REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

dimanche 13 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (11) : conclusion (suite)

LA CHAÎNE DES RESPONSABILITÉS. 
au vu des constats préalablement effectués, , on peut tenter une hiérarchie des responsabilités au niveau du dualisme princeps-générique : on aboutit à un partage très ample mais inégal de ces responsabilités.

Il va de soi que ce qui suit n'engage que moi et a été établi selon mes propres observations.

En ce qui me concerne, j'attribue la RESPONSABILITE ESSENTIELLE AUX MEDECINS qui connaissent mal les médicaments, sans doute seulement par le biais des représentants de commerce des firmes pharmaceutiques (que l'on qualifie pompeusement de visiteurs médicaux), qui sont incapables de dire pourquoi telle ou telle substance est employée, qui ne connaissent vraiment qu'une dizaine de médicaments dont ils ont l'habitude : il suffit, à cet égard, de regarder le médecin qui va prescrire un médicament, il prend pendant quelques secondes un air inspiré puis écrit, comme si jaillissait spontanément de son cerveau le produit miracle qui va vous sauver. Bien entendu, les médecins s'ils connaissent peu les médicaments, connaissent encore moins les génériques, cela les conduit à ne prescrire que les princeps.

On pourrait m'objecter que j'exagère dans ma défiance vis à vis des médecins : comme je l'ai écris plus haut, je ne fais que transposer ici mes expériences personnelles. Je suis certes conscient que beaucoup de médecins accomplissent sérieusement leur tâche dans le respect du serment d'Hippocrate et se soucient avant tout de l'intérêt de leurs malades ; néanmoins, il me semble que les grands principes de ce serment s'étiolent peu à peu et sont remplacés par la quête du profit.

La RESPONSABILITE DU PATIENTest également très importante, presque à l'égal de celle du médecin : le médecin a prescrit telle marque de médicament, c'est celle-ci qu'il lui faut et non une autre ; si ce n'est pas le cas et qu'il reçoit un générique, le patient se sentira psychologiquement malade parce qu'il aura l'impression, comme dans l'exemple cité plus haut, que le médicament est mauvais pour lui puisqu'il n'est pas celui que le médecin à écrit sur l'ordonnance.

Des qu'un individu ressent un mal quelconque, il voit dans le médecin l'homme providentiel qui le guérira, il le croit sur parole, annihilant en lui tout esprit critique et s'en remet à ses préconisations sans avoir effectué une quelconque recherche sur les médicaments ; il estime que le pharmacien trahit le médecin en lui vendant autre chose que ce qui est mentionné sur la prescription, met en doute l'efficacité du générique et retourne vite voir le médecin pour qu'il applique la précieux mention " non substituable"

Dans cette perspective, la dimension psychologique du refus du générique mériterait un étude sérieuse. Ainsi la responsabilité du patient est paradoxalement celle de son irresponsabilité !

La quasi-totalité des patients oublie que c'est de leur santé dont il s'agit, qu'ils en sont les principaux responsables et donc que toute décision doit être partagée, discutée et non imposée.

Selon moi, la RESPONSABILITÉ DES LABORATOIRES PHARMACEUTIQUES est réelle mais dans une moindre mesure que celles des médecins et des patients. Certes, le laboratoire qui a fabriqué le princeps tentera par tous les moyens de prolonger sa vente en estimant injuste que ses concurrents s'emparent de son invention sans y avoir eu part, cependant, il ne peut lutter contre le principe de libre concurrence.

Selon ce que j'ai lu, le laboratoire pourra néanmoins tenter de modifier les molécules de son princeps afin de faire à nouveau breveter la forme nouvelle mais il se heurtera aux agences gouvernementales d'autorisation de commercialisation. Autrefois cela était possible puisque ces agences étaient noyautées par les laboratoires pharmaceutiques, maintenant, c'est beaucoup plus difficile puisque, au titre des "conflits d'intérêts", de telles connivences ne sont plus possibles. À cet égard, la moralisation du système ne peut qu'encourager une vraie connaissance des princeps et des génériques.

La RESPONSABILITÉ DE L'ETAT est également réelle mais elle est beaucoup moins importante qu'autrefois pour diverses raisons :
     . un air de moralisation a soufflé sur l'ensemble des agences gouvernementales qui sont moins sous l'influence des groupes de pression (les lobbys )
     . Le ministère de la santé publie les fiches signalétiques des médicaments sur son site, ce qui permet à tous de pouvoir se renseigner quasiment objectivement. Pour chaque médicament, on trouve une analyse scientifique ainsi que la notice fournie par le laboratoire, ce qui permet d'intéressantes comparaisons.
     . Une autre disposition judicieuse mis en place par l'Etat est le système du tiers-payant au niveau des pharmacies, cette méthode est excellente à deux points de vue au moins :
           - elle permet aux gens ayant peu de moyens de ne pas débourser trop d'argent en médicaments
           - surtout, par le fait que c'est la sécurité sociale qui paie les pharmaciens, un contrôle strict devient possible par la généralisation de l'informatisation : la sécurité sociale peut demander des comptes, refuser de rembourser des pharmaciens qui ne respectent pas les règles et contrôler la proportion dispensée au client de génériques et de princeps.
     . Il convient de noter aussi la politique de déremboursement de médicaments jugés inutiles, c'est certes une demi-mesure mais elle permet aux gens de se rendre compte que ces médicaments ont toutes les chances de ne servir à rien.

Il reste cependant beaucoup à accomplir au niveau de l'Etat : celui-ci n'ose pas, selon moi, s'attaquer au sacro-saint "ordre des médecins" qui, au nom du secret médical et de la quasi infaillibilité qui caractérise la profession, refuse tout contrôle et veut agir en toute indépendance en prétextant qu'il œuvre pour le bien des malades.

