REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

samedi 31 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (7) l'américanisme dénaturé

Suite de l'article précédent

LA MAJORITÉ DE POPULATION ASSERVIE A L'AMÉRICANISME DENATURE

Il n'est pas question pour moi de critiquer la civilisation américaine qui conserve encore un grand nombre de valeurs morales traditionnelles, applique des règles de vie que nous avons largement oubliées comme la discipline, le respect de la liberté d'autrui, le sens de l'intérêt commun, croit en son avenir. et dispose d'une admirable faculté de renouvellement et de novation.

Ce ne sont pas ces qualités qu'empruntent les français aux Etats-Unis mais beaucoup plus  tous les aspects négatifs qui résultent de ces qualités, la mutation des habitudes alimentaires conduisant, entre autre l'obésité, en est une preuve frappante ; l'envahissement se marque dans tous les domaines de la vie quotidienne et en particulier dans celui de la culture, je voudrais dans ce qui suit le montrer par deux exemples significatifs, celui de l'évolution du langage et celui des pratiques de diffusion des médias. Les deux domaines étant d'ailleurs intimement liés dans cette marche vers l'asservissement des esprits à l'américanisme mal compris que j'ai qualifié d'AMERICANISME DENATURE

L'INVASION LINGUISTIQUE
En ce qui concerne l'invasion des mots et locutions anglo-saxonne dans le domaine du langage, l'évolution est patente ; on a l'impression que la langue française, trop complexe, trop subtile et toute en nuances, ne suffit plus aux gens frustes pour rendre compte de la réalité actuelle.

Il convient néanmoins de nuancer ce qui précède, il est normal que l'on intègre dans la langue française des mots étrangers quand il n'existe pas de mots correspondants en français, la supériorité des Etats-Unis dans les domaines techniques et scientifiques a conduit les américains à inventer les mots nécessaires pour exprimer ces découvertes. Certains de ces mots ont été traduits en français mais la plupart du temps, on se borne à utiliser ces mots tels quels, c'est le cas en particulier dans le domaine informatique et numérique.

Cette utilisation de locutions étrangères est constante car les langues ne sont pas des outils figés de communication, il existe entre elles de nombreuses interconnexions qui les font évoluer sans cesse ; de la même manière que l'anglais emprunta de nombreuses tournures au français après la conquête de l' Angleterre de 1066, le français s'est beaucoup enrichi de mots provenant de divers horizons : grec ancien ( mots en "... logue"), arabe ( divan, alcôve, arsenal, hasard, épinard, abricot....), italien (banque, bambin, opéra, soprano, macaron, incognito...) allemand ( boulevard, calèche, cavalerie, trinquer... ) espagnol...  et, bien entendu anglais (parking...). D'une manière générale, les langues évoluent au rythme des civilisations dominantes ; certes, en ce qui concerne le français, il est apparu au fil des temps des codifications qui fixèrent la langue comme celles de la Renaissance, puis de l'époque des lumières avec l'Encyclopédie et au 19e siècle avec la parution des grands dictionnaires, cependant cette fixation des règles grammaticales et linguistiques n'empêcha par la langue d'évoluer et de s'adapter à son époque.

Dans ces conditions, ce qui me parait un grave péril pour la survie de la langue française est l'utilisation de mots anglais quand il existe un équivalent en français ( DRESS CODE pour code vestimentaire par exemple).

Á suivre...

vendredi 30 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (6) la pseudo élite intellectuelle

Suite de l'article précédent...

Le THÉÂTRE DE L'ABSURDE possède des caractéristiques semblables à celles du nouveau roman, elles sont simplement transposées et adaptées aux contraintes techniques des représentations théâtrales. Les personnages ne possèdent plus aucune individualité particulière ; ils  portent certes un nom et ont même une situation dans la société, mais ils évoluent de manière indépendante les uns des autres, uniquement centrés sur les bouffées de conscience qui les conduit à s'exprimer.

