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lundi 30 décembre 2013

De la nature. 4

La nature est-elle capable de se venger des outrages commis par les hommes ? Tout dépend du contexte de civilisations  dans lequel on se trouve : à cet égard, on peut déterminer trois types de modes de pensée.

LA NATURE AU SENS MATÉRIALISTE DU TERME
Selon cette conception, la nature n'est dotée ni d'une âme ni d'un esprit : elle EXISTE mais elle n'EST pas, au sens philosophique du terme puisqu'elle n'a pas conscience d'exister.

On peut en donner deux exemples :

L' évolution de la végétation n'est pas linéaire comme peut l'être notre conception de la vie : elle se produit, pour une grande partie d'entre elle, automatiquement et de manière cyclique selon un processus immuable, germination, éclosion, fructification, dessèchement et production de graines, germination.... Ce processus se produit hors de toute considération d'espace et de temps ; une fois la vie installée quelque part, elle se perpétue tant que les conditions qui lui ont donné naissance existent. Les aléas climatiques n'ont même pas de prise sur elle puisque la sélection naturelle la fait évoluer, il suffit pour s'en rendre compte de parcourir une zone désertique après une pluie et de constater que ce désert sans vie s'est couvert en quelques heures d'un tapis de plantes, seules les plantes qui n'étaient pas capables de s'adapter ont disparu.

Il en est de même pour tous les phénomènes naturels : on apprend par exemple que les rivières recherchent leur " profil d'équilibre" : c'est une absurdité : la rivière creuse une gorge parce que le courant d'eau est rapide et que mécaniquement il arrache la roche ; de même, lorsque la rivière accède dans une plaine, elle dépose ses alluvions et exhausse son lit simplement parce que le courant se ralentit et qu'il n'a plus la force de trainer les sédiments arrachés en amont. La rivière ne se place en aucun cas dans une perspective d'avenir, elle ne vise pas à se créer un lit douillet où elle pourra se reposer !

Dans cette conception donc, l'évolution de la nature n'est que la résultante du jeu des simples forces mécaniques ou biologiques ; ces forces agissent indépendamment de nous. La nature n'a aucun dessein ni dans le futur ni à notre encontre : c'est nous qui ressentons cette puissance lorsqu'on constate à quel point nos œuvres, même les plus grandioses, ne sont que dérisoires prétentions ; pourtant ce n'est pas la nature qui se venge puisqu'elle n'a pas conscience du mal qu'on lui fait.

L'ANIMISME DE LA NATURE
La plupart des civilisations pensent que l'être humain est totalement partie prenante dans la Nature et ne s'en différencie pas ; les mêmes règles et cycles naturels s'appliquent autant à l'homme qu'à tout ce qui l'entoure, c'est le cas par exemple pour les aborigènes déjà évoqués qui disent que la terre n'appartient pas à l'homme mais que l'homme appartient à la terre.

Pour une grande majorité des civilisations animistes, il existe un créateur, une force vitale cosmique qui, une fois la création effectuée, se désintéresse de celle-ci. Cependant chaque élément de la nature possède en lui une parcelle du divin sous forme d'un esprit : les arbres, les animaux, les hommes, les objets inanimés (feu, terre, eau, rocher..) ou cosmique (lune, soleil, ciel...). Il en est de même des ancêtres mythiques ou réels des hommes. Troubler cette parcelle divine qui est en chaque chose, revient à perturber l'ordre cosmique, ce qui n'est pas sans conséquences graves pour l'être humain.

L'homme se doit donc, pour se préserver et permettre sa survie, connaître ces esprits et entrer en communication avec eux. Une description intéressante de ceux-ci nous est donnée par David Kopenawa, un chaman Yanomani, une tribu amazonienne menacée de disparition par l'avancée de nos modes de vie dans la forêt.

" Certains vivent dans le ciel, d’autres sous la terre, d’autres dans les montagnes couvertes de forêts et de fleurs. Certains vivent dans les rivières, dans la mer, dans les étoiles ou dans la lune ou le soleil. Omame (le créateur) les a choisis parce qu’ils sont bons pour le travail, pas le travail dans les jardins mais le travail du chamanisme, de la guérison des maladies des gens. Ils sont beaux mais très difficiles à voir. Les shapiri veillent sur tout, les shapiri veillent sur le monde."

Pour entrer en communication avec ces esprits, on doit insuffler dans le nez du chaman une drogue hallucinogène, la Parika au moyen d'une longue tige creuse.

"Nous apprenons à les connaître, à les voir, à les écouter. Seuls ceux qui connaissent les shapiri peuvent les voir parce qu’ils sont très petits et brillent comme des lumières. Il y en a beaucoup...  des milliers comme des étoiles. Ils sont beaux, décorés avec des plumes de perroquet, peints avec du roucou. D’autres ont des pendants d’oreille et sont peints en noir. Ils dansent très bien et chantent différents chants"

Le chaman va alors demander aux esprits tout ce qui est nécessaire à la survie de l'homme en particulier :
   . Quel rite doit-on accomplir pour que l'esprit de la terre donne une bonne récolte de manioc ?
   . Comment remédier au fait que l'esprit de l'arbre pourrait se venger si on lui coupe une branche ?
   . Quel interdit à été violé par la tribu pour que telle ou telle catastrophe se soit produite ?

Dans cette conception, la nature est capable de se venger si on lui fait du mal. Elle peut donc démolir une construction humaine qui la gêne.

LA NATURE DANS LA CONCEPTION BIBLIQUE.
Mieux que de longues dissertations mieux vaut citer le livre 1 de la Genèse.
" 1.26 : Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.
1.27 :Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.
1.28 : Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre.
1.29 : Et Dieu dit: Voici, je vous donne toute herbe portant de la semence et qui est à la surface de toute la terre, et tout arbre ayant en lui du fruit d'arbre et portant de la semence: ce sera votre nourriture."


Dans cette conception, la Nature appartient à l'homme, elle lui a été donnée par Dieu et l'homme peut prélever ce qu'il veut, défricher la forêt pour y planter ce qu'il veut, tuer les animaux qu'il veut pour sa subsistance.

Cette liberté ne possède que deux limites :
   . Il est nécessaire que l'homme préserve cet héritage lui venant de Dieu : pour cela, il lui faut éviter d'exploiter sans vergogne la nature car sinon l'oeuvre divine sera saccagée et l'avenir compromis,
  . Si l'homme devient trop orgueilleux, se voulant à l'image de Dieu et ne respectant pas son oeuvre, Dieu se vengera de l'homme et détruira ce qu'il a indûment accompli (déluge, tour de Babel...)

Dans la conception biblique qui est celle du monde méditerranéen et occidental, la Nature ne peut accomplir de vengeance vis à vis de l'homme puisque, par essence, tout ce qui vit lui appartient.

Choisir entre ces trois conceptions ressort plus de la croyance que de la mise en pratique d'un raisonnement construit.

Pourtant, dans ma quête des rapports de l'homme et de la nature, mes convictions plutôt matérialistes furent ébranlées devant l'oeuvre du figuier étrangleur...

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