REMARQUE
. Tous les articles de ce blog ont été rédigés par moi-même sans emprunt littéral à d'autres auteurs, ils sont le fruit d'une documentation personnelle amassée au cours des ans et présentent ma propre vision des choses. Après tout, mon avis en vaut bien d'autres.
. Toutes les citations de mes articles proviennent de recherches sur les sites gratuits sur Internet



Mon blog étant difficilement trouvable par simple recherche sur internet, voici son adresse : jeanpierrefabricius.blogspot.com

jeudi 31 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (18)

LA CONSTITUTION DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI (suite)

RAISON ET LIBERTÉ (suite de l’article précédent)

Cette méthodologie des valeurs classées par l'outil-raison va permettre d'accéder à la liberté ontologique. Pour le montrer, je reprendrai ici mon anecdote du lépreux citée précédemment,  pour lequel ma réaction primaire fut l'horreur quand il me prit par l'épaule avec ses moignons afin de m'apitoyer.

Devant une telle situation, on peut avoir trois types de réactions :
     . Une réaction instinctive qui peut s'assimiler à un réflexe : de la même manière que l'on retire sa main d'un fourneau brûlant, on peut s'écarter du lépreux afin de préserver son corps d'une menace immédiate.
     . Une réaction émanant du  « tiroir du paraître » du type : " il a touché mon habit, il va falloir que je me change"
     . Une réaction émanant du « tiroir de l'être », cette réaction est propre à chaque individu puisqu'elle dépend uniquement du système de valeur qu'il a établi :
            - On peut avoir une réaction de compassion qui conduit à considérer que ces lépreux sont des êtres humains comme les autres  ayant leur dignité, que ce sont des êtres qui souffrent et qu'il faut les respecter en tant que tels en tentant de les aider à survivre par une obole,
            - ce ne fut cependant pas la réaction de tout le monde, d'autres ouvrirent dans leurs « casiers de l'être » un autre dossier, celui de la haine de l'autre, de la détestation de la différence, du mépris de ceux qu'ils considèrent comme des "sous-hommes" et à qui ils dénient une quelconque humanité.

J'ai constaté cette dernière réaction, non vis à vis des lépreux, mais à l'encontre d’enfants mendiants d'un bidonville des Indes : un touriste se débarrassa, en les repoussant avec rudesse,  de petits mendiants qui étaient autour de lui, il remonta dans le bus et, de la fenêtre ouverte, il leur jeta des bonbons ; le fait de voir ses enfants se battre pour ramasser les bonbons dût lui procurer une grande jouissance !

Je fus profondément choqué de cette réaction de l’individu, ce comportement me parut socialement exécrable, pourtant il ne l'était pas au niveau de sa liberté ontologique : au moment de cet acte que je ressentais comme vil,  il était, selon moi, pleinement en accord avec lui-même et avec les valeurs qui constituaient son être, c'est d'ailleurs ce qu'il nous expliqua ensuite. En effet, le tri des valeurs se fait indépendamment de la notion de bien et de mal,

De tout ce qui précède, on peut, selon moi, à nouveau, tirer la conséquence que chaque être humain est unique et possède son propre système de valeurs pour peu toutefois qu'il soit capable de dépasser son paraître pour rechercher ce qui constitue son être.  Chacun peut donc accéder à sa liberté ontologique s'il pousse son introspection au niveau du « tiroir de son être »; cette liberté ontologique lui est propre et correspond au système de valeurs qu'il façonne peu à peu.

Ainsi, l'aphorisme qui crée, selon moi, la liberté : " je fais quelque chose et je sais pourquoi je le fais" peut être complété en y incluant le niveau du système des valeurs : " je sais ce que je fais puisque je me réfère au système des valeurs constitutives de mon être que j'ai moi-même établi en toute liberté à partir des acquis qui sont en moi". C'est par la mise en pratique cet aphorisme que l'on dispose de la liberté absolue et totale.

On pourrait certes me rétorquer que cette liberté n'est pas absolue puisqu'elle est conditionnée par ses acquis : comment peut-on être libre si on reste esclave de ceux-ci et secondairement de ses instincts ?

La réponse à cet argument peut être effectuée par trois idées :
     . D'abord, la liberté ex-nihilo ne peut exister puisque l'inné se limite aux seuls instincts primordiaux ;  l'esprit à la naissance est une terre vierge de toute influence, c'est peu à peu que se constituent les acquis, la liberté ne peut apparaitre que dans le cadre de choix  effectués entre ces acquis.
     . Chaque homme dispose d'une panoplie si large d'acquis qu'il est possible de choisir les uns en les hiérarchisant et de rejeter totalement les autres. Il est aussi possible de reprendre tous ses acquis, de les analyser au moyen de la raison et d'établir son propre système de valeurs philosophiques.
     . Enfin, il est possible à chaque homme de transcender ses instincts pour en devenir le maître à condition toutefois que le minimum vital soit préservé. 

dimanche 27 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (17)

LA CONSTITUTION DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI (suite)

RAISON ET LIBERTÉ

Selon la métaphore du tiroir, l'émergence de l'"outil raison" va permettre à chacun d'élaborer son système de valeurs à partir du moment où  commencent à s'accumuler les dossiers dans le tiroir de l'être.

Pour qui décide d'aller jusque-là dans son introspection, il va ouvrir un casier bien rempli car il s’y trouve un amas de valeurs antinomiques, fruits  d'expériences contradictoires, d'imprégnations diverses et de ressentis effectués dans ses rapports avec les autres, avec la nature, avec son corps, avec ses maladies et avec les divers interdits rencontrés, subis ou acceptés... Tout est mélangé, empilé sans aucun ordre. Ce sont ces dossiers qu'il convient de classer si l'on veut acquérir la connaissance de soi et par la même, la liberté : sans ce tri, on ne peut se connaître soi-même puisque on ne sait pas à quelle valeur on se réfère quand on agit, c'est dans cette pratique du tri que l'on va ressentir sa liberté, le libre choix étant, par définition, l'émanation principale de la liberté. " Je suis libre de moi-même comme de mon univers" pourrait-on dire en paraphrasant Corneille.

 Dans ces dossiers en effet coexistent de multiples valeurs : la compassion mais aussi la haine de l'autre, l'ascétisme jouxte le dossier de la jouissance exacerbée, le détachement des choses matérielles se conjugue avec l'envie forcenée de posséder, à l'instinct bestial correspond dans un autre dossier l'élévation de l'esprit vers les sphères éthérées de l'intellect, la volonté de puissance et l'esprit de sacrifice sont voisins...

Ce tiroir ne comporte pas, selon moi  de hiérarchisation morale. Tant qu'on ne prend pas la peine de trier les critères en tant que moteur d'action, on ne peut que suivre ces critères sans discernement ce qui nous ôté toute liberté. 

Le classement des dossiers-valeurs dans le tiroir de l'être se produit tout au long de la vie, il est étroitement dépendant des événements extérieurs et des enseignements que l'on peut en tirer. Il se peut aussi que l'on retire des dossiers afin de rester en cohérence avec soi-même.  Il paraît, par exemple, évident que les valeurs mises au premier rang par un jeune idéaliste qui croit en son destin sont très différentes que celles d'un vieillard qui souffre et n'attend que la mort.

A suivre …

samedi 26 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (16)

LA CONSTITUTION DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI (suite)

ACQUIS ET EMERGENCE DE LA RAISON

Les acquis de l'enfant, comme je l'ai écrit précédemment se constituent peu à peu et comportent différentes composantes :
     - acquis comportementaux à vocation plutôt sociale (politesse, respect de l'autre...),
     - acquis au niveau des connaissances qui émanent de la découverte progressive du monde environnant,
     - acquis de croyances provenant du cadre culturel dans lequel l'enfant se trouve (éthique, religieuses, républicaines...)
     - acquis méthodologiques qui permettent à l'enfant une première approche des outils de la raison (mathématiques, physique, sciences humaines... )

Tous ces acquis concourent à constituer peu à peu les outils de la raison. Suivant en cela Kant, ils prennent la forme de concepts variés qui, chacun, apportent leur pierre à la constitution de la raison.

