REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

vendredi 3 octobre 2014

IMPRESSIONS DE CURE THERMALE (9)

LES BIENFAITS CONCERNANT LES CURES THERMALES

À partir du moment où les substances contenues dans l'eau thermale rejoignent la circulation sanguine, il devient difficile, sinon impossible dans l'état actuel des connaissances,  de mesurer postérieurement leur action, cela est vrai pour l'eau thermale mais aussi pour tous les médicaments et autres méthodes de soin.

On ne peut donc aller plus loin dans la description de l'impact des cures thermales sur le corps humain. Néanmoins, à partir de la connaissance de l'eau thermale et de ses voies d' utilisation, il est possible d'effectuer des comparaisons avec les autres méthodes de soin.

En préalable à ces comparaisons, il convient d'abord de rappeler qu'on ne sait pas actuellement soigner l'arthrose,  on peut simplement soulager la douleur en permettant aux malades d'améliorer leurs conditions quotidienne et de tenter de mener une vie normale.

En premier lieu, il convient de tenter de placer les cures thermales dans les deux types de pratiques médicales existantes :
   . L'homéopathie et l'acupuncture qui procèdent des mêmes méthodes de soin : on sollicite le corps pour qu'il trouve en lui-même la réaction qui diminue la douleur :
         - l'homéopathie en créant des symptômes semblables à ceux de la maladie sans que l'on soit effectivement malade.
         - l'acupuncture en suscitant la réaction du corps au moyen d'aiguilles piquées dans les zones douloureuses. (1)
   . Les médicaments chimiques, à l'inverse, ne font pas appel aux réactions au corps lui-même. Le but du médicament est que son principe actif arrive à son lieu d'intervention et agisse directement sur les cellules. (2)

Où se placent les cures thermales ? L'eau conduit-elle le corps à réagir positivement face à la douleur comme le fait l'homéopathie ou agit-elle comme les médicaments ? En ce qui me concerne, au vu de mon expérience, je serais tenté de classer les cures thermales dans la première catégorie.

Cure thermale ou médicament chimique : entre les deux voies d'action, comment choisir ? L'alternative est de la libre appréciation de chacun (où plutôt de l'avis du médecin traitant qui prodigue ses conseils à-priori selon ses convictions plus subjectives que réelles). Selon moi, ce choix peut être guidé par plusieurs types de considérations :

   - d'abord, les eaux thermales ne comportent que des substances existant naturellement dans le corps et pour lesquelles il peut se produire des carences qui pourraient expliquer certaines pathologies ; il n'y a aucun risque d'effets secondaires à l'exception des fatigues passagères déjà signalées et de possibilités de surdosage au niveau de l'ingestion de l'eau.
   - à l'inverse, les médicaments "chimiques" conduisent à des effets secondaires qui peuvent être particulièrement dangereux : c'est le cas en particulier des médicaments utilisant la molecule de diclofenac comme principe actif qui induisent généralement des maux d'estomac pour lesquels il est nécessaire de prendre des médicaments de complément, (3)
   - une autre considération est aussi à noter : alors que la cure thermale prend en compte les deux volets d'action, la rééducation par l'eau des articulations et le passage dans le corps de substances naturelles destinées à atténuer la douleur, le médicament n'agit que pour atténuer la douleur en la rendant supportable, c'est ensuite à chacun de se prendre en charge pour marcher et se mouvoir !
   - enfin, selon mon expérience, les bienfaits de la cure thermale durent longtemps, d'une année sur l'autre en ce qui me concerne et sans médicaments : par contre, un médicament nécessite des prises régulières.