La RESPONSABILITÉ DES PHARMACIENS est quasiment nulle depuis peu, d'une part à cause des contrôles effectués au titre du tiers-payant et d'autre part, par le fait que les commissions versées aux officines pour un générique sont les mêmes que pour un princeps : dans ces conditions, les pharmacies n'ont aucun intérêt à délivrer des princeps de préférence aux génériques.

La seule responsabilité que l'on peut attribuer aux officines pharmaceutiques est de ne pas réussir à persuader les clients que les génériques sont de même qualité que les princeps.

LA RESPONSABILITÉ DES SITES SUR INTERNET, autrefois nulle, pourrait devenir importante et même dangereuse : un certain nombre de sites tentent par exemple d'influencer les individus en montrant au moyen de pseudo-preuves que les génériques sont dangereux et qu'il faut les refuser. De même, ils effrayent les gens par des analyses de maladies telles que tous ceux qui consultent ces sites sont portés à se croire malades ce qui les conduira à prendre des médicaments...princeps bien sûr !

Il va de soi que ces sites sont ceux des laboratoires pharmaceutiques, que les médecins y sont stipendiés par ces laboratoires et qu'ils sont les nouveaux moyens d'expression des "lobbys" pharmaceutiques. Cette mode nouvelle est d'autant plus pernicieuse qu'il est difficile de contrôler ce qui est affirmé.

À SUIVRE.

samedi 12 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (10) : conclusion

Il me reste maintenant à tirer les conclusions de cette recherche en tentant donner une réponse à la question de base du choix entre princeps et génériques.

1/ LE BILAN
Si on effectue un bilan de ce qui précède à ce propos, trois caractéristiques apparaissent nettement :

   1/ princeps et génériques utilisent la même substance active mais peuvent différer par les excipients qui permettent à la substance active d'agir.

   2/ les substances actives sont bien connues chimiquement lors de leur fabrication mais un grande partie de leur action dans le corps n'est que supposée et n'est exprimée que statistiquement lors des tests d'application, ce qui conduit à cette constatation que des molécules peuvent agir sur des parties de l'organisme non prévues à l'origine de manière tout à la fois perverse et bénéfique. Il en est sans doute de même pour les excipients, même si dans ce cas, les mécanismes d'action sont mieux connus puisqu'ils se traduisent pas des effets plus facilement mesurables. ( maux d'estomac par exemple)
 
3/ les notices des médicaments ne sont que d'un faible secours ; elles sont en effet :
     . laconiques et sybillines en ce qui concerne le mode d'action de la substance active.
     . Abscons et incompréhensibles au niveau des excipients présentés au moyen de leur nom chimique, il faut être spécialiste pour comprendre, pourtant il serait tellement simple de rajouter entre parenthèse pour chaque excipient ce à quoi il sert !
    . Surabondantes en ce qui concerne la posologie, les précautions d'emploi et les effets indésirables, mentions qui sont toutes obtenues, selon moi, par des méthodes essentiellement statistiques.

Comment le "patient " peut-s'en tirer dans de telles conditions au niveau des choix à accomplir entre princeps et génériques ? Je ne prétends pas avoir de solutions, néanmoins, par une étude de mini-cas , on peut donner, à contrario de ces mini-cas, quelques idées de remédiations possibles.

2/ DEUX EXEMPLES DE COMPORTEMENTS PERVERS
le premier cas est tiré de l'émission de télévision diffusée sur ARTE traitant des médicaments princeps et générique qui a été à l'origine de mon envie d'en savoir plus à ce propos.

Une patiente se trouve chez le médecin et lui dit : " vous m'avez prescrit du XXX, je vous ai amené l'ordonnance, le pharmacien n'a donné un générique, j'ai l'impression qu'il me réussit moins bien" le médecin demande alors ce que la patiente ressent, elle répond : " je ne peux pas vous dire exactement, mais je me sens moins bien, l'autre médicament me réussissait mieux" . Le médecin alors décide de refaire l'ordonnance et indique la mention "non substituable"

Le deuxième cas est l'épilogue de l'histoire de l'hypertension traité par un médicament prévu pour remédier à la tachycardie. Le médecin constate que la patiente a toujours une tension élevée : il lui demande si le pharmacien lui a donné le princeps ou le générique ? La patiente répond : " le générique"
Le médecin alors effectue une nouvelle ordonnance en apposant la mention "non substituable" .
Pour lui, les problèmes de tension ne peuvent venir que du générique.

Étonné de cette substitution, la patiente et moi-même consultons les notices du générique et du princeps et constatons que ce sont des copies-copies avec les mêmes excipients !

Ces deux cas présentent exactement ce qu'il ne faut pas faire.

Dans le premier cas, la patiente tout comme le médecin sont responsables.

La patiente fait part de ses impressions sans formuler d'autres symptômes : comment un médecin peut-il interpréter de telles allégations ? En outre, la patiente manifeste ainsi une attitude non citoyenne, elle aurait pu regarder les notices et comparer la composition du médicament qui lui réussit et l'autre,
          . si ces deux médicaments étaient identiques, elle aurait dû alors se dire que ses impressions n'étaient qu'imaginaires,
          . Si ces deux médicaments étaient différents, elle aurait pu alors établir quelle substance était différente, puis se rendre auprès du pharmacien pour obtenir de lui les renseignements concernant ces différences et les problèmes qui pourraient provenir de celles-ci. Elle aurait pu aussi demander au pharmacien un générique identique de celui du princeps.
Avec une telle démarche responsable, elle aurait pu éviter de retourner chez le médecin.