Ce qui est frappant chez eux, c'est la quasi-impossibilité de communiquer avec les autres même sur des conversations de la vie courante, les dialogues se bornent à des répliques souvent sans aucun sens les unes avec les autres qui peuvent se terminer, comme dans la "Cantatrice Chauve", par la succession d'onomatopées ; pour le spectateur, ils ressemblent à ces poupées qu'il suffit de remonter pour les faire prononcer quelques phrases simples .

Les dialogues du théâtre de l'absurde, révélateurs de l'incommunicabilité entre les êtres humains, ôtent toute logique aux propos tenus ; comme dans le nouveau roman, il s'ébauche entre les personnages une conversation décousue  qui est abandonnée dès qu'elle semble se construire . Ils ôtent aussi toute consistance á l'intrigue même si la pièce possède un fil conducteur qui en fait son unité ( dans "Le Roi se Meurt" la marche vers la mort correspond au rétrécissement du royaume) et deviennent burlesques  á force d'être absurdes.

LES CONSEQUENCES
Toutes ces caractéristiques rendent difficilement abordables ces formes nouvelles de littérature hors des cercles où elles se sont élaborées ; le lecteur, comme le spectateur, est déconcerté par l'absence de fil conducteur et d'intrigue, il ne comprend pas où l'auteur veut en venir et même pourquoi ces œuvres ont été écrites. La forme même de ce qui est devenu " aventure de l'écriture" pour M Ricardou se caractérise par un langage souvent limpide derrière lequel se cache la complexité des flux de conscience non clairement exprimés.

Avec le temps, les formes les plus marquantes de cette littérature se sont édulcorées, un certain fil conducteur s'est reconstitué, cependant, les principes élaborés dans la deuxième moitié du 20ème siècle sont encore présents quoique sclérosés. Ainsi, dans la littérature actuelle, on suggère plus qu'on ne construit, on esquisse plus qu'on ne décrit et on reste fidèle à cette conception que j'ai mentionnée des effluves émanant des marges de l'inconscient et submergeant la conscience du réel.

Á cela s'ajoute toujours  un déconcertant hermétisme de langage ainsi qu'une tendance vers l'intellectualisme abstrait qui rebutent toujours autant le lecteur.

Ce renouvellement à peine marqué s'explique par le fait que cette forme de littérature reste l'attribut de ces cercles intellectuels (ou se prétendant tels) qui restent fidèles aux concepts hérités de la deuxième moitié du 20ème siècle. Cette soi-disant élite, convaincue de sa supériorité intellectuelle, s'est enfermée dans un cercle de valeurs et de modes d'expressions qui se sclérosent  en refusant de s'ouvrir aux mutations de notre époque et à  la société réelle.

On peut discerner au moins trois conséquences de cet état de fait :
     . La littérature émanant de ces cercles n'a plus guère d'impact avec la France réelle qui en est réduite à une lecture d'épanchement sentimentaux, de confession des personnalités, de témoignages, de romans policiers ou d'espionnage..
     . Cette littérature trop intellectualiste, trop étrange et trop abstraite est devenue intraduisible dès que l'on dépasse une  traduction littérale pour tenter de rendre compte de la quintessence de l'œuvre.
     . Enfin et surtout, elle a complètement nié l'extraordinaire mutation du numérique émanant des Etats-Unis qui imprègne de plus en plus la vie culturelle en France tant par ses techniques que par le renouveau culturel qu'elle induit.

" Lorsque la concurrence culturelle est trop rude, que l’on se sent inapte à la compétition, grandit la tentation de se réfugier dans l’affirmation d’une différence ombrageuse, d’une supériorité purement spirituelle, d’une profondeur et d’une authenticité imaginaires. Et de tenter d’édifier des barrages, que bien sur, le courant est destiné à emporter : une culture qui tente de protéger son glorieux patrimoine plutôt que de se développer dans l’échange avec les autres, avoue qu’elle est déjà en voie de disparition." ( émission collective de France culture co-animée par Renaud Donnedieu de Vabre, Olivier Poivre d'Arvor, Alain Seban)

PS : ce constat est clairement démontré par le choix que vient d'effectuer l'Académie Française  pour l'attribution de son  grand prix

jeudi 29 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (5) la pseudo élite intellectuelle

Suite de l'article précédent...