Cette efficacité,  je peux aussi la prouver au moyen de mon expérience personnelle : jusqu'à l'âge de 7 ans, je subissais sans cesse des bronchites à répétition, ainsi que des rhumes et des angines. Aucun médicament me faisant de l'effet, le médecin de famille m'envoya en cure à La Bourboule pendant trois ans consécutifs. Je fus placé dans une de ces maisons qui accueillaient les enfants car mes parents n'avaient pas les moyens de rester à La Bourboule pendant les trois semaines que duraient ma cure. Mon père venait me conduire et ma mère me rechercher ou vice-versa. Je faisais partie de ces enfants qui marchaient en rang dans les rues de la ville, la tête emmitouflée dans des serviettes blanches. J'eus droit à toute sorte de soins, des bains qui duraient si longtemps que je croyais que l'on m'avait oublié, des inhalations... Apres ces trois cures à La Bourboule, je fus totalement guéri, je n'ai plus jamais eu une bronchite, ni même un rhume, ni une angine, bien entendu, je ne pris plus de médicaments. Cette guérison, je la dois à cette cure thermale.

Ces considérations positives sur les cures thermales doivent être cependant nuancées : je faillirais à mon souhait d'objectivité si je n'indiquais pas les nombreuses réserves que l'on trouve d'ailleurs citées un peu partout.

1- l'acupuncture à un rôle encore mal défini et diverses versions de ses modes opératoires existent chez les spécialistes qui tentent d'expliquer son effet bénéfique par la voie de la biochimie : l'application d'aiguilles stimulerait les terminaisons nerveuses dans les tissus, les informations induites par ces stimulations seraient transmises au niveau de la moelle épinière à des neurones spécifiques qui libèrent des endorphines, (sorte de morphine endogène suscitées par le corps) qui bloquent les messages de douleur des tissus enflammés ou blessés,

2- supprimer la sensation de douleur revient, pour les médicaments anti-douleur, à annihiler la production de prostaglandines qui agissent sur le cerveau pour signaler un dysfonctionnement. Le blocage de la douleur s'effectue non par des voies naturelles mais par l'action du principe actif du médicamant

3-en outre, le 22 août 2013, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) contre-indique le diclofénac « chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque avérée, de cardiopathie ischémique, d’artériopathie périphérique et/ou de maladie vasculaire cérébrale » et recommande que le traitement ne soit instauré qu'« après une évaluation du rapport bénéfice/risque chez les patients présentant des facteurs de risque cardiovasculaires (hypertension artérielle, hyperlipidémie, diabète sucré et tabagisme) » 

jeudi 2 octobre 2014

IMPRESSIONS DE CURE THERMALE (8)

LES SOINS : L'EXEMPLE DE L'ARTHROSE
Je prendrai ici l'exemple des soins apportées dans le cadre de l'orientation RH (1) :

Ceux-ci se répartissent en trois catégories :
   . Les soins au moyen de l'eau seule :
       . Exercices en piscine de type kinésithérapie,
       . Bains bouillonnants,
       . Douches au jet,
       . Douches sous immersion,
    . Les soins associant l'eau à d'autres produits :
       . Illustration avec mélange de boue et d'eau thermale,
       . Douches térébenthinées,
   . Les massages sous l'eau par un kinésithérapeute.

Entre ces différents soins, c'est le médecin thermal qui choisit les trois soins journaliers en fonction des pathologies constatées.

Comment, à partir de ces soins essentiellement externes, peut-on obtenir un soulagement de la douleur occasionnée par l'arthrose ? Selon ce que j'ai pu lire et entendre, il existe deux actions possibles de l'eau thermale :
   . Un effet mécanique,
   . Un effet chimique.

