Ce qui va suivre procède de mon expérience personnelle, il est cependant probable que la plupart des élèves de l’école publique de cette époque ont vécu leur scolarité selon le même mode que le mien.
On se rendait à l’école à pieds, le cartable au dos ; les mères accompagnaient les plus jeunes jusqu’à la porte de l’école mais les plus grands s’y rendaient seuls ou avec les copains. Dès l’arrivée à l’école, on se rendait dans la cour ; déjà s’organisaient les premiers jeux de billes. Certains révisaient leurs leçons, d’autres, dans un coin, recopiaient à la hâte les devoirs qu’ils n’avaient pas faits. L’entrée en classe était signifiée par le tintement de la cloche qui se trouvait dans la cour, on se mettait en rangs dans la cour par classe. Dans mon école, il y avait trois instituteurs, l’un s’occupait du cours préparatoire, un autre enseignait aux cours élémentaires 1 et 2 et au cours moyen 1 ; le troisième qui était aussi le directeur d’école avait en charge le cours moyen 2 ainsi que les deux cours de fin d’études. On attendait l’ordre du maître pour avancer, on posait son manteau, revêtait sa blouse avant d’entrer dans la salle de classe.
Au fond de la salle de classe se trouvaient les trois éléments indispensables à l’enseignement : l’estrade, le bureau du maître et le grand tableau noir. De part et d’autre du tableau se trouvaient des cartes et panneaux muraux pendus sur des crochets ; les cartes exposées variaient selon les leçons mais le plus souvent elles représentaient la France où le planisphère ; parmi les panneaux muraux présentés, ceux que je préférais étaient ceux qui représentaient des scènes historiques, ces scènes alimentaient mes rêves en me faisant imaginer vivre à l’époque décrite sur le panneau. Sur le même mur du fond se trouvaient aussi les crochets où pendaient la grande règle en bois, l’équerre, le rapporteur, le compas, un ou deux tableaux amovibles, divers panneaux écrits par l’instituteur comme le tableau des conjugaisons, la frise chronologique, ainsi que l’armoire où le maître rangeait son matériel pédagogique et un coffre pour le classement des cartes.
Le long de la paroi de fond faisant face au bureau du maître se trouvaient d’autres armoires, l’une d’entres elles contenait la bibliothèque de classe. Là se trouvait le fourneau qui dispensait une agréable chaleur surtout en période hivernale. On avait l’impression de se trouver dans une sorte de cocon, bien au chaud. Dans mon école, nous avions un poêle à mazout pour chaque classe qu’il fallait remplir chaque matin ; dans beaucoup d’autres écoles, le fourneau était alimenté par du bois ; un élève volontaire, choisi parmi les plus grands, était chargé d’enfourner une bûche de bois quand c’était nécessaire. Certaines écoles construites après la guerre avaient le chauffage central.
Au centre de la salle se trouvaient les trois rangées de pupitres. Les pupitres n’étaient pas individuels, ils servaient à deux élèves et étaient à abattant, ce qui permettait d’accéder à ses manuels scolaires mais aussi de ranger les affaires dont on n’avait pas un besoin immédiat. Le pupitre comportait aussi un encrier dans lequel un élève volontaire versait de l’encre violette, c’est en effet à la plume que l’on faisait tous les exercices, le stylo bille n’avait pas cours à l’école.
Cette organisation impliquait que chaque élève ait sa moitié de pupitre attitré. En outre, chaque rangée de pupitre correspondait à un cours, on devait donc occuper la rangée qui correspondait à celui-ci. Les places étaient attribuées par le maître une fois pour toute le jour de la rentrée, on avait avantage à se trouver à côté d’un copain avec qui on s’entendait bien.
A la fin de l’année scolaire, une journée spécifique était organisée pour remettre en état les pupitres. On les frottait avec du papier de verre afin de faire disparaître toutes les taches et en particulier les taches d’encre qu’on ne manquait pas de faire si on chargeait un peu trop la plume puis on les cirait.
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