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jeudi 6 août 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (126) : LA BATAILLE D'HATTIN OU LA FIN D'UN MONDE

LA MONTÉE EN PUISSANCE DE SALADIN

Elle s'est effectuée, selon moi, en trois étapes principales.

De 1169 à 1174 (mort de Nur Ad Din)
En 1169, Saladin est nommé vizir par le calife fatimide du Caire Al-Adil d'obédience chiite (voir mes articles sur les campagnes d'Egypte). En 1171, il abolit le califat fatimide et fait désormais dire la prière au nom du calife de Bagdad, ce qui rétablir ipso-facto le sunnisme en Egypte ainsi que l'unité religieuse du Proche-Orient. Il agit quasiment en souverain indépendant, pourtant il continue à proclamer son allégeance à Nur Ad Din faisant par exemple mentionner le nom de ce dernier sur les monnaies.

De 1174 à 1186
Saladin va reprendre à son compte le programme en deux temps de Nur AD Din : réaliser dans un premier temps l'unité des Etats musulmans, puis, quand celle-ci sera effectuée, d'entreprendre le Djihâd contre les chrétiens en les chassant de Terre Sainte.

Cette période est celle de la réalisation du premier temps, celle de l'unité du Proche Orient. Il prend prétexte du fait que le fils de Nur Ad Din, Al Salih, alors âgé de 11 ans est mal conseillé par les gouverneurs de ses Etats établis à Mossoul, Alep et Damas qui luttent entre eux pour obtenir la tutelle du jeune souverain. Ces querelles vont permettre à Saladin de faire son entrée à Damas qui lui ouvre ses portes dès 1174. Il s'emparera ensuite d'Alep en 1183 après la mort d'Al Salih.

Pendant cette période, Saladin recherche systématiquement la caution du calife de Bagdad qui, même dépouillé d'une grande partie de son pouvoir politique, conserve une grand prestige, en lui demandant des diplômes d'investiture pour les territoires conquis, c'est ainsi, qu'en 1175, il est investi, en plus de l'Egypte, du Yémen et de la côte arabique, de l'émirat de Damas. Il s'attribue alors lui-même le titre de sultan de l'Islam et des musulmans.

Jusque 1186, les relations avec les Etats francs sont marquées par de longues trêves séparées par de courtes périodes d'incursions, la plus importante se produisit en 1177 qui se solda pour Saladin à une défaite cinglante à Montgisard.

De 1186 à 1187,
Cette période est marquée par une nette inflexion de la politique du sultan. Celle-ci est du à quatre facteurs au moins :

     . Il y eut d'abord une grave maladie du sultan qu'il attribua à son impiété, il écouta davantage les milieux qui lui reprochaient de privilégier les guerres fratricides entre musulmans et d'établir des trêves avec les chrétiens plutôt que de pratiquer le Djihâd en chassant les infidèles qui profanaient Jérusalem devenue peu à peu la troisième ville sainte de l'Islam.

    . L'unité du proche Orient étant réalisée sous la direction de Saladin et son autorité étant reconnue partout dans ses états , le sultan pouvait envisager de passer à la deuxième phase du programme défini par Nur Ad Din,  entamer la lutte contre les chrétiens.

     . Les motifs religieux ne sont cependant pas les seuls à entrer en considération, il s'y ajoute des connotation politiques et commerciales :
          - tant que la conquête des terres occupées par les francs ne sera pas effectuée, les possessions du sultan seront séparées par la seigneurie d'Outre-Jourdain en deux entités, Alep et Damas d'une part, l'Égypte d'autre part. En effet, seule une mince bande quasiment désertique relie ces entités. Saladin avait tenté en 1183 de s'emparer de Montréal et Kerak mais sans y parvenir.
          - les Etats francs occupant les ports sur la Méditerranée , ils contrôlent les débouchés des routes caravanières venant de l'est sur la Méditerranée, de même, ils contrôlent la partie méridionale de la route Nord-Sud des caravanes qui relient la Syrie à la Mer Rouge et qui passe par la seigneurie d'Outre-Jourdain.

     . Enfin, il convenait de profiter de la faiblesse et des divisions du royaume de Jérusalem : les querelles consécutives à la succession ayant même amené Raymond III de Tripoli à rechercher l'alliance du sultan. Jusqu'alors, les offensives que Saladin avait lancé contre les Etats Francs s'étaient soldées par des échecs, la désunion des barons francs ne pouvaient que lui être favorable

Il ne manquait à Saladin qu'un prétexte pour agir : celui-ci lui fut donné par Renaud de Châtillon.

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