En ce qui concerne l'action mécanique, elle parait évidente : on peut la montrer à partir de deux exemples :

Lors des soins de kinésithérapie en piscine thermale, il apparaît un phénomène de portance de l'eau qui, selon les études que j'ai pu lire, supprime 80% du poids réel. Or l'arthrose consiste en une dégénérescence du cartilage enrobant l'extrémité des os et sa destruction avec, parallèlement, prolifération osseuse sous le cartilage. Il en résulte des douleurs lors du mouvement puisque les os frottent l'un contre l'autre. Cette douleur est augmentée si l'articulation supporte le poids du corps comme c'est le cas pour le genou surtout en cas d'obésité de la personne. Plutôt que de souffrir, beaucoup limitent leurs mouvements à l'indispensable. Dans l'eau, la portance de l'eau diminuant le poids sur l'articulation, ce qui n'était plus possible à l'air libre le redevient dans l'eau. Lors de la kinésithérapie dans l'eau, les malades réussissent à refaire des mouvements oubliés et qu'ils croyaient impossibles à réaliser : ils retrouvent un peu la mobilité de leurs articulations ankylosées. Ainsi les exercices dans l'eau thermale s'apparentent à une rééducation.

Le deuxième exemple est celui des bains bouillonnants : ils s'effectuent dans une piscine d'eau thermale portée à 36°, des jets dits " toniques"  sont projetés dans l'eau aux endroits où se développe l'arthrose, passant  successivement sur les chevilles, puis sur les genoux, les hanches, le dos, les épaules et les cervicales. Ces jets effectuent un massage complet des articulations.

Ainsi se définit clairement les effets mécaniques de la cure : il s'agit de tenter d'assouplir les articulations pour leur permettre de fonctionner à nouveau. Il se pose alors une question : celle de savoir si de tels effets nécessitent de l'eau thermale ? Ne pourrait-on pas obtenir le même résultat chez soi ou dans une piscine avec de l'eau du robinet ?

D'après ce que l'on m'a dit, si on effectue un soin avec de l'eau normale, l'effet mécanique sera le même qu'avec de l'eau thermale ; par contre l'effet chimique se se produira pas, ce qui ôtera à la cure la moitié de son efficacité.

Je me suis permis de demander à la responsable des cures de Vittel si les effets chimiques de l'eau thermale avaient été déjà étudiés, elle m'a répondu par l'affirmative au moyen de deux arguments :
   . Des comparaisons de soins ont été effectués avec de l'eau normale et de l'eau thermale : une amélioration significative n'a été constatée que pour les personnes ayant été soignées avec de l'eau thermale.
   . Lors des cures, beaucoup de gens se plaignent que, pendant la deuxième semaine, ils subissent une grande fatigue et sentent que leur douleur ne se calment pas et même s'accroissent : selon la responsable des cures, c'est normal car il faut que l'organisme s'adapte aux effets chimiques de la cure ; ensuite, pendant la troisième semaine, ces douleurs disparaissent.

Voici ce qu'elle m'a ensuite expliqué : l'eau thermale est portée à 36° ; cette chaleur permet de surchauffer la zone à traiter de telle sorte que les substances actives contenues dans la boue ou dans l'eau traversent la barrière cutanée dilatée par la chaleur. Il va se produire alors un échange avec pénétration dans le corps des ions du calcium et du sulfate et évacuation des déchets métaboliques. La chaleur de l'eau permet d'augmenter le mécanisme d'échange de 1 à 10. Passés les vaisseaux périphériques, les ions de l'eau thermale accèdent à la circulation sanguine.

À cette double action mécanique et chimique de l'eau thermale dispensée lors des soins s'ajoute le fait que les curistes sont amenés à boire de l'eau minérale distribuée au moyen de griffons dans tout l'établissement. Cette ingestion complète l'effet de l'eau thermale qui pénètre alors dans la circulation sanguine via l'estomac.

Ainsi apparaît trois effets de l'eau thermale :
   . Un effet mécanique qui permet d'assouplir les articulations ankylosées par l'arthrose.
   . Un effet chimique résultant de deux types de pénétration des ions de l'eau thermale dans le corps :
           . Par ingestion d'eau,
           . Par les vaisseaux sanguins de la peau.

