L'utilisation de l'eau thermale remonte sans doute à la nuit des temps. Cependant la mode des cures se développa principalement au 19ème siècle, selon moi, grâce à Napoléon III qui souffrant de ce qu'on appelait alors la maladie de la Pierre, cherchait désespérément une eau thermale qui pourrait l'apaiser. La présence de l'empereur dans les villes thermales suscita la venue de la bonne société qui prit coutume de " venir aux eaux".
Selon Ambroise Bouloumié, fils du fondateur des thermes de Vittel et son continuateur, la journée d'un curiste en 1875 se déroule comme suit : " le buveur se lève entre cinq et sept heures, descend aux sources et boit ses verres d'eau tous les quarts d'heure.. Le dernier verre est pris à 9 heures afin de pouvoir déjeuner à 10 heures. Après déjeuner, chacun dépouille sa correspondance et y répond, on lit les journaux, fait la sieste, va à la salle de jeu...
À trois heures, l'animation dans le parc recommence, le traitement reprend ses droits, il consiste à boire quelques verres d'eau. Après le dîner, une promenade d'une heure environ soit sur la terrasse du parc, soit en ville, précède généralement l'entrée dans les salons pour le théâtre, le bal. À onze heures au plus tard, toutes les lumières sont éteintes."
Comme on le constate à la lecture de ce texte, les cures consistent essentiellement à boire de l'eau thermale.
Pour accueillir leur riche clientèle, les villes d'eaux s'équipèrent : les petites cabanes qui surmontaient les sources se muèrent en de magnifiques pavillons souvent grandioses. Sous ces pavillons somptueux, les curistes se rassemblaient pour boire l'eau chaque jour mais aussi pour discuter et se retrouver entre gens de la bonne société. Les pavillons de source devinrent le lieu par excellence de la sociabilité des villes d'eau de la "belle époque"
Tout autour des thermes , sont construits de beaux hôtels pour accueillir la riche clientèle qui vient parfois avec ses domestiques. Ce sont des édifices imposants pourvus d'une façade construite sur ossature métallique recouvert d'un parement de pierres ayant des allures néoclassiques ou éclectiques et dont l'architecture est à la mesure des clients qu'ils accueillent. Certains habitués se firent même construire de belles villas entourées de parcs dont la magnificence tranchait singulièrement avec l'habitat traditionnel des autochtones.
De même, entre les prises d'eau, il fallait permettre aux curistes de mener la vie à laquelle ils étaient habitués, les villes thermales s'équipèrent dans cette perspective : grands parcs généralement à l'anglaise, hippodrome, kiosque à musique où se produisaient les harmonies locales ou les fanfares militaires, galeries servant de promenoir bordées de boutiques de luxe, stand de tir.... et surtout casino où se trouvaient outre des salles de jeux, des salons, des fumoirs, des bars, des salles de bal et même des théâtres.
Aller actuellement en cure pour retrouver cette vie mondaine est impossible car elle a totalement disparu, au moins dans les stations thermales où je me suis rendu, depuis la première moitié du 20ème siècle.
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