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jeudi 19 décembre 2013

.. Les braves gens.1

Dans ce monde où, pour reprendre la phrase de Plaute, "l'homme est un loup pour l'homme", il ne semble y avoir que violence, agressivité et volonté de puissance ; n'existe-t'il pas des "braves gens" au sens le plus noble du terme, des gens qui vivent simplement et qui sont prêts, par esprit de fraternité, de charité et de compassion, à donner aux autres, gratuitement, sans rien attendre en retour, sans même rechercher la satisfaction d'avoir été utile en faisant le bien ?

Il est évident que ces braves gens sont très nombreux et constituent même la grande majorité des humains ; cependant, ce n'est pas eux que l'on remarque : ils dispensent le bien sans le dire, sans s'en vanter, sans en faire état ni dans la rue, ni dans leur famille parce que, pour eux, aider ceux qui sont dans le besoin est si naturel qu'il n'est pas utile d'en parler.

Il ne m'a pas fallu longtemps pour trouver 26 cas pour lesquels  j'ai appliqué, en guise de pseudonymes, les lettres de l'alphabet.

En évoquant tous les braves gens que j'ai côtoyés, de multiples souvenirs me reviennent et parler d'eux est une manière de  leur rendre hommage..

Monsieur A est pompier volontaire, il effectuait un entraînement sportif dans un club, soudain, il entendit un Bip qui l'informa d'une alarme, il s'arrêta net, se rhabilla en quelques secondes et partit comme une fusée. Plus tard, je lui demandai ce qui était arrivé, il me raconta qu'il y avait eu un grave accident ;  je lui demandai si porter ainsi secours aux gens n'était pas dangereux, il me répondit que c'était souvent le cas et me cita l'exemple d'un camarade mort lors d'un incendie de forêt : Pour  Monsieur A, risquer sa vie quand on est pompier, même volontaire, est fréquent mais cela fait partie de son engagement et de son devoir envers les autres.

Madame B rencontre une personne dans la rue que tout le monde fuit car elle expose toutes ses maladies, réelles ou imaginaires. Madame B sait très bien qu'elle risque d'en avoir pour longtemps si elle se prend à prononcer la phrase fatidique : " comment ça va ? " . Pourtant, Madame B prendra le temps de le faire, elle écoutera patiemment la litanie des maladies de cet atrabilaire. Si elle le fait, c'est parce qu'elle sait que cela fait du bien à son interlocutrice et que l'écouter parler, c'est aussi l'aider à assumer ses maux.

Madame C travaille à la Poste, les files d'attente sont souvent importantes et les clients s'impatientent parfois. Pourtant, madame C prend la peine d'écouter ceux-ci : des dialogues de ce type s'instaurent constamment :
  - J'envoie ce colis à mes petits enfants, c'est pour Noël et ils sont loin.
  - combien avez-vous de petits enfants ?
  - trois, je ne les vois pas souvent mais je n'oublie jamais ni leur anniversaire ni leur fête...
Pour Madame C, les gens viennent aussi à la poste pour couper leurs longs moments de solitude et c'est normal qu'on s'intéresse à eux.

Madame D, quand elle fut veuve se mît peu à peu à vouer sa vie aux autres, elle faisait partie de toute sorte d'associations dont le point commun était la solidarité envers les autres et tout particulièrement envers les démunis, les enfants et les personnes âgées ; elle le faisait quasiment de manière anonyme en tentant toujours de ne pas se faire remarquer. À chaque fois qu'elle apprenait qu'une de ses connaissances était souffrante, elle s'empressait d'aller la voir afin de passer quelques heures avec elle en lui apportant le réconfort de son doux sourire. Elle n'était jamais si contente que quand quelqu'un lui souriait pour exprimer ce bonheur qu'elle savait donner. Elle faisait sienne le très beau poème de Raoul Follereau qui commence par ces deux vers d'une extraordinaire humanité :
"Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup,
Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne,"

Monsieur E, très étonné et inquiet de voir les volets de son voisin fermés un matin et ayant les clés de sa maison, alla voir ce qui se passait ;  il trouva son voisin mort au pied de son lit entouré d'excréments, il prit soin de tout nettoyer avant d'appeler les enfants du défunt afin qu'ils ne voient pas leur père dans l'état où il l'avait trouvé. Cet acte sublime fut accompli sans arrière-pensées par respect pour le mort et sans rien en attendre.

Madame F, ancienne institutrice, s'était occupée d'un enfant ayant des problèmes scolaires lorsqu'elle était en exercice, l'enfant fut attristé de la voir partir en retraite, Madame F lui proposa de venir la voir chez elle à chaque fois qu'il avait des difficultés. Quand la mère de cet enfant indiqua à madame F qu'elle ne pourrait pas la payer, cette dernière répondit que cela ne lui était même pas venu à l'idée et que cette proposition d'aide était spontanée sans contrepartie. Beaucoup d'enseignants en retraite participent aux associations d'aide aux devoirs...

Monsieur G est le voisin d'une personne âgée, veuf et seul chez lui, que la caducité a rendu peu à peu handicapé : marchant avec peine et, étant tombé plusieurs fois dans la rue, il n'ose plus sortir,  il subit en outre des pertes importantes de mémoire et ressent de plus en plus douloureusement sa solitude. Monsieur G, à chaque fois qu'il passe devant sa maison, regarde si ses volets sont ouverts, sonne à la porte, demande à son voisin s'il a besoin de pain, c'est l'occasion de parler quelques instants, quand il ramène le pain, monsieur G.. discute à nouveau avec lui, lui racontant les quelques potins qu'il a glanés ici et là, interrompant ainsi sa solitude.

Madame H aime son travail et aime travailler, elle accomplit sa tâche dans un esprit d'efficacité et d'innovation afin de l'adapter aux évolutions techniques et sociétales, elle est rapide et soucieuse de perfection. On pourrait penser qu'elle est particulièrement appréciée de tous, ce n'est pas le cas : installés dans leur conformisme dolent, ses collègues lui reprochent d'en faire trop ;  son supérieur hiérarchique, étonné et ennuyé de ne rien avoir à redire à ses productions, s'estime floué dans son rôle censorial, l'accuse de ne pas le reconnaitre en tant que chef et suppute qu'elle aurait sans doute des visées sur ses propres fonctions : madame H continue, malgré cet environnement antipathique, à faire son travail comme si de rien n'était.

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