(1) En France, 12 orientations thérapeutiques ont été définies par la sécurité sociale pour les cures thermales :
          . RH : Rhumatologie et séquelles de traumatismes ostéo-articulaires
          . VR : Maladies des voies respiratoires
          . MCA : Maladies cardio-vasculaires
          . AU : Maladies de l'appareil urinaire et maladies métaboliques
          . AD : Maladies de l'appareil digestif et maladies métaboliques
          . PHL : Phlébologie
          . GYN : Gynécologie
          . DER : Dermatologie
          . AMB : Affections des muqueuses bucco-linguales
          . NEU : Neurologie
          . PSY : Thérapeutique des affections psycho-somatiques
          . TDE : Troubles du développement chez l'enfant

mercredi 1 octobre 2014

IMPRESSIONS DE CURE THERMALE (7)

SUITE DE L'ARTICLE PRÉCÉDENT

LES CARACTÉRISTIQUES DES EAUX SELON LEUR COMPOSITION
Les eaux minérales et thermales proviennent de strates aquifères différentes; c'est pourquoi elles n'ont pas la même composition : le tableau ci-dessous montre les caractéristiques de trois sources minérales mises en bouteilles (Hepar et Grande Source pour Vittel, Contrexeville) et de l'eau thermale de la source Félicie utilisée pour les soins aux thermes de Vittel.

Au niveau du tableau, sont mentionnés les anions (-) et les cations (+) qui sont des ions séparés naturellement dans l'eau .

Cette différenciation entre les eaux thermales a conduit à établir une classification de leurs caractéristiques :

les eaux sont d'abord classées selon la quantité de sels minéraux qu'elles contiennent et réparties selon les anions prédominants :
               - bicarbonatées sodiques. (HCO3- et CO3--) ou calciques.
               - sulfurées calciques (S--  et SH-) ou sodiques.
               - sulfatées calciques (SO4--) ou sodique.
               - chlorurées sodiques (Cl-)

À ces catégories s'ajoutent les eaux à minéralisation spéciale comportant arsenic, cuivre, ou fer.

D'autres différenciations particulières apparaissent par ailleurs :
  . Selon la température à laquelle sourdent les sources, chaudes ou froides,
  . Selon ou non que les sources sont accompagnées de gaz, qui peuvent être aussi utilisés dans le cadre des soins,
  . Selon la minéralisation mesurée après évaporation de l'eau pour l'étude du résidu à sec.
          - les eaux faiblement minéralisées : moins de 500 mg de minéraux par litre.
          - les eaux moyennement minéralisées : entre 500 et 1500 mg/l que l'on peut aussi consommer fréquemment, comme par exemple Vittel.
          - les eaux fortement minéralisées : plus de 1500 mg/litre de minéraux. Elles ne sont pas à consommer quotidiennement mais lors d'un déficit de minéraux dans l'organisme. Parmi celles-ci, Hépar, Contrex.

Chaque eau possède donc sa spécificité même si elle est produite dans la même zone géographique.

L'UTILISATION DE L'EAU THERMALE POUR LES SOINS À VITTEL
pour les soins dans les thermes de Vittel est utilisée l'eau de la source Félicie: elle possède, comme il est mentionné dans le tableau trois caractéristiques principales :
    - elle est à la limite de la forte minéralisation,
    - de par sa composition. Elle est de type mixte : sulfatée calcique et chlorurée sodique,
    - c'est une eau froide mais elle sera chauffée à 36° pour les soins.

Il reste maintenant à connaître comment les éléments contenus dans l'eau utilisée aux thermes peuvent agir sur l'organisme.

À SUIVRE. 

mardi 30 septembre 2014

IMPRESSIONS DE CURE THERMALE (6)

SUITE DE L'ARTICLE PRÉCÉDENT
LES EAUX THERMALES

Le premier schéma montre la manière dont se constitue l'eau thermalo-minérale.

