Pour se rendre compte de ce dualisme entre soins et loisirs, il suffit d'entrer dans un établissement de thermes et en particulier à Vittel, établissement que je connais bien.
Passé le grand hall d'accueil, on va d'abord chercher son peignoir afin de se mettre en tenue de curiste. Ensuite un fléchage conduit soit aux soins, là où se déroulent les cures médicalisées, soit aux zones de détente et de loisirs qualifiés ici de "Thermal Spa". Le sigle affiché par le Thermal Spa est tout un programme : " forme et beauté"
Ce secteur du Spa est essentiellement fréquenté par des gens venus de l'extérieur et ayant pris un forfait de quelques jours ou d'un week-end. Dans cet endroit, l'eau thermale n'a qu'une très faible part dans les activités proposées, on ne la trouve que dans la piscine pourvue de jets et dans les jacuzzi ; toutes les autres activités n'ont rien à voir avec les pratiques thermales : outre les habituels sauna et Hammam, on trouve diverses formes de douches relaxantes et parfumées ainsi que de nombreuses cabines de massage qui permettent de se régénérer (1) (ou plutôt, selon moi, de se ravaler). Le prix élevé de ces pseudo-soins détermine la clientèle qui peut y prétendre.
On voit ces curistes arriver le samedi, tous en pleine forme, bronzés, venant passer un moment agréable. Pour eux, ce lien avec l'eau thermale qui servait d'alibi à la bonne société d'antan pour fréquenter les villes thermales,n'existe pas ; on pourrait d'ailleurs installer ce type de Spa n'importe où, sans lien avec de l'eau thermale, on y trouverait les mêmes massages, les mêmes activités et sans doute la même ambiance.
De l'autre côté du Thermal Spa se trouvent les installations de soins, là la clientèle est totalement différente : c'est un patchwork de gens abîmés par la vie ou par les excès commis antérieurement qui essaient de retrouver une meilleure santé : on y côtoie une majorité de personnes âgées, souvent des femmes, en surpoids et même obèses, marchant parfois avec des cannes, qui souffrent d'arthrose, de rhumatismes, et subissent toutes les pathologies liées à l'âge. il y a aussi des gens qui tentent d'atténuer, par la cure, les séquelles d'accidents subis. C'est une humanité souffrante qui peine à marcher, à monter les escaliers... Leurs conversations ne portent que sur leurs maux, chacun raconte ses maladies et tous expriment l'impression que la cure les fatigue mais leur fait du bien et atténue leur douleur.
Cette clientèle n'est pas fortunée, elle ne fréquente pas les grands hôtels ; les gens qui habitent loin trouvent des pensions de famille ou de petits hôtels tout simples pour les héberger pendant leurs trois semaines de cure, d'autres rentrent chez eux les soirs ; certains même s'installent sur les terrains de camping ou à l'hôpital (en cas d'obésité nécessitant un suivi constant avec nécessité de repas diététiques) (2)
Alors que le Thermal Spa est moyennement fréquenté, cette partie des thermes fonctionne à plein, pratiquement toute la journée ; il y a même des semaines où les thermes affichent complet, c'est dire la confiance que les gens ont dans ces soins spécifiques.
Ainsi les cures thermales ne sont ni fréquentés par des nantis, ni par des gens venus en vacances, elles le sont par des malades qui espèrent, par l'eau, atténuer leurs maux.
À SUIVRE
(1) L'un de ces massages, " le Peel resufaçant, une peau plus nette comme rénovée après un soin seulement", témoigne du genre de clientèle qui fréquente ce Thermal Spa, des gens attirés par la mode de ce stupide sabir mélangeant mot anglais et mot français dénaturés et dont le "snobisme" confine au ridicule ! (J'ai cherché la signification du mot Peel, j'ai trouvé épluchure)
(2) indépendamment de ces remarques concernant les cures, je voudrais ajouter que,dans cette partie des thermes, les employés sont d'une gentillesse surprenante, les malades ne sont jamais traités comme des pions ou des numéros, on les appelle par leur nom et on les respecte. Le personnel est aussi aux petits soins pour eux, toujours de bonne humeur et soucieux de rendre service pour permettre à chacun d'accomplir sa cure dans les meilleures conditions possibles. Il se crée alors entre les malades et les employés une complicité qui donne envie de continuer à lutter contre la maladie.
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