Dans ce premier cas, le médecin est aussi responsable :
   . Il aurait dû dire à la patiente qu'il ne peut soigner sur de vagues impressions, qu'il lui fallait des symptômes plus précis,
   .  Ensuite, il aurait consulter le Vidal, gros volume trônant sur sa table pour déterminer la différence entre le princeps et le générique donné par le pharmacien et formuler sa réponse comme suit :
          . En cas de copie-copie : "madame, c'est dans votre tête que cela se passe"  
          . En cas de différence " vous êtes peut-être allergique à telle substance, je le note sur votre dossier et libellerai désormais ma prescription en tenant compte de cette possibilité." .

De telle méthodes aurait permis au médecin de mieux comprendre sa patiente, de mieux la connaitre et et par la même de fournir de meilleurs diagnostics ; le medecin auraient aussi permis à la patiente de mieux se connaître en démêlant ce qu'il y a dans son cas de psychologique et de pathologique. Encore faut-il qu'il prenne le temps d'écouter le malade, ce qui n'est que rarement le cas.

Le deuxième cas cité ci-dessus est beaucoup plus grave puisque c'est le médecin qui prend la décision, s'il avait consulté son "Vidal", il aurait constaté d'une part que le médicament prescrit n'avait pas été créé pour l'hypertension et d'autre part que le générique donné était la copie du princeps. Il aurait été raisonnable aussi de dire a la patiente qu'il s'était trompé et qu'il allait lui prescrire une autre molécule. Mais quel médecin accepte de se remettre en cause ? il est convaincu de sa pseudo-infaillibilité et ne peut avoir tort ! De tels comportements sont évidemment inadmissibles, d'autant qu'ils ont le danger d'infantiliser le patient à qui on semble dire " prenez ces médicaments que je vous prescris et taisez-vous ! "
À suivre

vendredi 11 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (9) : le médicament dans l'organisme.

 4/ LE PRINCIPE ACTIF DANS LA CIRCULATION SANGUINE
Quand le principe actif se trouve dans la circulation sanguine que se passe-t'il ?

Voilà ce que l'on trouve à ce propos sur les sites ayant vocation scientifique à propos du PARACETAMOL

" Tout d'abord, le paracétamol est le médicament le plus prescrit en France. Il a peu de contre-indications, il peut être prescrit à tout âge et si on ne dépasse pas les doses, il n’a pas d’effets secondaires.
Il appartient à la classe des antalgiques antipyrétiques : Antalgique donc antidouleur., Antipyrétique, donc lutte contre la fièvre.

Pour répondre à la question sur le mécanisme d’action du paracétamol... c’est simple, un siècle après sa découverte, on ne sait toujours pas précisément comment ça marche. Tout ce qu’on sait c’est qu’il agit sur le système nerveux central. Il agirait en inhibant la production de substances, les prostaglandines, impliquées dans les processus de la douleur et de la fièvre.

En cas de surdosage cependant, le paracétamol est très toxique pour le foie et il est chaque année responsable de décès par hépatite fulminante "

Cette caractéristique est quelque peu stupéfiante : ainsi, le paracetamol agit sur la douleur et la fièvre mais on ne sait pas expliquer ni comment cela se produit ni l'exprimer au moyen d'une formule chimique : on mesure ses effets sans en comprendre la cause !

Dans de telles conditions, on peut raisonnablement pressentir qu'il doit en être ainsi pour nombre d'autres médicaments. Une exception notable doit cependant être citée, celle de l'aspirine pour laquelle le mécanisme d'action a été découvert, ce qui a d'ailleurs valu à son auteur le prix Nobel.

Le fait de constater sans comprendre s'explique sans peine car il est difficile d'effectuer des analyses chimiques sur un corps humain vivant pour comprendre l'impact effectif d'un principe actif dans la circulation sanguine et ses effets indirects sur le milieu ambiant de l'organisme.

Ainsi, il m'apparait que l'on prescrit un principe actif non sur une efficacité démontrée mais sur la foi des effets constatés. Si cette hypothèse est avérée, l'impression de sérieux scientifique des informations concernant les médicaments me semblerait singulièrement écornée.

Sauf pour le paracetamol, je n'ai pas trouvé de documents qui corroborent directement cet avis, pourtant, j'ai la désagréable sensation que la connaissance des actions des médicaments procède plus de calculs statistiques que de connaissance effective des interactions du principe actif avec l'organisme.

Il est possible d'en trouver quelques preuves : .

La première preuve est donnée par le MÉCANISME D'EXPERIMENTATION des médicaments : La molécule du principe actif est d'abord testée en laboratoire sur les micro-organismes puis sur des animaux du type souris et lapins. Ensuite, on va procéder à des études statistiques sur des êtres humains en trois phases au moins :

En premier lieu, on teste le médicament sur des personnes saines et on mesure la valeur dite AMDE
      . Absorption : vitesse à laquelle le médicament passe dans le sang,
      . Métabolisation : transformation que le foie va effectuer,
      . Diffusion : vitesse de répartition de la molécule dans les tissus,
      . Élimination : vitesse par laquelle la molécule est éliminée par le corps,
Pour cela, on va effectuer des analyses de plasma sanguin et établir première une courbe type de type statistique.

Ensuite, les laboratoires testent l'efficacité en recherchant les doses adéquates et en vérifiant les effets indésirables, cela conduit à une deuxième série de statistiques.

En troisième, on administre à trois séries de patients un médicament à placebo, sans donc d'effets actifs, un médicament antérieurement commercialisé et le médicament nouvellement mis au point : ces comparaisons permettent d'établir une troisième série de statistiques.

