REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

lundi 21 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (12)

LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE.
suite de l'article précédent

Le quatrième exemple est le plus visible dans la société. Aux diverses formes d'esclavage qui émanent de l'individu lui-même, s'ajoutent les multiples sollicitations émanant des "souterrains de la volonté"  au sens Shopenhauerien du terme, elles consistent, selon ce philosophe, à soumettre les êtres humains à une chaine sans fin d'envies, de désirs toujours insatisfaits et à la quête du plaisir pour lui-même. L'homme désire constamment posséder quelque chose, dès qu'il l'obtient, il est satisfait pendant un court instant mais, très vite, une autre envie le prend et le rend malheureux tant qu'il n'a pas assouvi son plaisir. Cette caractéristique peut se résumer en un seul adage  "On n'aime plus ce que l'on possède et on aime ce qu'on ne possède pas encore"  En conséquence, dominé par le "vouloir vivre", l'homme est esclave des « mondes souterrains » qui ne règnent en maître que dans son paraître.

Les exemples abondent et se manifestent dans la plupart des rapports que l'homme peut entretenir avec les autres. Ainsi, lorsqu'un individu acquiert un objet dont il n'a pas un besoin vital, il va se donner des alibis sans se poser la véritable question du pourquoi de cet achat ; lorsqu'un quidam achète une nouvelle voiture en remplacement d'un véhicule ancien encore en fonctionnement, on voit apparaître un florilège d'alibis :
     . J'ai changé de voiture parce que l'ancienne faisait trop de bruit, était trop poussive et trop exiguë. En outre, j'étais mal assis et conduire longtemps ne donnait mal au dos,...
     . Je veux être à la pointe du progrès pour ne pas être dépassé par la technique...
Suit alors l'inévitable péroraison mainte fois entendue : " et vous n'avez-vous pas l'intention de changer de voiture ? Si oui,  je vous conseille d'en acheter une semblable à la mienne ! "

De même, ai-je entendu maintes fois des allégations du type : «  vous avez encore votre ancienne télévision ! Vous n'êtes pas très moderne. Moi, cela fait longtemps que j'ai changé la mienne pour un écran plat, la qualité de l'image est bien meilleure que celle de votre ancienne ruine ! »

Si tous acceptaient de dépasser le stade du paraître, ils ne trouveraient que des constants effrayants :
    . Je suis totalement esclave de mon désir de posséder,
    . N'ayant ni personnalité ni vie intérieure, je n'ai pour me valoriser que ce que j'acquiers avant les autres.


dimanche 20 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (11)


LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE. suite

Le tabagisme est encore plus révélateur que la boulimie de cet esclavage du paraître : quand on demande à un fumeur pourquoi il fume. Il donne en général les mêmes réponses :
     . J'ai commencé à fumer pour faire comme les copain(e)s, pour transgresser un interdit, pour me sentir adulte.
     . Je fume, mais je peux m'arrêter quand je veux...
     . Je connais quelqu'un qui n'avait jamais fumé et qui est mort à 20 ans..
     . Je fume pour me détendre et me sentir bien, cela me permet de me calmer quand je suis énervé,
     . Fumer avec ses amis renforce la convivialité,

De telles allégations sont utilisées pour le tabac mais aussi pour la drogue, l'alcool...  Ce ne sont en réalité que des idées  émergeant du tiroir des faux semblants et des alibis. En fait, si tous ces gens avaient le courage d'aller plus loin dans leur recherche d'eux-mêmes, ils ne trouveraient qu'une chose : l'imprégnation d'une drogue dont ils sont esclaves et dont ils ne peuvent se passer. De la même manière que pour la boulimie, ils ne disposent d'aucune liberté face à ce problème ; leurs vies oscillent entre de brefs moments de plaisir quand ils assouvissent leurs désirs de fumer ou de boire et de longues périodes de souffrances lorsque l’impérieux appel de la drogue devient une idée fixe.

