la mort des deux frères du roi n’est pas rapportée à ce moment du récit mais beaucoup plus tard puisque, comme je l’ai mentionné sur le tableau comparatif des deux récits,  leurs corps ont été retrouvés à proximité de celui du roi Harold qui meurt à la fin de la bataille.

A suivre...

jeudi 24 septembre 2020

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (37)

 CHRONOLOGIE DE LA SUITE ET DE LA FIN DE LA BATAILLE D’HASTINGS

Épisode 3 (voir tableau article précédent) : Guillaume se fait reconnaître et redonne courage à ses troupes

 Il se produit au moment de la retraite éperdue des armées de Guillaume et de ses alliés, racontée à la page 54. Le duc, à ce moment du récit, ôta son casque et se fit reconnaître. Il  arrêta les normands dans leur fuite et leur tint ce discours : « Voyez-moi tous. Je vis et je vaincrai, Dieu aidant. Quelle démence vous pousse à la fuite? Quel chemin s'ouvrira à votre retraite? Vous vous laissez repousser et tuer par ceux que vous pouvez égorger comme des troupeaux. Vous abandonnez la victoire et une gloire éternelle, pour courir à votre perte, et à une perpétuelle infamie. Si vous fuyez, aucun de vous n'échappera à la mort.»

 Cet épisode (entouré ci-dessous en rouge) est mentionné dans la tapisserie de Bayeux (voir tableau comparatif) avec la mention HIC EST DUX WILE.. (ici est le duc Guillaume).
 

On y aperçoit Guillaume (4) levant son casque pour se faire reconnaître alors que son porte-étendard (A) le désigne du doigt pour que tous puissent le voir. Le duc ne tient à la main qu’un bâton de commandement, il n’est ni armé d’une épée ni protégé par un bouclier, son porte-étendard ne porte pas d’armes non plus. Cette représentation de Guillaume n’est pas corroborée par le chroniqueur qui écrit que le duc combattait vaillamment avec son épée et son bouclier.

 Il convient aussi de remarquer que sur la tapisserie de Bayeux la scène se produit au moment où Guillaume est engagé dans la bataille finale qui lui donnera la victoire et non lors de la retraite de ses troupes découragées par leur échec comme l’écrit le narrateur

A suivre

dimanche 20 septembre 2020

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (36)

 

CHRONOLOGIE DE LA SUITE ET DE LA FIN DE LA BATAILLE D’HASTINGS


Récit de Guillaume de Poitiers

Phylactère de la tapisserie de Bayeux

1 l’armée de Guillaume entame sa retraite, les normands croient que le duc a été tué.

 

2L’infanterie anglaise la poursuit croyant la victoire proche

 

3 Guillaume se fait reconnaître et redonne courage à ses troupes

 

4 les normands entament une contre-attaque qui isole l’avant-garde de l’armée anglaise  et la décime.

4 les normands attaquent les anglais, les isolent en petits groupes et les déciment

 

10  au cours de cette attaquent les deux frères du roi sont tués

5 cette  victoire partielle conduit les normands à utiliser la stratégie de l’attaque frontale contre d’autres contingents de l’armée anglaise,  c’est un échec.

 5 les anglais se ressaisissent et réussissent à stopper les attaques frontales des normands

6 Les normands usent d’une retraite stratégique pour isoler de nouveaux corps anglais lancés à leur poursuite afin de les attaquer par des mouvements d’encerclement. Cela réussit

 

7 les normands usent de la même stratégie d’enveloppement pour attaquer le corps principal de l’armée anglaise.

 

8 l’infanterie anglaise ploie sous les attaques incessantes des normands

 

9 le roi Harold est tué

 

10  les frères du roi sont également tués

 

11 les anglais fuient dans toutes les directions poursuivis par la cavalerie ducale

 

12 certains fuyards réussirent à se regrouper sur une colline entourée de marécages

12 les anglais se rassemblent sur une colline pour continuer la lutte

13 les normands les attaquent,  les premières charges échouent, les anglais disposant de l’avantage topographique

13 les normands les attaquent, leurs charges échouent

14 les attaques successives des normands réussissent, la colline est reprise

 

 

15 les anglais commettent une nouvelle fois l’erreur de descendre de la colline

 

16 par des charges successives,  les normands réussissent à isoler de petits groupes qu’ils peuvent plus facilement tuer

 

1 les normands croient que le duc a été tué, Guillaume lève son casque pour montrer qu’il est vivant.

 

9 le roi Harold est tué

 

11 les anglais fuient dans toutes les directions poursuivis par la cavalerie ducale


Sur quelle chronologie doit-on se baser pour raconter la fin de l’histoire de la bataille d’Hastings ?

Deux raisons me font penser que le récit de Guillaume de Poitiers est le plus vraisemblable.