Ce sont ces statistiques qui vont permettre, avec les tests scientifiques primitifs, de déterminer et de démontrer l'intérêt de la nouvelle molécule et de l'autoriser à la commercialisation.

La deuxième preuve est contenue dans LA LISTE DES EFFETS INDESIRABLES d'un médicament sur la notice d'emploi ; les effets indésirables sont classés en catégories : fréquents, rares, très rares. Cela correspond, non à des observations réelles, mais à une classification statistique : à chaque fois qu'un effet indésirable est rapporté par un médecin ou un pharmacien, il est mentionné sur une des rubriques selon le nombre d'observations effectuées par les divers professionnels de santé, ce qui explique les catégories de classification. D'ailleurs, il est indiqué qu'à chaque fois qu'un phénomène nouveau est observé, il convient d'en faire part au laboratoire, ce qui corrobore bien que les effets indésirables ressortent non d'études scientifiques mais de statistiques.

Enfin la troisième preuve est montrée par l'étude des PRESCRIPTIONS MÉDICALES CONTENUES DANS LES ORDONNANCES

Je voudrais à ce propos donner un exemple réel concernant la molécule appelée Chlorhydrate de SOTALOL déjà mentionnée précédemment. Ce médicament a été appliqué à une personne qui manifestait, lorsqu'elle venait chez le médecin, d'une assez forte tension artérielle. Le médecin, au vu de cette hypertension, lui prescrivit cette molécule. Elle n'eut aucun effet sur l'hypertension, ce qui amena le médecin à lui faire ingurgiter des doses de plus en plus fortes,

Afin de comprendre l'inefficacité constatée, je consultai la notice à propos des effets attendus par le médicament  : elle était d'une concision toute sybilline avec une mention qui dit tout et rien à la fois : " ce médicament est utilisé dans la prévention des récidives de certains troubles cardiaques ".

Je me rendis ensuite sur le site du ministère de la santé, beaucoup mieux documenté et, à propos de cette molécule, je trouvai la phrase suivante que je cite ici dans son intégralité :
4.1. Indications thérapeutiques
Prévention des récidives des :
   · tachycardies ventriculaires menaçant le pronostic vital : le traitement doit être instauré en milieu hospitalier sous monitorage ;
   · tachycardies ventriculaires documentées symptomatiques et invalidantes en l'absence d'insuffisance cardiaque non contrôlée ;
   · tachycardies supra-ventriculaires documentées en l'absence d'insuffisance cardiaque non contrôlée lorsque la nécessité d'un traitement est établie.

Ainsi la personne choisie en exemple était traitée pour son hypertension avec une molécule ayant pour but de réguler le rythme cardiaque ! Quand elle en fit part au médecin de cette observation en indiquant que la molécule prescrite était peut-être inadaptée, celui-ci répondit : "mais ce médicament est aussi bon pour cela"br />
Comme on ne peut soupçonner le médecin d'incompétence ( ? ) on en tire la conclusion qu'à l'effet principal d'une molécule, s'en ajoute d'autres insoupçonnés par le laboratoire, que les médecins découvrent sans support scientifique et de manière empirique : de tels errements ne peuvent se produire que parce que l'on ignore la manière dont le principe actif agit exactement sur les cellules de l'organisme,

Cette constatation permet de mieux comprendre un certain nombre d'affaires et d'événements récents dont on a entendu parler :
   . Affaire de ce médicament utilisé pour traiter le diabète des obèses qui a été donné par les médecins en tant que base de régime amincissant.
   . Médicament destiné à soulager les spasmes musculaires qui s'avérerait très utile pour lutter contre l'alcoolisme,
   . Médicament destiné à traiter les douleurs rhumatismales mais qui occasionne des maux d'estomac tels qu'il faut le prescrire avec un autre médicament pour éviter ces douleurs. Si ce second médicament a aussi des effets pervers, on devra aussi prendre un troisième médicament et ainsi de suite...
   . Cortisone injectée au niveau des douleurs rhumatismales mais qui fragilisent les ligaments ...

Tout semble corroborer cette impression exprimée plus haut que les médicaments sont mieux connus par la statistique que par les analyses scientifiques, dans ces conditions peu de choses séparent Galien, médecin romain qui recommandait les décoctions de feuilles de saule pour les fièvres, et les médecins actuels qui prescrivent des médicaments dont ils ne connaissent qu'empiriquement les effets.

Certes, je ne suis pas un professionnel de santé et je n'ai pas de connaissances chimiques et médicales approfondies, je me base sur ce que j'ai pu constater, lire et tenter de comprendre.

jeudi 10 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (8) : le médicament dans l'organisme. 

3/ L'EXEMPLE DE L'ASPIRINE
Pour montrer la manière dont l'excipient agit dans le cas d'un médicament à absorption orale ( voir note A concernant le circuit de la digestion) de la bouche à l'intestin grêle on peut donner l'exemple de l'aspirine car il est particulièrement révélateur:

Le principe actif de l'aspirine , l'acide acétylsalicylique  possède deux défauts importants : il est encore très  acide , ce qui risque de dégrader les parois de l'estomac et il est faiblement soluble dans l'eau

C'est dans cette perspective que se place le rôle fondamental de l'excipient. Voici, parmi d'autres,  deux solutions possibles :

l'ASPIRINE EFFERVESCENTE
Le principe est de transformer l' acide acétylsalicylique  en ion acetysalicylate en lui faisant perdre un proton H+. Cet ion est possede en effet un PH basique (voir note B sur les PH)  , donc sans danger pour l'estomac, en outre, est soluble dans l'eau, ce qui facilite son ingestion.

