REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 17 juillet 2021

LA PENSÉE POLITIQUE DE MACHIAVEL (1)

 LA PENSÉE POLITIQUE DE MACHIAVEL

    PROLOGUE 

Nicolas Machiavel (1469-1527) occupa plusieurs postes administratifs dans la chancellerie de Florence de 1498 à 1512 à l’époque des gouvernements de  Pierre 2 de Médicis (1492-1503) puis de Piero Soderini (1503-1521). 

Dans le cadre de ses diverses fonctions, il conduisit plusieurs missions officieuses dans le but de sonder les dirigeants des divers états italiens qui, à cette époque troublée des guerres d’Italie, passaient fréquemment d’une alliance à une autre, c’est ainsi qu’il rencontra Cesar Borgia dont il admira le sens politique et le Pape Jules 2. Il fut aussi à l’origine du remplacement dans l’armée de Florence du mercenariat par la conscription. 

En 1512, lors d’une nouvelle guerre, Piero Soderini fut vaincu et exilé, les Médicis reprennent le pouvoir à Florence. Ce fut le frère de Pierre II, Jean de Médicis, qui prend le pouvoir, mais en 1513, quand Jean fut élu pape sous le nom de Léon X, il délégua son autorité à son autre frère Julien (dirigeant de Florence de 1512 à 1516) mais se considéra toujours comme le véritable seigneur de Florence, ne laissant à Julien qu’un pouvoir quasiment nominal. 

Machiavel subit les conséquences de la chute de  Soderini :  Il fut d’abord chassé de son poste à la chancellerie puis emprisonné entre 1512 et 1513  et  exilé. 

C’est pendant la période qui suivit que Machiavel écrivit les deux œuvres politiques majeures que je me propose de décrire : 

. Le « DISCOURS A PROPOS DE LA PREMIÈRE DÉCADE DE TITE-LIVE» écrit entre 1512 et 1520). 

     . Le « PRINCE »  écrit en 1513-1516 dédié à Laurent 2 de Médicis, fils de Pierre 2 et duc d’Urbin, dont le but est d’énumérer divers conseils que l’on peut donner à un chef d’Etat, eu égard aux mentalités et comportements de son temps, 

Je décomposerai mon propos en 4 parties

     1 la nomenclature chronologique des divers régimes politiques répertoriés par Machiavel.    

  2 l’étroite corrélation entre les régimes politiques et les comportements humains qui leur correspondent.

    3 le meilleur régime politique

    4 les conseils donnés par Machiavel à un prince pour se maintenir au pouvoir 

Mon but final étant ensuite de se poser la question de savoir si les théories de cet ouvrage du 16e siècle peuvent encore être d’actualité aujourd’hui. 

mercredi 14 juillet 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (28) : PEUT-ON TRANSPOSER LE RESSENTI DES TRIPTYQUES DE JÉRÔME BOSCH À NOTRE ÉPOQUE ?

 LE RETENTISSEMENT SUR LES COMPORTEMENTS HUMAINS 

A l’époque de Jérôme Bosch, j’ai observé qu’il existait deux comportements humains : tandis que la majorité des gens essayaient de se repentir pour que cessent leurs divers maux, d’autres ont profité à outrance des plaisirs de la vie en s’affranchissant de toutes les règles. 

Ces deux types d’attitude existent-elles aujourd’hui ? Apparemment, c’est le cas mais selon un schéma différent : tandis que la plupart par peur ou par respect des lois appliquent à la lettre les consignes des autorités, d’autres s’en affranchissent au nom de leur liberté individuelle.

En ce qui concerne la deuxième alternative, les médias stigmatisent en bloc les « jeunes » ils nous informent que, tous les jours ou presque, se tiennent des fêtes clandestines organisées par l’intermédiaire des réseaux sociaux pendant laquelle ni le port du masque, ni le respect des règles de distanciation ni même le couvre-feu ne sont respectés. Selon ces médias, les « jeunes » dans leur ensemble ont un comportement semblable à ceux des individus de la nef des fous  ; ils imaginent qu’ils proclament haut et clair des idées telles que : « on nous vole notre jeunesse, on veut en profiter tant qu’on peut car pour nous l’avenir sera sombre, on a toutes les chances, malgré nos diplômes de subir la crise économique et de rester chômeur.. »

Est-ce la réalité ? Évidemment pas, j’ai consulté divers sites sur internet et y ai trouvé de nombreux témoignages ( sur un article de la libre-Belgique et sur un forum de France-inter) et ai la sensation que la plupart de ces jeunes sont beaucoup responsables que beaucoup d’adultes.