Parmi ces concepts, on trouve entre autre :
     . Le phénomène de causalité : l'enfant qui vient de toucher le feu retire sa main à cause de la douleur ; il en tire la conclusion qu'il existe une relation de cause à effet entre la chaleur du feu et la brûlure,
     . La notion de quantité à partir de l'observation du plus ou du moins, du trop ou du trop peu,
     . Le concept d'espace-temps  à partir de la notion de finitude puisque, dans notre monde clos, tout à un début et tout à une fin.
     . L'assimilation intellectuelle des lois mathématiques et scientifique qui peuvent servir à la compréhension de l'univers.

Toutes ces notions qu’Emmanuel Kant qualifie de " concept à priori"  vont peu à peu se synthétiser pour créer "l'outil raison".

Pour moi, ces "concepts à priori" ne sont pas innés, il me semble en effet qu'ils proviennent essentiellement des acquis, je m'en suis souvent rendu compte en voyageant à l'étranger ; ainsi, alors que notre conception du temps est linéaire, celles d'autres civilisations sont cycliques. Selon moi aussi, il n'y a pas de concept universel de raison, même dans le cadre d'une civilisation spécifique, mais beaucoup  plus une juxtaposition de systèmes de raison élaborés selon ses acquis. Chaque individu est capable, en théorie au moins, d'élaborer son "outil raison" individuel. Chacun acquiert un système de valeurs qui est inhérent à sa personne seule et est le fruit de son propre intellect et donc de sa liberté.

vendredi 25 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (15)

LA CONSTITUTION DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI

INNE ET ACQUIS CHEZ L'ÊTRE HUMAIN (suite)

L’affirmation par moi formulée dans le précèdent article est corroborée par une caractéristique anatomique et biologique : à la différence des animaux qui sortent du ventre de leur mère et sont capables de marcher et de téter, l'enfant, au moment de la naissance, n'est qu'un être végétatif, capable seulement de faire savoir quand il a faim, de dormir, de gesticuler et d'éliminer ses déchets. Son développement se poursuit en effet hors du ventre de sa mère en étroite corrélation avec l'augmentation de la taille de son cerveau. En conséquence, c'est dans les premiers mois qu'il va dépasser le comportement instinctif du boire et du dormir et éliminer pour commencer à acquérir les comportements qui feront de lui un être humain à part entière. Dans cette perspective, il est évident qu'au phénomène purement biologique de la croissance va s'ajouter  un ensemble de sensations dépendant totalement de l'environnement affectif et culturel auquel l’enfant est soumis. Cette première forme d'acquis est d'autant plus importante qu'elle pénètre un cerveau sans a-priori et surtout sans capacité d'analyse ; elle l’imprègne, créant des impressions plus que des valeurs. Ce système d'imprégnation durera pendant la prime enfance jusqu'à l'acquisition de l'esprit de raison qui conduira l'enfant ou plutôt l'adolescent à l'élaboration d'un premier système de concepts qui évoluera au fil du temps.

Ainsi, l'enfant, selon moi, passe par trois phases :
     . Une phase purement végétative et instinctive,
     . Une phase d'accumulation d'impressions emmagasinées en vrac,
     . Une phase de mise en ordre de ces impressions qui deviennent à l'adolescence, grâce à l'outil de la raison, les valeurs auxquelles on se réfère.

De ce qui précède, j'en conclus qu'il n'existe pas d'inné sinon au niveau des instincts primaires, se nourrir, dormir, éliminer ses déchets et se reproduire et que tout le reste ne procède de l'acquis.

prochain article : acquis et émergence de la raison

jeudi 24 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (14)

LA METHODE D'ELABORATION  DES VALEURS DE L'ÊTRE EN SOI

INNE ET ACQUIS CHEZ L'ÊTRE HUMAIN

La méthode par laquelle l'être humain acquiert la connaissance de soi pose d'abord le problème de ce qu'il est possible de trouver dans le casier de l'être : existe-t-il, lors de la naissance, certaines valeurs comme l'écrit Platon qui pense que l'on peut retrouver en soi l'idée pure de l'âme ou comme Freud qui indique qu'à la naissance, l'homme porte en lui le passé de l'humanité ? Au contraire, l'être à la naissance est-il totalement vierge de toute influence comme le pensent Aristote, saint Thomas d'Aquin ou Nietzsche ?

Cela revient à poser la question de la part d'inné et d'acquis dans l'être humain : S'il n'y a que de l'inné, le problème de la recherche de la liberté ne se pose pas puisque tout est conditionné par les gènes ;  par contre s'il n'y a que de l'acquis, il convient de se poser la question du choix de ses valeurs, ce choix étant, selon moi, le critère fondamental de la liberté.

J'ai déjà évoqué cette question dans plusieurs chapitres précédent de ce blog, à la fois en considérant les écrits philosophiques (Rousseau, Hume, Locke...), et en décrivant les sociétés dites primitives et en particulier celle des aborigènes d'Australie et des Wayanas de Guyane. J'ai montré aussi qu'il existe une multitude de braves gens (cf. mon article LES BRAVES GENS ) mais que les multiples manipulations  de la société capitaliste et individualiste peuvent pervertir à tel point les comportements que toute bonté disparaît en eux. 

J'en avais conclu que l'homme est à la fois capable de compassion, de dépassement de soi au service des autres ou d'une juste cause, de don de soi allant jusqu'au sacrifice de sa propre personne, mais aussi, en même temps, capable d'esprit de vengeance, d'appétit de puissance allant jusqu'à la destruction physique de ceux que l'on considère comme des adversaires ou des concurrents, d'instincts bestiaux, d'esprit de domination, de jouissance sadique à faire souffrir, de réceptivité à la violence.

Ce dualisme de type "Docteur Jeckyl- Mister Hyde" semble inhérent à chaque être humain avec des proportions différentes selon les individus et selon les circonstances. Cela m’empêche de penser que ces comportements sont innés et préexistent dans les gènes, ils ne résultent  que de l'acquis.

A suivre....


mercredi 23 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (13)

COMMENT PEUT-ON SE FOURVOYER DANS LE TIROIR DU PARAÎTRE ?

Pour quelles raisons se produisent les déviations précédemment citées, vers des voies qui ne mènent qu'aux tiroirs des faux-semblants et des alibis ? Plusieurs explications me viennent à l'esprit :

     . En premier lieu se trouve l'incapacité de beaucoup d'individus à se regarder en face, à se voir tels qu'ils sont, ils préfèrent s'imaginer tels qu'ils voudraient paraître et tels qu'ils aimeraient être vus des autres. Ce n'est pas pour rien, comme je l’ai écrit dans l’article précédent, que l'allégorie du "connais-toi toi-même" tient un miroir à la main pour se regarder telle qu'elle est : se voir ainsi est en général insoutenable vues les illusions que l'on porte sur soi ; être face à la réalité, même physique, fait peur et on préfère dissimuler son aspect derrière les illusions de son paraître.

     . Cette dissimulation de son être derrière son paraître devient vite du narcissisme : face à son miroir, on ne voit qu'un portrait déformé de soi où on ne retient que ce qui plaît : dans ce cas. la liberté ne peut exister, on subit le pire des esclavages, celui de soi-même et de sa suffisance.

     . Une autre explication qui est d'ailleurs la conséquence de la précédente est l'égocentrisme qui organise tout en fonction de lui-même, l’egocentrique a toujours raison, refuse d'avoir tort, utilise des raisonnements du type : " ce n'est pas moi, c'est la faute des autres" : ce comportement est plus grave que le précédent car il peut avoir des conséquences dans la vie sociale, il se mue vite en appétit de puissance et de mépris des autres avec, selon moi, une aliénation totale de sa liberté puisqu'il fait ressortir l'esclavage des instincts

     . Il existe aussi  chez certains individus une paresse d'esprit qui consiste à ne pas réfléchir, à ne pas appliquer les mécanismes de la pensée et des raisonnements logiques, soit parce qu'ils sont ontologiquement incapables de le faire, soit parce qu'obnubilés par le paraître des faux semblants, ils ont oublié les méthodes de la réflexion. Ils se ravalent aussi au niveau des comportements instinctifs et sont, par essence même, privés du champ de la liberté.