Cette transformation de l'acide en ion se produit lorsque l'on met le comprimé dans l'eau et qu'il entre en effervescence : parmi les excipients se trouve en effet du bicarbonate de sodium qui permet une réaction comme suit :

Bicarbonate de sodium + aspirine (Acide acétylsalicylique.) =  Ion acetysalicylate basique+ eau + gaz carbonique ( forme l'effervescence) (voir note C)

L'acide acétylsalicylique sous l'action du bicarbonate de sodium se transforme en ion. les ions acétylsalicylate se dissolvent  dans l'eau, ils arrivent dissous dans l'estomac ; au contact du milieu acide de l'estomac, ils reçoivent le proton H+ qui les amène à recréer l'acide acetylsalycilique en très fines particules qui peuvent ainsi traverser très vite les muqueuses  sans danger pour l'estomac pour se retrouver dans l'intestin grêle puis dans la circulation sanguine

Le deuxième  exemple est celui de l'ASPIRINE à PH8

l'acide acetylsalycilique est dans ce cas ingéré sous forme d'un comprimé comportant un enrobage très peu soluble en milieu acide, le comprimé peut alors traverser l'estomac tel quel pour se retrouver dans l'intestin grêle ou le milieu est quasiment neutre,alors l'enrobage se dissous, ce qui libère le principe actif qui peut se diffuser dans la circulation sanguine.

RAPPELS

Note (A)
le trajet des aliments
:
   . De la bouche à l'intestin grêle, les aliments passent par l'estomac (1) puis par le duodenum (2) qui recoit les sucs biliaires (vésicule biliaire) et pancréatique ; lors de ce trajet, ils sont digérés et triés en particules simples formant les nutriments capables de passer dans le sang au niveau l'intestin grêle (3), ce qui reste est éliminé par le gros intestin (4).
   . De l'intestin grêle les nutriments par la veine porte (5) gagnent le foie (6) qui effectue un "tri " de ce qui est nécessaire à l'organisme et de ce qui ne l'est pas et qui est détruit.
   . Ensuite, par la veine cave inférieure (7) , le sang appauvri en oxygène mais riche en nutriments va passer par le coeur (8) puis dans les artères (9) qui porteront donc les nutriments ainsi que l'oxygène aux divers organes du corps.
   . Par les artères, le sang passe par le foie et les reins (10) où il subit un nouveau tri avec élimination de l'urée et de l'acide urique.

Note (B)
rappel concernant le PH (potentiel hydrogène)

  . Un PH = 7 est neutre, il correspond à l'eau à 25°
  . Un PH < 7 est acide
  . Un PH > 7 est basique

     . Le PH acide se définit par le fait qu'un proton d'hydrogène (H+) se fixe sur une molécule d'eau, donnant un ion H3O+ ': il est donneur possible d'un proton H+
     . Le PH basique se définit par le fait qu'un proton d'hydrogène (H+) soit perdu par une molécule d'eau, donnant un ion HO- : il est capteur possible d'un proton H+
     . La molécule d'eau comporte des molécules H2O et les deux types d'ions selon la formule
 2H2O <--> (H3O+) + (HO-)
     . Cette caractéristique peut s'entendre aussi comme : acide + H2O <---> base + H3O+

Note (C) 
pour les amateurs de chimie
   . Le bicarbonate de sodium NaHCO3, solide est soluble dans l’eau.
   . Les ions hydrogénocarbonate HCO3- viennent au contact des particules solides d’acide acétylsalicylique avec lesquelles ils réagissent selon la réaction chimique suivante :
 : HCO3- + CH3-COO-C6H4-COOH = CO2 + H2O + CH3-COO-C6H4-COO-
   . Le dioxyde de carbone CO2, peu soluble, se dégage (=effervescence)

mercredi 9 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (7) : le médicament dans l'organisme.

Le médicament comporte, on l'a dit un  PRINCIPE ACTIF ET UN EXCIPIENT. Pour comprendre le phénomène qui va permettre de lutter contre la maladie en conduisant le principe actif de l'endroit d'absorption à l'endroit de son action, le médicament doit parcourir un long chemin.

Celui-ci s'organise schématiquement, pour la plupart des médicaments,  en deux phases :
     - de l'endroit d'absorption à la circulation sanguine, c'est à ce niveau que l'excipient joue le rôle essentiel à deux points de vue :
           . Il donne au médicament sa forme selon le mode d'absorption,
           . Il conduit le principe actif du lieu d'absorption jusqu'à la circulation sanguine
     - au niveau de la circulation sanguine le principe actif est libéré et il sera conduit par circulation générale  jusqu'au lieu d'action.

Il existe aussi d'autres voies dites locales administrées pour un usage spécifique (collyre par exemple)

1/ LES VOIES D'ADMINISTRATION D'UN MÉDICAMENT DEVANT PASSER DANS LA CIRCULATION GÉNÉRALE (1)
Elles sont de trois sortes principales  :
   . Administration directe dans la circulation générale :  par la voie intra-veineuse : c'est la voie de référence puisque le PRINCIPE ACTIF passe immédiatement dans la circulation sanguine, elle est donc particulièrement nécessaire en cas d'urgence.
   . Administration dans la circulation sanguine par des veines périphériques : veine linguales pour les médicaments mis sous la langue, voie rectale par les veines hémorroïdales, voie intra-musculaire (par l'intermédiaire des  muscles  fortement vascularisés), cutanée..
   . Administration orale : en ce cas doit passer par l'intermédiaire des voies digestives pour arriver dans la circulation sanguine,

2/ LES DEUX VOIES POSSIBLES DU PRINCIPE ACTIF
Dans les cas d'administration directe dans la circulation générale, le principe actif est introduit dans l'organisme par les veines, il arrive jusqu'au cœur puis est distribué dans le corps par les artères afin d'agir. Néanmoins, il va subir une double filtration par le foie et les reins et il va s'éliminer peu à peu puis finit par disparaître.

