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jeudi 6 août 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (128) : LA BATAILLE D'HATTIN OU LA FIN D'UN MONDE

HATTIN ET LA CAMPAGNE MILITAIRE DE 1187

La campagne militaire de 1187 de Saladin s'est effectuée en trois temps :
     . Une première campagne en mai 1187 qui se termine par la victoire turque de la fontaine de Cresson
     . Ensuite se déroule l'offensive turque sur Tibériade et la bataille de Hattin survenue le 4 juillet 1187 qui anéantit l'essentiel des forces militaires des Etats francs.
     . Enfin, Saladin reconquiert la quasi totalité du royaume de Jérusalem puis la partie orientale du comté de Tripoli et de la principauté  d'Antioche

J'ai décrit les péripéties qui conduisirent à la bataille de la fontaine de Cresson ( voir l'article consacré à ce sujet  dans le chapitre sur la participation aux combats défensifs) 
Rappelons succinctement les faits : les turcs demandèrent à Raymond III comte de Tripoli et prince de Galilée l'autorisation de passer par ses Etats pour effectuer un raid. Le comte, pris entre deux feux, autorisa ce raid à condition qu'il ne se déroule qu'en une journée et qu'il n'attaque pas les lieux d'habitation. En même temps, Raymond de Tripoli avertit les habitants de Galilée de pas sortir ni des villages, ni des villes  et des forteresses pour gagner la campagne pour aucun motif que ce soit.

Ce message est reçu par les templiers de Safed, ils refusent d'obtempérer, appellent des renforts de la forteresse de Caco, demandent à des chevaliers Hospitaliers qu'ils rencontrent et à des chevaliers de Nazareth de se joindre à eux et attaquent l'armée turque de retour de son raid. C'est pour les francs une défaite écrasante qui renforça Saladin dans son idée qu'il pouvait l'emporter en jouant des rivalités entre les princes francs.

En juin 1187 se produit une nouvelle attaque, comme lors de l'offensive de mai, Saladin demande l'autorisation de traverser la Galilée. Raymond III, devant l'imminence du danger, rompit son alliance d'avec le sultan, se réconcilia avec le roi Guy de Lusignan en lui rendant hommage et joignit ses forces à celle du roi.

Saladin décide alors de s'emparer de Tibérias, possession de Raymond III où d'ailleurs séjourne son épouse, il en fait le siège au tout début du mois de juillet. La ville est investie mais les francs se réfugient dans la citadelle.

L'ost franc est installé à Séphorie, lieu habituel de son rassemblement, un endroit où se trouvent de nombreuses sources tandis que l'armée turque effectue le siège de Tlberias. Dans le camp des francs, se tint une réunion houleuse sur la stratégie à adopter :
     . Raymond III de Tripoli est partisan de se replier vers les places-fortes de la côte afin de disposer de bases sûres d'approvisionnement et de repli. Il préfère abandonner Tiberias plutôt que de risquer une attaque en pleine campagne avec tous les risques que cela comporte.
     . Le maître du temple Girard de Ridefort ainsi que Renaud de Châtillon veulent au contraire s'avancer vers le lac de Tibériade et attaquer l'armée turque pour reprendre Tiberias : l'un veut venger les templiers morts à la bataille de Cresson, l'autre est avide de hauts faits d'armes qui pourraient être suivis de fructueux butins.

Les barons francs se rangent à l'avis de Raymond III mais dans la soirée du 2 juillet, le maître de l'ordre du Temple vint voir le roi dans sa tente et lui montra que l'avis de Raymond III était peut-être une nouvelle trahison de la part de ce prince qui fut allié de Saladin ; en outre, il avertit le roi que les chevaliers du Temple voulaient en priorité venger leurs frères morts au combat de mai et que si le roi ordonnait la retraite, les templiers pourraient quitter le camp. Le roi se laissa convaincre, le lendemain matin du 3 juillet, il ordonna le départ de l'ost vers Tibériade.

 Jacques de Vitry raconte ces événements comme suit en les assortissant de commentaires eschatologiques :
"Le seigneur Gui, roi de Jérusalem, et Raimond, comte de Tripoli, suivis de presque tous les hommes nobles du royaume et de tous les chevaliers et hommes de pied qu'il leur fut possible de rassembler, marchant sous de sinistres auspices, et privés de l'assistance divine, se portèrent à la rencontre de Saladin et de son armée, et dressèrent leurs tentes autour de la fontaine de Séphor. Ils se confiaient en leur multitude plus qu'aux secours du ciel.

 Depuis la première arrivée des Latins dans la Terre-Sainte, on n'avait jamais réuni un aussi grand nombre de chevaliers pour une seule bataille; ils étaient douze cents, bien cuirassés; et on dit qu'il y avait en outre dans cette funeste expédition plus de vingt mille hommes de pied, armés et portant des arcs et des arbalètes." 

L'information essentielle concerne l'importance des troupes franques : 1200 chevaliers (dont, selon Iman-Al-din, une moitié sont membres de l'ordre du Temple et de l'hôpital), et plus de 20.000 piétons. Cette armée considérable comporte la quasi-totalité des forces franques : l'ost franc part donc avec presque tous les effectifs immédiatement disponibles dans un expédition particulièrement risquée. Une nouvelle fois, les discordes entre francs et les conflits d'intérêts personnels prirent le pas sur la prudence : c'était, en quelque sorte "quitte ou double" !

À suivre...

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