La lente déchéance du château au milieu du 19è siècle.
Après la conquête de Lichtenberg par les français, le château fut livré au Génie qui recomposa les bâtiments existants pour les adapter à son nouveau rôle de place de garnison. Le rapport du capitaine Anselmier rédigé en 1834, précise que « le génie militaire, après avoir fait raser les anciens bâtiments, en construisit de nouveaux .. et ne laissa subsister que le donjon qui s'élève au centre de la plate-forme. »
On dispose, à ce propos, d’un intéressant plan montrant la forteresse à l’époque de Louis Philippe :
Ce plan montre d’abord que les deux logis seigneuriaux (1) dominant le rempart sud, ont été démolis. Du logis construit par l’évêque Conrad de Lichtenberg, il ne resta que les caves qui furent reconverties en casemates. Le plan ne le mentionne pas, mais on laissa subsister aussi la tour de l’horloge convertie en tour de guet.
Le troisième logis (2), celui construit à l’époque de Philippe de Hanau-Lichtenberg en style renaissance, fut utilisé comme caserne de temps de paix.
Un autre ensemble de bâtiments (3), sans doute anciens, fut reconstruit et servit également de caserne ainsi que de prison. Ces deux casernes pouvaient accueillir une garnison de 60 à 100 hommes.
Il ne subsiste de la chapelle que le chœur (4), la nef disparut et fut remplacée par un réfectoire (5) assorti de cuisines.
Les autres bâtiments devinrent des magasins :
. La tour ouest du haut-château (6) fut reconvertie en poudrière contenant, selon le capitaine de Guise, 5 tonnes de poudre.
. Les anciens communs (7) furent transformés en magasin du génie.
. Un autre bâtiment devint le logement de l’artillerie. (8)
. On peut penser que l’arsenal (9), construit à l’époque de Daniel Specklin, était toujours utilisé en tant que tel.
Je mentionne, sur le plan, pour mémoire, la demi-lune (10) reconstruite par Vauban.
Il existait aussi d’importantes réserves de nourriture pouvant « contenir, en temps de guerre, 200 hommes avec une manutention pour 200 rations et 200 sacs; caves pour 400 hectolitres. »
En temps de guerre, le capitaine Guise indique que les équipements seraient à compléter : ils ne consistent que dans le couloir d’entrée au château, dans les casemates aménagées le long du rempart sud et dans les caves de l’ancien logis seigneurial, il manque « pour le temps de siège, qu'un abri voûté à l'épreuve pour y mettre à couvert la garnison »
Le livre de M Camille Lévy énumère les compagnies qui composèrent la garnison pendant la monarchie de juillet, elles ne stationnent, en moyenne, que pendant deux années et comportent, selon les cas, de 35 à 73 hommes. Il y a des même des moments où le château est inoccupé au grand dam des aubergistes du village.
Dans de telles conditions, on peut comprendre que le matériel militaire laisse à désirer Ainsi, quand la guerre fut déclarée le 19 juillet 1870, le château était quasiment à l’abandon. Voici ce qu’écrivit le sous-lieutenant Archer affecté au poste de commandant du fort et chargé d’en remettre en état les défenses. « Je trouvai au fort un petit détachement de 5 hommes du 5e d'artillerie, commandé par le maréchal des logis Fonvielle; ce dernier était arrivé de Strasbourg le 22 juillet avec mission d'y faire les travaux nécessaires afin de pouvoir utiliser, aussi efficacement que possible, les sept vieilles pièces de canon dont le fort était armé.
Dès mon arrivée dans la place, j'en passai une inspection minutieuse pour m'assurer des moyens de défense qu'elle contenait et des travaux qu'il y aurait à exécuter pour la rendre à même d'opposer une résistance des plus sérieuses à l'ennemi dans le cas d'une mauvaise fortune de nos armes, ce que nous ne présumions guère à ce moment-là.
Comme munitions de guerre, je pus m'assurer qu'elles étaient à peu près nulles, si ce n'est 4 tonneaux de poudre à canon, 8 caisses de cartouches chassepot et quelques boulets creux non chargés dont je fus obligé de faire fermer l'orifice au moyen d'un bouchon en bois; une centaine d'obus complétait : encore ces derniers ; sans fusées, (ils) ne pouvaient être utilisés qu'avec des pièces rayées, et celles dont le fort était armé n'étaient que de vieilles pièces à âme lisse, de différents calibres, qui ne pouvaient produire qu'un médiocre effet en présence de la longue portée de l'artillerie ennemie.
Quant aux vivres, le fort ne possédait qu'une trentaine de caisses de biscuits qui étaient arrivées dans la place en même temps que moi. »
Au moment de l’attaque de l’armée wurtembergeoise, la garnison s’élevait seulement à 34 hommes dont six canonniers qui durent affronter l’ennemi avec des pièces ne fonctionnant pas, le 9 août le bombardement commença. Le 10, quand la garnison capitula, le château n’était plus que ruines.
prochain article : que reste t'il de médiéval dans le château de Lichtenberg ?
REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
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Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com
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