Le troisième exemple est celui des codes vestimentaires : pour moi en effet, un être humain vivant constitue un tout," un roseau qui pense"  dirait Pascal, un corps qui comporte un esprit apte aux raisonnements les plus divers. S'il peut se produire un dualisme du corps et de l'âme après la mort physique, il n'existe pas de différenciation entre les deux pendant la vie Cela amène le corps à se fourvoyer dans les casiers des faux-semblants,

J'ai déjà évoqué une intéressante  allégorie de PRUDENTIA (voir mon article sur le mausolée d'Alexandre VII) qui matérialise le concept de la connaissance de soi par une femme se regardant dans un miroir. Que vont-on dans un miroir : ce qu'on est vraiment, on ressent ses imperfections corporelles et tout ce qui éloigne son corps des canons de l'être humain idéal que l'on voudrait posséder  face à soi-même et face aux autres : on se trouve alors devant un dilemme : s'accepter tel que l'on est ou tenter de masquer la réalité en travestissant son corps ; pour se rendre acceptable aux yeux des autres, on va suivre aveuglément les canons des modes vestimentaires même si ces modes sont inadaptées à son aspect corporel. Le même phénomène s'observe pour les gens qui refusent de se voir vieillir et qui vont masquer leur dégradation physique la travestissant.

On retrouve à nouveau dans cette perspective le tiroir des "faux-semblants", du refus de se connaître soi-même, de l'absence de liberté et surtout de l'esclavage qui en résulte.

A suivre...


samedi 19 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (10)

LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE.

LES VOIES VERS LE TIROIR DU PARAÎTRE

 On pourrait penser que tous les êtres humains réagissent de la même manière et qu'ils appliquent une démarche de raison à leur recherche comportementale. Ce n'est malheureusement pas le cas. En effet, le chemin qui mène à la connaissance de soi est semé d'embûches, ce n'est pas une voie unique qui conduit directement au bon tiroir. Il y a de multiples bifurcations possibles et, souvent, il parait plus simple et plus gratifiant de choisir les voies secondaires qui mènent aux tiroirs des faux-semblants, des fausses raisons, des alibis et, comme le disait fort justement Shopenhauer, du vouloir vivre et de la volonté de désir. . C'est en suivant ces voies que l'on perd sa liberté et que l'on devient sans vouloir le reconnaître esclave de soi-même.

Pour me faire comprendre, je citerai quatre exemples : la boulimie, le tabagisme et les critères vestimentaires qui ressortent de l'individu lui-même et l'escalade des envies qui correspondent plutôt à l'individu dans la société. 

Le premier exemple est celui d'une personne qui est obèse et souffre, de ce fait, de nombreuses pathologies handicapantes. Cette obésité est due uniquement à l'excès de nourriture et en particulier de viande. Quand on lui demande pourquoi elle mange tant, elle donne diverses explications du type : " mon mari m'aime comme je suis", "quand étais enfant, j'étais souvent malade et ma mère me laissait manger tout ce que je voulais, sans entraves et à toute heure", " je suis bien comme je suis, d'ailleurs je ne me regarde jamais dans une glace" : tous ces arguments proviennent du tiroir des faux-semblants.

Si cette personne avait dépassé ces fausses raisons qui ne sont que des alibis et si elle avait été plus loin dans sa quête vers la connaissance de soi, elle aurait constaté que son envie de manger était devenu un esclavage et qu'à l'égard de ce problème, elle avait perdu toute sa liberté. Elle aurait aussi constaté que sa vie oscillait entre de brefs moments de plaisir lorsqu’elle se gavait et de longues périodes de souffrances lorsqu’elle ne pouvait manger. Rien n'est plus terrible d'être ainsi esclave de ses envies et de ses désirs et de sembler s'y complaire pour ne pas perdre la face vis-à-vis des autres.

A suivre...

vendredi 18 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (9)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

SYNTHÈSE SUR LES APPORTS PHILOSOPHIQUES

En dépit de leurs profondes différences, les systèmes philosophiques dont j'ai exposé les thèses à propos de la connaissance de soi, ont néanmoins deux caractéristiques communes :

     - d'abord, l'idée que derrière le monde des apparences, il existe une réalité plus profonde et plus vraie : l'âme en tant qu'idée pure non abâtardie chez Platon, le monde des idées claires et distinctes selon Descartes, l'univers de la connaissance par la raison chez Kant, les souterrains du vouloir-vivre chez Shopenhauer, le ÇA chez Freud.

     - ensuite, même chez les philosophes les plus pessimisme, il existe des voies permettant d'accéder à ces mondes : par la maïeutique chez Platon, par le doute pour Descartes, par l'utilisation de l'outil-raison chez Kant, en transcendant la volonté grâce à la sagesse du renoncement de type bouddhiste selon Schopenhauer, par l'analyse psychanalytique chez Freud.