Pour que l'on obtienne une eau thermale, il faut d'abord qu'existe un ensemble géologique composé :
   -  d'une strate aquifère (roche poreuse ou fissurée capable de contenir une nappe d'eau) comportant un pendage assez important,
  - de deux couches imperméables qui la cernent de part et d'autre : celle du dessus est appelée le toit (couverture), celle du dessous,  le mur.

1- strate aquifère,
la strate aquifère se charge au moyen de l'eau de pluie (3 à 10%) et par les infiltrations des lits des rivières. Ensuite, l'eau circule lentement dans la couche aquifère et se charge en sels minéraux émanant de la roche. Cette eau est à une pression supérieure à la pression atmosphérique, ce qui explique qu'elle ait tendance à remonter vers le sol.
2- roche imperméable dit "du toit".
3- roche imperméable dit "du mur".
4- niveau piézométrique, défini comme le niveau le plus haut atteint naturellement par l'eau si on effectue un forage jusqu'à la nappe aquifère : ce niveau s'établit selon la méthode des vases communicants.
5- nappe dite captive : l'eau accède au niveau piézométrique mais il faut une pompe pour qu'elle arrive au sol.
6- nappe captive débouchant à un niveau du sol inférieur au niveau piézométrique : elle prend la forme d'un puits artésien

Il n'est pas toujours besoin de forages pour que cette eau arrive à l'air libre naturellement : elle peut remonter par capillarité jusqu'au sol en profitant des fissures et failles de la roche du toit et forme alors de petites mares, c'est comme cela que de nombreuses sources thermales furent découvertes.

Tout cela paraît très simple, pourtant la situation est souvent beaucoup plus complexe que ce qui précède. Pour le montrer, je vais reprendre l'exemple des eaux de Vittel.

Sur la coupe géologique simplifiée de direction NO-SE de Vittel, sont représentées :
    . Les couches géologiques surmontant le socle de granite vosgien, elles sont toutes de l'époque du Trias (première époque de l'ère mésozoïque ou ère secondaire), les couleurs employées permettent de différencier les strates aquifères et les strates imperméables,
   . La faille de Vittel et les failles adjacentes,
   . Les gîtes des eaux thermales :
           - gîte A dans les dolomies du Muschelkalk supérieur,
           - gîte B dans les calcaires à entroques et les dolomies des Muschelkalk supérieur et moyen,
           - gîte C dans les grès.
   . La localisation des sources mises en bouteilles (traits verticaux bleus). Elles résultent toutes de forages à l'exception d'une des sources du Gîte A qui s'écoulait naturellement sur le sol en petites mares ; c'est d'ailleurs une de ces mares qui fut à l'origine de la station de Vittel quand Jean Bouloumié, venu à Contrexéville pour se soigner de coliques néphrétiques, la découvrit, en étudia l'action et se soigna. Au vu de l'amélioration de son état, il fit l'acquisition du terrain pour y fonder une station thermale.

De cette structure géologique découle la nature des eaux thermales (utilisées dans les thermes pour les soins) et minérales (consommées en boisson)

À SUIVRE.

lundi 29 septembre 2014

IMPRESSIONS DE CURE THERMALE (5)

SUITE DE L'ARTICLE PRÉCÉDENT

La deuxième allégation que l'on entend souvent concernant les cures thermales est qu'elles ne servent à rien, qu'elles ne sont aptes ni à guérir ni même à soulager les maux.

Cette allégation soulève une question très complexe à plusieurs points de vue :

   . D'abord, pour s'informer convenablement, il faudrait trouver une documentation objective ; cela est très difficile tant les positions des tenants des cures et de leurs adversaires sont éloignées et que chacun est convaincu d'avoir raison.

   . Ensuite, parce que les mécanismes d'action des eaux thermales et des médicaments dans le corps et dans la circulation sanguine sont à peine connus : on peut suivre à peu près correctement  la manière dont le médicament ou l'eau thermale passent dans la circulation sanguine ; par contre, après, on se trouve en terre quasiment inconnue.