     . Le sentiment d’angoisse de presque tous est patent, ils ont l’impression que l’on ne va pas s’en sortir et que l’avenir est, pour eux, encore plus problématique que pour les autres générations. S’ils ont peur de la Covid, c’est certes pour eux, mais beaucoup plus pour leurs proches car ils les savent plus vulnérables.

     . Le manque de rapport direct et réel avec les autres est aussi une caractéristique générale dans les témoignages des jeunes ; certes, ils essaient d’y pallier grâce aux réseaux sociaux, en particulier en  constituant des groupes d’amis pour se retrouver malgré le confinement. À cet égard, certains jeunes qui bravent le couvre-feu ne le font pas tous par provocation, ainsi l’un d’entre-eux écrit : « Au début, je condamnais ceux qui ne respectaient pas le couvre-feu. Aujourd'hui, c'est ma planche de salut. Quand on habite seul et qu'on travaille la journée, c'est le seul moyen de voir ses amis. Je ne vois pas d'autre astuce pour ne pas craquer ou sombrer dans la déprime. » un autre exprime ainsi sa détresse « Le bénéfice sur ma santé mentale est bien plus grand que le risque de finir en garde-à-vue. » 

En ce qui concerne les rapports avec la famille, ils varient selon les cas : 

     . Certains se sont rapprochés de leur famille : le chômage et le télé-travail ont crée de nouveaux liens familiaux en permettant aux familles d’être rassemblée et solidaire : « Ma mère travaille habituellement de 9 h à 19 h ; nous on part très tôt le matin pour aller à l’école ou au travail… On se disait bonjour le matin et on mangeait ensemble le soir, et voilà… Mais là, c’est hyper étrange, on se retrouve à faire des trucs hyper bizarres, par exemple à faire des baccalauréats en zoom avec toute la famille... Auparavant, on n’aurait jamais pensé à ça, avec notre rythme hyper intensif. Cette pause très violente nous a finalement conduits à dépenser notre temps autre part. »

 

     . D’autres se coupent de plus en plus avec leur famille et avec les adultes, se réfugiant dans leurs chambres pour se retrouver entre amis sur internet « Les adultes ? J’évite de parler de mes souffrances avec eux, j’élude un peu, j’édulcore parce que de toute façon, avec leur « expérience » et leur « maturité », ils te disent tout le temps : c’est normal à ton âge de réagir comme ça, tu va voir ça va passer, tout le monde vit ça en ce moment. ». Certains s’évadent de la réalité, se réfugient dans le rêve et imaginent un monde meilleur

 

     . Les jeunes ressentent aussi durement dans leur rapport avec les adultes, l’impression d’être jugé en bloc comme immatures et irresponsables : « quand on est un jeune de notre âge, on nous met tous dans le même sac marqué « ado » et on nous considère pas comme une personne unique avec ses propres souffrances, on se sent banalisés et ça c’est la pire chose. ». 

 

     . Cet état d’esprit ne possède cependant pas que des aspects négatifs, la plupart des «jeunes » se semblent plus responsabilisés et autonomes, ils ont aussi l’impression de former une classe d’âge soudée qui souffre des errements de la société et espèrent bâtir un monde meilleur : « J'espère que la folie humaine a atteint son paroxysme et que le vieux monde se meurt. J'espère que cette pandémie aura pu être un déclic pour tous, une prise de conscience. J'espère que face aux excès de notre système économique, face aux inégalités qui se confirment, nous aurons la force et le courage d'imaginer un autre monde. Il est grand temps de changer. » « quoiqu’il arrive, l’avenir reposera sur nous les jeunes » « Si la jeunesse perd espoir, à qui va-t-il en rester ? », 


