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mercredi 22 juillet 2015

Mentalités et comportements au temps de la croisade (114) : LES HOSPITALIERS DE SAINT JEAN DE JERUSALEM SOUS LES SUCCESSEURS DE RAYMOND DU PUY JUSQU'À 1187

LA PARTICIPATION  DES HOSPITALIERS À LA GUERRE OFFENSIVE : L'EXEMPLE DES EXPÉDITIONS EN ÉGYPTE DU ROI AMAURY. (Suite)

LA CINQUIÈME EXPÉDITION

LE DÉROULEMENT DE L'EXPÉDITION
Conscient de l'échec de la quatrième expédition, et surtout vue la gravité du péril d'être pris en tenaille par les possession de Nur-Ad-Din, Amaury fit appel à l'Occident demandant le renfort d'une nouvelle croisade. Il n'obtint aucun résultat. En conséquence, il dût se résoudre à honorer l'alliance signée en 1167  avec l'empereur byzantin, Manuel Comnène. Celui-ci accepta contre partage de la moitié du butin  qui serait prélevé en Egypte.

L'objectif de cette nouvelle expédition fut Damiette, une ville située non loin de l'embouchure d'un des bras du Nil. Une fois conquise, la ville pourvait devenir un point de départ pour la conquête de l'Egypte.

La flotte impériale, dit Guillaume de Tyr, comportait 150 galères, 60 bateaux destinés au transport des chevaux et 12 dromons contenant le ravitaillement ainsi que les armes et les machines de guerre. Elle arriva à Tyr puis gagna Acre en septembre 1169.

" Le 10 octobre, le Roi ayant mis ordre aux affaires de son royaume, et laissant derrière lui une force suffisante pour le défendre en son absence contre les entreprises et les incursions de Noradin, qui séjournait en ce moment dans les environs de Damas, rassembla toute l'armée...auprès de la ville d'Ascalon" . Le 27 octobre,  l'armée franque arrive à Damiette et dresse le camp en attendant l'arrivée de la flotte grecque que la tempête a retardée. Lorsqu'elle arrive, elle s'amarre a l'embouchure du bras du Nil en aval de la cité.

La ville située sur la rive occidentale du fleuve avait construit un grosse tour fortifiée sur la rive opposée du cours du Nil et barré le fleuve par une grosse chaine en sorte qu'il était impossible aux navires chrétiens de remonter le Nil. A l'inverse, Damiette pouvait être approvisionnée par le Nil et recevoir des renforts militaires.

" Notre flotte ayant pris position, les Chrétiens traversèrent les vergers situés entre leur camp et la place, et dressèrent leurs tentes plus près de la ville, sur un terrain d'où il leur était permis d'arriver jusqu'aux murailles.

On choisit des ouvriers, et ils construisirent à grands frais et avec beaucoup de travail une tour d'une hauteur étonnante, puisqu'elle avait sept étages, du haut de laquelle on pouvait voir toute la ville. On fit faire encore d'autres machines de diverses espèces, les unes pour lancer contre les murs d'énormes blocs de pierre capables de les ébranler ; d'autres, pour y renfermer des fossoyeurs qui pussent s'y cacher comme dans des cavernes, afin d'aller miner les murailles de la ville, et s'avancer ensuite sous des passages souterrains pour achever de les renverser.

Lorsque toutes ces machines furent terminées, on aplanit le terrain, et on les plaça le long des murailles : ceux qui étaient dans la tour attaquaient sans relâche les assiégés avec des flèches et des pierres qu'ils lançaient à la main, et en employant toutes les armes dont ils pouvaient se servir dans leur fureur et dans l'étroit espace qui les renfermait. Ceux qui faisaient le service des machines à projectiles lançaient de gros blocs de pierre et s'efforçaient de renverser les murailles et les maisons attenantes."