Pour ceux qui ont la volonté d'analyser leur  paraître, la méthodologie du tiroir  débouche sur une connaissance de soi encore partielle  car comportementale et sociale : elle est néanmoins utile et nécessaire car elle permet d’aller plus loin dans la recherche de soi-même en dépassant le "paraître" pour accéder à l'être.

lundi 21 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (12)

LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE.
suite de l'article précédent

Le quatrième exemple est le plus visible dans la société. Aux diverses formes d'esclavage qui émanent de l'individu lui-même, s'ajoutent les multiples sollicitations émanant des "souterrains de la volonté"  au sens Shopenhauerien du terme, elles consistent, selon ce philosophe, à soumettre les êtres humains à une chaine sans fin d'envies, de désirs toujours insatisfaits et à la quête du plaisir pour lui-même. L'homme désire constamment posséder quelque chose, dès qu'il l'obtient, il est satisfait pendant un court instant mais, très vite, une autre envie le prend et le rend malheureux tant qu'il n'a pas assouvi son plaisir. Cette caractéristique peut se résumer en un seul adage  "On n'aime plus ce que l'on possède et on aime ce qu'on ne possède pas encore"  En conséquence, dominé par le "vouloir vivre", l'homme est esclave des « mondes souterrains » qui ne règnent en maître que dans son paraître.

Les exemples abondent et se manifestent dans la plupart des rapports que l'homme peut entretenir avec les autres. Ainsi, lorsqu'un individu acquiert un objet dont il n'a pas un besoin vital, il va se donner des alibis sans se poser la véritable question du pourquoi de cet achat ; lorsqu'un quidam achète une nouvelle voiture en remplacement d'un véhicule ancien encore en fonctionnement, on voit apparaître un florilège d'alibis :
     . J'ai changé de voiture parce que l'ancienne faisait trop de bruit, était trop poussive et trop exiguë. En outre, j'étais mal assis et conduire longtemps ne donnait mal au dos,...
     . Je veux être à la pointe du progrès pour ne pas être dépassé par la technique...
Suit alors l'inévitable péroraison mainte fois entendue : " et vous n'avez-vous pas l'intention de changer de voiture ? Si oui,  je vous conseille d'en acheter une semblable à la mienne ! "

De même, ai-je entendu maintes fois des allégations du type : «  vous avez encore votre ancienne télévision ! Vous n'êtes pas très moderne. Moi, cela fait longtemps que j'ai changé la mienne pour un écran plat, la qualité de l'image est bien meilleure que celle de votre ancienne ruine ! »

Si tous acceptaient de dépasser le stade du paraître, ils ne trouveraient que des constants effrayants :
    . Je suis totalement esclave de mon désir de posséder,
    . N'ayant ni personnalité ni vie intérieure, je n'ai pour me valoriser que ce que j'acquiers avant les autres.


dimanche 20 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (11)


LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE. suite

Le tabagisme est encore plus révélateur que la boulimie de cet esclavage du paraître : quand on demande à un fumeur pourquoi il fume. Il donne en général les mêmes réponses :
     . J'ai commencé à fumer pour faire comme les copain(e)s, pour transgresser un interdit, pour me sentir adulte.
     . Je fume, mais je peux m'arrêter quand je veux...
     . Je connais quelqu'un qui n'avait jamais fumé et qui est mort à 20 ans..
     . Je fume pour me détendre et me sentir bien, cela me permet de me calmer quand je suis énervé,
     . Fumer avec ses amis renforce la convivialité,

De telles allégations sont utilisées pour le tabac mais aussi pour la drogue, l'alcool...  Ce ne sont en réalité que des idées  émergeant du tiroir des faux semblants et des alibis. En fait, si tous ces gens avaient le courage d'aller plus loin dans leur recherche d'eux-mêmes, ils ne trouveraient qu'une chose : l'imprégnation d'une drogue dont ils sont esclaves et dont ils ne peuvent se passer. De la même manière que pour la boulimie, ils ne disposent d'aucune liberté face à ce problème ; leurs vies oscillent entre de brefs moments de plaisir quand ils assouvissent leurs désirs de fumer ou de boire et de longues périodes de souffrances lorsque l’impérieux appel de la drogue devient une idée fixe.

Le troisième exemple est celui des codes vestimentaires : pour moi en effet, un être humain vivant constitue un tout," un roseau qui pense"  dirait Pascal, un corps qui comporte un esprit apte aux raisonnements les plus divers. S'il peut se produire un dualisme du corps et de l'âme après la mort physique, il n'existe pas de différenciation entre les deux pendant la vie Cela amène le corps à se fourvoyer dans les casiers des faux-semblants,

J'ai déjà évoqué une intéressante  allégorie de PRUDENTIA (voir mon article sur le mausolée d'Alexandre VII) qui matérialise le concept de la connaissance de soi par une femme se regardant dans un miroir. Que vont-on dans un miroir : ce qu'on est vraiment, on ressent ses imperfections corporelles et tout ce qui éloigne son corps des canons de l'être humain idéal que l'on voudrait posséder  face à soi-même et face aux autres : on se trouve alors devant un dilemme : s'accepter tel que l'on est ou tenter de masquer la réalité en travestissant son corps ; pour se rendre acceptable aux yeux des autres, on va suivre aveuglément les canons des modes vestimentaires même si ces modes sont inadaptées à son aspect corporel. Le même phénomène s'observe pour les gens qui refusent de se voir vieillir et qui vont masquer leur dégradation physique la travestissant.

On retrouve à nouveau dans cette perspective le tiroir des "faux-semblants", du refus de se connaître soi-même, de l'absence de liberté et surtout de l'esclavage qui en résulte.

A suivre...


samedi 19 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (10)

LE FOURVOIEMENT DE LA "LIBERTÉ EN SOI" DANS LE PARAÎTRE.

LES VOIES VERS LE TIROIR DU PARAÎTRE

 On pourrait penser que tous les êtres humains réagissent de la même manière et qu'ils appliquent une démarche de raison à leur recherche comportementale. Ce n'est malheureusement pas le cas. En effet, le chemin qui mène à la connaissance de soi est semé d'embûches, ce n'est pas une voie unique qui conduit directement au bon tiroir. Il y a de multiples bifurcations possibles et, souvent, il parait plus simple et plus gratifiant de choisir les voies secondaires qui mènent aux tiroirs des faux-semblants, des fausses raisons, des alibis et, comme le disait fort justement Shopenhauer, du vouloir vivre et de la volonté de désir. . C'est en suivant ces voies que l'on perd sa liberté et que l'on devient sans vouloir le reconnaître esclave de soi-même.

Pour me faire comprendre, je citerai quatre exemples : la boulimie, le tabagisme et les critères vestimentaires qui ressortent de l'individu lui-même et l'escalade des envies qui correspondent plutôt à l'individu dans la société. 

Le premier exemple est celui d'une personne qui est obèse et souffre, de ce fait, de nombreuses pathologies handicapantes. Cette obésité est due uniquement à l'excès de nourriture et en particulier de viande. Quand on lui demande pourquoi elle mange tant, elle donne diverses explications du type : " mon mari m'aime comme je suis", "quand étais enfant, j'étais souvent malade et ma mère me laissait manger tout ce que je voulais, sans entraves et à toute heure", " je suis bien comme je suis, d'ailleurs je ne me regarde jamais dans une glace" : tous ces arguments proviennent du tiroir des faux-semblants.

Si cette personne avait dépassé ces fausses raisons qui ne sont que des alibis et si elle avait été plus loin dans sa quête vers la connaissance de soi, elle aurait constaté que son envie de manger était devenu un esclavage et qu'à l'égard de ce problème, elle avait perdu toute sa liberté. Elle aurait aussi constaté que sa vie oscillait entre de brefs moments de plaisir lorsqu’elle se gavait et de longues périodes de souffrances lorsqu’elle ne pouvait manger. Rien n'est plus terrible d'être ainsi esclave de ses envies et de ses désirs et de sembler s'y complaire pour ne pas perdre la face vis-à-vis des autres.