   1 : Il est d’abord le plus complet, montrant l’alternance des déboires de l’armée de Guillaume et de ses réussites. La Tapisserie de Bayeux n’évoque que les réussites en occultant les moments pendant lesquels la défaite de l’armée ducale devenait vraisemblable.

On a l’impression que le récit de la bataille sur la tapisserie de Bayeux se réduit à deux phases : les difficultés passagères des armées ducales lorsque les anglais s’établissent sur des positions fortifiées et les victoires de la cavalerie normande sur l’infanterie anglaise dès que le combat se déroule en terrain plat. Comme lors de la guerre de Bretagne, délibérément, les phases d’échecs ont été largement occultées.

Cette manière de raconter la bataille, selon moi, se justifie par le fait que la tapisserie de Bayeux n’a pas pour but de raconter une conquête du duc mais beaucoup plus de montrer que Guillaume effectuait une guerre juste cautionnée par Dieu contre les impies ayant renié leur serment prêté sur les reliques 

2 : La deuxième raison qui me fait douter de la véracité de l’histoire racontée par la Tapisserie de Bayeux concerne les contradictions chronologiques relevées, la plus évidente concerne la mort du roi et de ses frères : la Tapisserie de Bayeux la place lors de deux phases différentes d’encerclement et de scission en petits groupes de l’infanterie anglaise. Guillaume de Poitiers nous indique simplement qu’après la bataille, les corps du roi et de ses frères ont été retrouvés sur le lieu de affrontement principal (§ 8,9 et 10 du tableau ci-dessus) ce qui l’a amené à penser que c’est là qu’ils avaient été tués.

 En conséquence de ce qui précède, même si cela peut paraître une position iconoclaste, je me propose de suivre la chronologie mentionnée par Guillaume de Poitiers en l’illustrant lorsque c’est possible, par l’image de la tapisserie de Bayeux  correspondant à l’épisode décrit dans la chronique.


lundi 27 janvier 2020

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (35)

HISTOIRE CHRONOLOGIQUE DES ÉVÉNEMENTS DÉCRITS DANS LA TAPISSERIE DE BAYEUX. 

LA BATAILLE D’HASTINGS (14 octobre 1066) ;

LA STRATÉGIE DES NORMANDS

Guillaume de Poitiers nous apprend que le duc  Guillaume, pour attaquer la colline et l’encercler,  avait divisé son armée en plusieurs corps : les normands formaient le corps principal et le fer de lance de l’assaut ; le reste, composé d’auxiliaires et d’alliés,  était constitué en deux corps latéraux (le chroniqueur mentionne une aile gauche ce qui permet de penser qu’il existait une aile droite).

Dans un premier temps, le chroniqueur montre que « le duc et les siens, nullement effrayés par la difficulté du lieu, montèrent peu à peu la colline escarpée. Le terrible son des clairons fit entendre le signal du combat, et de toutes parts l'ardente audace des Normands entama la bataille ».

Guillaume envoya alors au front les gens de pied, d’abord les archers puis l’infanterie aux soldats armés de cotte de mailles. Combattant en contrebas de la colline contre un ennemi qui les dominait en altitude, il était évident qu’ils étaient dans une position défavorable et ils se firent massacrer. 

Guillaume de Poitiers le reconnaît : 
« Les gens de pied des Normands, s'approchant donc, provoquèrent les Anglais, et leur envoyèrent des traits et avec eux les blessures et la mort. Ceux-ci leur résistent vaillamment, chacun selon son pouvoir. Ils leur lancent des épieux et des traits de diverses sortes, des haches terribles et des pierres appliquées à des morceaux de bois. Vous auriez cru voir aussitôt les nôtres écrasés, comme sous un poids mortel. »

Le duc alors envoya alors la cavalerie à l’assaut de la colline, l’attaque se produisit de tous les côtés afin de l'encercler et d’obliger les anglais à combattre sur tous les fronts. 

C’est  cette second phase que l’on montre sur la tapisserie de BAYEUX : On y voit les cavaliers s’avancer ; ceux du premier rang (A) utilisent la lance comme arme d’estoc tandis que les suivants se préparent à lancer le javelot (B).   


Cette charge fut évidemment un nouvel échec : 
   . Pour attaquer à la lance d’estoc, il fallait gravir la colline et subir de contrebas les attaques des anglais.
   . Pour lancer le javelot avec force, il était nécessaire de dégarnir la poitrine afin de ne pas être gêné par le bouclier lors du lancer ; cette technique, bien visible sur la tapisserie de BAYEUX (cavalier B), laissait, pendant un temps, le cavalier vulnérable, elle fut évidemment utilisée par les anglais pour décimer les premiers rangs. 