Les assiégés répliquent coup sur coup aux attaques de l'armée greco-franque : ils " firent élever une tour pareille à celle des nôtres; ils la remplirent d'hommes armés, afin de tenter une résistance et des efforts semblables à. ceux que faisaient les nôtres ; d'autres instruments de guerre fusent dressés en face des instruments du même genre, et ils cherchèrent, avec la plus grande sollicitude et par tous les moyens possibles, à briser toutes nos machines"

Guillaume de Tyr va dans les paragraphes qui suivent, montrer que les chrétiens se mirent à commettre de nombreuses erreurs
     - alors qu'il aurait fallu se dépêcher d'attaquer, les assaillants se montrèrent " timides et comme glacés : les uns disent que ce fut par suite d'une trahison,  d'autres, uniquement par négligence et incurie" ; à cela devait s'ajouter un désaccord croissant entre les grecs et les latins. Ces retards firent que Damiette reçut les renforts qui lui permirent de résister.
      - "on donna l'ordre de conduire la tour mobile vers les murailles, sur un terrain en pente et presque impraticable. Il y avait de ce même côté de la ville beaucoup de points où les murailles étaient plus basses, et contre lesquels on pouvait se diriger plus facilement pour livrer assaut et pour en prendre possession ; et cependant on dressa la tour en face du point le plus solide et le mieux fortifié, ...là même, cette machine ne pouvait faire aucun mal aux assiégés..."

A ces difficultés s'en ajoutèrent trois autres :
     . La famine dans le camp des grecs. Ils en sont réduits à manger la sève des palmiers, des noisettes, des raisins secs, des châtaignes. Les francs, par contre, possédaient des vivres en abondance, ils refusèrent de s'en démunir pour aider les grecs.
     . Des pluies abondantes inondèrent les deux camps.
     . Enfin, les défenseurs de Damiette tentèrent d'incendier la flotte en lançant un bateau en flammes sur celle-ci. Quelques navires furent incendiés mais les chrétiens réussirent à déplacer la majorité des bateaux en les mettant à l'abri.

Le siège s'éternisait, il dura plus d'un mois et demi et, dans chacune des deux armées, des voix se faisaient entendre contre sa poursuite. Alors que les grecs se préparaient à essayer un dernier assaut, ils apprirent qu'Amaury avait mené des négociations secrètes avec les turcs pour signer la paix sans les en avertir ; cette décision unilatérale fut évidemment très mal prise par les grecs qui rendirent Amaury responsable de l'échec.

Tandis que la flotte grecque se hâtait de rentrer à cause des conditions maritimes mauvaises en cette saison, l'armée franque regagna Ascalon dans le courant du mois de décembre 1169

LA PLACE DES HOSPITALIERS DANS LA CINQUIÈME EXPÉDITION
M Delaville Le Roux indique que le roi Amaury renouvela avec Gilbert d'Assailly la convention d'octobre 1148 qui avait été établie juste avant la quatrième expédition. Cette convention fut signée le 20 août 1169 et préluda à la cinquième expédition. Elle ne mentionne pas de conquêtes à effectuer ni de rentes à constituer sur les villes égyptiennes. Elle précise seulement que Bilbeis est acquis à l'ordre une fois sa conquête effectuée avec une rente de 150.000 besants.

Dans quel but cette nouvelle convention fut-elle établie ? S'agit-il d'un renouvellement de l'acte antérieur ?  , une reconnaissance de dettes en quelque sorte ? Fut-elle le prélude à une nouvelle participation à l'expédition qui se préparait ? L'acte est muet sur ce point en sorte que l'on ignore si les hospitaliers participèrent à l'expédition : deux hypothèses peuvent être émises :
    . Les hospitaliers, déjà endetté, n'avaient aucune envie de débourser à nouveau des sommes importantes pour une hypothétique victoire,
    . Il se peut aussi qu'ils aient participé à l'expedition en espérant qu'ils pourraient récupérer leur mise.

A remarquer qu'en 1176, les hospitaliers firent confirmer par Baudouin IV le don de Belbeis avec une rente augmentée de 30.000 besants à une époque où il n'était plus question de l'invasion de l'Egypte.

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