   . En conséquence, le niveau d'efficacité tant des médicaments que des eaux thermales ne peut être mesuré que par des contrôles à-posteriori :
           - pour les médicaments, la méthode est bien connue : essais sur des personnes volontaires  qui acceptent de tester de nouveaux "principes actifs"  puis comparaison statistique des résultats obtenus avec ceux des molécules déjà mises sur le marché afin de déterminer si la nouvelle molécule est plus efficace que les anciennes et si elle a moins d'effets secondaires nocifs.
          - pour les cures thermales, le niveau d'efficacité est beaucoup plus difficile à mesurer : on ne peut le faire que par des études statistiques effectuées auprès de personnes ayant suivi une cure thermale ou auprès des médecins qui les soignent  sur l'évolution survenue de leur état de santé. Bien évidemment, il y a de gros risques de subjectivité dans les réponses données qui peuvent largement obérer le sérieux de ces analyses.

Avant de se résoudre à utiliser ces ressources statistiques, il convient  pour mieux les comprendre, de définir ce qu'est une eau thermale et de déterminer de la manière dont cette eau peut soigner. Pour cela, il faut faire appel à des notions de géologie, d'hydrologie et de chimie...

À SUIVRE.

dimanche 28 septembre 2014

IMPRESSIONS DE CURE THERMALE (4)

SUITE DE L'ARTICLE PRÉCÉDENT

Pour se rendre compte de ce dualisme entre soins et loisirs, il suffit d'entrer dans un établissement de thermes et en particulier à Vittel, établissement que je connais bien.

Passé le grand hall d'accueil, on va d'abord chercher son peignoir afin de se mettre en tenue de curiste. Ensuite un fléchage conduit soit aux soins, là où se déroulent les cures médicalisées, soit aux zones de détente et de loisirs qualifiés ici de "Thermal Spa". Le sigle affiché par le Thermal Spa est tout un programme : " forme et beauté"

Ce secteur du Spa est essentiellement fréquenté par des gens venus de l'extérieur et ayant pris un forfait de quelques jours ou d'un week-end. Dans cet endroit, l'eau thermale n'a qu'une très faible part dans les activités proposées, on ne la trouve que dans la piscine pourvue de jets et dans les jacuzzi ; toutes les autres activités n'ont rien à voir avec les pratiques thermales : outre les habituels sauna et Hammam, on trouve diverses formes de douches relaxantes et parfumées ainsi que de nombreuses cabines de massage qui permettent de se régénérer (1) (ou plutôt, selon moi, de se ravaler). Le prix élevé de ces pseudo-soins détermine la clientèle qui peut y prétendre.

On voit ces curistes arriver le samedi, tous en pleine forme, bronzés, venant passer un moment agréable. Pour eux, ce lien avec l'eau thermale qui servait d'alibi à la bonne société d'antan pour fréquenter les villes thermales,n'existe pas ; on pourrait d'ailleurs installer ce type de Spa n'importe où, sans lien avec de l'eau thermale, on y trouverait les mêmes massages, les mêmes activités et sans doute la même ambiance.

De l'autre côté du Thermal Spa se trouvent les installations de soins, là la clientèle est totalement différente : c'est un patchwork de gens abîmés par la vie ou par les excès commis antérieurement qui essaient de retrouver une meilleure santé : on y côtoie une majorité de personnes âgées, souvent des femmes, en surpoids et même obèses, marchant parfois avec des cannes, qui souffrent d'arthrose, de rhumatismes, et subissent toutes les pathologies liées à l'âge. il y a aussi des gens qui tentent d'atténuer, par la cure, les séquelles d'accidents subis. C'est une humanité souffrante qui peine à marcher, à monter les escaliers... Leurs conversations ne portent que sur leurs maux, chacun raconte ses maladies et tous expriment l'impression que la cure les fatigue mais leur fait du bien et atténue leur douleur.