     . Certains jeunes  décident aussi, sans attendre, de s’engager au service des autres : l’un d’entre eux, habitant d’une banlieue difficile, écrit «  À Pantin, on a créé un collectif, qui réunit des associations et des militants de la ville … pour soutenir les habitants de Pantin face à la crise. On sait que ce sont les classes populaires qui sont touchées, que ce sont les miens qui vont être touchés. Il y a un côté instinctif qui ressort très vite. C’était naturel pour certains d’aider, parce que ça touchait ceux avec qui on a grandi…., c’est de se dire qu’on est dans un même bateau et qu’il est en train de couler ; ça fait trente ans qu’il chavire, et là, il coule. On partage ce sentiment-là, celui de se dire qu’on va tout faire pour ne pas qu’il coule, et c’est maintenant qu’il faut agir. …On a vu que la résilience s’est surtout faite en dehors des institutions : les associations auto-organisées ont été plus réactives que les pouvoirs publics. La lenteur administrative a été très forte et au bout d’un moment, devant la réussite et l’ampleur de nos actions, les élus ont été davantage présents, mais plus pour nous contrôler, pour récupérer ce que l’on faisait. Je n’ai pas l’impression qu’on réussira à renverser la vapeur, mais il y a eu des avancées. On a tenu certains de nos maîtres en respect, des élus, des institutions. Notre mentalité, c’est de se dire que l’on y va par nous-mêmes : même si ça doit passer par le système D, même si ça doit passer par de la galère, on y va, on avance. »


Il existe néanmoins parmi les « jeunes » des brebis galeuses, mais je suis convaincu que l’immense majorité ressemble à ceux dont je viens de relater quelques réactions significatives. Dans ces conditions, qui sont alors tous ceux qui, dans notre société, ressemblent aux convives de la « nef des fous » ? Je les trouverais plutôt dans les gens des classes huppées qui organisent des repas clandestins dans les arrière-salles des restaurants de luxe et dans tous ceux qui ne respectent pas les règles au nom de leur liberté, qui ressentent l'obligation de se faire vacciner comme une atteinte à leur dignité et même, nient la maladie.

dimanche 11 juillet 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (27) : PEUT-ON TRANSPOSER LE RESSENTI DES TRIPTYQUES DE JÉRÔME BOSCH À NOTRE ÉPOQUE ?

 L’INFLUENCE DE LA COVID DANS L’ART 

Selon moi, les œuvres artistiques ont, d’une manière générale, une quadruple finalité : 

      . Célébrer et magnifier la beauté et l’harmonie de la création dans toutes ses composantes, nature, éléments, corps humain …en occultant ses imperfections  ( exemple : le David de Michel-Ange).

      . Instruire les spectateurs en leur montrant d’une manière attractive et spectaculaire des événements historiques ou mythiques qu’ils ne connaissent pas (exemple : le tableau de David sur le sacre de Napoléon). 

     . Émouvoir les gens en leur faisant prendre connaissance d’événements dramatiques afin de les amener à réagir face à l’injustice, à la mort d’innocents, à la dégradation des conditions sociales des plus pauvres ou au désespoir des gens vaincus par l’oppression… (exemple, le tableau de Delacroix : la Grèce expirant sur les ruines de Missolonghi) 

     . Exorciser les peurs et les angoisses en montrant leurs éphémères inanités afin de permettre de les transcender pour espérer un avenir meilleur (exemple : la mise au tombeau de Ligier-Richier)

Les triptyques de Jérôme Bosch ressortent de la quatrième finalité : en peignant les démons en action afin de susciter l’horreur du péché et en dénonçant l’attirance des êtres humains vers le mal,  il veut  amener les gens à réagir et à emprunter enfin la voie du salut. 

Peut-on trouver des œuvres d’art équivalentes à celles de Jérôme Bosch  dans l’art de notre époque malgré la profonde déculturation de notre société ? 

En regardant sur Internet, je n’en ai pas trouvé, dans les expressions artistiques  traditionnelles ; pourtant, ces œuvres existent et s’expriment dans plusieurs formes artistiques originales : bandes dessinées, affiches et peintures du STREET ART : en voici plusieurs exemples : 


Le premier dessin se veut effrayant : on y voit la terre attaquée par trois coronavirus, ceux-ci l’enserrent de leurs spicules représentées comme des ventouses qui s’y accrochent à la manière de pieuvres. La terre s’est certes protégée grâce à un masque pourtant, elle est effrayée et impuissante. 

Dans ce dessin, on retrouve la même inspiration que dans les peintures de Jérôme Bosch : coronavirus et démons se ressemblent par leur aspect hideux, terrifiant et repoussant. 



