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jeudi 10 juillet 2014

Les immigrés algériens et les français . La fracture

4/ 1962-1963
Le 3 juillet 1963 se produit l'indépendance effective et officielle de l'Algérie ; cet événement conduisit à une modification du concept de nationalité  vis à vis des algériens : tandis que les "français de statut de droit civil" restent français sans qu'il leur soit nécessaire d'effectuer une quelconque démarche, les "français musulmans d'Algérie" de statut de droit local perdent la nationalité française et deviennent automatiquement algériens sauf s'ils demandent la nationalité française au moyen d'une déclaration dite "recognitive".

Ainsi, les immigrés algériens vivant en France  qui étaient jusqu'alors français se retrouvent du jour au lendemain étrangers dans le pays et donc ressortissant des règles réglementant le droit des étrangers à s'installer en France.

Trois correctifs seront cependant apportés à cette situation :
   . Les accords d'Evian prévoient la libre circulation des personnes entre les deux pays, celle-ci sera néanmoins de plus en limitée du fait du gouvernement français qui veut éviter une immigration massive d'Algériens en France : sept ans de guerre et le départ massif des " pieds-noirs" ont désorganisé l'Algérie qui se retrouve dans un état exsangue.
   . Les enfants d'immigrés algériens de statut local venus en France avant le 1er janvier 1963 et nés en France seront automatiquement français même si leurs parents ne le sont pas. (le système durera jusque fin 1993)
   . Enfin les supplétifs algériens ( les Harkis) seront français puisqu'ils ne peuvent prétendre à la nationalité algérienne.

5/ la situation actuelle
Qu'en est-il aujourd'hui un peu plus de 50 ans après l'indépendance : les faits que je viens d'énoncer sont-ils encore actuels dans les mentalités collectives ? Il convient à cet égard de différencier les descendants des français métropolitains de l'époque et ceux des immigrés algériens. Il s'agit  bien évidemment d'analyses personnelles au vu de ce que j'ai pu constater.

En ce qui concerne les FRANÇAIS D'ORIGINE MÉTROPOLITAINE, j'ai la sensation que tous ces événements ont été largement oubliés : la France a pansé ses plaies, les pieds-noirs se sont réintégrés dans la société française même s'ils conservent la nostalgie de leur passé algérien. S'il n'y avait pas les commémorations officielles, le souvenir de la guerre ranimé parfois par des films documentaires, les querelles d'école entre historiens sur les bienfaits de la colonisation, la présence des associations dite CATM, il n'y aurait plus guère de souvenirs de ce passé. La page est tournée.

Pour moi, les événements anciens entre la France et l'Algérie n'ont pas grand chose à voir avec la montée de la xénophobie qui caractérise actuellement la France. Celle-ci s'explique, selon moi, avant tout par un phénomène du repli sur soi,  lui-même dû au fait que la France se ressent en profond déclin tant sur le plan économique que sociétal et culturel. Ce phénomène s'est observé à de nombreuses fois dans le passé : alors qu'une civilisation qui croit à son avenir sera ouverte sur le monde et favorable au libre échange, une civilisation en déclin sera protectionniste et se fermera à tout ce qui provient de l'extérieur. À cela s'ajoute le fort taux de chômage qui induit un pessimisme foncier avec l'impression que l'on ne s'en sortira jamais.

C'est dans ce cadre qu'il convient de considérer la position de beaucoup de français face à la présence des étrangers en France, qu'ils soient maghrébins ou non ; si les maghrébins sont l'objet d'une vindicte particulière, c'est simplement parce qu'ils sont les plus nombreux  et qu'une partie d'entre eux se sont tournés vers d'autres voies que l'assimilation. .

Ce repli sur soi n'est en rien condamnable, par contre s'il se colore de racisme, il devient évidemment intolérable.

Au niveau des  DESCENDANTS DES IMMIGRES ALGERIENS vivant en France, il convient de remarquer d'abord que l'immense majorité d'entre eux ne pose aucun problème, ce sont des gens comme les autres qui se caractérisent seulement par quelques marques vestimentaires rappelant leur religion, ce qui n'est d'ailleurs pas le propre des musulmans mais de bien d'autres gens. Ils réprouvent le fondamentalisme et le terrorisme et témoignent, s'il en était besoin,  que l'Islam est dispensatrice de paix. Ils ont souvent des salles dans lesquelles ils pratiquent leur culte et participent aux activités organisées dans ce cadre. Ont-ils pour autant oublié le passé de fracture fait de haine et d'exploitation par le travail ? Il est difficile de le dire ; selon ce que j'ai pu en entendre, ils se ressentent français à part entière et réussissent à transcender le rejet qui souvent les entoure.

Pourtant c'est parmi eux que se développe, à leur corps défendant,   des mouvements qui se révèlent dangereux.

En premier lieu, il est apparu un phénomène spontané de ce que l'on qualifie exagérément de ghettoïsation. La deuxième moitié du 20ème siècle a vu se développer de grands quartiers de HLM dans les banlieues des villes destinés à loger les gens dans des conditions décentes. Dans un premier temps, ces HLM étaient habitées par une population mêlée surtout d'origine métropolitaine ; peu à peu, l'élévation du niveau de vie fit que ces populations quittèrent les HLM et accédèrent à la propriété. Cela conduisit au repeuplement des HLM par des populations, entre autre, d'origine africaine. L'arrivée de toutes ces personnes amena beaucoup des derniers  primo-occupants encore en HLM à quitter leur appartement : Au bout du compte, les HLM furent surtout  peuplés de descendants d'immigrés qui constituèrent un microcosme social évoluant selon leur propre civilisation et s'éloignant peu à peu du modèle français.

Dans ces quartiers se développe un fort taux de chômage touchant en particulier les jeunes qui, souvent du fait de leur double culture préservée par leurs parents et leur environnement, réussissent mal à l'école et quittent le système scolaire sans formation. Ce sont ces jeunes désœuvrés qui vont se sentir attirés par le fondamentalisme, il  va leur donner un idéal que la civilisation française en déclin ne peut plus leur donner. Pour ces jeunes, il est probable que leur choix personnel a pu être influencé par le passé, mais ce n'est pas dans le passé qu'ils tirent leurs conceptions de vie mais plutôt dans leur croyance en la lutte pour la victoire de l'Islam.

Ainsi, cinquante ans après l'indépendance de l'Algérie, la fracture existe toujours mais elle est plus le fruit d'une appréciation divergente du présent et du futur que d'une haine venue du passé.

CE BLOG S'INTERROMPRA JUSQU'AU 25 JUILLET PAR MANQUE DE LIAISON INTERNET JUSQU'A CE JOUR.

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