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mercredi 28 octobre 2015

Le déclin de la culture française ? (4) la pseudo élite intellectuelle

LA PREMIERE CATEGORIE DES FRANCAIS FACE À LA CULTURE, LES CÉNACLES INTELLECTUALISÉS

Selon moi, en littérature, ils émanent en grande partie du milieu du 20ème siècle, date où le nouveau roman et le théâtre de l'absurde se sont imposés chez les intellectuels de l'époque. C'est à partir de ce moment  que s'est produite une évolution de la pensée qui va conduire à la scission entre ces intellectuels et le reste du pays. Jusqu'alors en effet, l'émergence d'un art nouveau se produisait en réaction contre l'art dominant puis devenait un art reconnu de tous : le romantisme avait vu se créer le réalisme, l'académisme avait, par réaction contre lui, conduit à l'impressionnisme, de l'impressionnisme émana le cubisme...

Ce qui différencie les mouvements nés au milieu du 20ème siècle des mouvements littéraires ou artistiques antérieurs, c'est qu'ils ne constituèrent pas un art qui pouvait  conduire à un acquiescement unanime. En conséquence, cet art nouveau trop complexe et trop abstrait resta le domaine de quelques intellectuels qui formèrent un microcosme culturel s'autosatisfaisant de ses créations.

Pour le montrer, je prendrais d'abord l'exemple du "NOUVEAU ROMAN"

Le nouveau roman s'établit en réaction contre le roman réaliste de type balzacien. La contestation porte á la fois sur le " héros"  du roman et sur le déroulement du récit.

Chez Balzac comme chez d'autres auteurs réalistes, les personnages deviennent souvent caricaturaux à force de vouloir en faire des stéréotypes applicables à l'humanité toute entière dans laquelle on peut se reconnaître et à qui on peut s'assimiler ou assimiler les individus de son entourage. Il en résulte selon les théoriciens du nouveau roman, des caricatures qui ne rendent pas compte de la complexité de l'âme humaine. En ce sens, le nouveau roman s'inspire beaucoup du freudisme.

Voici par exemple ce qu'écrit Alain Robbe-Grillet dans " pour un nouveau roman" de 1963 :
"  Nous en a-t-on assez parlé du « personnage » ! Et ça ne semble, hélas, pas près de finir..... C'est même là qu'elle reconnaît le « vrai » romancier : « il crée des personnages »...

 Un personnage doit avoir un nom propre, double si possible : nom de famille et prénom. Il doit avoir des parents, une hérédité. Il doit avoir une profession. S'il a des biens, cela n'en vaudra que mieux. Enfin il doit posséder un « caractère », un visage qui le reflète, un passé qui a modelé celui-ci et celui-là. Son caractère dicte ses actions, le fait réagir de façon déterminée à chaque événement. Son caractère permet au lecteur de le juger, de l'aimer, de le haïr. C'est grâce à ce caractère qu'il léguera un jour son nom à un type humain, qui attendait, dirait-on, la consécration de ce baptême. Car il faut à la fois que le personnage soit unique et qu'il se hausse à la hauteur d'une catégorie... Le roman de personnages appartient.. au passé, il caractérise une époque : celle qui marqua l'apogée de l'individu."

Notre monde, aujourd'hui, est moins sûr de lui-même, plus modeste peut-être puisqu'il a renoncé à la toute-puissance de la personne, mais plus ambitieux aussi puisqu'il regarde au-delà. Le culte exclusif de « l'humain » a fait place à une prise de conscience plus vaste, moins anthropocentriste. Le roman paraît chanceler, ayant perdu son meilleur soutien d'autrefois, le héros." 

Dans cette citation, l'auteur mentionne tout ce qui ne doit plus exister dans le nouveau roman : la vie familiale, la psychologie du caractère, la place des personnages dans la société, le nombrilisme, le règne de l'individualité ; dans le même esprit, Nathalie Sarraute indique que le nouveau roman ne doit comporter " ni caractère des personnages, ni intrigue romanesque à la faveur de laquelle, d'ordinaire, ces caractères se développent, ni sentiments connus et nommés." Il n'y a plus non plus de sens moral, ni de confession intime,

Dans de telles conditions il convient de remplacer le héros ancré  dans la réalité par une évocation des  "mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir. " 

Ce sont ces mouvements qui formeront le sujet du livre et comme ils se développent chez tout le monde, ils peuvent être portés par n'importe qui, ce qui explique que l'on décrira  " des personnages anonymes, à peine visibles, [ qui] devaient servir de simple support. » (Le langage dans l'art du roman, 1970).

Ces conceptions de ce que l'on pourrait appeler l'anti-héros prennent leur source dans les théories freudiennes et l'influence de Marcel Proust ; dans le nouveau roman, on se trouve en effet  aux frontières du conscient et de l'inconscient et ce sont les impressions émanant de cette zone trouble qui vont servir de support au roman.

Nathalie Sarraute le précise encore dans l"ère du soupçon" de 1956 : Le lecteur "a connu Joyce, Proust et Freud; le ruissellement ... du monologue intérieur, le foisonnement infini de la vie psychologique et les vastes régions encore à peine défrichées de l'inconscient. ... II a vu le temps cesser d'être ce courant rapide qui poussait en avant l'intrigue pour devenir une eau dormante au fond de laquelle s'élaborent de lentes et subtiles décompositions; il a vu nos actes perdre leurs mobiles courants et leurs significations admises, des sentiments inconnus apparaître et les mieux connus changer d'aspect et de nom." 

Ainsi, le nouveau roman peut se définir, selon moi,  comme une vision intériorisée émanant d'un quelconque individu sans consistance, presque incorporel et par l'exploration des méandres tourbillonnants  qui se produisent à la limite de la conscience et forment des effluves semblant  jaillir des marges de l'inconscient.

Á suivre...

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