Des concepts mentionnés  dans le précédent article à propos du NOUVEAU ROMAN découle une conséquence qui en est la deuxième caractéristique, le refus de la construction d'une intrigue. Dans le nouveau roman, on ne trouve aucun récit narratif, il n'y a ni enchaînement de cause à effet, ni chronologie. Il n'y a pas non plus de sens humaniste, rien n'évoque l'engagement politique ou social, le nouveau roman n'a pas non plus de démarche pédagogique, L'homme lucide et conscient n'est plus au centre du roman.

Avec de telles ambitions, comment peut-on écrire un roman ? Plusieurs méthodes sont employées selon la sensibilité des auteurs : d'une manière générale, l'exploration tourbillonnante de la conscience conduit à une technique d'expression : une succession désordonnée de descriptions ou de situations qui s'enlisent peu à peu vers l'abstraction et qu'on abandonne dès que semble apparaître un récit pouvant prendre une quelconque consistance ou cohérence. Il se produit alors un chevauchement progressif dépourvu de logique qui passe d'une ébauche de récit à une autre et que l'on abandonnera de la même manière. C'est au moyen de ce labyrinthe de successions informelles que l'on peut rendre compte des mouvements désordonnés des flux de consciences.

Autre caractéristique, la notion d'espace-temps est abolie puisqu'il n'existe ni chronologie, ni repères spatio-temporels. On pourrait en guise de métaphore comparer cette succession désordonnée de situations á l'action d'une personne qui découvre une boîte emplie de photos non classées et qui regarde une á une ces photos, chacune réveillant en elle un souvenir, une émotion,  mais aussi un état de conscience. La comparaison n'est cependant qu'approximative puisque la succession désordonnée s'effectue non au vue de photos mais plutôt d'actes ou de situations qui débouchent vite sur une exploration abstraite.

Le roman conserve cependant une certaine unité puisque les états de conscience émergent généralement d'une même source primitive se dispersant vers ces variations qui constituent les différents épisodes du roman.

Á suivre...

mercredi 28 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (4) la pseudo élite intellectuelle

LA PREMIERE CATEGORIE DES FRANCAIS FACE À LA CULTURE, LES CÉNACLES INTELLECTUALISÉS

Selon moi, en littérature, ils émanent en grande partie du milieu du 20ème siècle, date où le nouveau roman et le théâtre de l'absurde se sont imposés chez les intellectuels de l'époque. C'est à partir de ce moment  que s'est produite une évolution de la pensée qui va conduire à la scission entre ces intellectuels et le reste du pays. Jusqu'alors en effet, l'émergence d'un art nouveau se produisait en réaction contre l'art dominant puis devenait un art reconnu de tous : le romantisme avait vu se créer le réalisme, l'académisme avait, par réaction contre lui, conduit à l'impressionnisme, de l'impressionnisme émana le cubisme...

Ce qui différencie les mouvements nés au milieu du 20ème siècle des mouvements littéraires ou artistiques antérieurs, c'est qu'ils ne constituèrent pas un art qui pouvait  conduire à un acquiescement unanime. En conséquence, cet art nouveau trop complexe et trop abstrait resta le domaine de quelques intellectuels qui formèrent un microcosme culturel s'autosatisfaisant de ses créations.

Pour le montrer, je prendrais d'abord l'exemple du "NOUVEAU ROMAN"

Le nouveau roman s'établit en réaction contre le roman réaliste de type balzacien. La contestation porte á la fois sur le " héros"  du roman et sur le déroulement du récit.

Chez Balzac comme chez d'autres auteurs réalistes, les personnages deviennent souvent caricaturaux à force de vouloir en faire des stéréotypes applicables à l'humanité toute entière dans laquelle on peut se reconnaître et à qui on peut s'assimiler ou assimiler les individus de son entourage. Il en résulte selon les théoriciens du nouveau roman, des caricatures qui ne rendent pas compte de la complexité de l'âme humaine. En ce sens, le nouveau roman s'inspire beaucoup du freudisme.