Les cavaliers dans de telles conditions, tentèrent le corps à corps : « Honteux de combattre de loin, le courage de ces guerriers les anime à se servir de l'épée, c’est un nouvel échec. Les cris perçant que poussent les Normands et les barbares sont étouffés par le bruit des armes et les gémissements des mourants. On combat ainsi des deux côtés pendant quelque temps avec la plus grande force; mais les Anglais sont favorisés par l'avantage d'un lieu élevé, qu'ils occupent serrés, sans être obligés de se débander pour y arriver, par leur grand nombre et la masse inébranlable qu'ils présentent, et de plus par leurs armes, qui trouvaient facilement chemin à travers les boucliers et les autres armes défensives. Ils soutiennent donc et repoussent avec la plus grande vigueur ceux qui osent les attaquer l'épée à la main. Ils blessent aussi ceux qui leur lancent des traits de loin »

La tapisserie de Bayeux témoigne que cette phase fit de nombreuses victimes, ils sont représentés à deux niveaux : 
   .  En bas de la scène principale : Au vu de leurs position. L’un (C) est anglais, les autres (D) sont normands.
   . Au niveau de la bande inférieure (E) : De nombreux morts jonchent le sol. Ils sont tous représentés au pied de la colline comme si l’on voulait montrer que c’étaient des anglais. Cela n’est guère vraisemblable vu le déroulement des premières phases de la bataille.

Dans de tels conditions, il n’y avait pour les assaillants qu’une solution, la retraite : « Voilà qu'effrayés par cette férocité, les gens de pied et les chevaliers bretons tournent le dos, ainsi que tous les auxiliaires qui étaient à l'aile gauche; presque toute l'armée du duc recule ». 

Les Normands font de même  « à la nouvelle, vraie ou fausse, du trépas de (leur) chef. Les Normands crurent que leur duc et seigneur avait succombé »  

Cette retraite fut ressentie par les anglais comme une grande victoire, ils commettent alors l’erreur de descendre de la colline pour poursuivre l’armée de Guillaume en déroute. 

A suivre

jeudi 9 janvier 2020

LA TAPISSERIE DE BAYEUX, témoignage de la vie et des mentalités au 11e siècle (34)

HISTOIRE CHRONOLOGIQUE DES ÉVÉNEMENTS DÉCRITS DANS LA TAPISSERIE DE BAYEUX. 

LA BATAILLE D’HASTINGS (14 octobre 1066)

La description de la bataille d'Hastings sur la tapisserie de Bayeux témoigne d’une simplification considérable de son déroulement afin de faire penser à ceux qui la regarde, que cette bataille s’est déroulée sans aucune difficulté de la part des armées normandes. Ce n’est évidemment pas le cas, même Guillaume de Poitiers témoigne du fait que l'issue du combat fut, à un moment, problématique : à cet égard, il montre bien que la bataille s’est déroulée en deux phases séparées par une déroute provisoire des armées de Guillaume. 

De la chronique de Guillaume de Poitiers, je ne mentionnerai que les phrases ayant trait au combat lui-même sans toujours citer les détails hyperboliques destinés à montrer à la fois le courage des Normands et la couardise des anglais.

La première partie de la bataille représentée sur la tapisserie de Bayeux correspond, à quelques détails,  près à la relation du chroniqueur.


LA STRATÉGIE ANGLAISE 

Au début de la bataille, les armées d’Harold s’étaient établies sur une colline et non dans la plaine comme la tapisserie de Bayeux le laisse à penser. Cette position était la mieux adaptée pour combattre une armée composée d’une grande majorité de cavaliers. Ce choix stratégique ne correspondait évidemment pas, comme le prétend Guillaume de Poitiers, au fait qu’Harold «  n’osant pas combattre Guillaume sur un terrain égal », décida que les anglais se posteraient « sur un lieu plus élevé, sur une montagne voisine de la forêt par laquelle ils étaient venus. Alors les chevaux ne pouvant plus servir à rien, tous les gens de pied se tinrent fortement serrés. » 
La tapisserie de Bayeux montre bien la manière dont sont répartis les anglais :
   . Au centre se trouvaient les archers, (un seul est représenté (A), là aussi étaient entreposées les réserves et en particulier les javelots de lancée, deux soldats (B) les portent jusqu’au front.
   . Face aux attaquants, les combattants anglais forment une ligne serrée protégée par un rempart de boucliers, constituant ainsi une ligne continue. Les soldats d’Harold sont munis de javelots de lancée (C) mais aussi d’armes de combats rapprochés ; les épées sont encore dans leur fourreau, par contre, les haches (D) sont déjà sorties. 
Les anglais possédaient donc de sérieux atouts au début de la bataille, ils étaient établis sur une position quasiment impossible à vaincre par une armée ne disposant que d’une cavalerie. 
A suivre