Cette clientèle n'est pas fortunée, elle ne fréquente pas les grands hôtels ; les gens qui habitent loin trouvent des pensions de famille ou de petits hôtels tout simples pour les héberger pendant leurs trois semaines de cure, d'autres rentrent chez eux les soirs ; certains même s'installent sur les terrains de camping ou à l'hôpital (en cas d'obésité nécessitant un suivi constant avec nécessité de repas diététiques) (2)

Alors que le Thermal Spa est moyennement fréquenté,  cette partie des thermes fonctionne à plein, pratiquement toute la journée ; il y a même des semaines où les thermes affichent complet, c'est dire la confiance que les gens ont dans ces soins spécifiques.

Ainsi les cures thermales ne sont ni fréquentés par des nantis, ni par des gens venus en vacances, elles le sont par des malades qui espèrent, par l'eau, atténuer leurs maux.

À SUIVRE

(1) L'un de ces massages, " le Peel resufaçant, une peau plus nette comme rénovée après un soin seulement", témoigne du genre de clientèle qui fréquente ce Thermal Spa, des gens attirés par la mode de ce stupide sabir mélangeant mot anglais et mot français dénaturés et dont le "snobisme" confine au ridicule ! (J'ai cherché la signification du mot Peel, j'ai trouvé épluchure)

(2) indépendamment de ces remarques concernant les cures, je voudrais ajouter que,dans cette partie des thermes, les employés sont d'une gentillesse surprenante, les malades ne sont jamais traités comme des pions ou des numéros, on les appelle par leur nom et on les respecte. Le personnel est aussi aux petits soins pour eux, toujours de bonne humeur et soucieux de rendre service pour permettre à chacun d'accomplir sa cure dans les meilleures conditions possibles. Il se crée alors entre les malades et les employés une complicité qui donne envie de continuer à lutter contre la maladie. 

samedi 27 septembre 2014

IMPRESSIONS DE CURE THERMALE (3)

suite de l'article précédent

La vie mondaine ayant déserté les villes thermales, les grands hôtels sont soit en ruines, soit ont été démolis, soit ont été reconvertis :
   . à Contrexeville par exemple, beaucoup  ont été transformés en appartements et vendus par lots, un hôtel est devenu un lycée hôtelier, un autre accueille actuellement la mairie...
   . À Vittel, les hôtels les plus prestigieux ont été rachetés par une société privée de loisirs qui offre à ses clients toute une gamme d'activités (golf par exemple) sans aucun rapport avec le thermalisme, un autre hôtel est devenu l'hôpital local, un autre la mairie...

Les ruines du principal hôtel de MARTIGNY LES BAINS dans les Vosges témoignent de cette dégradation. : le grand hôtel de l'établissement a été amputé d'un étage puis abandonné, il n'en subsiste que les murs qui menacent de s'écrouler.

Les casinos existent toujours mais ils accueillent surtout une clientèle venue des villes avoisinantes, par contre, autant que j'ai pu le constater, on n'y voit guère de curistes.

De même beaucoup des villas construites à l'époque de la splendeur des villes d'eaux sont fermées et se dégradent lentement et sûrement.

Sous les pavillons où jaillissent les sources, toute vie conviviale et mondaine a pratiquement disparu, les gens viennent, pour beaucoup, remplir les bouteilles d'eau de leur consommation quotidienne.

Les thermes menacés de fermeture ont du s'adapter pour survivre. Elles le firent au moyen d'une double mutation de leurs clientèle :

      . elles se mirent à soigner les malades en faisant reconnaître la qualité de leurs eaux par les services publics afin de se faire agréer par la sécurité sociale pour traiter certaines pathologies. Cet agrément, est un double sésame :
           - il est communiqué aux médecins qui peuvent prescrite une cure de trois semaines adaptée à chaque malade,
           - il permet aux malades de demander une prise en charge de la cure par la sécurité sociale, ce qui ouvrit la pratique des cures à toutes les couches de la société.