Voici par exemple ce qu'écrit Alain Robbe-Grillet dans " pour un nouveau roman" de 1963 :
"  Nous en a-t-on assez parlé du « personnage » ! Et ça ne semble, hélas, pas près de finir..... C'est même là qu'elle reconnaît le « vrai » romancier : « il crée des personnages »...

 Un personnage doit avoir un nom propre, double si possible : nom de famille et prénom. Il doit avoir des parents, une hérédité. Il doit avoir une profession. S'il a des biens, cela n'en vaudra que mieux. Enfin il doit posséder un « caractère », un visage qui le reflète, un passé qui a modelé celui-ci et celui-là. Son caractère dicte ses actions, le fait réagir de façon déterminée à chaque événement. Son caractère permet au lecteur de le juger, de l'aimer, de le haïr. C'est grâce à ce caractère qu'il léguera un jour son nom à un type humain, qui attendait, dirait-on, la consécration de ce baptême. Car il faut à la fois que le personnage soit unique et qu'il se hausse à la hauteur d'une catégorie... Le roman de personnages appartient.. au passé, il caractérise une époque : celle qui marqua l'apogée de l'individu."

Notre monde, aujourd'hui, est moins sûr de lui-même, plus modeste peut-être puisqu'il a renoncé à la toute-puissance de la personne, mais plus ambitieux aussi puisqu'il regarde au-delà. Le culte exclusif de « l'humain » a fait place à une prise de conscience plus vaste, moins anthropocentriste. Le roman paraît chanceler, ayant perdu son meilleur soutien d'autrefois, le héros." 

Dans cette citation, l'auteur mentionne tout ce qui ne doit plus exister dans le nouveau roman : la vie familiale, la psychologie du caractère, la place des personnages dans la société, le nombrilisme, le règne de l'individualité ; dans le même esprit, Nathalie Sarraute indique que le nouveau roman ne doit comporter " ni caractère des personnages, ni intrigue romanesque à la faveur de laquelle, d'ordinaire, ces caractères se développent, ni sentiments connus et nommés." Il n'y a plus non plus de sens moral, ni de confession intime,

Dans de telles conditions il convient de remplacer le héros ancré  dans la réalité par une évocation des  "mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir. " 

Ce sont ces mouvements qui formeront le sujet du livre et comme ils se développent chez tout le monde, ils peuvent être portés par n'importe qui, ce qui explique que l'on décrira  " des personnages anonymes, à peine visibles, [ qui] devaient servir de simple support. » (Le langage dans l'art du roman, 1970).

Ces conceptions de ce que l'on pourrait appeler l'anti-héros prennent leur source dans les théories freudiennes et l'influence de Marcel Proust ; dans le nouveau roman, on se trouve en effet  aux frontières du conscient et de l'inconscient et ce sont les impressions émanant de cette zone trouble qui vont servir de support au roman.

Nathalie Sarraute le précise encore dans l"ère du soupçon" de 1956 : Le lecteur "a connu Joyce, Proust et Freud; le ruissellement ... du monologue intérieur, le foisonnement infini de la vie psychologique et les vastes régions encore à peine défrichées de l'inconscient. ... II a vu le temps cesser d'être ce courant rapide qui poussait en avant l'intrigue pour devenir une eau dormante au fond de laquelle s'élaborent de lentes et subtiles décompositions; il a vu nos actes perdre leurs mobiles courants et leurs significations admises, des sentiments inconnus apparaître et les mieux connus changer d'aspect et de nom." 

Ainsi, le nouveau roman peut se définir, selon moi,  comme une vision intériorisée émanant d'un quelconque individu sans consistance, presque incorporel et par l'exploration des méandres tourbillonnants  qui se produisent à la limite de la conscience et forment des effluves semblant  jaillir des marges de l'inconscient.

