REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 1 juin 2017

Le bonheur selon Épicure (2)

suite de l'article précédent 

L’idée fondamentale  d'Épicure est que tout être humain aspire au bonheur et passe son temps à la recherche de celui-ci : « il faut méditer sur les causes qui peuvent produire le bonheur puisque, lorsqu’il est à nous, nous avons tout, et que, quand il nous manque, nous faisons tout pour l’avoir. »

Cette préoccupation d'Épicure est celle de notre monde actuel : combien de fois n’entendons-nous pas des gens exprimer son absence : «  j’ai droit quand même un peu de bonheur », «  je ne suis pas heureux » … Pourtant notre conception contemporaine du bonheur est très différente de celle d'Épicure : notre époque ne conçoit le plus souvent le bonheur que par l’abondance et la satisfaction de tous les désirs au moment où ils se présentent.
       
Pour Épicure, le bonheur consiste à la fois à une bonne santé du corps et à l’ataraxie de l’âme, «perfection même de la vie heureuse ». Ce mot grec correspond en français avec l’idée d’une parfaite quiétude de l’être humain conçu dans sa globalité,  Elle permet une paix intérieure profonde, crée un équilibre personnel qui permet de jouir pleinement de chaque instant qui passe et de ressentir un profond apaisement ; c’est elle qui conduit au bonheur.

Cette double quête de la santé du corps et de l’ataraxie de l’âme conduire Épicure à définir une autre notion, celle du plaisir : « le plaisir est celui qui consiste... pour le corps, à ne pas souffrir et, pour l’âme, à être sans trouble ».

En utilisant une phraséologie actuelle, on pourrait dire que l’ataraxie est l’objectif final d’une vie et que le plaisir est seulement le moyen d’y parvenir, en effet « lors ce que nous avons réussi (à atteindre l’ataraxie), toute l’agitation de l’âme tombe, l’être vivant n’ayant plus à s’acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni à chercher autre chose pour parfaire le bien-être de l‘âme et celui du corps ». Ainsi selon Épicure, quand le stade de  l’ataraxie est atteint, la recherche du plaisir n’a plus lieu d’être et ne se produit plus.

Cette définition du plaisir est évidemment aux antipodes des préoccupations des contemporains du philosophe  ainsi que celles de l’épicurisme romain. Ainsi Épicure écrit : «Quand donc nous disons que le plaisir est le but de la vie, nous ne parlons pas des plaisirs ..voluptueux.., ni de ceux qui consistent dans les jouissances déréglées ainsi que l’écrivent des gens qui ignorent notre doctrine, ou qui la combattent et la prennent dans un mauvais sens »pour le philosophe, la recherche du plaisir est conforme à notre nature puisqu’elle est la condition sine qua non pour atteindre l’état d’ataraxie ; cependant, pour cela, il est nécessaire de « déterminer ce qu'il faut choisir et ce qu'il faut éviter. »

à suivre...

vendredi 26 mai 2017

LES CANARIES : impression de voyage (25) L’ILE DE TENERIFE

Suite de l’article précédent

Les nefs des deux églises se terminent par des grandes arcades qui les séparent du chœur et établissent la barrière entre le monde profane et celui des clercs.


Les chœurs des deux églises sont composées de la même manière :
   . La plafond du chœur est plus haut que ceux de la nef, il est en forme de polygones tronqués par un panneau central plat ;  leur décoration est de style mudéjare à caissons.
  . Au niveau du chevet plat, s’élève un retable doré formé d’un assemblage de deux étages de corniches horizontales et de colonnes souvent torses enserrant des niches portant des statues (pour l’église du couvent de Santa Catalina, elles représentent sainte Catherine de Sienne et Saint Dominique) ou des tableaux ; au dessus des deux étages se trouve un couronnement fait de niches, de volutes et de frontons qui remplissent l’espace entre le toit et la corniche de l’étage supérieur.
  . En avant du retable, s’élève un autel argenté surmonté, dans ces deux églises, d’une niche abritant la Vierge du Rosaire.