Dans le cas d'un médicament administré par voie orale, deux étapes sont nécessaires :
   . En premier lieu, le principe actif et l'excipient doivent passer de la bouche à l'intestin grêle comme tous autres aliments. C'est à ce niveau que l'excipient aura un rôle fondamental
   . Ensuite, le principe actif passe par la veine-porte, accède au foie, subit une première filtration puis se retrouve dans dans la veine-cave, le cœur puis les artères et subit alors la même élimination progressive que celle des principes actifs injectés directement dans les veines.



RAPPELS
Quelques notions au niveau de la circulation sanguine :

(A) La GRANDE CIRCULATION
1/ le sang sort du VENTRICULE GAUCHE par l'artère appelée AORTE, celle-ci se divise en deux parties :
     -2. L'aorte irrigue la partie supérieure du corps,
     -3. L'aorte irrigue la partie inférieure du corps se subdivisant en plusieurs artères spécifiques allant vers :
            - 4. Le foie,
            - 5. L'intestin grêle,
            - 6. Les reins pour filtration du sang,
            - 7, la partie inférieure du corps,
8 / le sang appauvri en oxygène revient vers l'OREILLETTE DROITE par les deux voies principales des VEINES CAVES
      - 9. La veine cave supérieure conduit le sang provenant de la partie supérieure,
      - 10 la veine cave inférieure ramène le sang provenant :
            - 11 des reins,
            - 12 du foie après filtration du sang,
            - 13 des membres inférieurs,
14/ une veine relie l'intestin grêle au foie. Cette veine a une grande importance pour notre propos car elle permet le passage dans le sang des nutriments après la digestion , ceux-ci passent dans le foie avant de rejoindre la veine cave inférieure.
     
LA PETITE CIRCULATION
15/ le sang sort du VENTRICULE DROIT par les ARTÈRES PULMONAIRES,
16/ il passe par le poumon,
17/ il revient au cœur par l'OREILLETTE GAUCHE par les VEINES PULMONAIRES.

mardi 8 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (6) : le principe actif

3/ QUELQUES CATÉGORIES  DE PRINCIPE ACTIF SELON LEUR ORIGINE.
 0n trouve d'abord des produits naturels pour lesquels a été effectuée la même démarche que pour l'aspirine : utilisation empirique, recherche du principe actif, élaboration d'un produit de synthèse et abandon du produit naturel d'origine ( sauf en phytothérapie pour lesquels les principes actifs des plantes naturelles servent toujours de support aux fabrications).

Cette  évolution peut être notée pour :
     . Des substances d'origine végétale : la quinine (autrefois tiré du quinquina qui concurrença longtemps la salicine), la morphine (opium) la digitaline...
     . Des substances d'origine animale (huile de foie de morue, insuline, cortisone ...)
     . Des produits minéraux ( bicarbonate de sodium)
     . Des micro-organismes comme les levures, mais aussi les vaccins,

Une deuxième catégorie est représentée par les produits émanant des biotechnologies pour la production de molécules identiques à celles produites par l'homme avec en particulier la reproduction de protéines et  de fragments d'ADN : cette nouvelle branche de l'industrie pharmaceutique, née du décryptage du génome humain est porteuse d'immenses espoirs dans tous les domaines ; elle renouvellera totalement les concepts médicaux d'ici quelques années.

4/ LA DIVERSITÉ DES MODES D'ACTION 
En 1796, le médecin Samuel Hahnemann invente les deux termes d'homéopathie et, par antiphrase, d'allopathie, ces deux termes sont commodes pour différencier les deux types de principes actifs des médicaments :

 en ALLOPATHIE , (médecine des contraires) "on traite le malade par une substance qui à un effet  contraires à ceux de la maladie" ( fièvre/ antalgique) : en d'autre termes, la substance va lutter contre les causes de la maladie : ainsi, un antibiotique va servir à tuer une bactérie,  l'allopathie peut être considérée comme la "médecine officielle"

 en HOMÉOPATHIE, "on prescrit une substance capable de déclencher chez un individu sain des symptômes semblables à ceux que présente le malade",  cette forme de soin est controversée mais, pour moi,  elle parait assez logique : on augmente les symptômes de tel ou tel mal afin d'amener le corps à réagir en fabriquant les substances nécessaire à lutter contre la maladie. En outre, elle ne conduit à aucun effet secondaire. Dans leur superbe mépris de tout ce qui sort de leur horizon, la plupart des médecins rejettent l'homéopathie sans d'ailleurs la connaître. Les beaux esprits disent qu'elle n'a pas plus d'effet qu'un placebo et que, si on se sent mieux, c'est soit qu'on était pas malade, soit qu'on s'est guéri par persuasion mentale. En ce qui me concerne, je n'en crois rien et aimerais que tous ces discoureurs décident de s'intéresser au problème sans les à-priori qui font condamner sans savoir. (2)

(1)une bactérie est une cellule vivante comportant un  programme  génétique (chromosome) et un mécanisme de reproduction des protéines (ribosome) l'antibiotique agit soit en bloquant le mécanisme de production des protéines, soit  en attaquant le programme immunitaire ou encore en fragilisant la paroi de la cellule pour permettre aux globules blancs de l'éliminer.