Ces deux caractéristiques corroborent mes choix à priori ;
     - à propos de la possible connaissance de soi, et de la présence d'un écran d'apparences (le paraître) qui peut s'interposer lors du cheminement vers la connaissance de l'"être en soi"
    - sur l'idée que l'être en soi se constitue dans la plus totale liberté et comporte un assemblage de valeurs si diverses qu'elles peuvent créer des anges tout autant que des démons.

Ces perspectives peuvent aussi s'accorder également sans difficulté avec les thèses des philosophes du pessimisme sut la conscience, mais je classerais la plupart de leurs constats dans le monde des apparences et non dans celui de l'être.

Enfin, entre la "marmite bouillonnante" de Freud et la primauté de la raison de Kant, j'ai toujours choisi la seconde alternative.

Ces préalables effectués, je peux maintenant poursuivre mon propos en décrivant les chemins du paraître puis les chemins de l'être.

mercredi 16 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (8)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES,

LES THEORICIENS DE L’OMBRE,

FREUD

Freud qui ne se considère pas comme philosophe mais comme clinicien, se sert des mêmes bases que Shopenhauer avec une séparation entre le monde conscient et l "arrière-monde" de l'inconscient auquel il ajouta un monde intermédiaire, la préconscience. Ce trialisme fut précisé en 1920 par un nouveau système de pensée avec apparition de trois appellations nouvelles : le ÇA, le SUR-MOI et le MOI.

Le ÇA est le réservoir de toutes les pulsions qui nous anime, c'est la partie la plus inconsciente de l'esprit humain, le réceptacle des désirs inavoués et refoulés, le réservoir des instincts, la partie la plus obscure de notre personnalité, c’est " une marmite pleine d'émotions  bouillonnantes" qui vont tenter de passer les barrières pour remonter à la surface. Le ÇA ne possède ni l'organisation ni volonté, il tend uniquement à satisfaire les besoins pulsionnels en se conformant au principe de recherche immédiat du  plaisir. Il est seulement régi par la libido ou par l'agressivité. Le ÇA comporte non seulement les pulsions qui découlent de sa vie personnelle mais aussi toute la mémoire pulsionnelle de l'humanité (meurtre du père primitif, histoire d'Oedipe...).

Le SUR-MOI comporte l'intériorisation de tous les interdits sociaux et parentaux, il est à la limite de la conscience et de l'inconscience et se forme à l'adolescence. Il fonctionne en tant que barrière et de censure aux pulsions émanant du ÇA en les empêchant de remonter jusqu'à la sphère consciente.

Le MOI est la partie de la personnalité qui assure les fonctions conscientes, c'est un esclave qui doit assurer la médiation entre trois maîtres, le ÇA, le SUR-MOI et le monde conscient. Il assure aussi la stabilité du sujet en l'empêchant au quotidien de se libérer de ses pulsions ; néanmoins, il n'arrive pas à tout contrôler car les pulsions peuvent remonter à la surface par le rêve et par les névroses.

Pour Freud comme pour Shopenhauer, la connaissance de "l'être en soi" est impossible : l'homme est esclave de son ÇA, de ses pulsions et de ses instincts. Pourtant, il existe une possibilité d'échapper à ces bouffées pulsionnelles que le MOI ne peut contrôler grâce à la psychanalyse ; celle-ci comporte deux étapes :
     - créer une ambiance propice de calme et d'écoute permettant d'amener à la conscience du sujet ce que le psychisme refoule en lui,
     - libérer en lui les psychoses en les transférant du sujet au psychanalyste.

Ainsi, Freud, tout comme Schopenhauer témoigne d’une vision particulièrement pessimiste de l'être humain : pour lui, il n'y a aucune échappatoire au ÇA, l'homme n'est ni libre ni même responsable des actes qu'il commet au nom des pulsions accédant à la surface. Ces propos doivent cependant nuancés du fait que Freud n'est pas un philosophe mais un clinicien sans cesse en contact avec des névroses ; c'est à partir de leurs exemples qu'il constitue ses théories ; selon moi, elles sont valables pour ces malades mais elles ne s'appliquent pas à l'ensemble des êtres humains. (1)

(1) Les vulgarisations des théories freudiennes,  basées essentiellement sur le concept d'inconscient inhérent à l'homme, expliquent les actes humains par des pulsions incompressibles de cet inconscient auquel on se refuse soi-même l'accès.

