L’extrait ci-dessous du témoignage de Rudolf Hoess montre de
manière frappante la manière dont est appliquée la “machine à obéir” que sont
devenus les SS après leur formation. Il relate la manière dont le commandant
d’Auschwitz fut amené à créer un camp d’extermination jouxtant le camp de
concentration primitif.
“ Conformément à la
volonté du Reichsführer SS, Auschwitz devint le plus grand établissement d’extermination des
hommes que l'histoire
ait connu. Lorsque, en été 1941, il me donna
personnellement l'ordre de
préparer à Auschwitz
une place pour l'extermination massive
et me chargea
moi-même de cette
opération , je ne pouvais me
faire la moindre idée de l'envergure de cette entreprise et de l' effet qu'elle
produirait . Bien que cet
ordre fût quelque
chose d'extraordinaire , quelque
chose de monstrueux ,
l'argumentation qui l'accompagnait me
fit paraître cette ·action d'extermination tout
à fait juste.
A l'époque je
n'y pensais pas ;
j'ai reçu l'ordre, je devais l’exécuter. Que cette
extermination des Juifs
fût nécessaire ou non, je ne pouvais
pas me
permettre d'en juger ; je
ne pouvais pas voir si loin. Du moment où le Führer 109 lui-même
avait ordonné « la
solution définitive du
problème juif » un vieux membre du parti national-socialiste n'avait pas
à réfléchir, surtout quand
il était un
officier SS. «
Führer, ordonne, nous
suivons » ce n'était pour nous en aucun cas une simple
formule , un slogan. On l'entendait strictement à la lettre.”
Ce texte montre à l'évidence que Hoess avait perdu à cette
époque non seulement son sens critique mais aussi son humanité : il reçoit
l’ordre de mettre en œuvre une extermination massive, et obéit sans état d'âme
comme il l'écrit à deux reprises : “j’ai reçu l’ordre, je devais l'exécuter”
et “ Führer, ordonne, nous suivons”. Non seulement, il ne discute pas l’ordre
mais en plus Il l’appliquera sans réfléchir, sans le comprendre et, bien
entendu, sans le juger : Puisque l’ordre émane de Himmler, il ne peut être que
juste même s’il n’y parait pas de prime abord : le Reichführer possède en effet
une vision globale du devenir de l’Allemagne que Hoess ne peut comprendre au
niveau où il est. Hoess est devenu une “machine à obéir”, il a perdu totalement
sa liberté, devenant esclave de ce qu’il considère comme son devoir.
Suite à cet ordre, Hoess s’emploie à obéir servilement à l’ordre en permettant sa mise en œuvre par les travaux d'aménagements du futur camp d’extermination. Son témoignage le montre occupé, par exemple, à chercher où il pourrait trouver assez de fil barbelé pour entourer le camp, à faire obéir ses subordonnés enfermés dans la routine du camp, à demander toujours plus aux déportés pour que tout soit prêt lorsque les premières juifs arriveraient.
“Harcelé éternellement
par le
Reichsführer SS, par
les difficultés que créait la guerre, par les embarras quotidiens
du camp et de tout le domaine, embarras qu'entraînait le flot ininterrompu de
nouveaux internés, je ne pensais
plus qu'à mon travail... Harcelé
moi-même, je ne laissais pas
respirer mes subordonnés, SS ou civils, tous les services intéressés, les
entreprises privées et les
détenus . Rien ne comptait pour moi que de faire avancer le travail…
pour exécuter les ordres qu'on
m'avait donnés”
À suivre...
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