A suivre...

vendredi 18 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (9)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

SYNTHÈSE SUR LES APPORTS PHILOSOPHIQUES

En dépit de leurs profondes différences, les systèmes philosophiques dont j'ai exposé les thèses à propos de la connaissance de soi, ont néanmoins deux caractéristiques communes :

     - d'abord, l'idée que derrière le monde des apparences, il existe une réalité plus profonde et plus vraie : l'âme en tant qu'idée pure non abâtardie chez Platon, le monde des idées claires et distinctes selon Descartes, l'univers de la connaissance par la raison chez Kant, les souterrains du vouloir-vivre chez Shopenhauer, le ÇA chez Freud.

     - ensuite, même chez les philosophes les plus pessimisme, il existe des voies permettant d'accéder à ces mondes : par la maïeutique chez Platon, par le doute pour Descartes, par l'utilisation de l'outil-raison chez Kant, en transcendant la volonté grâce à la sagesse du renoncement de type bouddhiste selon Schopenhauer, par l'analyse psychanalytique chez Freud.

Ces deux caractéristiques corroborent mes choix à priori ;
     - à propos de la possible connaissance de soi, et de la présence d'un écran d'apparences (le paraître) qui peut s'interposer lors du cheminement vers la connaissance de l'"être en soi"
    - sur l'idée que l'être en soi se constitue dans la plus totale liberté et comporte un assemblage de valeurs si diverses qu'elles peuvent créer des anges tout autant que des démons.

Ces perspectives peuvent aussi s'accorder également sans difficulté avec les thèses des philosophes du pessimisme sut la conscience, mais je classerais la plupart de leurs constats dans le monde des apparences et non dans celui de l'être.

Enfin, entre la "marmite bouillonnante" de Freud et la primauté de la raison de Kant, j'ai toujours choisi la seconde alternative.

Ces préalables effectués, je peux maintenant poursuivre mon propos en décrivant les chemins du paraître puis les chemins de l'être.

mercredi 16 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (8)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES,

LES THEORICIENS DE L’OMBRE,

FREUD

Freud qui ne se considère pas comme philosophe mais comme clinicien, se sert des mêmes bases que Shopenhauer avec une séparation entre le monde conscient et l "arrière-monde" de l'inconscient auquel il ajouta un monde intermédiaire, la préconscience. Ce trialisme fut précisé en 1920 par un nouveau système de pensée avec apparition de trois appellations nouvelles : le ÇA, le SUR-MOI et le MOI.

Le ÇA est le réservoir de toutes les pulsions qui nous anime, c'est la partie la plus inconsciente de l'esprit humain, le réceptacle des désirs inavoués et refoulés, le réservoir des instincts, la partie la plus obscure de notre personnalité, c’est " une marmite pleine d'émotions  bouillonnantes" qui vont tenter de passer les barrières pour remonter à la surface. Le ÇA ne possède ni l'organisation ni volonté, il tend uniquement à satisfaire les besoins pulsionnels en se conformant au principe de recherche immédiat du  plaisir. Il est seulement régi par la libido ou par l'agressivité. Le ÇA comporte non seulement les pulsions qui découlent de sa vie personnelle mais aussi toute la mémoire pulsionnelle de l'humanité (meurtre du père primitif, histoire d'Oedipe...).

Le SUR-MOI comporte l'intériorisation de tous les interdits sociaux et parentaux, il est à la limite de la conscience et de l'inconscience et se forme à l'adolescence. Il fonctionne en tant que barrière et de censure aux pulsions émanant du ÇA en les empêchant de remonter jusqu'à la sphère consciente.

Le MOI est la partie de la personnalité qui assure les fonctions conscientes, c'est un esclave qui doit assurer la médiation entre trois maîtres, le ÇA, le SUR-MOI et le monde conscient. Il assure aussi la stabilité du sujet en l'empêchant au quotidien de se libérer de ses pulsions ; néanmoins, il n'arrive pas à tout contrôler car les pulsions peuvent remonter à la surface par le rêve et par les névroses.

Pour Freud comme pour Shopenhauer, la connaissance de "l'être en soi" est impossible : l'homme est esclave de son ÇA, de ses pulsions et de ses instincts. Pourtant, il existe une possibilité d'échapper à ces bouffées pulsionnelles que le MOI ne peut contrôler grâce à la psychanalyse ; celle-ci comporte deux étapes :
     - créer une ambiance propice de calme et d'écoute permettant d'amener à la conscience du sujet ce que le psychisme refoule en lui,
     - libérer en lui les psychoses en les transférant du sujet au psychanalyste.

Ainsi, Freud, tout comme Schopenhauer témoigne d’une vision particulièrement pessimiste de l'être humain : pour lui, il n'y a aucune échappatoire au ÇA, l'homme n'est ni libre ni même responsable des actes qu'il commet au nom des pulsions accédant à la surface. Ces propos doivent cependant nuancés du fait que Freud n'est pas un philosophe mais un clinicien sans cesse en contact avec des névroses ; c'est à partir de leurs exemples qu'il constitue ses théories ; selon moi, elles sont valables pour ces malades mais elles ne s'appliquent pas à l'ensemble des êtres humains. (1)

(1) Les vulgarisations des théories freudiennes,  basées essentiellement sur le concept d'inconscient inhérent à l'homme, expliquent les actes humains par des pulsions incompressibles de cet inconscient auquel on se refuse soi-même l'accès.

Ces théories sont triplement dangereuses du fait qu'elles sont mal comprises :
         - elles cantonnent l'homme aux faux-semblants du paraître et officialise  sa paresse puisque selon ces théories, on  ne peut accéder à son être qui est largement constitutif de l'inconscient,
          - elles rendent impossible toute liberté de l'homme puisqu'elles décrètent que l'homme est incapable d'accéder à cet inconscient par la voie de la raison.
          - elles donnent des explications simplistes (peur de la castration, complexe d'Œdipe.. ) qui n'ont rien à voir avec la majorité des gens.
          - elles excusent tout puisque l'on trouve toujours une justification dans l'inconscient de tout comportement criminel.

 Il suffit par exemple de constater  la manière dont les procédures de justice fonctionnent : la victime est en général laissée de côté et on s'intéresse surtout à la psychologie de l'assassin en tentant de sonder son inconscient pour trouver une explication à ses actes et donc pour lui trouver des circonstances atténuantes. Dans la perspective du "connais-toi toi-même", cette démarche est inutile et dangereuse comme le montrent les récidives de nombreux criminels.

mardi 15 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (7)


PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES

LES THEORICIENS DE L’OMBRE

SHOPENHAUER

Le titre de l'œuvre majeure de Shopenhauer, "le monde comme volonté et comme représentation" résume en un seul aphorisme la pensée fondamentale de ce philosophe. Le monde est divisé en deux strates, le monde de la représentation et le monde du vouloir et du "vouloir vivre". Le premier est la face émergée de l'iceberg, le second représente sa partie immergée, elle est beaucoup imposante que la première voire même abyssale.

Le monde de la représentation est celui dans lequel nous vivons et où s'exerce notre quotidienneté consciente :
     . Les choses y sont perçues de manière claire et distincte,
     . Tout y est sensé, et orienté vers une signification ultime,
     . Nous vivons comme si notre conscience était animée par la liberté de choix.

Ce monde n'est cependant qu'un écran rassurant et une illusion :

     . Nous ne connaissons notre monde que par les représentations que l'on peut en avoir, on ne peut pas être sûr que les choses existent "en soi" ou si c'est seulement la représentation que nos sens et notre intellect perçoit (idée déjà exprimée par Descartes et Kant)

     . Notre monde paraît sensé mais en réalité, il est basé sur des notions sans fondement : ainsi, le principe de causalité n'est qu'une création humaine puisqu'on ne peut jamais parvenir jusqu'à une cause première ; de même, la chaine des "pourquoi ? " débouche sur un questionnement sans fin du type de l'œuf et la poule qui ne mène à rien

Le monde de la représentation n'est qu'une surface sous laquelle se trouve un autre monde, celui de la volonté du "vouloir vivre".  Le monde des idées claires et distinctes de l'intellect est conditionné par ce qui s'agite dans les souterrains. Cette puissance cachée, insaisissable, domine et submerge la conscience.

Le monde du vouloir, de la volonté, du vouloir vivre est un champ aveugle de forces, de pulsions et d'instincts qui n'a ni objectif, ni origine, il est indépendant du temps, de l'espace, de la raison, de la causalité..., il représente l'élan  vital qui fait pousser les plantes et fait vivre les animaux comme les hommes. C'est un élan universel vers la vie vers lequel se ruent toutes choses et êtres.