Ces théories sont triplement dangereuses du fait qu'elles sont mal comprises :
         - elles cantonnent l'homme aux faux-semblants du paraître et officialise  sa paresse puisque selon ces théories, on  ne peut accéder à son être qui est largement constitutif de l'inconscient,
          - elles rendent impossible toute liberté de l'homme puisqu'elles décrètent que l'homme est incapable d'accéder à cet inconscient par la voie de la raison.
          - elles donnent des explications simplistes (peur de la castration, complexe d'Œdipe.. ) qui n'ont rien à voir avec la majorité des gens.
          - elles excusent tout puisque l'on trouve toujours une justification dans l'inconscient de tout comportement criminel.

 Il suffit par exemple de constater  la manière dont les procédures de justice fonctionnent : la victime est en général laissée de côté et on s'intéresse surtout à la psychologie de l'assassin en tentant de sonder son inconscient pour trouver une explication à ses actes et donc pour lui trouver des circonstances atténuantes. Dans la perspective du "connais-toi toi-même", cette démarche est inutile et dangereuse comme le montrent les récidives de nombreux criminels.

mardi 15 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (7)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES

LES THEORICIENS DE L’OMBRE

SHOPENHAUER

Le titre de l'œuvre majeure de Shopenhauer, "le monde comme volonté et comme représentation" résume en un seul aphorisme la pensée fondamentale de ce philosophe. Le monde est divisé en deux strates, le monde de la représentation et le monde du vouloir et du "vouloir vivre". Le premier est la face émergée de l'iceberg, le second représente sa partie immergée, elle est beaucoup imposante que la première voire même abyssale.

Le monde de la représentation est celui dans lequel nous vivons et où s'exerce notre quotidienneté consciente :
     . Les choses y sont perçues de manière claire et distincte,
     . Tout y est sensé, et orienté vers une signification ultime,
     . Nous vivons comme si notre conscience était animée par la liberté de choix.

Ce monde n'est cependant qu'un écran rassurant et une illusion :

     . Nous ne connaissons notre monde que par les représentations que l'on peut en avoir, on ne peut pas être sûr que les choses existent "en soi" ou si c'est seulement la représentation que nos sens et notre intellect perçoit (idée déjà exprimée par Descartes et Kant)

     . Notre monde paraît sensé mais en réalité, il est basé sur des notions sans fondement : ainsi, le principe de causalité n'est qu'une création humaine puisqu'on ne peut jamais parvenir jusqu'à une cause première ; de même, la chaine des "pourquoi ? " débouche sur un questionnement sans fin du type de l'œuf et la poule qui ne mène à rien

Le monde de la représentation n'est qu'une surface sous laquelle se trouve un autre monde, celui de la volonté du "vouloir vivre".  Le monde des idées claires et distinctes de l'intellect est conditionné par ce qui s'agite dans les souterrains. Cette puissance cachée, insaisissable, domine et submerge la conscience.

Le monde du vouloir, de la volonté, du vouloir vivre est un champ aveugle de forces, de pulsions et d'instincts qui n'a ni objectif, ni origine, il est indépendant du temps, de l'espace, de la raison, de la causalité..., il représente l'élan  vital qui fait pousser les plantes et fait vivre les animaux comme les hommes. C'est un élan universel vers la vie vers lequel se ruent toutes choses et êtres.

Le "vouloir vivre" sous-tend toute l'existence humaine et nous rend esclaves et malheureux :

     . La volonté pousse  les hommes à agir qu'ils aient des motifs rationnels ou non, la liberté humaine n'est qu'illusion, c'est le vouloir qui œuvre à notre insu. Nous ne sommes pas maîtres de notre volonté, c'est elle qui agit en nous.

     . La volonté agit sur les hommes en suscitant et en motivant les désirs et les envies, elle nous entraîne dans une chaine sans fin de désirs, nous n'aimons pas ce que nous avons et nous recherchons tout ce que nous n'avons pas. L'homme court sur un océan de chimères, ce qui fait naitre la frustration et la  souffrance et rend l'être malheureux.  Si on décide de maîtriser ses envies en tentant de se soustraire à la torture incessante de la volonté, nait un autre maux, l'ennui. Souffrance et envie caractérisent l'impact du vouloir-vivre sur l'être humain.

Ce conflit entre l'illusion de la liberté  et la tyrannie de la volonté s'observe essentiellement  chez l'être humain, en effet, les plantes sont dépourvues de conscience, elles sont entièrement dominées par le vouloir-vivre et par l'élan vital, les animaux n'ont qu'une conscience limitée, seuls les hommes ont une conscience assez développée pour que ce conflit apparaisse vraiment.

