L' organisation sociale basée sur la prégnance de la famille et sur l'éducation en continu s'est largement estompée depuis le milieu du 20ème siècle.
L'origine en réside en Europe et surtout en France après 1968 dans une transformation des mentalités par les générations nées après la seconde guerre mondiale, avides de prendre le pouvoir et d'imposer leurs concepts.
En ce qui concernent ces concepts, deux d'entre eux eurent une influence dominante :
. Il faut libérer l'homme de l'esclavage de l'inconscient décrit par la psychanalyse freudienne comme le moteur de toute action humaine ; pour cela, il faut faire en sorte que les traumatismes ne viennent plus influencer l'inconscient afin que celui-ci n'influe plus sur les comportements quotidiens.
. Il faut mettre à bas toutes les autorités qui ont détourné le pouvoir à leur profit et selon leurs propres modes de pensée ; cette idée née des pensées contenues dans le "petit livre rouge" de Mao Zedong fut l'espérance et l'objectif de beaucoup qui se proclamèrent maoïstes sans connaître ce qui se passait réellement en Chine et qui manifestèrent ainsi une surprenante naïveté.
De ces concepts, furent tirés deux principes d'action :
. il faut jeter à bas toutes les structures anciennes d'encadrement de la société censées asservir l'être humain ; tous les repères traditionnels furent proclamés liberticides, ringards et surannés. Ce fut le cas de la cellule familiale dont l'imprégnation s'étiola progressivement mais aussi de toutes les structures d'encadrement traditionnelles de la jeunesse et de la société.
. Il ne faut rien reconstruire à la place de ce que l'on démolissait car sinon on risquait de retrouver de nouveaux facteurs de traumatismes, simplement furent affirmés et proclamés deux postulats de base :
. " Il est interdit d'interdire"
. " je suis libre donc je fais ce que je veux"
Au nom de ces principes et de leurs applications, chacun voulut agir à sa guise, ressentant comme une entrave à sa liberté tout ce qui la gênait, mettant en doute toute autorité ressentie comme illégitime. Tout cela fit que l'être humain fut livré à une liberté totale dont il risquait de ne savoir que faire, en particulier pour résoudre ses angoisses ainsi que ses problèmes existentiels et psychologiques qui continuaient évidemment à se poser.
Chacun dût alors se positionner pour se construire ses propres règles sans l'aide de personne puisque une grande partie des références émanant des structures d'encadrement d'autrefois fut rejetée. Il fallut donc que les individus déterminent leurs propres valeurs et ils le firent souvent par le biais des réseaux sociaux sur Internet.
3. LES RÉSEAUX SOCIAUX
Ils vont permettre via Internet à chacun de s'exprimer, de révéler son mal-être, de poser les questions qui le tourmentent, d'exprimer ses goûts et ses désirs et de se forger une personnalité sociale avec l'aide des autres.
Ces réseaux sociaux prennent principalement deux formes et correspondent à deux objectifs :
Les premiers permettent à chacun d'exister face aux autres, c'est le cas par exemple de ces sites du type Facebook où on peut se révéler, dire ce qu'on est vraiment, raconter son histoire, indiquer ses goûts et ses préférences musicales, cinématographiques, télévisuelles, littéraires... Ces sites permettent aussi de constituer des cercles d'amis avec qui on pourra partager ses préoccupations, ses expériences, ses espoirs et ses peines comme ses moments de bonheur, et même d'établir des groupes soudés qui partagent les mêmes objectifs et pourront même œuvrer ensemble pour un projet commun (ce fut le cas par exemple lors du printemps arabe)
Certes les réseaux sociaux peuvent être dangereux en ce sens qu'ils risquent de conduire à l'exhibitionnisme de sa vie privée et surtout que, sous-couvert de pseudonymes, ils peuvent amener des gens à écrire des propos indécents ou racistes. Pourtant ces travers ne pèsent pas lourds face aux énormes avantages qu'ils présentent : dans une société où on ne se parle plus guère en famille, où la télévision vient souvent s'immiscer dans les repas, où on ne prend plus le temps ni le besoin d'écouter les autres, il est possible d'être entendu et compris par le cercle d'amis que l'on se constitue, avec qui on pourra s'exprimer et partager ses joies et ses douleurs.
Ainsi, les sites du type Facebook recréent, via internet, une structure sociale qui devient certes plus virtuelle que réelle mais dont la plupart des gens ont besoin.
Le deuxième type de réseau social comporte les "forums" qui permettent de répondre aux interrogations que chacun se pose : il en existe d'innombrables dans tous les domaines, il suffit de s'y inscrire et de poser la question qui préoccupe, les autres participants du forum répondent en témoignant de l'expérience qui fut la leur à ce propos et donnent les conseils qui en découlent.
Parmi ces conseils, il m'en vient un à l'esprit concernant une difficulté informatique que je n'arrivais pas à résoudre. J'ai alors cherché sur un forum et ai trouvé un film réalisé par un jeune homme qui ne devait pas avoir plus de 15 ans, j'ai regardé son film et ai compris ce qu'il fallait que je fasse pour résoudre mon problème. C'est à ce moment que j'ai mesuré l'intérêt de ces forums et ai trouvé assez admirable qu'un jeune de cet âge puisse m'apprendre quelque chose !
Ces forums ont un énorme avantage par rapport à ce qui se passait autrefois, car les questions posées et les thèmes développés dans les réponses des internautes ressortent souvent de problèmes personnels et intimes qui étaient autrefois tabous, dont personne n'osait parler en particulier en famille et que l'on découvrait souvent par hasard, c'est le cas en particulier de toutes les questions liées à l'adolescence. Désormais, par le biais de l'anonymat, tous ces problèmes peuvent faire l'objet de questions et susciter des débats.
Les forums peuvent évidemment présenter un danger évident car les réponses témoignent seulement d'expériences vécues, elles sont certes de bon sens mais n'ont généralement aucun support ni scientifique ni médical, ce qui peut induire à des erreurs, il faut alors savoir faire la part des choses.
Ainsi, il apparaît des facteurs de renouveau qui permettent de pallier à la transformation de la société et de redonner l'occasion de recréer des liens sociaux à travers des cercles virtuels d'amis avec qui on peut tout dire.
Que doit-on penser de cette évolution ?
. Les nostalgiques regrettent les temps anciens et l'ordre qu'ils prônaient. Ils stigmatisent la déliquescence de la société que permettent les réseaux sociaux ; ils les assimilent à un grand déballage de vie privée où toutes les inhibitions peuvent s'exprimer au grand jour sans retenue.
. Les réalistes prennent comme un état de fait ces transformations de la société,
. Les optimistes trouvent admirable que les êtres humains aient pu y pallier par eux-mêmes, en trouvant, en toute liberté, grâce aux réseaux sociaux, des solutions à leurs problèmes et en recréant une société basée sur l'amitié, l'estime et la compréhension des problèmes des autres.
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