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samedi 28 mai 2016

LA LIBERTÉ (32) ET LE CHOIX ENTRE LE BIEN ET LE MAL : LE CONTRE EXEMPLE DES GENOCIDAIRES.


Suite de l’article précédent

Lorsqu’on considère les abominations commises par les exécutants de génocide dont j’ai donné quelques exemples dans l’article précédent, il se pose la question fondamentale de savoir si ces individus sont libres au moment où ils commettent leurs forfaits avec ce corollaire, ont-ils choisi en toute liberté les valeurs qui les pousse à agir ainsi ?

Tenter de répondre à cette question est difficile d’autant que la plupart de ces assassins n’ont jamais tenté de se justifier sinon par de vagues excuses fournies à posteriori du type :
   . Je me suis contenté d'obéir aux ordres, d’ailleurs, si je ne l’avais pas fait, je risquais d’être fusillé comme traître.
   . Ma patrie (ou ma race ou ma religion selon les cas) était menacée par des êtres malfaisants qui tentaient de détruire tout ce qui faisait notre identité, notre spécificité et notre civilisation ; les éliminer était de notre devoir.

Ces justifications des génocidaires ne sont que des alibis qu’ils veulent bien se donner, ils tentent de rendre admissible après coup les crimes commis aux yeux du monde et surtout à leurs propres yeux. Bien que variées, ces justifications  ressortent toutes de la même approche : je ne suis pas responsable, j’ai été esclave d’une force qui me dépassait et à qui j’ai obéi aveuglement, par contre, elles ne rendent absolument pas compte de ce qui se passe véritablement dans l’esprit des exécutants au moment où ils commettent leurs crimes.

Les sources d’information concernant ce dernier propos  sont difficiles à trouver, néanmoins on peut citer quelques témoignages de ces exécutants et en particulier émanant de SS en poste à Auschwitz.

Le premier est celui d’un des médecins SS du camp appelé Johann Paul Kremer qui écrivit au jour le jour son journal et arrive à Auschwitz le 30 août 1942.  Voici quelques extraits de celui-ci :

2 septembre 1942
J’ai assisté pour la première fois à une action spéciale extérieure (dans les chambres à gaz établies à l’extérieur du camp dans deux maisons appelées bunker) à trois heures du matin, en comparaison, l’enfer de Dante m’apparaît presque que comme une comédie…
3 septembre
Je suis tombé malade pour la première fois, victime des crises de diarrhée qui affectent tout le monde au camp...cela tient très probablement au climat malsain..accompagné de masse de poussière  et de mouches.
5 septembre
Aujourd’hui, à midi, j'étais présent à une action spéciale au camp de  femmes : le comble de l'horreur. Le Hauptscharführer Thilo (médecin de garnison) avait raison de me dire aujourd'hui que nous nous trouvions ici à l’anus mundi (au rectum du monde). Le soir, vers 8 h, j'assiste de nouveau à une action spéciale concernant les gens  en  provenance de  Hollande.   A  cause  de  la ration supplémentaire distribuée à de telles occasions, consistant en 1/ 5 litre d'alcool, 5 cigarettes, 100 g de saucisse et pain, les hommes se bousculent pour participer à de telles actions. Je suis de service aujourd'hui et demain.
6 septembre
Aujourd'huidimanche, excellent déjeuner : soupe aux tomates, 1/2 poulet avec pommes de  terre  et choux rouge (20 g de matière grasse), dessert et magnifique glace à la vanille. Le soir, vers 8 heures, je suis de nouveau présent à une action  spéciale  à  l'extérieur

Il apparaît d’abord chez Kremer un sentiment d’horreur devant cette monstruosité qu’on lui faisait voir et à laquelle il participa. Le choc émotionnel fut tel que le lendemain, il fut malade (bien qu’il n’ait bu, dit-il que de l’eau en bouteilles) deux jours après, à peine rétabli, assiste à une nouvelle “action spéciale” et manifeste le même sentiment d’horreur que la première fois. Pendant ces deux jours, il réagit selon le système de valeurs qu’il avait en lui et, par la même, manifeste qu’il est encore un homme libre.

Cette situation ne dura pas au-delà de ces deux jours, le lendemain de la deuxième action, il ne parle que du bon repas qu’il a fait et assiste le même jour sans manifester un quelconque sentiment à une action spéciale.

A ce moment Kremer avait, selon moi, perdu le chemin de l’introspection menant au casier de l'être et des valeurs qu’il renfermait, on a l’impression qu’il s’est produit en lui une sorte de court-circuit qui l’avait coupé tout contact avec son “être en soi”. Désormais, Il devint totalement insensible et indifférent aux souffrances des autres, réagissant mécaniquement  comme un automate à tout ce qu’on lui demandait de faire (actions spéciales, expériences médicales sur des gens que l’on tuait pour lui…), soucieux seulement de son paraître et de son plaisir (bon repas, achat de vêtements coûteux..) acceptant sans état d’âme tout ce qu’on lui inculquait. Il n'était même pas esclave de l'idéologie nazi, il avait perdu sa conscience et sa dignité d'être humain !

A suivre


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