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vendredi 27 décembre 2013

De la Nature. 1

" La nature est si belle quand on prend le temps de la regarder" : j'avais été frappé par cette phrase entendue de la bouche d'une vieille personne qui circulait en fauteuil roulant dans les allées d'un parc couvert de fleurs et m'en suis souvenu avec une étrange acuité, l'autre jour pendant une de mes promenades effectuée lors d'un matin glacé quand je suis tombé en arrêt devant l'harmonieuse beauté d'une humble fleur des champs.

 Cette fleur, engourdie par le froid et recroquevillée sur elle-même, avait été couverte par le givre d'une épaisse parure de diamants. Elle était immobile dans sa rigidité comme si, devenue un joyau, elle avait peur de voir tomber ses somptueux atours. Pour l'instant, les pâles rayons du soleil de l'aube la faisait étinceler de mille feux. Même le vent s'était calmé afin de ne pas perturber l'harmonie de cet instant glacé.

 J'eus l'impression que le temps s'était arrêté : rien ne bougeait, le ciel était d'un bleu pale immaculé, le silence était absolu, tout semblait figé, rien que pour moi. Je ressentis alors, fugacement, un curieux sentiment d'éternité, Certes cette impression n'était que subjective : c'est pourquoi, en prenant cette photo j'ai voulu conserver de manière quelque peu dérisoire, le sublime de cet instant.

 En effet, cette splendeur ne sera qu'éphémère : il suffira d'un peu de chaleur pour que la beauté éclatante de la fleur perde peu de son éclat puis disparaisse, la laissant à nu en proie à son hibernation hivernale.

 Face à ce moment d'ineffable sérénité, je remémorai un court paragraphe de "René" de Chateaubriand :

    " J'entrai avec ravissement dans le mois des tempêtes... j’aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et des fantômes..... Le jour, je m’égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts. Qu’il fallait peu de chose à ma rêverie ! une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée s’élevait dans la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du Nord sur le tronc d’un chêne, une roche écartée, un étang désert où le jonc flétri murmurait ! .... souvent j’ai suivi des yeux les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les climats lointains où ils se rendent ; j’aurais voulu être sur leurs ailes. 
   Un secret instinct me tourmentait : je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur, mais une voix du ciel semblait me dire : « Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. »
    « Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie ! » Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne sentant ni pluie, ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur."

Je ressentis, en me souvenant de ce texte, qu'il existait un dualisme étonnant entre le mouvement désordonné de la tempête dans laquelle se complait René et la profonde quiétude du bref instant que je venais de vivre, entre l'envie d'autres horizons et la recherche de l'éternité : ces deux composantes existent en moi comme en tout être humain même si j'ai l'impression que l'homme moderne ne prend plus le temps de s'arrêter et de profiter du moment , il ne cesse de courir après des chimères entre un passé à jamais révolu et un avenir imprévisible sans ressentir le présent.

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