Cette philosophie est aux antipodes des philosophes précédemment cités et des concepts que j’ai préalablement décrits : pour Shopenhauer, la connaissance de soi est illusoire, le libre choix et la liberté n'existent  pas, il est donc impossible de cheminer vers l'être en soi qui n'est aussi qu'une illusion, dans cette perspective, « le monde du paraître » est le seul qui soit abordable,  

Pourtant Shopenhauer indique qu'il existe une échappatoire possible à cette situation : rendre le vouloir vivre inopérant par l'expression artistique et surtout par une sagesse de détachement du monde du type de celle prônée par le bouddhisme.

A  suivre… prochain article, Les théoriciens de l'ombre : FREUD

lundi 14 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (7)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES Suite de l’article précédent

LES THEORICIENS DE LA LUMIERE

KANT (1)

Philosophe des lumières du 18ème siècle, Kant occupe une place particulière du fait de son interprétation des thèses philosophiques que je viens de décrire chez Platon et Descartes : il a explicité la manière dont s'effectue la quête de la connaissance en tant que telle et déterminé une théorie méthodologique que l'on peut parfaitement adapter à l'objet de ma recherche, la connaissance de soi

Pour cela, Kant va utiliser l'outil par excellence du siècle des lumières, la raison. En ce sens, il convient de rappeler que le cheminement par la voie de la raison est contenu implicitement dans les œuvres de Platon et explicitement dans celles de Descartes ; par contre, cette idée est en totale opposition avec Shopenhauer et Freud qui pensent, comme je le spécifierai ensuite, que la raison n'est qu'une illusion rassurante du monde de la représentation et de la conscience.

Le but de Kant n'est cependant pas de définir la connaissance de soi, elle est beaucoup plus de poser la question de savoir si la métaphysique est ou non une science. C'est dans cette perspective qu'il va établir la manière dont l'être humain accède à la connaissance scientifique et donc quel cheminement il va employer pour affirmer que, par exemple, du fruit qui tombe de l'arbre, on peut en déduire la théorie de la gravité universelle. 

Ce cheminement comporte trois phases :

   1- au départ de la démarche, se trouvent les constats émanant du monde sensible, ils se composent d'une multitude d'informations sans aucune logique, c'est un fouillis que le sujet perçoit par ses sens et ses observations.

   2- l'esprit (l'entendement) va donner à ces informations brutes une première mise en forme grâce à des cadres comme l'espace-temps, la quantité, la qualité... Ces cadres sont appelés par Kant les "intuitions en soi" ; elles ne naissent pas spontanément au contact du monde sensible, elles sont seulement activées par ces contacts ; elles sont donc en nous bien avant toute observation. Comme elles sont universelles à l'espèce humaine, elles ne peuvent provenir de notre propre esprit, elles sont en nous comme en tout être humain et sont qualifiées d'"à-priori". Ainsi, selon Kant, les " intuitions en soi" commencent une première classification des informations du monde sensible.

  3- une fois cette structuration des données brutes établie, l'esprit a recours à d'autres cadres comme la causalité que Kant appelle " concepts en soi" ; à la différence des "intuitions en soi" qui sont en liaison avec le monde sensible, les "concepts en soi" sont essentiellement intellectuels,  ils ne dépendent pas de l'expérience et ne sont que les outils de l'intellect et constituent l'outil raison proprement dit. Comme les "intuitions en soi", ils sont universels et présents en nous antérieurement à toute recherche de connaissance.

  4- une fois la théorie déterminée par l'outil-raison, il faut effectuer diverses expériences afin de la vérifier et d'établir sa véracité.

Ainsi se définit une démarche qui passe des données brutes du monde sensible aux classements effectués par les " intuitions en soi" et les "concepts en soi" de la raison (2)

Il convient cependant de noter que Kant établit deux limites à la connaissance :

     - d'abord, nous ne pouvons constater que ce que nos sens perçoivent, on ne connaît que ce que Kant appelle "phénomène" ; les "choses en soi" nous sont à jamais cachées. Pourtant, même à partir des phénomènes, il est possible d'en avoir une "intuition en soi" universelle grâce aux à-priori qui sont en nous.

   - d'autre part, ces éléments à-priori ne sont pas des outils qui sont toujours à notre disposition, ils sont latents en nous et ne se mettent en œuvre que par les sollicitations de notre esprit. Une expérience sans concepts purs ne mène à rien de même que l'utilisation des concepts purs sans lien avec le monde sensible ne produit que du vide.