(2) l''homéopathie,selon ses tenants,  agit un peu à la manière des vaccins  : on fabrique ces derniers  à partir d'un agent infectieux rendu inoffensif en laboratoire, il permettra au corps à apprendre à reconnaître cet agent infectieux et à fabriquer les anti-corps permettant de le combattre


ANNEXE
Quelques sites qui furent à la base de ma réflexion
 . http://physique.chimie.pagesperso-orange.fr/Cours_de_chimie/Chimie_12_FORMULATION_ET_DOSAGE_DE_L'ASPIRINE.htm
 . http://physique-eea.ujf grenoble.fr/intra/Organisation/CESIRE/CHIMIE/FichiersChimie/Scientifiques/ChimieOrganique/aspirine.PDF  . http://philippe.gorlier.voila.net/Documents/Aspirine.pdf
 . http://fr.wikipedia.org/wiki/Pharmacocinétique

lundi 7 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (5 ) : le principe actif

 2/ LES ÉTAPES DE LA CRÉATION DE L'INSULINE

LES OBSERVATIONS EMPIRIQUES 
Elles apparaissent dès la plus haute antiquité.

 Le mot diabète est créé par  Apollonius de Memphis  en 250 av. J.-C. à partir des mots "dia" (à travers) et "betos" (fuite). En latin, "diabetes" signifie "siphon" : les malades  ingèrent une grande quantité d’eau qu’ils éliminent presque aussitôt.

Pendant des siècles, médecins et goûteurs d’eau gouttent l’urine des patients diabétiques : le diagnostic repose sur le goût sucré de cette urine. Le diabète est alors nommé "diabetes mellitus" (diabète au goût de miel), notre diabète sucré.

Le médecin suisse Johann Conrad Brunner (1653-1727), est le premier à mentionner l’origine pancréatique du diabète. Après abblation du pancréas sur des chiens, il observe en 1683 que les animaux ont une soif extrême et urinent fréquemment.

En 1776 , une double découverte est effectuée par le chimiste Dolson :
          - il isole le sucre dans les urines des diabétiques,
          - puis il réussit à isoler un dépôt de sucre dans le sérum sanguin (glycémie).

En 1869. Paul Langerhans, en étudiant le pancréas, découvre que celui-ci comporte deux séries d'éléments :
   - des cellules sécrétant le suc pancréatique , un des acteurs important de la digestion,
   - d'autres cellules regroupées en îlots que l'on appellera les îlots de Langerhans." (1)

LA FORMULATION D'UNE EXPLICATION GLOBALE et LA MISE EN APPLICATION SUR L'ETRE HUMAIN

En Octobre 1920, Frederick Grant Banting, un jeune chirurgien canadien de 29 ans, émit l'hypothèse que les îlots de Langerhans contenus dans le pancréas produisait une hormone capable de réguler la glycémie.

Il vérifia cette hypothèse :
   . En extrayant l'hormone par le biais d'animaux de laboratoire.
   . En la testant sur des chiens rendus diabétiques par l'ablation du pancréas.
En voici ses conclusions : « nous avons obtenu, à partir du pancréas d’animal, quelque chose de mystérieux et qui, injecté à un chien diabétique, supprime tous les symptômes cardinaux de la maladie. Si cette substance agit chez l’homme, ce sera un grand bienfait pour la médecine ».(1)

En 1922, La première injection à l’homme est effectuée avec succès. Dès 1923, Des laboratoires se mettent à produire de l’insuline extraite de pancréas de boeuf et de porc.

LA DÉCOUVERTE DE LA STRUCTURE CHIMIQUE ET LA PRODUCTION D'INSULINE DE SYNTHÈSE.
En 1955, le biochimiste anglais Frédérick Sanger décrit la structure chimique de la proteine d’insuline. Les chercheurs comprennent alors qu’il existe des différences entre l’insuline humaine et les insulines animales jusqu’alors utilisées comme traitement

À partir de là, deux actions parallèles vont se mettre en place dans les années 1978-82
     . Modification de l'insuline de porc pour fabriquer de l'insuline du type de celle de l'homme
     . La première insuline humaine obtenue par génie génétique, apparaît sur le marché.

Ainsi apparaît un type de mise en oeuvre de principe actif assez semblable à celui de l'aspirine :
   . Une phase d'observation empirique débouchant sur des travaux scientifiques d'explications
   . Une synthèse de ces travaux permettant la mise en application de l'insuline sur les être humains
   . La découverte de la structure chimique de la protéine , ce qui déboucha sur la création d'insuline de synthèse.



 (1) sources utilisées :
 http://www.afd.asso.fr/diabete-recherche/insuline-histoire-decouverte
http://touslesinsolites.wordpress.com/2012/05/20/histoire-succincte-du-diabete-et-de-ses-traitements/

dimanche 6 avril 2014

PRINCEPS ET GÉNÉRIQUES (4) : le principe actif

Le principe actif est la substance qui agit contre la maladie. Décrire cette substance est d'une grande complexité puisqu'il faut faire appel à des notions complexes de chimie organique, ce qui n'est pas mon but. 

Pour permettre néanmoins de comprendre son rôle, je me propose de prendre deux exemples  parfaitement évocateurs  de la méthodologie employée pour la création de la substance active, celui de l'aspirine et de l'insuline avant de déterminer une classification schématique des principaux principes actifs

1/ l'ASPIRINE. 
La PHASE EMPIRIQUE
L'utilisation de la feuille et de l'écorce de saule remonte à la plus haute antiquité, on en trouve mention en Égypte pharaonique, en Grèce et dans l'empire romain : ainsi Gallien, médecin de l'empereur Marc Aurèle (161-180) indique  que la décoction de saule est bénéfique pour faire tomber la fièvre, diminuer la douleur et calmer les rhumatismes : cette phase empirique témoigne d'un très ancien savoir transmis et affiné au fil des générations dont l'origine se perd dans la nuit des temps.

