REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 31 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (18)

LA CONSTITUTION DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI (suite)

RAISON ET LIBERTÉ (suite de l’article précédent)

Cette méthodologie des valeurs classées par l'outil-raison va permettre d'accéder à la liberté ontologique. Pour le montrer, je reprendrai ici mon anecdote du lépreux citée précédemment,  pour lequel ma réaction primaire fut l'horreur quand il me prit par l'épaule avec ses moignons afin de m'apitoyer.

Devant une telle situation, on peut avoir trois types de réactions :
     . Une réaction instinctive qui peut s'assimiler à un réflexe : de la même manière que l'on retire sa main d'un fourneau brûlant, on peut s'écarter du lépreux afin de préserver son corps d'une menace immédiate.
     . Une réaction émanant du  « tiroir du paraître » du type : " il a touché mon habit, il va falloir que je me change"
     . Une réaction émanant du « tiroir de l'être », cette réaction est propre à chaque individu puisqu'elle dépend uniquement du système de valeur qu'il a établi :
            - On peut avoir une réaction de compassion qui conduit à considérer que ces lépreux sont des êtres humains comme les autres  ayant leur dignité, que ce sont des êtres qui souffrent et qu'il faut les respecter en tant que tels en tentant de les aider à survivre par une obole,
            - ce ne fut cependant pas la réaction de tout le monde, d'autres ouvrirent dans leurs « casiers de l'être » un autre dossier, celui de la haine de l'autre, de la détestation de la différence, du mépris de ceux qu'ils considèrent comme des "sous-hommes" et à qui ils dénient une quelconque humanité.

J'ai constaté cette dernière réaction, non vis à vis des lépreux, mais à l'encontre d’enfants mendiants d'un bidonville des Indes : un touriste se débarrassa, en les repoussant avec rudesse,  de petits mendiants qui étaient autour de lui, il remonta dans le bus et, de la fenêtre ouverte, il leur jeta des bonbons ; le fait de voir ses enfants se battre pour ramasser les bonbons dût lui procurer une grande jouissance !

Je fus profondément choqué de cette réaction de l’individu, ce comportement me parut socialement exécrable, pourtant il ne l'était pas au niveau de sa liberté ontologique : au moment de cet acte que je ressentais comme vil,  il était, selon moi, pleinement en accord avec lui-même et avec les valeurs qui constituaient son être, c'est d'ailleurs ce qu'il nous expliqua ensuite. En effet, le tri des valeurs se fait indépendamment de la notion de bien et de mal,

De tout ce qui précède, on peut, selon moi, à nouveau, tirer la conséquence que chaque être humain est unique et possède son propre système de valeurs pour peu toutefois qu'il soit capable de dépasser son paraître pour rechercher ce qui constitue son être.  Chacun peut donc accéder à sa liberté ontologique s'il pousse son introspection au niveau du « tiroir de son être »; cette liberté ontologique lui est propre et correspond au système de valeurs qu'il façonne peu à peu.

Ainsi, l'aphorisme qui crée, selon moi, la liberté : " je fais quelque chose et je sais pourquoi je le fais" peut être complété en y incluant le niveau du système des valeurs : " je sais ce que je fais puisque je me réfère au système des valeurs constitutives de mon être que j'ai moi-même établi en toute liberté à partir des acquis qui sont en moi". C'est par la mise en pratique cet aphorisme que l'on dispose de la liberté absolue et totale.

On pourrait certes me rétorquer que cette liberté n'est pas absolue puisqu'elle est conditionnée par ses acquis : comment peut-on être libre si on reste esclave de ceux-ci et secondairement de ses instincts ?

La réponse à cet argument peut être effectuée par trois idées :
     . D'abord, la liberté ex-nihilo ne peut exister puisque l'inné se limite aux seuls instincts primordiaux ;  l'esprit à la naissance est une terre vierge de toute influence, c'est peu à peu que se constituent les acquis, la liberté ne peut apparaitre que dans le cadre de choix  effectués entre ces acquis.
     . Chaque homme dispose d'une panoplie si large d'acquis qu'il est possible de choisir les uns en les hiérarchisant et de rejeter totalement les autres. Il est aussi possible de reprendre tous ses acquis, de les analyser au moyen de la raison et d'établir son propre système de valeurs philosophiques.
     . Enfin, il est possible à chaque homme de transcender ses instincts pour en devenir le maître à condition toutefois que le minimum vital soit préservé. 

dimanche 27 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (17)

LA CONSTITUTION DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI (suite)

RAISON ET LIBERTÉ

Selon la métaphore du tiroir, l'émergence de l'"outil raison" va permettre à chacun d'élaborer son système de valeurs à partir du moment où  commencent à s'accumuler les dossiers dans le tiroir de l'être.