Á suivre...

lundi 26 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (3) l'analyse de M Morisson

Comment vue de France, peut-on interpréter cette analyse  de M Morisson ?  :

Il y a d'abord, selon moi, un argument qui est contestable : celui qui rend l'art dépendant de la société capitaliste : la valeur intrinsèque d'une oeuvre d'art ne se définit pas par les sommes atteintes lors des ventes aux enchères :  la créativité artistique s'est toujours effectuée dans notre pays en réaction contre l'art académique ambiant : au 19ème siècle, alors que Bougereau était un artiste reconnu par tous, naquit le réalisme et l'impressionnisme qui furent tant décriés qu'ils n'avaient alors sur le marché aucune valeur. Il en fut de même pour le cubisme, le nouveau roman, le nouveau théâtre...

Tout aussi contestable est l'affirmation que l'art français est devenu médiocre á force d'être subventionné : en fait obtenir une subvention de l'Etat est sans doute aussi difficile que recevoir la caution des sociétés capitalistes.

Pourtant, Donald Morrison analyse parfaitement la situation de la culture française lorsqu'il dit que son déclin provient des mentalités françaises elles- mêmes :

Autrefois, explique t'il, la renommée de la littérature française tenait au fait que les auteurs développaient des valeurs universalistes qui transcendaient le tempérament français pour modeler l'ensemble de l'humanité á ces valeurs : " Les précédentes générations d'écrivains français - de Molière, Hugo, Balzac et Flaubert à Proust, Sartre, Camus et Malraux – ne manquaient effectivement pas d'une audience internationale." 

Cette assertion est parfaitement justifiée : Harpagon, Argan ou Diafoirus de Molière, constituent des archétypes dans lesquels.tout le monde pouvait se retrouver, il en est de même de personnages comme le père Goriot, Eugènie Grandet de Balzac, et de la société constituée par les Rougon-Macquart de Zola ou de la fresque décrite dans les Misérables de Victor Hugo. En outre, ces archétypes étaient mis en scène de telle manière qu'apparaisse une perspective moralisatrice valable pour tous : " voilà ce qu'il advient quand on est avare ou cacochyme" aurait pu dire Molière.  Dans la même perspective, la théorisation des droits de l'homme par le siècle des lumières fut  universellement reconnue et appliquée en devenant les fondements de notre civilisation actuelle.

Pour M Morrison, cette vision universaliste n'existe plus : il utilise des qualificatifs assez durs pour témoigner de l'évolution survenue : intellectualisme, abstraction, introspection, autofiction, art de la palabre... Ces termes définissent une culture aux antipodes de l'universalisme prôné autrefois  par la culture française il en résulte une culture intellectualisée á l'extrême se caractérisant soit par l'abstraction soit par l'intimisme cérébral et introspectif, on a l'impression que cet art s'enferme dans une spirale qui se coupe de plus en plus du réel. Dans cette perspective, la culture française n'est plus que le fait d'une infime minorité  exprimant ses états d'âme, sombrant dans un verbiage ennuyeux et souvent inaccessible á la traduction, ce que M Morrison appelle le fardeau de la palabre. Selon lui, cette évolution s'est produit en littérature avec, entre autre, l'apparition du nouveau roman.

Une dernière  observation peut être enfin formulée : dans son analyse, M Morrison fournit une vision globale du déclin français, il témoigne de ce qu'observe de l'extérieur un journaliste étranger. En fait, si cette analyse correspond bien dans son ensemble à la réalité française, elle doit être cependant nuancée en particulier si on se place dans une perspective sociologique.

En effet se dégagent trois strates sociales pour lesquelles on peut noter de profondes différences en ce qui concerne leurs perceptions de la culture :
     . Il y a d'abord une étroite coterie de gens cultivés (ou se prétendant tels) qui orientent l'art et la culture vers toujours plus d'abstraction, d'hermétisme et d'ésotérisme et qui, de ce fait, se coupent non seulement des autres français mais aussi du reste du monde, ce sont eux dont parle M Morrison dans son article.
     . De l'autre côté se trouve une majorité de gens qui se détourne de toutes les traditions culturelles françaises pour se complaire dans un américanisme partiel, superficiel et mal compris en n'en percevant que ce qui en est le plus discutable.
     . Entre les deux existe une frange plus ou moins importante de gens qui se passionne pour toutes les formes d'art et de culture, critiquant l'intellectualisme des premiers et la médiocrité des autres.

