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mercredi 29 juillet 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (120) : LES HOSPITALIERS DE SAINT JEAN DE JERUSALEM SOUS LES SUCCESSEURS DE RAYMOND DU PUY JUSQU'À 1187

LE SCEAU DU MAÎTRE DE L'ORDRE DE L'HÔPITAL.

Il est parfaitement révélateur de la fonction hospitalière de l'ordre comme le montre bien le sceau de Caste de Murols, un des plus ancien sceau conservé ( avec celui de Raymond Du Puy mais qui est peu lisible)

D'un côté, est représenté un personnage agenouillé, les mains jointes, devant une croix à double traverse. De part et d'autre de la croix, se trouvent les deux lettres grecques l'Α et l'Ω  qui se réfèrent à l'Apocalypse (22:13) : "Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin" .

Cette représentation est très différente de celles qu'utilisaient les templiers sur leurs sceaux qui portait à l'avers deux chevaliers sur un seul cheval. Sur le sceau de Caste de Murols, c'est un plutôt un moine en prière qui est représenté.

L'inscription se suit de l'avers au revers
CASTUS CUSTOS ... HOSPITALIS + IERUSALEM
Caste gardien.... de l'Hôpital de Jérusalem

Sur ce sceau n'apparaît pas le qualificatif de "Magister" au profit du terme "custos" : celui qui garde l'hôpital tel que la règle l'a établi en veillant à son observance.

Le revers du sceau de Caste de Murols étant assez peu lisible, j'ai représenté ci-dessous  le revers du sceau de Geoffroy du Donjon datant de 1193, ainsi que celui de Guillaume, patriarche de Jerusalem, ce qui permettra d'utiles comparaisons.


Les deux sceaux des maîtres de l'Hôpital figurent la même scène :
      . Au dessus, se trouve la représentation d'un bâtiment surmonté d'une coupole centrale et de deux coupoles latérales. La coupole centrale semble surmontée de la croix de l'inscription.
     . de la coupole centrale pend une lampe.
     . En dessous, se trouve un corps qui semble couvert d'un drap ou même enveloppé dans un suaire. Il est allongé sur un lit.
     . De part et d'autre du lit, se trouvent une croix à droite et à gauche, un encensoir tenu par des chaînes que l'on semble agiter.

La présence de ce personnage allongé sur un lit a donné lieu à de nombreuses conjectures : est-ce un malade, un mort où le Christ au Sépulcre ?

Pour répondre à cette question, il peut être utile de comparer les sceaux des maîtres de l'hôpital à celui du patriarche de Jérusalem. Sur ce dernier est manifestement représenté le Saint-Sépulcre : on y aperçoit  une double arcade sous laquelle pendent deux lampes ; en dessous se trouve un sarcophage dans lequel git le corps de Jésus. Deux personnages complètent le décor sans que l'on puisse clairement les distinguer (Ange ou saintes femmes ?)

A première vue, ces décors sont similaires pourtant, il apparait entre eux d'importantes différences :
   . Le Christ est dans un sarcophage alors que le personnage du sceau est allongé sur un lit.
   . Le sceau du patriarche représente l'intérieur du Saint-Sépulcre et fait partie du décor alors que le sceau hospitalier place le Saint Sépulcre au dessus du lit, comme si on en voyait l'extérieur vu de loin, ce qui est conforme d'ailleurs à la topographie puisque le quartier occupé par l'hôpital jouxte au sud le Saint-Sépulcre.

De ce qui précède, on peut en conclure que le personnage couché sur le lit n'est pas le Christ et donc que la scène représente plutôt ce qui se passe à l'hôpital. Dans cette perspective, est-ce un malade ou un mort ?
Au vu de la présence de l'encensoir, il s'agit très probablement d'un mort allongé sur un lit de parade et enveloppé dans son suaire à qui on rend un dernier hommage.

Ce point de vue permet de formuler deux idées connexes :
     . En premier lieu, il permet de rappeler que les Hospitaliers sont des moines dont la mission est certes de soigner les malades mais aussi de permettre à leur 'âme de marcher vers son salut.
     . Le sceau des maîtres de l'hôpital revêt, selon moi, aussi un sens symbolique puisqu'il semble établir une corrélation entre le corps du Christ mort avant sa résurrection et le corps du mort à l'hôpital en attente également de sa résurrection.

Cette analyse renforce, si besoin est, l'idée que l'ordre de l'Hôpital reste avant tout un ordre charitable voué au soin des passants, des pauvres, des malades et des âmes.

Il convient enfin de remarquer ces sceaux magistéraux se perpétueront pendant tout le Moyen-Âge, même quand l'ordre sera devenu à part égal un ordre hospitalier et militaire et même quand l'hôpital quitta Jérusalem après la reconquête de Saladin survenue en 1187.

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