Le deuxième dessin tiré d’un journal du Guatemala est également conforme aux concepts de Jérôme Bosch, même si la manière de figurer la menace du virus est totalement différente :

Il montre le virus couronné par la mort, ses spicules ressemblent à une auréole, il regarde d’un air courroucé la terre qui s’enfuit pour échapper à la menace. 

 

Ainsi, on retrouve de grandes similitudes entre ces deux dessins modernes et ceux de Jérôme Bosch : ils ont pour but de susciter la peur et l’angoisse face à l’inéluctable progression de la maladie que l’on ne fera même pas régresser en portant le masque. 

La quatrième peinture émane du Street-Art, elle est assez différente des représentations de Jérôme Bosch puisqu’elle se veut optimiste : elle montre une infirmière masquée en tenue de travail travail détruisant le coronavirus au moyen d’une batte de base-ball. Le message est clair : la science sera capable de vaincre et d’éradiquer le virus, 




Jérôme Bosch ne représente  jamais des scènes de rédemption dans ses triptyques : les démons semblent si puissants que la damnation est inéluctable. 

mercredi 7 juillet 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (26) : PEUT-ON TRANSPOSER LE RESSENTI DES TRIPTYQUES DE JÉRÔME BOSCH À NOTRE ÉPOQUE ?

 UNE SIMILITUDE CONJONCTURELLE 

 Les quatre triptyques décrits de Jérôme Bosch témoignent, comme j’ai tenté de le montrer, de son sens aigu de la morbidité et, surtout, de cette attirance de certains vers le péché et le mal, au nom du principe : « puisqu’on est voué à une mort prochaine, autant en profiter ! », tandis que d’autres tentent de se repentir pour mériter le salut. 

 Notre époque a subi et subit encore de multiples maux évoquant l’ambiance des 15e et 16e siècles : la pandémie due au coronavirus, l’insécurité ambiante, le chômage et la crise économique annoncée, la montée des extrémismes, les guerres et le terrorisme, la destruction progressive des ressources naturelles de la planète, le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles, la disparition des civilisations et de la morale traditionnelle, le racisme et la haine de l’autre, l’inculture croissante, le mauvais fonctionnement de la démocratie … tout cela crée une atmosphère  ressemblant à celle de l’époque de Jérôme Bosch. En outre ces maux sont colportés et amplifiés par les médias d’information qui créent et amplifie un climat  d’inquiétude et de catastrophisme et contribue au pessimisme ambiant. 

 Dans des conditions, il peut paraître intéressant de comparer les comportements des contemporains avec ceux des gens de l’époque de Jérôme Bosch, d’abord en ce qui concerne les causes de nos maux, ensuite, en montrant comment cette angoisse permanente rejaillit dans l’art et dans la vie quotidienne et enfin, en recherchant s’il existe à notre époque des comportements ressemblant à ceux des passagers de la « nef des fous ».

 LA MANIÈRE DONT NOTRE ÉPOQUE ANALYSE LES CAUSES DE NOS MAUX.

 Pour le 15e siècle, tout était simple : Dieu a abandonné les hommes du fait de leurs péchés et livré l’humanité au Diable et à la mort. Cette explication n’est plus de mise à notre époque du double fait que règne dans l’Occident européen, une déchristianisation patente  et que l’église privilégie la bonté et la mansuétude de Dieu au détriment de son implacable justice. 

 Nos contemporains ont substitué l’explication d’une origine divine de nos maux à une interprétation laïque que l’on qualifie généralement de conspirationnisme.

 Le conspirationnisme part de l’idée simple, souvent paranoïaque, que rien n’arrive par accident, tout est planifié de manière occulte par une camarilla secrète, capable d’influer de manière larvée sur les événements dans le sens qui leur est favorable tant politique, économique que religieux. 

 Le but des complotistes est de déceler tous les faits vrais ou supposés ou même imaginaires, leur  semblant  si étranges et inhabituels qu’ils ne peuvent provenir que de  ce groupe de puissants étendant ses tentacules sur toute la surface du globe. Ensuite, ils relient ces faits entre eux de manière artificielle afin de leur donner une apparence logique et élaborent une théorie globale qu’ils colportent en assurant que leur théorie est intangible et vraie.