Ces trois catégories méritent qu'on s'y intéresse afin de mieux mesurer le degré de déclin de la culture française.

dimanche 25 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (2) l'analyse de M Morisson

Quelles sont les explications données par M Morrison á ce déclin de l'influence culturelle française ?

Il cite d'abord le fait que "beaucoup de Français croient que leur pays et sa culture sont sur le déclin.  Les librairies sont remplies de jérémiades telles que « La France qui tombe », « Le grand gaspillage », « La guerre des deux France » ou « Les classes moyennes à la dérive ». Les invités des émissions de débat et les chroniqueurs d'opinion décrient la fortune faiblissante de la France." 

Deuxième cause, le déclin de la pratique de la langue française dans le monde qui, selon cet auteur, n'est plus parlé que par 12% de la population mondiale.

Donald Morrison donne aussi comme autre cause du déclin, l'omniprésence des subventions : " Les producteurs de n'importe quel film non pornographique peuvent obtenir une avance gouvernementale contre les recettes du "box-office" (la majorité des prêts ne sont jamais entièrement remboursés). En fait, les recettes qui proviennent de la taxe de 11% sur les tickets de cinéma sont réinvestis sous forme de subvention. Avec tous ces avantages, pourquoi l'offre culturelle française ne se débrouille-t-elle pas mieux à l'étranger ? ... Avec un marché domestique à l'abri grâce à des quotas et la barrière de la langue, les producteurs français peuvent prospérer sans des ventes à l'étranger. Seulement 1 film français sur 5 est exporté vers les États-Unis, 1 sur 3 en Allemagne" en outre, les subventions  "assureraient la médiocrité"  des films français. Pour preuve de ce qu'il avance, l'auteur indique qu'aux États-Unis, l'art n'est pratiquement pas subventionné, ce qui oblige les artistes á se surpasser pour intéresser les investisseurs privés.

Enfin, Donald Morrison indique comme cause du déclin que "certains aspects du caractère national peut aussi jouer un rôle... Les écrivains Français pensent qu'ils doivent être des intellectuels" ... " L'abstraction et la théorie ont longtemps été prisées dans la vie intellectuelle française et mises en exergue dans les écoles.... part cette tendance est plus apparente que dans la fiction qui souffre encore du mouvement introspectif du nouveau roman.  Beaucoup des romanciers français les plus révérés aujourd'hui par la critique écrivent une fiction avec un style dépouillé et élégant qui voyage mal. D'autres pratiquent ce que les Français appellent l'autofiction - des mémoires à peine voilées qui dissimulent mal qu'elles ont été conçues par une absorption du moi profond" l'article se termine par cette phrase : " pour beaucoup d’étrangers, le fardeau de la palabre persiste" 

Cet article présente l'analyse de la culture française vue des Etats-Unis. L'étude de la culture française vue de l'intérieur du pays corrobore t-elle la thèse de M Morisson ? ... 

Á suivre... 

samedi 24 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (1) l'analyse de M Morisson

L'ARTICLE "THE DEATH OF THE FRENCH CULTURE"

Un des aspects les plus tristes du déclin français que j'ai évoqué dans une précédente série d'articles est celui qui se produit dans les domaines linguistiques et culturels. Elle a été en particulier explicitée dans un article paru en 2007 dans le Times écrit par un journaliste américain, Donald Morrison dont le titre était the "Death of the French Culture" . Cet article suscita évidemment de vigoureuses protestations et fit polémique en France. Pour le comprendre, il convient d'indiquer qu'il s'agit d'une vision non de la culture française en tant que telle mais beaucoup plus du rayonnement de la culture française dans le monde.