Pour qui décide d'aller jusque-là dans son introspection, il va ouvrir un casier bien rempli car il s’y trouve un amas de valeurs antinomiques, fruits  d'expériences contradictoires, d'imprégnations diverses et de ressentis effectués dans ses rapports avec les autres, avec la nature, avec son corps, avec ses maladies et avec les divers interdits rencontrés, subis ou acceptés... Tout est mélangé, empilé sans aucun ordre. Ce sont ces dossiers qu'il convient de classer si l'on veut acquérir la connaissance de soi et par la même, la liberté : sans ce tri, on ne peut se connaître soi-même puisque on ne sait pas à quelle valeur on se réfère quand on agit, c'est dans cette pratique du tri que l'on va ressentir sa liberté, le libre choix étant, par définition, l'émanation principale de la liberté. " Je suis libre de moi-même comme de mon univers" pourrait-on dire en paraphrasant Corneille.

 Dans ces dossiers en effet coexistent de multiples valeurs : la compassion mais aussi la haine de l'autre, l'ascétisme jouxte le dossier de la jouissance exacerbée, le détachement des choses matérielles se conjugue avec l'envie forcenée de posséder, à l'instinct bestial correspond dans un autre dossier l'élévation de l'esprit vers les sphères éthérées de l'intellect, la volonté de puissance et l'esprit de sacrifice sont voisins...

Ce tiroir ne comporte pas, selon moi  de hiérarchisation morale. Tant qu'on ne prend pas la peine de trier les critères en tant que moteur d'action, on ne peut que suivre ces critères sans discernement ce qui nous ôté toute liberté. 

Le classement des dossiers-valeurs dans le tiroir de l'être se produit tout au long de la vie, il est étroitement dépendant des événements extérieurs et des enseignements que l'on peut en tirer. Il se peut aussi que l'on retire des dossiers afin de rester en cohérence avec soi-même.  Il paraît, par exemple, évident que les valeurs mises au premier rang par un jeune idéaliste qui croit en son destin sont très différentes que celles d'un vieillard qui souffre et n'attend que la mort.

A suivre …

samedi 26 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (16)

LA CONSTITUTION DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI (suite)

ACQUIS ET EMERGENCE DE LA RAISON

Les acquis de l'enfant, comme je l'ai écrit précédemment se constituent peu à peu et comportent différentes composantes :
     - acquis comportementaux à vocation plutôt sociale (politesse, respect de l'autre...),
     - acquis au niveau des connaissances qui émanent de la découverte progressive du monde environnant,
     - acquis de croyances provenant du cadre culturel dans lequel l'enfant se trouve (éthique, religieuses, républicaines...)
     - acquis méthodologiques qui permettent à l'enfant une première approche des outils de la raison (mathématiques, physique, sciences humaines... )

Tous ces acquis concourent à constituer peu à peu les outils de la raison. Suivant en cela Kant, ils prennent la forme de concepts variés qui, chacun, apportent leur pierre à la constitution de la raison.

Parmi ces concepts, on trouve entre autre :
     . Le phénomène de causalité : l'enfant qui vient de toucher le feu retire sa main à cause de la douleur ; il en tire la conclusion qu'il existe une relation de cause à effet entre la chaleur du feu et la brûlure,
     . La notion de quantité à partir de l'observation du plus ou du moins, du trop ou du trop peu,
     . Le concept d'espace-temps  à partir de la notion de finitude puisque, dans notre monde clos, tout à un début et tout à une fin.
     . L'assimilation intellectuelle des lois mathématiques et scientifique qui peuvent servir à la compréhension de l'univers.

Toutes ces notions qu’Emmanuel Kant qualifie de " concept à priori"  vont peu à peu se synthétiser pour créer "l'outil raison".