En 1763, les observations concernant l'utilisation de l'écorce de saule font l'objet d'un mémoire adressé par le révérend Edward Stones à la "Royal Society" de médecine de Londres. Ce rapport indique que le Révérend avait utilisé de l'écorce de saule réduite en poudre, l'avait administré à ses paroissiens souffrant de fièvres et constaté que la fièvre avait diminué.

Le mémoire du révérend Stones était corroboré par de multiples observations qui avaient été effectuées un peu partout sur les bénéfices des décoctions de feuilles de saule et des poudres d'écorce de saule pour le traitement des fièvres et des douleurs.

LA RECHERCHE DE LA SUBSTANCE ACTIVE
Cette époque est celle de la naissance de la chimie actuelle :
      . En 1787,  Lavoisier qui a en particulier étudié la composition de l'eau dont il appelle les composants « oxygène » et « hydrogène", exprime l'idée qu'il existe des éléments définis comme des substances simples qui ne peuvent être décomposées par aucune méthode connue d'analyse chimique, et conçoit une théorie de la formation des composés chimiques des éléments.
     . En 1787 est publié la "Méthode de nomenclature chimique" sous l'impulsion de savants autour de Lavoisier qui établit une liste de des éléments simples.
     . En 1789, William Higgins publie un travail sur ce qu'il appelle les combinaisons de particules « ultime », que l'on qualifie aujourd'hui de molécule et prévoit des liens entre ces particules qui annoncent  le concept de la liaison de valence.

C'est dans le cadre de cette chimie naissante, mais aussi dans celui des concepts platoniciens visant à rechercher l'essence des choses au delà des apparences, que se produit la phase suivante : on tenta de rechercher dans l'écorce de saule la substance simple qui en constituait le principe actif agissant.

On peut prendre comme exemple le procédé mis en œuvre par le pharmacien Leroux en 1829 :
   . il fit sécher l'écorce, la concassa et la réduit en poudre avant de la faire bouillir et de filtrer le résidu avec du sel de plomb afin d'éliminer les impuretés.
   . Après avoir plusieurs fois fait bouillir puis filtrer puis évaporer la substance, il obtint des cristaux blancs qu'il nomma SALICINE. (du nom latin du saule, salix)
   . Dans cette élaboration, Leroux utilisa 500 grammes de feuilles de saule pour n'obtenir que 30 grammes de SALICINE. la substance se révéla active.

Pour augmenter l'efficacité du produit, d'autres expériences furent réalisées: ainsi, en 1837, un autre pharmacien nomme Piria fit fondre de la potasse caustique dans une bassine, y ajouta de la SALICINE et y fit passer un flux de gaz carbonique ; quand la masse fut refroidie, il ajouta de l'eau et de l'acide chlorhydrique, il se forma un précipité blanc qu'on appela ACIDE SALICYLIQUE. (1)

A remarquer que ce produit fabriqué chimiquement se trouvait aussi à l'état naturel dans la nature

Il va de soi que la reconnaissance de ces substances ne pouvait s'effectuer par une analyse chimique, la chimie organique ne sera véritablement connue que dans la deuxième moitié du 19ème siècle, il fallait se contenter de méthodes empiriques, aspect du précipité, odeur, réaction à divers produits...

Les cristaux ainsi obtenus étaient beaucoup plus efficaces que la SALICINE pour faire baisser la fièvre et calmer les douleurs rhumatismales mais ils étaient si agressifs pour l'estomac qu'ils occasionnaient des maux particulièrement difficiles à supporter.

LA PHASE DE SYNTHÈSE
À partir de 1850-60, les connaissances en chimie organique se développent et elles permirent de pallier à un autre problème, celui de la matière première : la quantité d' écorce de saule mise à disposition des pharmaciens était limitée et donc entravait la production de l'acide salicylique.

Le chimiste allemand Hermann Kolbe réussit en 1860 à créer de l'acide salicylique en faisant passer du gaz carbonique dans du goudron de houille (actuel phénol) et de la soude, il obtint de l'acide salicylique ; ce procédé peu coûteux permit de passer des préparations effectuées dans les pharmacies à une production industrielle en usine dans la deuxième moitié du 19ème siècle. En conséquence, l'usage d'écorce de saule fut abandonnée au profit de la réaction chimique au phénol.

Il restait une dernière action à accomplir, celle de la limitation des effets secondaires au niveau de l'estomac, c'est un chimiste allemand Félix Hoffmann qui travaillait pour la firme Bayer qui, en 1887, modifia la molécule d'acide salicylique au moyen "d'anhydride éthanoique" en créant une substance appelée ACIDE ACETYSALICYLIQUE qui fut commercialisée sous le nom d'ASPIRINE. (2)

Ainsi apparaît un premier type de mise en oeuvre de principe actif : 
   . À partir du constat que tel produit naturel peut soigner les malades, on recherche le principe actif contenu dans ce produit. 
   . On cherche à créer synthétiquement ce principe actif en combinant des composés chimiques qui permettent de se passer du produit naturel


(2) L'acide acétylsalicylique fut en réalité découvert par un chimiste strasbourgeois Gerhardt mais sans qu'il l'utilise à titre médicamenteux

ANNEXE
La structure des molécules de l'acide salicylique et de l'acide acétylsalicylique-aspirine ainsi que la réaction chimique des procédés de Kolbe et de Hoffmann