 Ainsi, à propos de la Covid-19, ils relient deux faits tous les deux contestables et même improuvés :

     . Le coronavirus est né d’une fuite en laboratoire.

     . Les entreprises pharmaceutiques se sont indûment enrichies.

Corréler ces deux informations peut sous-entendre que l’on a crée artificiellement ce virus pour enrichir les laboratoires pharmaceutiques. 

 Une fois leurs théories fumeuses élaborées sous un semblant de démarche raisonnée, les complotistes vont tenter de convaincre le plus grand nombre de gens possibles, le plus souvent par l’intermédiaire des réseaux sociaux : Ils relèvent tous les faits qui pourraient corroborer leurs spéculations et leur donnant raison puis ils s’en servent pour influencer les autres. 

Ainsi, lorsqu’ils ont appris que certaines personnes, pourtant vaccinées, sont mortes de la Covid, ils triomphent immédiatement et disent à ceux qui veulent les entendre : « Vous voyez, j’avais raison, les vaccins ne protègent pas de la maladie, leur but n’est uniquement que d’enrichir les firmes pharmaceutiques, inutile donc de se faire vacciner ! ». Nombre de gens se laissent convaincre par ces allégations et se disent « ces preuves semblent pertinentes, si ça se trouve, ils ont raison ! »

 Le conspirationnisme ne sévit pas seulement à propos de la covid. On trouve, dans les médias à leur botte, des idées aussi saugrenue du type : le réchauffement climatique n’existe pas, les élections sont systématiquement truquées, les vaccins introduisent subrepticement des puces électroniques dans le cerveau humain pour amener les hommes à devenir des robots, le confinement est utilisé par le gouvernement pour restreindre les libertés…

 Apparemment, il ne semble y avoir aucun rapport entre les forces démoniaques représentées par Jérôme Bosch et la camarilla de puissants supposés voulant asservir le monde.

Pourtant, il existe de larges similitudes entre elles : 

     . Toutes les deux sont des forces occultes que l’on ne discerne pas clairement mais qui, pourtant, seraient présentes partout propageant en tout lieu leurs agissements malfaisants.

     . Leur but n’est pas seulement de provoquer directement les catastrophes mais aussi d’influencer les individus à amplifier les incitations qui leur sont suggérées pour les conduire à de nouvelles calamités : les démons amènent les gens à commettre des péchés pour les damner, les forces occultes en niant, par exemple, le réchauffement climatique, espèrent amplifier les comportements destructifs qui aboutiront inéluctablement au cataclysme planétaire et à leur domination sur le monde. 

    . La société, tant contemporaine que médiévale, est attirée immanquablement par les forces diaboliques et, à notre époque par les théories conspirationnistes, 

 Il existe cependant une différence fondamentale entre les triptyques de Jérôme Bosch et la propagande complotiste : alors que Jérôme Bosch tente, par les outrances de ses dessins, à faire réagir les gens face à leur attirance vers le mal, les thèses conspirationnistes ont plutôt pour but de nier l’évidence scientifique en incitant ceux qui croient à leurs élucubrations à agir comme bon leur semble sans réflexion morale ou logique à ce propos.

 

vendredi 2 juillet 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (25)

LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (5)



La PARTIE BASSE DU PANNEAU DE DROITE, conservée à la galerie du musée de l’université de Yale, permet de compléter la description de la partie haute. Il comporte trois scènes différentes :

     . (S) Un gros homme ventripotent, à califourchon sur un tonneau empli de vin appelle ceux qui veulent boire en soufflant dans une  longue trompette à bout recourbé. Le tonneau flotte sur une étendue d’eau assez peu profonde laissant voir la végétation qui couvre le sol, un homme est en train de se servir, il a placé une écuelle pour recueillir le liquide sortant du tonneau Trois autres individus se trouvent derrière le tonneau et attendent probablement d’en profiter aussi. 

     . (T) Sous une tente, et autour d’une table, un homme portant une coupe de vin à la main s’approche du visage d’une femme afin de l’embrasser.

     . (U) Un homme est à demi immergé dans l’eau et dans les hautes herbes qui tapissent le sol. On peut imaginer que les habits se trouvant au premier plan, soit posés par terre, soit suspendus  aux  branches d’un arbre, lui appartiennent.