Le "vouloir vivre" sous-tend toute l'existence humaine et nous rend esclaves et malheureux :

     . La volonté pousse  les hommes à agir qu'ils aient des motifs rationnels ou non, la liberté humaine n'est qu'illusion, c'est le vouloir qui œuvre à notre insu. Nous ne sommes pas maîtres de notre volonté, c'est elle qui agit en nous.

     . La volonté agit sur les hommes en suscitant et en motivant les désirs et les envies, elle nous entraîne dans une chaine sans fin de désirs, nous n'aimons pas ce que nous avons et nous recherchons tout ce que nous n'avons pas. L'homme court sur un océan de chimères, ce qui fait naitre la frustration et la  souffrance et rend l'être malheureux.  Si on décide de maîtriser ses envies en tentant de se soustraire à la torture incessante de la volonté, nait un autre maux, l'ennui. Souffrance et envie caractérisent l'impact du vouloir-vivre sur l'être humain.

Ce conflit entre l'illusion de la liberté  et la tyrannie de la volonté s'observe essentiellement  chez l'être humain, en effet, les plantes sont dépourvues de conscience, elles sont entièrement dominées par le vouloir-vivre et par l'élan vital, les animaux n'ont qu'une conscience limitée, seuls les hommes ont une conscience assez développée pour que ce conflit apparaisse vraiment.

Cette philosophie est aux antipodes des philosophes précédemment cités et des concepts que j’ai préalablement décrits : pour Shopenhauer, la connaissance de soi est illusoire, le libre choix et la liberté n'existent  pas, il est donc impossible de cheminer vers l'être en soi qui n'est aussi qu'une illusion, dans cette perspective, « le monde du paraître » est le seul qui soit abordable,  

Pourtant Shopenhauer indique qu'il existe une échappatoire possible à cette situation : rendre le vouloir vivre inopérant par l'expression artistique et surtout par une sagesse de détachement du monde du type de celle prônée par le bouddhisme.

A  suivre… prochain article, Les théoriciens de l'ombre : FREUD

lundi 14 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (7)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES Suite de l’article précédent

LES THEORICIENS DE LA LUMIERE

KANT (1)

Philosophe des lumières du 18ème siècle, Kant occupe une place particulière du fait de son interprétation des thèses philosophiques que je viens de décrire chez Platon et Descartes : il a explicité la manière dont s'effectue la quête de la connaissance en tant que telle et déterminé une théorie méthodologique que l'on peut parfaitement adapter à l'objet de ma recherche, la connaissance de soi

Pour cela, Kant va utiliser l'outil par excellence du siècle des lumières, la raison. En ce sens, il convient de rappeler que le cheminement par la voie de la raison est contenu implicitement dans les œuvres de Platon et explicitement dans celles de Descartes ; par contre, cette idée est en totale opposition avec Shopenhauer et Freud qui pensent, comme je le spécifierai ensuite, que la raison n'est qu'une illusion rassurante du monde de la représentation et de la conscience.

Le but de Kant n'est cependant pas de définir la connaissance de soi, elle est beaucoup plus de poser la question de savoir si la métaphysique est ou non une science. C'est dans cette perspective qu'il va établir la manière dont l'être humain accède à la connaissance scientifique et donc quel cheminement il va employer pour affirmer que, par exemple, du fruit qui tombe de l'arbre, on peut en déduire la théorie de la gravité universelle. 

Ce cheminement comporte trois phases :

   1- au départ de la démarche, se trouvent les constats émanant du monde sensible, ils se composent d'une multitude d'informations sans aucune logique, c'est un fouillis que le sujet perçoit par ses sens et ses observations.

   2- l'esprit (l'entendement) va donner à ces informations brutes une première mise en forme grâce à des cadres comme l'espace-temps, la quantité, la qualité... Ces cadres sont appelés par Kant les "intuitions en soi" ; elles ne naissent pas spontanément au contact du monde sensible, elles sont seulement activées par ces contacts ; elles sont donc en nous bien avant toute observation. Comme elles sont universelles à l'espèce humaine, elles ne peuvent provenir de notre propre esprit, elles sont en nous comme en tout être humain et sont qualifiées d'"à-priori". Ainsi, selon Kant, les " intuitions en soi" commencent une première classification des informations du monde sensible.

  3- une fois cette structuration des données brutes établie, l'esprit a recours à d'autres cadres comme la causalité que Kant appelle " concepts en soi" ; à la différence des "intuitions en soi" qui sont en liaison avec le monde sensible, les "concepts en soi" sont essentiellement intellectuels,  ils ne dépendent pas de l'expérience et ne sont que les outils de l'intellect et constituent l'outil raison proprement dit. Comme les "intuitions en soi", ils sont universels et présents en nous antérieurement à toute recherche de connaissance.

  4- une fois la théorie déterminée par l'outil-raison, il faut effectuer diverses expériences afin de la vérifier et d'établir sa véracité.

Ainsi se définit une démarche qui passe des données brutes du monde sensible aux classements effectués par les " intuitions en soi" et les "concepts en soi" de la raison (2)

Il convient cependant de noter que Kant établit deux limites à la connaissance :

     - d'abord, nous ne pouvons constater que ce que nos sens perçoivent, on ne connaît que ce que Kant appelle "phénomène" ; les "choses en soi" nous sont à jamais cachées. Pourtant, même à partir des phénomènes, il est possible d'en avoir une "intuition en soi" universelle grâce aux à-priori qui sont en nous.

   - d'autre part, ces éléments à-priori ne sont pas des outils qui sont toujours à notre disposition, ils sont latents en nous et ne se mettent en œuvre que par les sollicitations de notre esprit. Une expérience sans concepts purs ne mène à rien de même que l'utilisation des concepts purs sans lien avec le monde sensible ne produit que du vide.

Cette méthodologie de la connaissance de soi corrobore parfaitement ma démarche du cheminement par la voie de la raison vers les valeurs de "l'être en soi" prélude à la connaissance de soi,
     . L’expérience de la vie crée en nous des « phénomènes »
     . Ces « phénomènes » sont traités par le double système des « intuitions en soi » puis des « concepts en soi », ce qui suscite  l'émergence puis le tri des valeurs de son être
     . Enfin, ces valeurs doivent  mise en concordance avec soi-même dans la gestion de ses actes quotidiens.  

Il est enfin à remarquer qu'en ce qui concerne le domaine de la connaissance, Kant établit une sorte de synthèse entre les pensées de Platon et de Descartes :
     . Les intuitions et concepts en soi par leur côté à-priori évoquent les idées pures platoniciennes,
     . L'utilisation de la raison pour acquérir toute connaissance est commune aux pensées de Kant, Descartes et Platon.

1- Cf la critique de la raison pure.
2- pour élaborer cette théorie, Kant va appliquer son schéma aux différentes sciences :
     - la logique n'utilise que les "concepts en soi" puisque c'est l'utilisation de la raison sans objet.
     - les mathématiques utilisent les "intuitions en soi" (exemple 2+2=4) pour les théoriser au moyen de la raison
     - la physique nécessité l'utilisation de la démarche complète.

Ces théories établies, Kant se pose la question qui sous-tend son ouvrage, la métaphysique est-elle une science ? Elle ne fonctionne que selon les "concepts purs" de la raison qui va au-delà de toute expérience, la raison s'y applique à elle-même, elle croit avoir affaire à des objets réels, ce qui n'est pas le cas ; en conséquence, il est impossible de résoudre des questions telles que l'existence de Dieu, l'éternité de l'âme...

A  suivre… prochain article, Les théoriciens de l'ombre : SHOPENHAUER

dimanche 13 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (6)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES

LES THEORICIENS DE LA LUMIERE

DESCARTES

La méthode socratique a été également utilisée par Descartes qui ambitionnait de mettre au point une méthode permettant d'entrevoir les vérités absolues inhérentes à l'essence même de l'homme par la méthode du doute.

La démarche de Descartes passe d'abord par le doute de tout ce qui nous entoure, nos sens ne sont pas fiables, ils peuvent nous tromper, de même, toute affirmation est incertaine car elle pourrait être l'émanation d'un " méchant génie".

