REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 5 janvier 2017

… SOUVENIRS DES ANNEES 1950-60 : l’encadrement religieux de la société (2)

Du fait qu’il y avait un curé dans chaque paroisse, le nombre des messes célébrées était très important. Il y avait d’abord une messe basse chaque matin, elle était évidemment peu fréquentée par les familles qui avaient bien d’autres choses à faire à ce moment ; à ces messes, on trouvait surtout des  vieilles filles souvent bigotes ainsi que des veuves pour qui l’office du matin  apportait quelque réconfort. Elles étaient toute vêtues de noir. Pour elles, la messe faisait  partie intégrante du déroulement de leur journée.

Le dimanche, le curé célébrait trois messes : la messe basse, la messe dite des enfants, la grand-messe. Ces messes étaient bien différentes bien que les mêmes rites s’y déroulaient ; ces différences tenaient à la solennité de la célébration et aussi au public à laquelle elles s’adressaient.

La messe basse avait lieu vers 7h du matin, elle était fréquentée par le même public que celui de la semaine auquel s’ajoutaient quelques personnes qui, ayant affaire la matinée, ne pouvait assister aux deux autres offices. Cette messe était parlée et non psalmodiée, elle était entrecoupée de quelques chants entonnés par les voix aigrelettes des participants.

La deuxième messe, celle des enfants, avait lieu à 10h. C’est évidemment la messe dont je me souviens le mieux, et que je peux décrire en détail.  Elle était plutôt organisée pour les enfants mais, bien évidemment, tous pouvaient y assister ; c’était en particulier le cas des mères de familles qui venaient avec leurs enfants portant à cette occasion leurs « habits du dimanche » : chemise blanche, cravate et culotte courte puis pantalon pour les jeunes garçons, belle robe et chapeau pour les filles. On se rendait à l’église à pieds, en famille ou avec les copains/copines.

Cette messe se caractérisait par le fait que les enfants étaient séparés de leurs parents. Une dizaine de bancs leur étaient réservés  dans la première travée entre la table d’autel et la chaire. Les garçons étaient assis à gauche, les filles à droite ;  la séparation des sexes lors des messes ne s’appliquait pas qu’aux enfants ; les adultes faisaient de même y compris pour les gens mariés qui devaient se séparer pour la circonstance.

Pendant cette messe, les enfants étaient surveillés par deux vieilles bigotes, toute vêtues de noir qui prenaient pour la circonstance un air autoritaire et renfrogné, elles étaient chargées de l’ordre et de la discipline ; celle qui gardait les garçons avait une réputation de grande sévérité,  si l’un d'eux bavardait ou s’amusait, elle éructait bruyamment des « tsi tsi » qui remettaient au pas la plupart d'entre eux ; cependant, si cela ne suffisait pas, elle n’hésitait pas à envoyer le bavard ou le chahuteur face à la table d’autel et à genoux afin que « Monsieur le curé » le voie. Cela suffisait à calmer les autres ! Cette messe était partiellement chantée, un paroissien se chargeant de diriger les chants.

La messe commençait d’abord par la procession des enfants de chœur qui précédait l’arrivée du prêtre. Les enfants de chœur, pour cette messe, étaient assez peu nombreux, beaucoup moins que dans les messes solennelles comme je l’indiquerai plus loin. Le curé était revêtu des habits sacerdotaux : l’aube, l’étole, le manipule au  poignet et la chasuble somptueusement ornée de motifs de fil doré ; la couleur de celle-ci changeait selon les différentes parties des temps liturgiques : verte pour les temps ordinaires, violette pour le carême et l’avent, blanche pour les grandes solennités, noire pour les enterrements...

Nous avions tous notre missel avec, pour chaque page, deux colonnes : l’une comportait le rituel en latin, l’autre en était la traduction, la messe était alors en latin et les répons se produisaient dans cette langue. Personnellement, je trouvais beaucoup de charme au latin, je préférais, et de loin, des répons tels que «  Dominus Vobiscum – et cum spirite tuo » au pâle « le seigneur soit avec vous – et avec votre esprit » on ne comprenait certes pas tout mais cela avait beaucoup d’allure ! Seules quelques prières dont le « Notre Père » étaient dites en français.

Pour cette messe des enfants, le curé adaptait son prêche, utilisant des notions telles que l’amour de Dieu et du prochain, les paraboles, l’exemple des saints,  le sacrifice de Jésus sur la croix... pour énoncer des sentences surtout morales ayant trait aux comportements de la vie quotidienne qu’il avait pu observer. Il ne montait pas en chaire mais parlait de la table d’autel face aux enfants.

Malgré ces aménagements, les prêches du curé étaient trop longs et la plupart des enfants présents n’écoutaient que le début du sermon, puis, peu à peu, leur attention se détournait et à la fin, plus personne n’était attentif, tous attendaient l’ « amen » qui signifiait la fin du prêche.

Après le prêche, la messe suivait son cours ; à cette époque, le curé officiait sur l’autel situé au chevet de l’église et tournait le dos aux fidèles. En sorte qu’on ne voyait pas ce  qui se passait quand, prenant l’hostie et le vin, il prononçait en latin les phrases rituelles qui les transformaient en corps et sang du Christ ;  pour les enfants que nous étions, c’était un grand mystère que nous ne pouvions pas comprendre. Nous assistions à cette eucharistie à genoux comme tous les autres fidèles, la tête baissée, ce qui ajoutait encore à ce mystère. On levait la tête seulement quand le prêtre levait le calice contenant ce qui était devenu le sang du Christ et l’hostie consacrée.

L’eucharistie était suivie de la communion, je reparlerai plus loin des rites que celle-ci imposait, à cette époque, elle se faisait à genoux devant la table d’autel, rambarde qui séparait le chœur de la nef, le prêtre passait de l’un à l’autre prononçait ou plutôt baragouinait à toute vitesse une longue phrase en latin ainsi libellée :"Corpus Domini nostri Jesu Christi custodiat animam tuam in vitam aeternam," mais dont on entendait distinctement que le début et la fin. Il ne fallait pas mâcher l’hostie mais la laisser mollir dans la bouche avant de l’avaler. Pendant ce court laps de temps, on regagnait sa place et, à genoux, on se recueillait. Les enfants croyaient-ils avaler le corps du Christ ? Ils étaient certes intrigués que cette petite hostie puisse contenir un homme entier mais puisqu’on leur avait dit qu’il en était ainsi, à quoi bon douter !

Apres le Notre Père et la bénédiction finale ("Pater, Filio et Spirito tuo") que l’on recevait à genoux, le prêtre prononçait la formule rituelle «  ite missa est » qui signifiait que la messe était finie, après une dernière génuflexion, on pouvait sortir de la surveillance du dragon pour repartir chez soi avec sa mère, ses frères et sœur ou avec les copains/copines. .

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire