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jeudi 28 février 2019

Cinq châteaux des Vosges gréseuses (23) : LUTZELSTEIN (LA PETITE PIERRE)

Les fresques du chœur de l’église simultanée

Les fresques du chœur et de l’abside constituent la partie la plus intéressante de la visite de l’église Simultanée. On a du mal à en voir l’unité même si trois ensembles apparaissent nettement :
    . Au niveau de l’abside et au-dessus de l’autel est représenté le couronnement de la Vierge (1), cela rappelle que l’église était  dédiée à l’Assomption, il est cantonné de quatre fresques (2) figurant les quatre évangélistes.
    . La partie centrale est consacrée à l’histoire de la déchéance de l’humanité sous l’effet du péché : sont représentés la tentation et le péché original (5) l’archange Michel (4) qui lutte sans cesse contre les démons et le jugement dernier (3)
    . La partie ouvrant sur la nef comporte des scènes évoquant la rédemption : l’arbre de Jessé (6) montrant la généalogie de Jésus, l’ascension (7) et la Pentecôte (8). Assez curieusement, l’élément central de la rédemption, la crucifixion, n’est pas évoquée.

Voici quelques photos particulièrement évocatrices de ces fresques

Le couronnement de la Vierge montre la Vierge Marie agenouillée devant Dieu assis sur un trône. Il porte une longue barbe à deux pointes et d’une main bénit Marie. Fait inhabituel : Dieu est coiffé d’une tiare papale et porte le pallium. Cette figuration ne permet pas de discerner s’il s’agit du Père ou du Fils. A l’arrière-plan, sont représentés deux anges dont l’un joue du luth. Il va de soi que cette glorification de Marie ne plut pas au protestant qu'était Georges-Jean

Les quatre  évangélistes sont accompagnés des images symboliques qui permettent de les reconnaître. De gauche à droite, on reconnaît
     . Saint Mathieu écrivant sur un livre avec  l’enfant représenté ici comme un ange tenant aussi un livre.
     . Saint Marc portant un livre à moitié fermé avec le lion.
     . Saint Luc lisant  et le taureau.
     . Saint Jean et l’aigle. l’évangéliste écrit sur un rouleau déployé tandis que l’aigle vole devant lui.

Voir, en note ci-dessous, les textes montrant la manière dont on a accolé aux Évangélistes leurs images symboliques.

Sur le mur de la voûte ogivale du chœur est représenté le péché originel :    Adam et Ève sont nus devant le pommier. Le serpent s’est enroulé autour du tronc et semble s’adresser à Adam. Ève est facilement reconnaissable : ses seins sont figurés et elle porte de grands cheveux. Bien entendu, les sexes ne sont pas évoqués. .


Sur ce même mur est figuré le jugement dernier :
   . Au centre de la scène  est peint le Christ en gloire, il est entouré de deux personnages dont l’une doit être la Vierge Marie. Au-dessus du Christ, un ange brandit une épée. Cette partie de la scène est révélatrice des mentalités du 15è siècle : à cette époque,  tant de  calamités  s’abattent sur les hommes que cela leur donne l’impression que tous seront voués au Diable et à l’enfer à cause de leurs péchés. L’ange brandissant l’épée s’apprête à infliger la punition que l’humanité mérite.
   . La concrétisation de cette impression apparaît en dessous : elle montre des anges armés d’épée précipitant les damnés vers les flammes de l’enfer. Dans cette représentation du jugement dernier ne sont représentés ni la pesée des péchés ni le Paradis  comme s’il semblait automatique que tous les êtres humains soient damnés.
Cette représentation a évidemment pour but d'amener les chrétiens au repentir tant qu'il est encore temps

Prochain article : la chapelle saint Louis et les remparts entourant le Stadtel

L’attribution des images symboliques aux évangélistes provient, entre autre  de trois sources dont je donne ci-dessous quelques extraits significatifs :

   . La vision Ézéchiel (1.1 ; 4-11) : « J’ai vu un vent de tempête venant du nord, un gros nuage, un feu jaillissant et, autour, une clarté ; au milieu, comme un scintillement de vermeil du milieu du feu. Au milieu, la forme de quatre Vivants ; elle paraissait une forme humaine. Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes.
Leurs jambes étaient droites ; leurs pieds, pareils aux sabots d’un veau, étincelaient comme scintille le bronze poli. Des mains humaines, sous leurs ailes, étaient tournées dans les quatre directions, ainsi que leurs visages et leurs ailes à tous les quatre. Leurs ailes étaient jointes l’une à l’autre ; ils ne se tournaient pas en marchant : ils allaient chacun droit devant soi.
La forme de leurs visages, c’était visage d’homme et, vers la droite, visage de lion pour tous les quatre, visage de taureau à gauche pour tous les quatre, et visage d’aigle pour tous les quatre. Leurs ailes étaient déployées vers le haut et deux couvraient leur corps »

   . Jean écrit dans l’Apocalypse que quatre êtres vivants entourent le trône de Dieu “Le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine, et le quatrième semblait un aigle en plein vol".

L’attribution de ces quatre images symboliques aux évangélistes est attribuée à Saint Jérôme (5 è siècle »   dans son « commentaire sur saint Matthieu » : « la première face, celle d’un homme désigne Matthieu qui dans son début semble écrire l’histoire d’un homme, « livre de la généalogie de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham » ; la seconde désigne Marc qui fait entendre la voix du lion rugissant dans le désert, « voix de celui qui crie dans le désert, préparez la voie du Seigneur, aplanissez ses sentiers » ; la troisième face, celle du jeune taureau, préfigure l’évangéliste Luc qui commence son récit au prêtre de Zacharie (le prêtre a pour mission d'égorger un taureau dans le cadre du culte à Yahvé)  ; la quatrième, celle de l’évangéliste Jean qui prend des ailes d’aigle pour s’élancer plus haut encore et traiter du Verbe de Dieu »

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