La méthode employée conduit le philosophe à constater que si on peut douter de tout, il n'existe aucune valeur dont l'existence est indéniable.

 En conséquence,  si rien n'existe avec certitude, Descartes en conclut :
   - soit qu'il pourrait aussi ne pas exister non plus,
   - soit que s'il est apte à douter de tout c'est qu'il existe effectivement : je sais que j'existe du fait même que je doute.   Cette deuxième alternative amène  Descartes à formuler l'idée maîtresse de sa pensée, celle du "cogito"  la conscience du sujet pensant, c'est à partir de ce "cogito" que l'on peut reconstruire un monde de valeurs également indéniables.

La reconstruction se produit en tirant les conséquences de l'existence indéniable du cogito, le sujet qui pense ; en voici quelques concepts concernant la connaissance de soi :
     - Descartes établit d'abord une méthodologie des valeurs indéniables : il ne faut accepter que les idées claires, (immédiatement présentes à l'esprit et se manifestant par une intuition directe) et les idées distinctes (dont le contenu est si clair qu'elles peuvent être indépendantes de toutes les autres).
     - ces intuitions ne peuvent provenir de nous-mêmes car notre entendement limité, elles ne peuvent donc émaner que d'un entendement universel qui ne peut être que celui d'un Dieu transcendant.
     - l'erreur ne provient que de nous-mêmes : nos jugements résultent de l'entendement qui perçoit les idées et de la volonté qui donne et refuse son assentiment. Or, contrairement à l'entendement divin, notre entendement est fini, par contre notre volonté est au contraire infinie parce qu'elle est libre. La volonté peut déclencher le jugement avant même que celui-ci soit parfaitement éclairé ce qui conduit à l'erreur : pour éviter l'erreur, il faut limiter le jugement aux seules idées claires.

Pour moi, la méthode cartésienne est clairement une introspection avec rejet de toutes les fausses valeurs du paraître et recherche systématique des idées claires et distinctes au moyen de deux outils, le doute et la raison.

A suivre,,, les théories de Kant

jeudi 10 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (5)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

LES RÉFÉRENCES PHILOSOPHIQUES
Pour moi, les pensées des philosophes qui ont évoqué la connaissance de soi  se classent en deux grands courants que j'ai appelé théories de la lumière et de l'ombre.

Dans ce qui suit, je n'ai mentionné que ce qui concerne mon sujet sur la connaissance de "être en soi" sans évidemment rendre compte de toute leur pensée.

LES THEORICIENS DE LA LUMIERE

PLATON
La connaissance de soi est un thème central dans les discours où Platon met en scène Socrate.

Le " connais-toi toi-même" ne fut cependant une création ex-nihilo de ce philosophe puisque cet aphorisme figurait déjà sur le fronton du temple d'Apollon de Delphes.

La thèse socratique du " connais-toi toi-même" est une conséquence directe du dualisme monde des idées pures/ monde imparfait du monde sensible. L'âme procède du monde des idées mais se pervertit au contact du monde sensible pour ne devenir qu'un pâle reflet de ce qu'elle était. Pourtant,  elle conserve en elle tous les concepts qui faisait d'elle une idée pure sans toutefois que l'homme en ait conscience. En conséquence, chaque être humain peut, par une démarche appropriée, retrouver ces concepts qui vont lui donner la connaissance de soi et donc la sagesse.

Pour Platon, cette démarche est celle de la maïeutique, elle consiste en une méthode de questionnement qui amène les autres à douter de tous les faux-semblants pour retrouver les concepts émanant de l'idée pure qu'ils ont déjà en eux, enfouie au niveau de leur âme .

C'est de cette démarche socratique que j'ai puisé ces idées d'un cheminement qui amène à dépasser le tiroir du paraître pour permettre de retrouver la voie vers le chemin de l'être. Dans les dialogues de Platon, cette démarche est effectuée par Socrate et s'adresse à ses interlocuteurs, mais on peut aussi penser qu'elle pouvait se faire par la voie de l'introspection personnelle.

A suivre...
prochain article : le doute cartésien


mercredi 9 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (4)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

Cette quête des valeurs, explicitée dans le précédent article, selon la méthodologie des tiroirs et du  "connais-toi toi-même", si elle conduisait pour tous les êtres humains à la compassion, créerait à un véritable paradis sur terre ; ce n'est malheureusement pas le cas, en fait, la situation est beaucoup plus complexe que l'exemple donné précédemment. Il existe en effet deux limitations à ce cheminement :

       - la voie vers le casier de ses valeurs intrinsèques est difficile car, à chaque instant, on rencontre des voies transversales qui mènent à des tiroirs dans lesquels se trouvent les valeurs comportementales des alibis et faux semblant que j'appellerai TIROIR DU PARAITRE,

       - le tiroir de ses valeurs intrinsèques que j'appellerai TIROIR DE L'ETRE, est encombré de toute sorte de dossiers qui vont de la haine et du mépris de l'autre à la compassion la plus extrême ; le choix dans ces dossiers des valeurs qui donneront un sens à la vie de chacun, nécessite un tri. Or par définition, les concepts du bien et du mal n'étant que des valeurs sociales,  chacun peut mettre en avant les valeurs qu'il juge correspondant à son être du moment.

Les conclusions que je viens d'énoncer correspondent à mes convictions personnelles ; avant de poursuivre mon raisonnement sur la liberté en tant que connaissance de soi, il me convint de  vérifier si il était justifié eu égard aux pensées des grands théoriciens d'antan. Puisque je n'ai aucune prétention à avoir effectué une théorie eux-nihilo, j'ai donc étudié  dans quelques-unes de leurs œuvres qui me semblèrent significatives,  leurs conceptions du «connais-toi toi-même» afin de vérifier si mon a-priori qui consiste à penser que la connaissance de soi était une capacité de "l'être en soi" était justifié

Pour cela, j'ai puisé dans les œuvres de Platon, Descartes et Kant d'une part, Shopenhauer et Freud d'autre part, les informations que je jugeai utiles ; elles m'ont permis d'abord  de mesurer les écarts entre les pensées théoriques des uns et des autres concernant la possibilité ou non d'accéder à la connaissance et en particulier à la connaissance de soi, ensuite de constater qu'au-delà de ces divergences, il pouvait exister des points communs entre leurs théories qui me confortèrent dans mes conceptions.

A suivre...

mardi 8 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (3)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI Suite de l’article précédent

La démarche  que je propose est inverse de celle du jaillissement des souvenirs pour lequel le cerveau agit en tant que simple conservateur de mémoire. Le but  est d'effectuer une démarche volontaire et un cheminement ardu afin de retrouver en soi-même les clés de compréhension de nos comportements. Cette démarche est à la mesure de tout homme puisque chacun de nous dispose de l'outil nécessaire qui est celui de la raison. Pour moi, le " CONNAIS-TOI  TOI-MÊME " est une capacité de l'être en soi, il n'existe pas de domaines cachés, qui nous soient inaccessibles ou interdits.

Par exemple, devant une agression physique ou verbale comment va-t-on agir ? Tenter de riposter selon principe "œil pour œil, dent pour dent", fuir, essayer de calmer le jeu ou tendre l'autre joue ? Quelle que quoi soit sa riposte, L'individu concerné doit se poser la question : pourquoi ai-je eu cette réaction ? Quel facteur intérieur m'a poussé à celle-ci ?

La réponse à cette question nécessite une démarche qui est cet acte parfaitement conscient d'introspection vers un des tiroirs du cerveau qui donnera l'explication nécessaire.

Pour expliciter cette perspective, je voudrais donner un exemple personnel :

Je me trouvais aux Indes dans une gare grouillante de monde, il y avait là des milliers de gens et en particulier des lépreux .Ceux-ci vivaient de mendicité, ils avaient l'habitude pour apitoyer les gens de les toucher en quémandant de quoi manger. L'un d'entre eux s'approcha de moi, il avait perdu une grande partie de ses doigts et il me toucha à l'épaule. Je ne pus réprimer un recul instinctif. J'en eus honte ensuite ; je retrouvai en moi deux éléments qui justifièrent la stupidité de ce comportement instinctif : je savais que la lèpre n'était pas contagieuse et donc qu'il n'y avait aucune raison objective de mon recul ; surtout, j'avais, face à cette terrible maladie, eu un mouvement égoïste sans aucune compassion  pour l'être humain qui se trouvait devant moi. La fois suivante, lorsque d'autres lépreux ne touchèrent pour mendier, je pris sur moi de me laisser faire et de les accepter tels qu'ils étaient.