Dans l’église du couvent de Santa Catalina, un pan latéral du chœur comporte la claustra qui le sépare de la chapelle où les moniales  assistent à la messe

Ainsi, à la somptuosité du chœur s’oppose l’aspect assez austère de la nef ; cela établit un contraste saisissant entre le monde des hommes et celui du monde céleste. Cette caractéristique est typique des églises baroques destinées à éblouir les fidèles par la somptuosité du décor qui évoque la magnificence  de Dieu, à exacerber leur sensibilité et à les amener émotionnellement à ressentir sa puissance.

mercredi 24 mai 2017

LES CANARIES : impression de voyage (24) L’ILE DE TENERIFE

LES ÉGLISES 

Pour moi, la visite d’une église doit commencer par l'intérieur car c’est là qu’elle prend sa vraie signification et qu’apparaît la religiosité que le concepteur voulut lui donner.

Les églises de Tenerife ayant le mieux conservé leur aspect ancien, possèdent toutes le même aspect et ressortent de deux types :
   . Le premier type est représenté par l’église du monastère dominicain  de Santa Catalina, couvent semblable par sa structure  à celui du couvent de Santa Clara.
   . Au second type appartient l’église San Marco de Icod de Los Vinos, ville célèbre par son dragonnier, qui a conservé quelques aspects de son centre ancien


Ces deux types se différencient par la largeur donnée à l'église compte tenu du fait qu’il fallut s’adapter à la longueur maximale des poutres transversales de bois utilisée pour le couvrement.
     . L’église du monastère de Santa Catalina est étroite, elle ne comporte qu'une seule nef ; au-dessus des murs sont posées des poutres transversales de bois qui supportent un toit de bois en forme de carène renversée ; il n’existe pas de chapelles latérales, les autels latéraux sont érigés le long des murs de la nef.
    . L’église de Icod de Los Vinos fut conçue de manière beaucoup plus ample ; comme il était impossible de trouver des poutres transversales de la taille de la largeur projetée, il fallut créer trois toits en accordéon et deux rangées d’arcades pour les soutenir et en faire la jonction ; en conséquence, il se constitua trois nefs d’égale hauteur. A cette structure de base furent adjointes des chapelles latérales qui comportent les autels secondaires.

A suivre

lundi 22 mai 2017

LES CANARIES : impression de voyage (23) L’ILE DE TENERIFE


LES MONASTÈRES

Parmi les plus originaux qui semblent former un style particulier à la Laguna, on peut citer les monastères de Santa Clara et de Santa Catalina de Siena dont les façades sur la rue sont particulièrement originales.

Le monastère de Santa Clara est le premier qui fut fondé dans l’île, en 1575, il fut occupé par des moniales de l’ordre de sainte Claire, un ordre formant le pendant féminin de l’ordre des franciscains ; à l’inverse des franciscains, ordre prêcheur, les clarisses sont cloîtrées. L’église est dédié à Saint Jean Baptiste.

Il est probable que le monastère d’origine ne comportait que la partie colorée en rouge et brun , le reste résulte d’agrandissements postérieurs, sans doute installés à l’emplacement des jardins et communs .

Cette partie ancienne était composée des trois éléments essentiels nécessaires à la vie de religieuses cloîtrées, une église, un cloître, un couvent. La vue cavalière du monastère montre bien aussi un aspect d’ensemble qui évoque une forteresse.

La façade principale sur la rue renforce cette impression :
   . Au centre se trouvent deux portes qui donnent accès à la nef de l’église. L’église est en effet ouverte à tous ceux qui veulent  assister à la messe, comme c’est le cas la plupart du temps dans les pays de colonisation où le service religieux est effectué par un clergé régulier ( franciscains et capucins, dominicains, augustins..)
  . La partie surélevée à droite de la façade correspond au chœur et donne sur la partie interne du couvent, les clarisses assistent à la messe dans une chapelle spéciale reliée au chœur de l’église par une claustra de bois.
  . Au-dessus des murs du couvent, à gauche, se trouve une salle en avancée sur le mur; elle est construite en bois et comporte des fenêtres fermées par des grilles de bois évoquant les moucharabieh ;  on dit que c’est par cette pièce surélevée que les moniales pouvaient regarder à l’extérieur sans être vues.

samedi 20 mai 2017

LES CANARIES : impression de voyage (22) L’ILE DE TENERIFE

LES MAISONS

Essayer de déterminer une typologie des maisons anciennes à San Christobal de la Laguna n’est pas aisé car, même dans cette ville, la plupart des maisons originelles  ont été modifiées, agrandies ou même remplacées par des immeubles modernes

Sur le dessin ci-dessous, j’ai dessiné quelques maisons qui me semblent typiques des premiers temps de la colonisation,  je les ai  regroupées comme si elles formaient une rue et  coloriées en utilisant les couleurs actuelles des façades . .

