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vendredi 17 juillet 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (110) : LES HOSPITALIERS DE SAINT JEAN DE JERUSALEM SOUS LES SUCCESSEURS DE RAYMOND DU PUY JUSQU'À 1187

LA PARTICIPATION  DES HOSPITALIERS À LA GUERRE OFFENSIVE : L'EXEMPLE DES EXPÉDITIONS EN ÉGYPTE DU ROI AMAURY. (Suite)

LA TROISIÈME EXPÉDITION (1167)
La deuxième expédition avait permis au roi de Jérusalem  comme à l'émir turc de constater à quel point l'Egypte était riche et faible : pour les deux protagonistes, la conquête du pays devrait être facile.

Šīrkūh réussit à convaincre le calife abbasside de Bagdad qu'une nouvelle expédition permettrait de chasser les chiites de l'Egypte et de rétablir l'unité religieuse autour du sunnisme  Nur-Ad-Din, d'abord hésitant se rallia à l'avis du calife et donna l'autorisation à Šīrkūh de lancer une nouvelle offensive. L'armée turque se mît en chemin en janvier 1167 et suivit la  longue route intérieure des caravanes.

Quand il apprit cette nouvelle offensive turque, Amaury décida, avec l'appui des principaux seigneurs réunis en conseil à  Naplouse, d'organiser une nouvelle expédition en Égypte afin d'empêcher Šīrkūh de s'en emparer. L'expédition partit d'Ascalon à la fin du mois de janvier 1167.

Lorsque Sawar apprit que l'Egypte allait être menacée par les deux armées convergeant vers son pays et qui étaient ennemies l'une de l'autre, il prit conscience que l'Egypte ne disposait pas de troupes capables de mener de front deux offensives, en conséquence, il décida, comme il en avait pris l'habitude,  de se concilier l'un d'entre eux pour mieux combattre l'autre. Il fit le choix du  roi de Jérusalem qui venait d'arriver en Egypte et offrit son alliance à Amaury.

Le détail des tractations  est clairement donnée par Guillaume de Tyr :

Le vizir " résolut donc, de concert avec les Chrétiens, de renouveler les anciens traités, d'établir sur des bases inviolables une convention de paix, et d'alliance perpétuelle entre le seigneur Roi et le calife [fatimide du Caire], d'augmenter la somme des tributs et de les constituer en revenu fixe et déterminé, qui serait payé annuellement au seigneur Roi sur les trésors du calife. Ceux qui intervinrent pour régler ces conventions ... décidèrent qu'il serait alloué au seigneur Roi une somme de quatre cent mille pièces d'or : la moitié fut payée sur-le-champ, et l'on promit que les deux cent mille pièces restantes seraient payées sans la moindre difficulté aux époques déterminées, sous la condition expresse que le seigneur Roi s'engagerait de sa propre main..., à ne point sortir du royaume d'Egypte avant que Syracon (Šīrkūh )et son armée fussent entièrement détruits ou expulsés de toutes les parties du territoire."

On peut s'étonner d'une alliance qui parut impie et de contre-nature à beaucoup de musulmans ; pourtant elle était pour le vizir un moindre mal : si Šīrkūh l'emportait, il savait qu'il resterait dans le pays ; par contre Sawar pouvait penser qu'Amaury regagnerait le royaume sitôt l'armée turque vaincue,  étant toujours sous la menace de contre-offensives de Nur-Ad-Din sur le nord du royaume : mieux valait accepter un protectorat lointain, même assorti d'un tribut, plutôt qu'une occupation militaire.


L'armée d'Amaury à laquelle se joignit l'armée égyptienne passa Bilbeis et campa à Forstat ( la première ville sur le site du Caire située sur la rive orientale)

L'armée de Šīrkūh arriva quelque temps plus tard, l'émir décida de contourner Le Caire par le sud, puis il traversa le Nil (2),  remonta vers le nord puis installa son camp à Guizeh sur la rive occidentale du fleuve(3). Les deux armées se trouvaient face à face de part et d'autre du Nil, il y restèrent plus d'un mois selon Guillaume de Tyr.

Afin de livrer bataille, les francs décidèrent de construire un pont de bateaux pour traverser le Nil mais dès que le pont fut à portée des archers turcs, ils lancèrent des bordées de flèches qui empêchèrent tout avancement des travaux.

Si on suit ce qu'écrit Guillaume de Tyr, Amaury envoya alors un détachement par bateau jusqu'à un lieu où se trouve une île au centre du Nil (4?) permettant de traverser le fleuve. L'île était occupée par les turcs, ils y venaient effectuer une razzia mais on peut penser aussi que  Šīrkūh pensait traverser le fleuve à et endroit  pour prendre à revers l'armée Franco-égyptienne, le combat s'engagea, les francs furent vainqueurs et purent passer sur la rive occidentale du fleuve.

Dans cette perspective, menacé par un ennemi supérieur en nombre, il ne restait d'autre choix à  Šīrkūh  que de refluer vers la moyenne Egypte. Poursuivi par l'armée d'Amaury, il dût livrer le combat à Al-Babayn en mars 1167 (5?)

La bataille fut indécise, chacun pût se croire vainqueur ; cependant, à l'issue de la bataille, les deux armées furent si éprouvées qu'elle durent se replier : l'armée d'Amaury et de Sawar regagna Forstat (1) . Quant-à l'armée turque, elle se porta vers Alexandrie, cité dont le gouverneur, par haine du traité d'alliance entre Sawar et Amaury, avait pris le parti de Šīrkūh.

Les francs décidèrent de se porter vers Alexandrie pour assiéger la ville. La cité, défendue par Saladin le neveu de Šīrkūh ( Šīrkūh avait quitté Alexandrie pour la Moyenne Egypte) résista mais bientôt les habitants d'Alexandrie commencèrent à maugréer contre le blocus effectué par les francs aidés par une flotte italienne, qui empêchait tout approvisionnement et tout commerce.

Le siège d'Alexandrie se termina comme celui de Bilbeis en 1164 : un traité fut signé entre l'émir turc et le roi de Jérusalem  : les deux armées s'engagèrent à évacuer l'Egypte : le 20 août 1167, l'armée franque était de retour à Ascalon, l'armée turque arriva en Syrie en septembre.

Ainsi la troisième expédition permit à Sawar de préserver son poste de Vizir ; pourtant, l'Egypte avait perdu une grande partie de son indépendance, la manifestation la plus tangible en était la présence d'une garnison franque au Caire chargée de faire respecter les traités et de percevoir le tribut.

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