CONCLUSION

Les parties subsistant actuellement du triptyque présentent une grande unité en décrivant trois péchés mortels, la gourmandise, la luxure et l’avarice et peut-être aussi l’orgueil. Le triptyque dans son ensemble représente une humanité qui choisit délibérément le mal pour profiter de la vie en sachant qu’ils risquent la damnation. Certes le vagabond du triptyque fermé est figuré  fuyant le mal mais c’est, selon moi, contraint et forcé puisque l’on a chassé de l’auberge. 

 Ce dualisme et cette attirance vers le mal  est une caractéristique fondamentale de l’œuvre de Jérôme Bosch, elle correspond à l’ambiance de son époque marquée, comme je l’ai mentionné à plusieurs reprises, par les épidémies, les guerres, les famines et les pillages qui ont fait penser que Dieu avait abandonné l’humanité à cause de ses péchés et l’avait livrée au diable et à son acolyte, la Mort.

 A suivre… 

 

mercredi 30 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (24)

 LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (4)

Suite de l’article précédent 

Les occupants de la barque semblent, en effet, avoir décidé de ne plus se soucier de l’avenir inexorable et effrayant qui les attend, marqué par la mort et par la damnation ; désormais, pour eux, seul compte le fait de profiter de la vie pendant le peu de temps qui leur reste à vivre en suivant leur bon plaisir et en s’affranchissant de toutes les règles, de toutes les autorités et de tous les tabous qui régissaient la société.


 
Dans ce bateau se trouvent dix individus qui constituent une sorte de microcosme symbolisant l'ensemble de la société : trois religieux et sept laïcs dont un "fou». Ce microcosme social est cependant incomplet puisqu'il se caractérise par une absence totale de structure d'autorité.
 
Parmi ces dix personnages, l'un doit être mis à part, le "fou" (J) que l'on pourrait plutôt qualifier de "bouffon". La signification du terme de "fou" est en effet très différente de celle de notre notion contemporaine : la folie n'est pas une maladie mentale, mais, beaucoup plus, une dépravation de l'âme sous l'emprise du mal. En ces temps difficiles, s'adonner à tous les interdits au lieu de penser à son salut, est folie. Dans cette conception, le "fou" a pour rôle de rire et se moquer de tout, de dire tout haut ce que les autres pensent sans oser l’exprimer, de tout tourner en dérision  et, par la même, de cautionner les comportements déviants, d'exacerber les penchants de ses spectateurs vers toutes les vanités : le "fou", sous l'emprise du mal, pervertit la société et est ressenti comme un séide de Satan.
 
Le fou de la NEF DES FOUS se trouve à l'écart du bateau, assis sur une branche, il porte le costume caractéristique de sa profession : un capuchon à grelots, un vêtement à franges ornées également de grelots, il tient d'une main une sorte de gobelet conique et de l'autre son attribut, la marotte. Il détourne son regard de la scène de beuverie qui se déroule en dessous, semblant dire : " la tâche est accomplie, voici des gens que j'ai conduits à la débauche !"
 
La partie centrale du tableau, en forme de triangle dont la pointe correspond à la volaille attachée au mat,  comporte la barque et ses passagers.
 
Au centre de ce triangle, se trouvent trois religieux dont un franciscain reconnaissable à la couleur grise de son habit (K). Les deux autres religieux sont des nonnes (L et M). Ce sont ces trois individus qui semblent être les animateurs des scènes de débauche :
   . Le franciscain (K)  et la nonne (L)  sont assis de part et d'autre d'une planche figurant une table, sur cette table se trouvent un gobelet et un plat de cerises. La nonne joue du luth. Ces deux personnages ont la bouche ouverte comme s'ils chantaient, il est cependant plus probable qu'ils essaient de manger une crêpe qui pend devant eux par une corde accrochée au filin tenant le mat.
   . L'autre nonne (M) lève une cruche et s'adresse à un homme étendu (N) dans le fond de la barque, cet homme, sans doute ivre,  tient une outre à demi immergée dans l'eau, la nonne semble dire à l'homme : " lève-toi et emplit la cruche de vin, tu vois bien qu'elle est vide! " on dirait même qu'elle s'apprête à le frapper.
 