Pour moi, ces "concepts à priori" ne sont pas innés, il me semble en effet qu'ils proviennent essentiellement des acquis, je m'en suis souvent rendu compte en voyageant à l'étranger ; ainsi, alors que notre conception du temps est linéaire, celles d'autres civilisations sont cycliques. Selon moi aussi, il n'y a pas de concept universel de raison, même dans le cadre d'une civilisation spécifique, mais beaucoup  plus une juxtaposition de systèmes de raison élaborés selon ses acquis. Chaque individu est capable, en théorie au moins, d'élaborer son "outil raison" individuel. Chacun acquiert un système de valeurs qui est inhérent à sa personne seule et est le fruit de son propre intellect et donc de sa liberté.

vendredi 25 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (15)

LA CONSTITUTION DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI

INNE ET ACQUIS CHEZ L'ÊTRE HUMAIN (suite)

L’affirmation par moi formulée dans le précèdent article est corroborée par une caractéristique anatomique et biologique : à la différence des animaux qui sortent du ventre de leur mère et sont capables de marcher et de téter, l'enfant, au moment de la naissance, n'est qu'un être végétatif, capable seulement de faire savoir quand il a faim, de dormir, de gesticuler et d'éliminer ses déchets. Son développement se poursuit en effet hors du ventre de sa mère en étroite corrélation avec l'augmentation de la taille de son cerveau. En conséquence, c'est dans les premiers mois qu'il va dépasser le comportement instinctif du boire et du dormir et éliminer pour commencer à acquérir les comportements qui feront de lui un être humain à part entière. Dans cette perspective, il est évident qu'au phénomène purement biologique de la croissance va s'ajouter  un ensemble de sensations dépendant totalement de l'environnement affectif et culturel auquel l’enfant est soumis. Cette première forme d'acquis est d'autant plus importante qu'elle pénètre un cerveau sans a-priori et surtout sans capacité d'analyse ; elle l’imprègne, créant des impressions plus que des valeurs. Ce système d'imprégnation durera pendant la prime enfance jusqu'à l'acquisition de l'esprit de raison qui conduira l'enfant ou plutôt l'adolescent à l'élaboration d'un premier système de concepts qui évoluera au fil du temps.

Ainsi, l'enfant, selon moi, passe par trois phases :
     . Une phase purement végétative et instinctive,
     . Une phase d'accumulation d'impressions emmagasinées en vrac,
     . Une phase de mise en ordre de ces impressions qui deviennent à l'adolescence, grâce à l'outil de la raison, les valeurs auxquelles on se réfère.

De ce qui précède, j'en conclus qu'il n'existe pas d'inné sinon au niveau des instincts primaires, se nourrir, dormir, éliminer ses déchets et se reproduire et que tout le reste ne procède de l'acquis.

prochain article : acquis et émergence de la raison

jeudi 24 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (14)

LA METHODE D'ELABORATION  DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI

INNE ET ACQUIS CHEZ L'ÊTRE HUMAIN

La méthode par laquelle l'être humain acquiert la connaissance de soi pose d'abord le problème de ce qu'il est possible de trouver dans le casier de l'être : existe-t-il, lors de la naissance, certaines valeurs comme l'écrit Platon qui pense que l'on peut retrouver en soi l'idée pure de l'âme ou comme Freud qui indique qu'à la naissance, l'homme porte en lui le passé de l'humanité ? Au contraire, l'être à la naissance est-il totalement vierge de toute influence comme le pensent Aristote, saint Thomas d'Aquin ou Nietzsche ?

Cela revient à poser la question de la part d'inné et d'acquis dans l'être humain : S'il n'y a que de l'inné, le problème de la recherche de la liberté ne se pose pas puisque tout est conditionné par les gènes ;  par contre s'il n'y a que de l'acquis, il convient de se poser la question du choix de ses valeurs, ce choix étant, selon moi, le critère fondamental de la liberté.

J'ai déjà évoqué cette question dans plusieurs chapitres précédent de ce blog, à la fois en considérant les écrits philosophiques (Rousseau, Hume, Locke...), et en décrivant les sociétés dites primitives et en particulier celle des aborigènes d'Australie et des Wayanas de Guyane. J'ai montré aussi qu'il existe une multitude de braves gens (cf. mon article LES BRAVES GENS ) mais que les multiples manipulations  de la société capitaliste et individualiste peuvent pervertir à tel point les comportements que toute bonté disparaît en eux. 