Plusieurs caractéristiques communes apparaissent :

D’abord, les maisons comportent de un à deux étages selon la richesse du propriétaire avec une distribution interne comprenant :
          . Un rez-de-chaussée avec la porte d’accès à l’étage et de grandes portes-fenêtres servant de boutiques ou d’atelier.
          . Un étage noble correspondant au logis du maître de maison.
          . Éventuellement, au-dessus, des chambres ou des greniers.

C’est, dans la plupart des cas au niveau du premier étage que se trouvent les éléments décoratifs principaux : balcons à la fenêtre centrale ou à chaque fenêtre, vérandas fermées au dessus de la porte centrale, large balcon surmonté d’un auvent tenu par un portique à colonnes…

Les encadrements des portes et fenêtres sont généralement en bois mais aussi en pierres et les fenêtres à guillotine comportent des croisées peintes en blanc.

La façade est crépie, ce qui fait ressortir les encadrements. Actuellement, les couleurs sont très vives, tant des crépis que des encadrements, sans que l’on puisse déterminer si ce sont les couleurs d’origine.

jeudi 18 mai 2017

LES CANARIES : impression de voyage (21) L’ILE DE TENERIFE


LES « CASA » NOBILIAIRES. (Suite)

Selon ce que j’ai pu observer, les palais différent surtout par leur portail monumental avec, sur ces photos, de gauche à droite :


   . Le portail central de la Casa Riquel est construit au moyen de pierres à bossages et comporte une organisation en trois parties : le porche d’entrée, la fenêtre centrale de l'étage, une niche à fronton courbe enserrant les armoiries du propriétaire constructeur,

   . Le portail de la Casa del Corregidor, siège du gouvernement de l’île, est inspiré du style plateresque. Le porche est encadré par deux colonnes sur consoles, surmontées d’une corniche en avancée. La partie haute, également encadrée par deux colonnes, est surmontée par une corniche à modulons de tuiles. Au centre, se trouve la fenêtre cantonnée de colonnes ouvragées ; trois armoiries sont sculptées sur le large mur de l’étage.

   . Le portail de la Casa Bracamonte, résidence au 17ème siècle des commandants de l’armée espagnole des Canaries,  comporte, au niveau du logis, une fenêtre terminée  par un  fronton triangulaire ; en avant de la fenêtre d’étage se trouve un  balcon de fer forgé.

   . Enfin le portail de la Casa Mesa  ressort du style baroque avec, au-dessus de la corniche, un décor en volutes reliant cette corniche à une niche abritant une statue.

Dans cette description des palais, une place à part doit être donnée à la Casa de Los Jesuitas, occupée par les Jésuites de 1737 à 1767, date de leur expulsion.

Les jésuites y ouvrirent une école qui fut l’embryon de l’université de la Laguna.

Au-dessus de la porte, se trouve un fronton courbe recoupé et un blason circulaire encadré d’un motif en croix de forme courbe associant coquille et décor floral. L’entablement surmontant la porte comporte l’inscription : « universidad de San Fernando »

mardi 16 mai 2017

LES CANARIES : impression de voyage (20) L’ILE DE TENERIFE

LES « CASA » NOBILIAIRES.

La Casa Lercaro est, selon moi, un des exemples les mieux conservés des palais nobiliaires de San Christobal de la Laguna du 17ème siècle.

J’ai dessiné  la partie gauche de sa façade telle qu’elle devait être au 17ème siècle en utilisant les couleurs actuelles de la maison, devenue un musée ethnologique.


La partie essentielle de la façade est le porche monumental : il comporte de bas en haut :
         . Une porte cantonnée par deux piliers à bossages et surmontée d’un entablement comportant un blason et se terminant par une corniche à consoles,
         . Au-dessus, se trouve un fronton recoupé, terminé par une volute encadrant la base de la fenêtre de l’étage.
         . La fenêtre de l’étage est, à son tour, surmontée d’un fronton courbe portant trois pinacles.