Cette méthodologie de la connaissance de soi corrobore parfaitement ma démarche du cheminement par la voie de la raison vers les valeurs de "l'être en soi" prélude à la connaissance de soi,
     . L’expérience de la vie crée en nous des « phénomènes »
     . Ces « phénomènes » sont traités par le double système des « intuitions en soi » puis des « concepts en soi », ce qui suscite  l'émergence puis le tri des valeurs de son être
     . Enfin, ces valeurs doivent  mise en concordance avec soi-même dans la gestion de ses actes quotidiens.  

Il est enfin à remarquer qu'en ce qui concerne le domaine de la connaissance, Kant établit une sorte de synthèse entre les pensées de Platon et de Descartes :
     . Les intuitions et concepts en soi par leur côté à-priori évoquent les idées pures platoniciennes,
     . L'utilisation de la raison pour acquérir toute connaissance est commune aux pensées de Kant, Descartes et Platon.

1- Cf la critique de la raison pure.
2- pour élaborer cette théorie, Kant va appliquer son schéma aux différentes sciences :
     - la logique n'utilise que les "concepts en soi" puisque c'est l'utilisation de la raison sans objet.
     - les mathématiques utilisent les "intuitions en soi" (exemple 2+2=4) pour les théoriser au moyen de la raison
     - la physique nécessité l'utilisation de la démarche complète.

Ces théories établies, Kant se pose la question qui sous-tend son ouvrage, la métaphysique est-elle une science ? Elle ne fonctionne que selon les "concepts purs" de la raison qui va au-delà de toute expérience, la raison s'y applique à elle-même, elle croit avoir affaire à des objets réels, ce qui n'est pas le cas ; en conséquence, il est impossible de résoudre des questions telles que l'existence de Dieu, l'éternité de l'âme...

A  suivre… prochain article, Les théoriciens de l'ombre : SHOPENHAUER

dimanche 13 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (6)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES

LES THEORICIENS DE LA LUMIERE

DESCARTES

La méthode socratique a été également utilisée par Descartes qui ambitionnait de mettre au point une méthode permettant d'entrevoir les vérités absolues inhérentes à l'essence même de l'homme par la méthode du doute.

La démarche de Descartes passe d'abord par le doute de tout ce qui nous entoure, nos sens ne sont pas fiables, ils peuvent nous tromper, de même, toute affirmation est incertaine car elle pourrait être l'émanation d'un " méchant génie".

La méthode employée conduit le philosophe à constater que si on peut douter de tout, il n'existe aucune valeur dont l'existence est indéniable.

 En conséquence,  si rien n'existe avec certitude, Descartes en conclut :
   - soit qu'il pourrait aussi ne pas exister non plus,
   - soit que s'il est apte à douter de tout c'est qu'il existe effectivement : je sais que j'existe du fait même que je doute.   Cette deuxième alternative amène  Descartes à formuler l'idée maîtresse de sa pensée, celle du "cogito"  la conscience du sujet pensant, c'est à partir de ce "cogito" que l'on peut reconstruire un monde de valeurs également indéniables.

La reconstruction se produit en tirant les conséquences de l'existence indéniable du cogito, le sujet qui pense ; en voici quelques concepts concernant la connaissance de soi :
     - Descartes établit d'abord une méthodologie des valeurs indéniables : il ne faut accepter que les idées claires, (immédiatement présentes à l'esprit et se manifestant par une intuition directe) et les idées distinctes (dont le contenu est si clair qu'elles peuvent être indépendantes de toutes les autres).
     - ces intuitions ne peuvent provenir de nous-mêmes car notre entendement limité, elles ne peuvent donc émaner que d'un entendement universel qui ne peut être que celui d'un Dieu transcendant.
     - l'erreur ne provient que de nous-mêmes : nos jugements résultent de l'entendement qui perçoit les idées et de la volonté qui donne et refuse son assentiment. Or, contrairement à l'entendement divin, notre entendement est fini, par contre notre volonté est au contraire infinie parce qu'elle est libre. La volonté peut déclencher le jugement avant même que celui-ci soit parfaitement éclairé ce qui conduit à l'erreur : pour éviter l'erreur, il faut limiter le jugement aux seules idées claires.

Pour moi, la méthode cartésienne est clairement une introspection avec rejet de toutes les fausses valeurs du paraître et recherche systématique des idées claires et distinctes au moyen de deux outils, le doute et la raison.

A suivre,,, les théories de Kant