J'en avais conclu que l'homme est à la fois capable de compassion, de dépassement de soi au service des autres ou d'une juste cause, de don de soi allant jusqu'au sacrifice de sa propre personne, mais aussi, en même temps, capable d'esprit de vengeance, d'appétit de puissance allant jusqu'à la destruction physique de ceux que l'on considère comme des adversaires ou des concurrents, d'instincts bestiaux, d'esprit de domination, de jouissance sadique à faire souffrir, de réceptivité à la violence.

Ce dualisme de type "Docteur Jeckyl- Mister Hyde" semble inhérent à chaque être humain avec des proportions différentes selon les individus et selon les circonstances. Cela m’empêche de penser que ces comportements sont innés et préexistent dans les gènes, ils ne résultent  que de l'acquis.

A suivre....


mercredi 23 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (13)

COMMENT PEUT-ON SE FOURVOYER DANS LE TIROIR DU PARAÎTRE ?

Pour quelles raisons se produisent les déviations précédemment citées, vers des voies qui ne mènent qu'aux tiroirs des faux-semblants et des alibis ? Plusieurs explications me viennent à l'esprit :

     . En premier lieu se trouve l'incapacité de beaucoup d'individus à se regarder en face, à se voir tels qu'ils sont, ils préfèrent s'imaginer tels qu'ils voudraient paraître et tels qu'ils aimeraient être vus des autres. Ce n'est pas pour rien, comme je l’ai écrit dans l’article précédent, que l'allégorie du "connais-toi toi-même" tient un miroir à la main pour se regarder telle qu'elle est : se voir ainsi est en général insoutenable vues les illusions que l'on porte sur soi ; être face à la réalité, même physique, fait peur et on préfère dissimuler son aspect derrière les illusions de son paraître.

     . Cette dissimulation de son être derrière son paraître devient vite du narcissisme : face à son miroir, on ne voit qu'un portrait déformé de soi où on ne retient que ce qui plaît : dans ce cas. la liberté ne peut exister, on subit le pire des esclavages, celui de soi-même et de sa suffisance.

     . Une autre explication qui est d'ailleurs la conséquence de la précédente est l'égocentrisme qui organise tout en fonction de lui-même, l’egocentrique a toujours raison, refuse d'avoir tort, utilise des raisonnements du type : " ce n'est pas moi, c'est la faute des autres" : ce comportement est plus grave que le précédent car il peut avoir des conséquences dans la vie sociale, il se mue vite en appétit de puissance et de mépris des autres avec, selon moi, une aliénation totale de sa liberté puisqu'il fait ressortir l'esclavage des instincts

     . Il existe aussi  chez certains individus une paresse d'esprit qui consiste à ne pas réfléchir, à ne pas appliquer les mécanismes de la pensée et des raisonnements logiques, soit parce qu'ils sont ontologiquement incapables de le faire, soit parce qu'obnubilés par le paraître des faux semblants, ils ont oublié les méthodes de la réflexion. Ils se ravalent aussi au niveau des comportements instinctifs et sont, par essence même, privés du champ de la liberté.

Pour ceux qui ont la volonté d'analyser leur  paraître, la méthodologie du tiroir  débouche sur une connaissance de soi encore partielle  car comportementale et sociale : elle est néanmoins utile et nécessaire car elle permet d’aller plus loin dans la recherche de soi-même en dépassant le "paraître" pour accéder à l'être.

lundi 21 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (12)

LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE.
suite de l'article précédent

Le quatrième exemple est le plus visible dans la société. Aux diverses formes d'esclavage qui émanent de l'individu lui-même, s'ajoutent les multiples sollicitations émanant des "souterrains de la volonté"  au sens Shopenhauerien du terme, elles consistent, selon ce philosophe, à soumettre les êtres humains à une chaine sans fin d'envies, de désirs toujours insatisfaits et à la quête du plaisir pour lui-même. L'homme désire constamment posséder quelque chose, dès qu'il l'obtient, il est satisfait pendant un court instant mais, très vite, une autre envie le prend et le rend malheureux tant qu'il n'a pas assouvi son plaisir. Cette caractéristique peut se résumer en un seul adage  "On n'aime plus ce que l'on possède et on aime ce qu'on ne possède pas encore"  En conséquence, dominé par le "vouloir vivre", l'homme est esclave des « mondes souterrains » qui ne règnent en maître que dans son paraître.

