LES FORCES POSSIBLES DE RÉGÉNÉRATION
Selon moi, il existe un potentiel important mais qui n'est pas encore pleinement conscient de ses possibilités.
D'abord, il existe une foule de braves gens qui subissent et réprouvent cette évolution sociale décadente sans le dire, ils estiment qu'on ne peut compter ni sur les corps constitués ni sur le gouvernement pour faire évoluer les choses ; seuls, face à la situation ils se sentent complètement démunis, ne comprenant plus ce qui arrive, ils ennoblissent le passé en exprimant " qu'autrefois ça n'était pas comme cela". Ils espèrent qu'un hypothétique sursaut se produira auquel ils pourront adhérer. En attendant, ils se sentent complètement isolés et se laissent entraîner par la force des choses par les mirages de l'individualisme.
Parmi les autres forces susceptibles de régénérer la société, il y a, en second lieu, celles que représentent les associations ; celles-ci maintiennent vivants deux principes qui, sans elles, ne seraient plus que des mots vides de sens :
. Les valeurs républicaines de liberté, égalité, fraternité.
. La démocratie directe.
Dans une association, il n'existe pas de privilégiés, tous les membres sont égaux et il est possible de s'exprimer en toute liberté. En outre, les décisions sont prises en assemblée générale, les membres du bureau de l'association n'étant mandatés que pour faire appliquer les décisions prises par l'assemblée et devant rendre compte de leur gestion á cette même assemblée qui a toujours le dernier mot.
Ainsi, les associations maintiennent dans leur mode de fonctionnement le corpus des valeurs essentielles qui pourraient servir de base à une reconstruction. Il en est de même pour les syndicats ainsi pour toutes les formes d'autogestion qui tentent de se développer. Pourtant, on ne peut compter uniquement sur ces forces pour aboutir à une modification d'ensemble de la société conduisant à sa régénération. Elles constituent un monde trop clos pour qu'il en soit ainsi.
Cette quête est essentiellement individualiste, pourtant elle peut dépasser ce cadre étroit pour induire des effets de masse. En effet, le système des réseaux sociaux permet que chacun puisse se créer en peu de temps une foule de correspondants selon le principe " les amis de mes amis sont mes amis" ; si une information est diffusée par une personne, elle peut être lue en quelques heures par ses correspondants directs, puis par les correspondants de ces correspondants en sorte que cette information peut se transmettre à des milliers de personnes rapidement et efficacement. Ainsi, un manifeste dénonçant un abus sous la forme d'une pétition ou d'un appel à une manifestation peut se concrétiser en quelques heures : un appel tel que : " rendez-vous tel jour á telle heure sur telle place de telle ville pour défendre telle cause, amenez des pancartes", pourra voir s'organiser une manifestation quasiment spontanée. Il va de soi que les internautes ne se déplaceront que si la cause défendue correspond à leur conviction.
C'est par cette forme nouvelle d'action que furent organisées dans certains pays étrangers des manifestations spontanées qui purent aboutir à créer des mouvements politiques ou même á chasser des dictatures.
Pourtant cette forme d'action possède trois types de limites :
. Elle n'est souvent qu'une protestation contre une réforme imposée par les gouvernements ainsi que la manifestation d'un "raz-le-bol" des manifestants ; la plupart du temps, les revendications ne proposent que le maintien du statu-quo ou le retour au passé. Elles n'ont souvent ni programme, ni contre-proposition constructive.
. Les mouvements spontanés n'ont généralement pas de "leader" capable de structurer la revendication en force pouvant imposer un certain nombre de décisions qui pourraient régénérer la société.
. Surtout parce que les protestataires ne sont en général ni écoutés ni entendus par des instances dirigeantes, ces derniers savent que le temps délitera le mouvement. Peu à peu, le découragement et l'écœurement gagneront les participants qui, généralement, rentreront chez eux sans rien avoir obtenu.
Pour que ces revendications mort-nées ainsi que les manifestations du mal-être aboutissent, il faudrait qu'un jour un candidat à une élection dise : " mon programme ne comporte qu'une proposition, faire appliquer les articles de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen en sauvegardant les valeurs qu'elle contient ; par contre je serai ouvert à toute proposition nouvelle, si toutefois elle n'est pas en contradiction avec ces valeurs : lorsque je serai le destinataire d'une pétition ou lorsque se produiront des manifestations, je prendrai en compte les propositions qui seront effectuées et les présenterai à la Nation pour que les citoyens, c'est-à-dire les seuls dépositaires de l'autorité, décident s'il convient de les mettre en pratique ou non. Une fois la décision prise, elle sera codifiée sous forme de loi par le pouvoir législatif et mise en application par le gouvernement"
Un tel discours n'est en rien utopique : ce type de gouvernement était pratiqué à Athènes au 5ème siècle avant JC sous la forme d'une démocratie directe des citoyens et il est mis en place actuellement en Suisse.
Ce système permettrait aux forces du renouvellement nées à la fois d'Internet et des braves gens jusque là soumis à une société qu'ils ne comprennent pas, de s'exprimer par voie de référendum et peut-être de créer de nouvelles valeurs autour desquelles le pays pourrait se reconstruire en stoppant son déclin.
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