A l’étage, se trouvent de grandes fenêtres à guillotine entourées d’un encadrement de pierre de la même couleur que celle du portail tandis qu’au rez-de-chaussée apparaissent de petites lucarnes dont une n’est pas alignée avec la fenêtre qui la surmonte.

Cette différenciation correspond à l’organisation de la maison : au premier étage, se trouve le logis d’habitation généralement qualifié de « piano nobile », le rez-de-chaussée étant réservé aux communs et aux pièces de service.

Le coin gauche de la maison est souligné par un pilier de pierres faisant l’angle. Le coin droit n’en comporte pas actuellement car la maison a dû, selon moi, être agrandie de ce côté.

Les formes architecturales sont soulignées par l’utilisation de pierres de taille alors que le reste du mur a été recouvert d’un crépi.

Enfin, le faîte de la façade comporte plusieurs rangées de modillons ayant la forme de tuiles rondes à l’image de celles du toit.

Passé le porche, on se trouve dans un couloir qui mène à un patio. Au centre de ce patio est établi un jardin et une fontaine rafraîchissant l’atmosphère ainsi qu’un grand arbre ombrageant les plantes situées en dessous. Ce jardin devait être très agréable.


Autour de ce jardin, court à l’étage et sur trois côtés, une galerie supportée par des colonnes de pierre formant portique. Cette galerie dessert les pièces de l'étage du piano nobile, logis du maître, qui donnent sur la rue par les larges fenêtres. Au rez-de-chaussée, se trouvent des portes devant correspondre aux communs.

La Casa Lescaro est typique des palais de San Christobal de la Laguna avec des caractéristiques principales que l’on retrouve dans toutes les maisons de ce type :
   . Portail central monumental avec utilisation de formes architecturales baroquisantes,
   . Patio à galerie d’étage,
   . Frise de modillons au faîte des façades faisant transition entre celles-ci et le toit,
   . Différenciation entre le logis du maître au premier étage et les communs du rez-de-chaussée,
   . Éléments architecturaux mis en valeur par un encadrement de pierre ressortant sur les murs crépis.

A suivre...

dimanche 14 mai 2017

LES CANARIES : impression de voyage (19) L’ILE DE TENERIFE

HISTOIRE ET CIVILISATION ANCIENNE

L’île de Tenerife et plus généralement les Canaries, prirent une grande importance stratégique après la découverte de l'Amérique. Cela est dû à une particularité de la navigation à voile : pour gagner l’Amérique avec un bateau à voile, il faut nécessairement suivre l’alizé, vent constant soufflant d’Est en Ouest qui permet de bonne condition de navigation, Or les Canaries, tout comme les îles du Cap Vert, se trouvent à la latitude où souffle l’alizé,  Il fallait donc que les navires suivent la côte africaine jusqu’aux Canaries pour rejoindre le flux de l’Alizé en employant  la technique du virage de bord avec tous les dangers que cela suppose : risque de naufrage lors du virage de bord, obligation de débarquer sur la côte africaine souvent inhospitalière pour s’approvisionner… Il était évident, selon les récits des voyageurs, que, lors de leur arrivée aux Canaries, les navires et l’équipage étaient heureux de pouvoir faire une halte réparatrice. Les Canaries devinrent donc une étape essentielle sur la route de l’Amérique, ce qui nécessita la conquête de ces îles par les espagnols.

C’est en 1494 qu’Alfonso Fernandez de Lugo débarqua à Tenerife et y fonde un petit fort à l’emplacement de Santa Cruz de Tenerife, Dans l’année qui suivit, les habitants primitifs de l’île, les guanches,  furent vaincus, L’île fut soumise et occupée, la ville de San Christobal de la Laguna fut fondée selon un plan en damier autour d’une petite chapelle plus ancienne et devint la capitale des Canaries. C’est dans cette ville, ainsi qu’à Garachicos et Icod de los Vinos, que se trouvent les aspects les plus intéressants de l’ancienne organisation urbaine et architecturale des 17ème et 18ème siècles.

Dans ces trois villes, on peut retrouver quatre types de bâtiments anciens : les maisons nobiliaires, les maisons des artisans et des commerçants, les couvents et les églises.

A suivre...