Les exemples abondent et se manifestent dans la plupart des rapports que l'homme peut entretenir avec les autres. Ainsi, lorsqu'un individu acquiert un objet dont il n'a pas un besoin vital, il va se donner des alibis sans se poser la véritable question du pourquoi de cet achat ; lorsqu'un quidam achète une nouvelle voiture en remplacement d'un véhicule ancien encore en fonctionnement, on voit apparaître un florilège d'alibis :
     . J'ai changé de voiture parce que l'ancienne faisait trop de bruit, était trop poussive et trop exiguë. En outre, j'étais mal assis et conduire longtemps ne donnait mal au dos,...
     . Je veux être à la pointe du progrès pour ne pas être dépassé par la technique...
Suit alors l'inévitable péroraison mainte fois entendue : " et vous n'avez-vous pas l'intention de changer de voiture ? Si oui,  je vous conseille d'en acheter une semblable à la mienne ! "

De même, ai-je entendu maintes fois des allégations du type : «  vous avez encore votre ancienne télévision ! Vous n'êtes pas très moderne. Moi, cela fait longtemps que j'ai changé la mienne pour un écran plat, la qualité de l'image est bien meilleure que celle de votre ancienne ruine ! »

Si tous acceptaient de dépasser le stade du paraître, ils ne trouveraient que des constants effrayants :
    . Je suis totalement esclave de mon désir de posséder,
    . N'ayant ni personnalité ni vie intérieure, je n'ai pour me valoriser que ce que j'acquiers avant les autres.


dimanche 20 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (11)


LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE. suite

Le tabagisme est encore plus révélateur que la boulimie de cet esclavage du paraître : quand on demande à un fumeur pourquoi il fume. Il donne en général les mêmes réponses :
     . J'ai commencé à fumer pour faire comme les copain(e)s, pour transgresser un interdit, pour me sentir adulte.
     . Je fume, mais je peux m'arrêter quand je veux...
     . Je connais quelqu'un qui n'avait jamais fumé et qui est mort à 20 ans..
     . Je fume pour me détendre et me sentir bien, cela me permet de me calmer quand je suis énervé,
     . Fumer avec ses amis renforce la convivialité,

De telles allégations sont utilisées pour le tabac mais aussi pour la drogue, l'alcool...  Ce ne sont en réalité que des idées  émergeant du tiroir des faux semblants et des alibis. En fait, si tous ces gens avaient le courage d'aller plus loin dans leur recherche d'eux-mêmes, ils ne trouveraient qu'une chose : l'imprégnation d'une drogue dont ils sont esclaves et dont ils ne peuvent se passer. De la même manière que pour la boulimie, ils ne disposent d'aucune liberté face à ce problème ; leurs vies oscillent entre de brefs moments de plaisir quand ils assouvissent leurs désirs de fumer ou de boire et de longues périodes de souffrances lorsque l’impérieux appel de la drogue devient une idée fixe.

Le troisième exemple est celui des codes vestimentaires : pour moi en effet, un être humain vivant constitue un tout," un roseau qui pense"  dirait Pascal, un corps qui comporte un esprit apte aux raisonnements les plus divers. S'il peut se produire un dualisme du corps et de l'âme après la mort physique, il n'existe pas de différenciation entre les deux pendant la vie Cela amène le corps à se fourvoyer dans les casiers des faux-semblants,

J'ai déjà évoqué une intéressante  allégorie de PRUDENTIA (voir mon article sur le mausolée d'Alexandre VII) qui matérialise le concept de la connaissance de soi par une femme se regardant dans un miroir. Que vont-on dans un miroir : ce qu'on est vraiment, on ressent ses imperfections corporelles et tout ce qui éloigne son corps des canons de l'être humain idéal que l'on voudrait posséder  face à soi-même et face aux autres : on se trouve alors devant un dilemme : s'accepter tel que l'on est ou tenter de masquer la réalité en travestissant son corps ; pour se rendre acceptable aux yeux des autres, on va suivre aveuglément les canons des modes vestimentaires même si ces modes sont inadaptées à son aspect corporel. Le même phénomène s'observe pour les gens qui refusent de se voir vieillir et qui vont masquer leur dégradation physique la travestissant.

On retrouve à nouveau dans cette perspective le tiroir des "faux-semblants", du refus de se connaître soi-même, de l'absence de liberté et surtout de l'esclavage qui en résulte.

A suivre...