Tous les autres personnages sont des laïcs, ils se ressemblent beaucoup avec leurs habits de couleur rouge et leur visage rond :
   . Deux d'entre eux semblent participer au jeu de la crêpe à manger sans utiliser les mains,  (O)
   . Un autre (P) ayant un gobelet sur la tête,   lève le bras pour montrer le personnage (Q) qui monte au mat et coupe le lien attachant la volaille à ce mat,
   . Un autre (R) vomit dans l'eau, il est le seul laïc à ne pas porter un habit rouge.

Tous ces laïcs participent avec délectation aux débauches initiées par les religieux sans en être les moteurs ;  ils semblent se borner à les imiter ; cette dépravation du clergé est aussi une caractéristique des mentalités de l'époque : c'est parce que le clergé est perverti et n'a plus le sens de son devoir que l'humanité, tel un " bateau ivre", se livre au règne du mal. Il convient cependant de ne pas exagérer l'angélisme des laïcs puisque ceux-ci sont également attirés par la perversité comme en témoignent les deux personnages nus dans l'eau aspirant à entrer dans la barque : la débauche exhibée par les religieux semble se propager dans toute la société.

A suivre…  


vendredi 25 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (23)

  LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (3)

Le PANNEAU DE GAUCHE  est actuellement divisé en deux tableaux, l’un, au Louvre, appelé LA NEF DES FOUS, l’autre, dit LA GLOUTONNERIE, complète la NEF DES FOUS et se trouve exposé à l’université de Yale. Il faut cependant décrire le panneau dans son ensemble pour en découvrir la signification.
 
L’ensemble évoque deux comportements que l’on trouve dans la société du 15è siècle, au vu de la succession d’événements dramatiques le ponctuant, guerres, épidémies, pillages, famines.. faisant imaginer que Dieu a abandonné les hommes à cause de leurs péchés pour les livrer à la mort et au diable : face à l’inéluctablilité de la mort prochaine, tandis que la plupart tente de se repentir, les autres sont tentés  par un comportement pouvant se résumer en une phrase : puisqu’on sera damné de toute façon, alors autant en profiter en s’affranchissant de toute règle morale et en se laissant aller au péché et à la dépravation. 
 
Le panneau illustre deux péchés mortels : la gourmandise et la luxure.

Le décor 
À l'horizon, se trouve une mer vide de couleur, si verte qu’elle ressemble à une vaste prairie et une montagne en pente raide formant falaise (A) ; on n’y discerne aucune vie, aucune trace humaine, il n'y a rien qu'une vaste étendue verdâtre : rien ne semble exister à l'exception de la barque, de ses occupants et des individus représentés dans la partie basse . A l'arrière de cette barque, on discerne quelques buissons semblant pousser dans l’eau ou plutôt sur un étroit cordon émergé (B)
 
Au niveau inférieur gauche, est représentée une nouvelle étendue d’eau pouvant
 évoquer une lagune ;  Jérôme Bosch, par le truchement des couleurs employées, suggère que  la profondeur de l’eau décroît au fur et à mesure qu’on s’approche du rivage : de bleue près de la barque (C ) l’eau se colore  en vert, laissant voir la végétation aquatique couvrant le sol (D).
 
Au niveau inférieur droit,  se trouve la terre ferme (E).

Le motif central
La barque est manifestement échouée sur ce cordon de terre, son mat semble coincé dans un de ses arbustes . On a l’impression que les convives ont laissé dériver la barque dériver à cet endroit sans la contrôler, ils sont, en effet trop occupés à se livrer à leurs débordements festifs pour s’en préoccuper.
 
La barque est définitivement engravée à cet endroit puisqu’elle n’a aucun moyen de se mouvoir. Elle n'a pas de voiles, ni de rames, ni même de gouvernail digne de ce nom, une louche (F)  tenue par un des passagers ne semble même pas pouvoir en faire office. La barque comporte cependant un mat qui se termine curieusement par un houppier (G) à la ramure très verte. Cet arbre servant de mat possède deux caractéristiques qui donnent un sens à l’ensemble de la composition :
     - il comporte un oriflamme (H)  sur lequel est dessiné un croissant évoquant l'avancée tant redoutée des turcs ottomans en Europe de l'Est ; or, dans les mentalités de l'époque, le turc ottoman est assimilé à l'Antéchrist qui règnera sur la terre avant la fin des temps. 
     - Au centre du feuillage se trouve une tête (I)  ressemblant tout autant à celle d’une chouette ou d’un démon ou encore à celle d’ un cadavre personnifiant peut-être la Mort.
 