Pour employer la métaphore des tiroirs, j'ai effectué un double cheminement : dans le premier tiroir, j'ai trouvé les connaissances qui m'ont permis de trouver des faits objectifs concernant la lèpre ; j'ai ensuite recherché dans le tiroir des valeurs intrinsèques de mon être celle qui correspondait à la situation dans laquelle je me trouvais, ce fut la compassion

Cet exemple déjà ancien fut pour moi l'occasion de réfléchir à ce que j'étais et de me conduire à cette méthodologie du tiroir que je m'efforce d'appliquer et pour qui, j'ai trouvé trois phases successives d'élaboration :
      . Phase instinctive du ressenti qui pousse à une réaction immédiate soit comportementale, soit intellectuelle,
      . Mise en place d'un cheminement en soi-même qui va permettre de trouver la voie vers un tiroir où sont rangées les informations conceptuelles permettant d'analyser la réaction instinctive selon ses propres valeurs,
      . Détermination en fonction de ces critères  de la décision à prendre si un cas semblable se produisait á nouveau.

 C'est à ce moment que l'on jouit de la "liberté en soi" car on a effectué une recherche de la connaissance de soi qui aboutit à un choix raisonné transcendant l'instinct et permettant de se trouver face à soi-même et a ses propres valeurs.

Ainsi, à partir du moment où on sait pourquoi on agit et pourquoi on a effectué tel ou tel choix, on dispose de sa totale liberté .

A suivre...


lundi 7 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (2)

PRINCIPES ET JUSTIFICATIONS THÉORIQUES DE LA LIBERTÉ EN SOI

 LA METHODOLOGIE INTROSPECTIVE DU TIROIR

J'ai emprunté cette métaphore à Napoléon 1er qui expliquait que son cerveau était organisé comme un meuble pourvu d'un grand nombre de tiroirs dans lesquels étaient classés tous les dossiers dont il devait s'occuper ; au moment où les problèmes se posaient, il lui suffisait d'ouvrir le tiroir et de retrouver tout ce qui pouvait résoudre le problème.

 Cette méthode témoigne chez l'Empereur, mais aussi pour tout être humain, de l'extraordinaire capacité du cerveau à emmagasiner une foule d'informations, de sensations et d'images : il suffit par exemple de feuilleter un  album photographique pour s'en rendre compte : les anciennes photos permettent de retrouver des anciennes sensations visuelles, auditives, olfactives que l'on croyait oubliées et qui ne l'étaient pas en réalité. Il en est de même pour les acquis anciens : pendant les études secondaires, j'ai appris deux langues étrangères à mon corps défendant car je détestais cela ; à la fin de ma scolarité, je croyais qu'il ne me restait rien de cet apprentissage ; pourtant, beaucoup plus tard, j'ai constaté à ma grande surprise que toutes les notions essentielles réapparaissaient en moi lorsque j'en eus besoin.

 Le cerveau ressemble à une mémoire d’ordinateur qui conserve une multitude d'informations susceptibles de ressortir quand on en ressent le besoin Ces informations émergent le plus souvent spontanément (c’est le cas lorsque l'on retrouve tel ou tel mot d'une langue étrangère)  ou par association avec des faits ou événements du présent (la photo faisant ressortir le souvenir).

 L'émergence spontanée de souvenirs et de connaissances anciennes existe chez tous les individus. Pourtant, elle se produit aussi par une recherche consciente et organisée parmi tout ce que l'on a emmagasiné au fil du temps dans son cerveau ; quand on tente de se remémorer par exemple le nom d'une personne que l'on vient de rencontrer et dont on ne se souvient pas, on effectue une recherche, un peu á la manière de celle que l'on effectue sur internet, en exerçant sa mémoire ; on tente de retrouver des souvenirs ou des images associées à cette personne et, en général, son nom surgit au bout de quelques instants, il arrive même que ce cheminement ne soit pas conscient, la réponse à une question peut être différée et s'effectuer alors que l'on ne s'y attend pas. Ce cheminement de l'esprit s'est effectué selon ce que l'appelle la "méthode du tiroir", le cerveau a accédé à  l'information en ouvrant un tiroir où étaient amassés un certain nombre de renseignements concernant la période pendant laquelle on a rencontré la personne dont on recherche le nom et a livré l'information nécessaire.

 C'est cette méthodologie que je me propose d'utiliser pour définir les chemins menant la "liberté en soi" 

A suivre …


dimanche 6 mars 2016

LA LIBERTÉ, FRUIT DE LA CONNAISSANCE DE SOI (1)


PROLOGUE : "LIBERTÉ EN  SOI" ET LIBERTÉ SOCIALE


" Je suis libre, je fais ce que je veux" combien de fois, ai-je entendu cette phrase proclamée à tous propos, combien de fois aussi ai-je constaté que cette allégation n'était utilisée pour exprimer son égocentrisme et son narcissisme  et justifier n'importe quel comportement ! Combien de fois également ai-je remarqué que la revendication indue de sa totale liberté va de pair avec les maux de notre société : irrespect, incivilité et impolitesse individualisme, incivisme, indifférence qui eux-mêmes sont le fruit d'un monde dont la déliquescence sociale est le fruit de la perte de toute valeur. Dans cette perspective, le "je suis libre, je fais ce que je veux" a pour corollaire un aphorisme du type " seule compte ma personne, tout le reste m'importe peu" qui constitue la base d'un individualisme destructeur.

Revendiquer sa liberté ne veut cependant pas dire "être libre" : c'est d'ailleurs là que se pose le problème de la véritable signification du terme de liberté.

Pour moi, la liberté comporte deux faciès  différents l'un de l'autre : la liberté de "l'être en soi" (liberté ontologique) et la liberté sociale.

On pourrait penser que ces notions sont si semblables que les différencier est totalement artificiel. Pourtant les différences entre ces deux formes de liberté sont essentielles pour qui veut comprendre la manière dont s'exprime la nature de l'homme :
     . Au niveau de liberté en soi, on se trouve face à soi-même, sans autres entraves que les limitations que l'on s'impose á soi-même,  tandis qu'au niveau de la liberté sociale, les règles sont fixées par  la communauté rassemblant les individus pour établir les codes de vie et où chacun a théoriquement sa part décisionnelle.
   . Au niveau de la liberté sociale, les notions de bien et de mal deviennent fondamentales, ce qui n'est pas le cas lorsque l'on se place dans la perspective de la liberté ontologique. Chacun se fixant à soi-même ses propres critères, et ses valeurs personnelles, il ne peut y avoir une dichotomie bien-mal face à soi-même.

Il  existe néanmoins  une étroite corrélation entre ces deux formes de liberté qui apparaissent intimement mêlés :
     . Le sens que l'on donne librement, individuellement et personnellement à ses propres valeurs induit les comportements  sociaux que l'on mettra en œuvre.
     . Les expériences et les liens sociaux pourront amener chacun à faire évoluer ses propres concepts de valeurs.

Le dualisme liberté ontologique-liberté sociale est donc un concept mouvant qui évolue par interaction entre les valeurs de l'être et les comportements sociaux. Dans cette perspective,  la liberté ontologique n'a rien à voir avec le " je suis libre, je fais ce que je veux" qui sert de base à notre société. On le verra d'ailleurs, cette liberté factice,  stupide et irrationnelle n'a aucun rapport avec cette liberté de l'être dont il convient maintenant d'entamer la description.

Pour moi, la "liberté en soi" peut se définir par un aphorisme simple : face à une situation donnée, j'accomplis tel ou tel acte et je sais pourquoi je l'accomplis en mettant en œuvre les valeurs que j'ai librement choisies et qui guident ma vie au moment de mon acte.