Son propos s'articule en deux grandes parties :
     . Le constat de la situation,
     . Une tentative d'explication de celui-ci,

En ce qui concerne le constat, voici quelques extraits de son article :

" Jadis admirée pour l'excellence dominatrice de ses écrivains, artistes et musiciens, la France est à présent une puissance qui dépérit sur le marché culturel mondial. 

Seule une poignée des nouveaux romans de cette saison trouvera un éditeur hors de France. Moins d'une douzaine le sera aux États-Unis dans une année moyenne, alors que dans le même temps, 30 % de toutes les fictions vendues en France sont traduites de l'anglais.... Les précédentes générations d'écrivains français - de Molière, Hugo, Balzac et Flaubert à Proust, Sartre, Camus et Malraux – ne manquaient effectivement pas d'une audience internationale. 

La France pond encore environ 200 films par an, soit plus que tout autre pays en Europe. Mais la plupart des films français sont aimables, sorte de broutilles à petits budgets pour le marché intérieur. Les films américains représentent quant à eux près de la moitié des tickets vendus dans les cinémas français." 

Suit alors une preuve contestable du déclin français au niveau de la peinture, l'auteur indique que dans les " maisons de vente aux enchères" la cote des productions françaises est  très inférieure à celle des œuvres des autres pays , cette idée est contestable car la valeur intrinsèque d'un tableau ne se mesure pas à l'aune de sa valeur commerciale.

" La France a effectivement des compositeurs et des chefs d'orchestre de réputation internationale, mais aucun équivalent à des géants du XXe siècle tels que Debussy, Satie, Ravel et Milhaud. Dans la musique populaire, les chanteurs et chanteuses(f) tels que Charles Trenet, Charles Aznavour et Édith Piaf furent jadis écoutés du monde entier. Aujourd'hui, les Américains et les Britishs dominent la scène pop. 

La France est un pays où promouvoir l’influence culturelle a été la politique nationale durant des siècles, un pays où les philosophes controversés et les nouveaux musées démonstratifs sont des symboles de fierté et de patriotisme. De plus, la France a endossé la responsabilité de promouvoir le concept d’« exception culturelle » qui autorise les gouvernements à empêcher l’entrée des produits de divertissement étrangers tout en subventionnant les leurs. Les dirigeants français, croient qu’un tel protectionnisme est essentiel pour sauver la diversité culturelle. " 

À suivre...

mardi 13 octobre 2015

Impressions sur .. MONTPELLIER (5)

LA CATHÉDRALE

Les églises de Montpellier ne sont pas anciennes car beaucoup d'entre elles ont été détruites par les protestants. la cathédrale conserve néanmoins une partie de sa structure médiévale  .

A l'origine, avait été établi sur ce site un monastère bénédictin qui fut construit à l'époque du pape Urbain V. Il comprenait une église consacrée en 1373 et des bâtiments monastiques.


Quand le siège épiscopal de Maguelone fut transféré à Montpellier, l'évêque fit de l'ancien monastère son palais épiscopal tandis que l'église abbatiale devenait cathédrale.
La façade occidentale serait assez austère si elle n'était pas  précédée d'un porche-baldaquin de style avignonnais,  comportant deux tourelles circulaires,

A l'intérieur, coexistent deux architectures :
     . La nef correspond à l'ancienne église abbatiale, elle est représentative de l'art gothique méridional
     . Par contre, le transept et le chœur actuel datent du XIXème siècle.

La nef ne comporte pas de bas-côtés, ceux-ci sont remplacés par des chapelles latérales limitées par des murs-contreforts internes qui portent la structure. Au dessus se trouve une rangée de fenêtres hautes. La voûte est ogivale avec d'imposants arcs doubleaux.

Ce type de construction avec contreforts intérieurs séparant les chapelles latérales  permet de faire en sorte qu'il n'y ait pas besoin d'arcs-boutants à l'extérieur, comme le montre la photo ci-contre : les contreforts intérieurs sont surélevés au niveau de l'étage des fenêtres hautes et supportent la voûte

L'ancien palais épiscopal est devenu la faculté de médecine.