Ainsi, inéluctablement, le bateau restera en ce lieu jusqu’à la fin des temps toute proche, dans la plus parfaite indifférence de ses passagers. 

A suivre… 

 


dimanche 13 juin 2021

QUATRE TRIPTYQUES DE JEROME BOSCH (22)

 LE TRIPTYQUE DU VAGABOND, DE LA MORT DE L’AVARE ET DE LA NEF DES FOUS (2)

LA MORT DE L’AVARE



Le volet droit du triptyque, appelé « la mort de l’avare » montre la même hésitation entre l’attirance vers le mal et le choix du bien : 
     . (1) La partie supérieure est consacrée à l’agonie de l’avare.
     . (2) Au centre, une scène montre le comportement de l’homme pendant sa vie.
     . (3) La partie basse représente un démon ailé, accoudé à un des murs de la maison et un trophée. d’armes.

L’ordre de lecture n’est cependant pas évident, je suppose qu’il doit être effectué de bas en haut :
La signification de la partie basse me semble énigmatique, j’ai lu que les armes entreposées (A) pourraient signifier le péché d’orgueil et l’envie de violence ;  en ce sens, on pourrait penser que le démon (B), attendant devant le mur et semblant s’ennuyer, regarde vers la gauche l’éventuelle arrivée d’un chevalier avide de se battre pour l’attirer dans ses rets.
Au-dessus est représenté un homme qui pose une pièce d’or dans une soucoupe que lui présente un démon. Sous le coffre, un autre démon exhibe un document portant un sceau devant être une reconnaissance de dette. A la ceinture de l’homme, pend une clé et un chapelet portant une croix qu’il serre de la main droite. Cet homme amassant des trésors, est évidemment l’avare.

Il est figuré de manière à témoigner du dualisme bien / mal qui est le propre de tout être humain du fait du péché originel :
     .La pièce mise dans le coffre de la main gauche  et l’amas des richesses symbolisent le péché d’avarice bien révélée par la présence de démons  dans le coffre,
  . Le chapelet pourvu de la croix figure le bien conduisant à la rédemption. 

Entre les deux, l’homme ne semble pas avoir choisi.


La partie supérieure représente le même homme à l’approche de la mort.

     . La Mort (F) vient d’ouvrir la porte, elle tient une flèche à la main qu’elle s’apprête à lancer sur l’homme. A cette époque, à l’exemple du martyre de saint Sébastien, les plaies occasionnées par la peste  ressemblent à celles d’une blessure par flèche et sont le signe le plus caractéristique d’une mort inéluctable. Conformément aux usages du temps, l’avare est assis dans son lit .

     .  Derrière le lit, se tient son ange gardien (G), il lui montre la fenêtre de sa chambre et le vitrail sur lequel est posée une croix, (H), un rayon de soleil filtre à travers ce vitrail et se dirige vers l’homme. L’ange gardien  semble lui dire « repens toi de tes péchés avant qu’il ne soit trop tard ».

     . Au niveau de son lit, aux trois-quarts caché par la tenture du baldaquin, se tient un démon (I) tendant à l’avare un sac que l’on suppose plein d’or.

 Que fait l’homme face à ses deux sollicitations ? : il est complètement indifférent à l’ange qui lui montre la croix, son regard est tourné vers la Mort tandis que son bras gauche est tendu vers la flèche qui le frappera, comme s’il mendiait un sursis.

Par contre, sa main droite se rapproche du sac d’or  esquissant un geste afin de le saisir. Jérôme Bosch peint l’avare en laissant en suspens sa décision au moment ultime : lèvera-t-il les yeux in-extremis vers la croix pour esquisser un tardif repentir ? S’emparera-t-il du sac en commettant  une dernière fois le péché d’avarice qui le damnera ? Pour moi, la réponse semble claire eu égard au contexte de l’époque, il choisira la seconde solution.

Au-dessus du baldaquin, un démon (K) tenant une lanterne, regarde patiemment la scène semblant sûr que le mourant va saisir le sac d’or et qu’ainsi, il sera damné. 

A suivre..