     . À côté de cela fut conservé un secteur destiné à une clientèle riche de gens bien-portants, venus uniquement par souci de remise en forme, de bien être, de loisirs et de paraître. Bien évidemment, ce secteur n'est pas pris en charge ni par la sécurité sociale ni par les mutuelles ; sont-ils les héritiers de la bonne société qui venaient aux eaux au 19ème siècle? Absolument pas, car la notion de soins thermaux n'entre aucunement dans leur motivation.
À SUIVRE

vendredi 26 septembre 2014

IMPRESSIONS DE CURE THERMALE (2)

Je commencerai cette série d'articles par la dernière allégation, celle qui assimile curiste et nantis venus en cure pour passer des vacances. C'est d'ailleurs la plus facile à démolir car elle se réfère à une situation qui a disparu depuis presque cent ans.

L'utilisation de l'eau thermale remonte sans doute à la nuit des temps. Cependant  la mode des cures se développa principalement au 19ème siècle, selon moi, grâce à Napoléon III qui souffrant de ce qu'on appelait alors la maladie de la Pierre, cherchait désespérément une eau thermale qui pourrait l'apaiser. La présence de l'empereur dans les villes thermales suscita la venue de la bonne société qui prit coutume de " venir aux eaux".

Selon Ambroise Bouloumié, fils du fondateur des thermes de Vittel et son continuateur, la journée d'un curiste en 1875 se déroule comme suit : " le buveur se lève entre cinq et sept heures, descend aux sources et boit ses verres d'eau tous les quarts d'heure.. Le dernier verre est pris à 9 heures afin de pouvoir déjeuner à 10 heures. Après déjeuner, chacun dépouille sa correspondance et y répond, on lit les journaux, fait la sieste, va à la salle de jeu...

À trois heures, l'animation dans le parc recommence, le traitement reprend ses droits, il consiste à boire quelques verres d'eau. Après le dîner, une promenade d'une heure environ soit sur la terrasse du parc, soit en ville, précède généralement l'entrée dans les salons pour le théâtre, le bal.  À onze heures au plus tard, toutes les lumières sont éteintes."


Comme on le constate à la lecture de ce texte, les cures consistent essentiellement à boire de l'eau thermale.

Pour accueillir leur riche clientèle, les villes d'eaux s'équipèrent : les petites cabanes qui surmontaient les sources se muèrent en de magnifiques pavillons souvent grandioses. Sous ces pavillons somptueux, les curistes se rassemblaient pour boire l'eau chaque jour mais aussi pour discuter et se retrouver entre gens de la bonne société. Les pavillons de source devinrent le lieu par excellence de la sociabilité des villes d'eau de la "belle époque"

Tout autour des thermes , sont construits de beaux hôtels pour accueillir la riche clientèle qui vient parfois avec ses domestiques. Ce sont des édifices imposants pourvus d'une façade construite sur ossature métallique recouvert d'un parement de pierres ayant des allures néoclassiques ou éclectiques et dont l'architecture est à la mesure des clients qu'ils accueillent. Certains habitués  se firent même construire de belles villas entourées de parcs dont la magnificence tranchait singulièrement avec l'habitat traditionnel des autochtones.

De même, entre les prises d'eau, il fallait permettre aux curistes de mener la vie à laquelle ils étaient habitués, les villes thermales s'équipèrent dans cette perspective : grands parcs généralement à l'anglaise, hippodrome, kiosque à musique où se produisaient les harmonies locales ou les fanfares militaires, galeries servant de promenoir bordées de boutiques de luxe, stand de tir.... et surtout casino où se trouvaient outre des salles de jeux, des salons, des fumoirs, des bars, des salles de bal  et même des théâtres.

Aller actuellement en cure pour retrouver cette vie mondaine est impossible car elle a totalement disparu, au moins dans les stations thermales où je me suis rendu, depuis la première moitié du 20ème siècle.