Encore faut-il connaître les valeurs qui permettre  d'être libre, cela implique une méthodologie introspective que j'ai appelé la méthodologie du tiroir.

samedi 5 mars 2016

LA GUADELOUPE D’ALI TUR (15) : Le Lamentin

LE PRESBYTÈRE ET LE GROUPE SCOLAIRE DU LAMENTIN

Ces deux  édifices ont été construits autour de la place centrale du Lamentin par Ali Tur :


LE PRESBYTÈRE  (à droite) est un bâtiment de forme rectangulaire à deux niveaux, il est précédé sur les deux niveaux et sur les trois côtés  d'une véranda à auvent et colonnes, le balcon est courbe aux deux extrémités, ce qui permet d’équilibrer et d’harmoniser les formes. Au centre de la balustrade est sculptée une croix stylisée.

Le GROUPE SCOLAIRE (à gauche) dont la photo ne présente que la partie centrale,  possède une forme en U  typique de l'architecture ternaire d'Ali Tur :
   . Au centre, un bâtiment central à deux niveaux pourvu d'un balcon à l'étage encadrant une véranda. Le rez-de-chaussée comporte une galerie à colonnes qui s'ouvre de part et d'autre sur une galerie de liaison à un niveau.
   . De part et d'autre de la galerie se trouvent deux bâtiments en équerre primitivement à un niveau et qui furent rehaussés en 1960

Enfin, pour terminer cette série sur la Guadeloupe d’Ali Tur, voici le MARCHÉ  construit par l’architecte pour le Lamentin.

On y retrouve toutes les formes  stylistiques qui caractérise son art  : colonnes simple sans base ni chapiteaux, équilibre des structures  et double corniche séparant un entablement.

Ce marché témoigne aussi du souci d’Ali Tur d’adapter son architecture aux conditions atmosphériques de la Guadeloupe : l’entablement est ajouré ce qui permet qu’un  courant d’air circule dispensant de la fraîcheur aux marchands et à leurs clients.

Cette dernière particularité que l’on retrouve dans tous les édifices construits par Ali Tur en Guadeloupe s’ajoute à la recherche d’harmonie des formes  et donne à son architecture une originalité unique au monde.

jeudi 3 mars 2016

LA GUADELOUPE D’ALI TUR (14) : Le Lamentin

L'ÉGLISE DU LAMENTIN

L’église a été réalisée sur le site  de l'ancienne église détruite par le cyclone de 1928 et présente la même structure globale qu’elle, cependant Ali Tur en modifia totalement l’organisation comme le montrent les deux photos ci-dessous.

 Sur la photo de l’ancienne église, apparaît une large nef encadrées de deux clochers qui correspondent à la largeur des  bas-côtés. Trois portes donnaient  accès à la nef centrale et aux deux bas-côtés. Ali Tur conserva l’organisation d’ensemble de la façade mais en en modifia quasi-complètement la structure :
   . La nef a été considérablement élargie en sorte qu’elle parait plus massive. Cette impression de massivité est encore renforcée par les lourds piliers quadrangulaires  qui séparent les trois portes.
   . Au centre du mur occidental se trouve une unique décoration composée de claustras verticales encadrant une baie centrale également à claustras qui comporte  en son milieu un Christ en croix.
   . De part et d’autre de cette large nef, Ali Tur construisit deux corps latéraux  qui paraissent beaucoup plus hauts et élancés que ceux de l’ancienne église du fait de leur élévation avec leurs deux piliers latéraux encadrant  d’étroites petites fenêtres.  Ces deux corps latéraux sont surmontés de clochers à jalousie encadrées de piles à redents.

Latéralement, l'église donne sur la place principale et fait face à la mairie ; la photo de la façade latérale montre en élévation :
   . Le bas-côté terminé par une corniche qui souligne les formes et comporte de triples fenêtres, hautes et étroites,
   . Au dessus, se trouvent les fenêtres rondes de la nef dont les claustras forment une croix,
   . Enfin, débordant de la largeur de la place, s’élèvent  d'une part le clocher et d’autre part l'abside circulaire entourée de son déambulatoire.

L’intérieur de l’église est sans doute la partie la mieux réussie de l’édifice.

 On note d’abord la présence de hautes colonnes circulaires verticales qui organisent les travées. Ces colonnes sont reliées, comme dans l’église de Morne à l’Eau,  par deux  larges poutres horizontales de béton  qui constituent l’ossature architecturale :
   . Une poutre de béton construite à mi-hauteur des colonnes qui les relie entre elles et supporte à la fois le plafond du bas-côté et le mur supérieur de la nef dans lequel les colonnes sont engagées.
   . A leur faite, ces colonnes portent une poutre horizontale pourvue de petites fenêtres servant à l’éclairage de la partie haute de la nef et portant le toit.

Les colonnes  servent également à porter des poutres transversales ornées de claustras décoratives soutenant les poutres de béton qui elles-mêmes supportent  le toit à deux pans.

Cette église se réduit à un simple jeu de construction et pourrait paraître austère  sans trois particularités qui équilibrent les formes :
   . La présence de claustras décoratives au niveau des poutres transversales de faite,
   . Les oculus circulaires à mi-hauteur de la nef dont les claustras sont pourvues de vitraux qui créent un chatoiement de couleurs dans l’église,
  . Au dessus de la tribune, les baies  à vitraux colorés mettent en valeur la grande croix dont la statue du  Christ  orne l’élévation extérieure de la façade occidentale.

mercredi 2 mars 2016

LA GUADELOUPE D’ALI TUR (13) : Le Lamentin

La place centrale du LAMENTIN à fait l'objet d'un aménagement urbanistique complet par Ali Tur ; en conséquence, la structure d'ensemble montre une  grande unité.

La place s'organise comme suit :
. 1- Église : elle forme un ensemble séparé puisque seule la façade latérale fait face à la place et à la mairie. Cela s'explique par le fait que la construction nouvelle a été effectuée sur la localisation de l'ancienne.
. 2- Mairie
. 3- École
. 4- Presbytère
. 5- Justice de paix devenue école de musique et commissariat
. 6- Monument aux morts

La façade de la MAIRIE DU  LAMENTIN possède une organisation conforme aux structures architecturales caractérisant l'art d’Ali-Tur.

Elle est en premier lieu  organisée selon l’habituel rythme ternaire mais avec un plan inverse de celui observé à la mairie de Sainte-Rose. En effet, les deux corps latéraux sont en avancée tandis que le corps principal, celui qui encadre la porte et donne sur le hall de distribution des salles, se trouve en retrait.

Cette partie centrale est bien mise en valeur à la fois par le présence de deux colonnes précédant le porche d'entrée et surtout par l’encadrement de la porte au moyen de deux murs à claustras. Ces deux claustras possèdent une forme d’ensemble d’une double croix formée par l’alternance de grilles à base de  rectangles  et circulaires. De part et d’autre se trouvent les deux corps latéraux de forme beaucoup plus simple.

En second lieu, l’élévation montre la même dissymétrie des étages ;  le rez-de-chaussée étant plus haut et plus massif que l’étage ; cette dissymétrie étant renforcée, comme à l’habitude, par l’effet d’optique dû au fait que l’étage est construit en retrait du premier niveau puisque précédé d’une galerie à portique.

A la dissymétrie verticale s’oppose une stricte symétrie horizontale :
   . Au dessus du porche à deux colonnes se trouve une galerie semblable, également à deux colonnes, séparée de celle du premier niveau par un mur plein servant de balustrade à la galerie. Aux trois fenêtres de l’étage correspond la porte ouvrant sur le hall d’entrée et son encadrement des deux murs à claustras.
  . De part et d’autre, les deux corps latéraux sont ordonnés selon une stricte symétrie : chacun comporte deux fenêtres au premier niveau, ils sont surmontés d’une balustrade centrale qui forme transition avec le second niveau. Leurs galeries sont encadrées de deux colonnes accolées, élevées aux extrémités du corps central.

Enfin, comme ailleurs, la façade est surmontée d’un étroit entablement mis en valeur par une corniche qui termine l’élévation. .

Selon ce que j’ai pu observer, la mairie du Lamentin m’a semblé une sorte d’archétype des conceptions architecturales d’Ali-Tur qui associe symétrie et dissymétrie dans une savante synthèse parfaitement harmonieuse.